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Société Publié le lundi 17 août 2009 | Nord-Sud

Assomption à « Notre Dame de La Garde » de Bonoua : Les pèlerins abandonnent la Vierge Marie

Le sanctuaire « Notre Dame de la Garde » de Bonoua a enregistré une faible présence de pèlerins cette année à la veille de la fête de l’Assomption.


Vendredi 14 août, il est 21 heures, le sanctuaire Notre Dame de la Garde connaît un calme plat. Aucunes bâches dressées, aucunes chaises. Quelques pèlerins assis ça et là, à même le sol. La voie qui mène à ce lieu saint est plongée dans une obscurité totale, rendant l’accès difficile. Ce n’est pourtant pas cela la cause de l’ambiance inhabituelle. Cette année, les responsables du sanctuaire n’ont reçu aucune demande de veillée formulée par les associations et groupes de prière catholique, apprend-on auprès du «frère» Jean Gnassingbé de la mission Don Orione. Ces associations auraient choisi cette année de s’orienter ailleurs. Des petits groupes de filles venues d’Abidjan et de Grand-Bassam arrivent à ce lieu saint. Certaines tiennent en main des nattes, pagnes et couvertures. D’autres, des paniers dans lesquels elles conservent soigneusement des plats concoctés pour la circonstance.


Des problèmes de stérilité, de maris…

Une fois au sanctuaire, le frère leur annonce qu’il n’y a pas de veillée mariale cette année dans ce sanctuaire. Dommage, lance l’une d’entre elles, Corine Gbadieu, étudiante en 2e année de Brévet de technicien supérieur (Bts). Elle ne veut plus faire demi-tour vue l’heure avancée. D’autres filles, découragées, préfèrent rentrer chez elles. Le sanctuaire se vide donc de ses pèlerins. Il ne reste qu’un petit noyau. Une soixantaine de personne. Un chiffre loin des centaines de fidèles qui ont déferlé l’année dernière sur le même site. Le noyau essaie d’organiser une veillée à sa manière pour marquer son attachement à la Vierge Marie élevée au ciel dans la gloire du Seigneur. Il prend attache avec le frère Gnassingbé pour leur livrer un enseignement. Ce qu’il accepte volontiers. Il leur apporte aussi un poste radio cassette pour maintenir l’ambiance.

Valérie Nongui réside à Grand-Bassam, elle est accompagnée de ses deux cousines, que sont Isabelle Fani et Mariam Niakh. Elles prennent place devant la statue de la Vierge Marie sur des morceaux de pagnes. L’essentielle pour elles, présenter leurs problèmes à la mère de Jésus, en qui elles fondent leur espoir. Valérie, elle, souffre de stérilité. «J’ai des problèmes pour enfanter. En 2000, j’ai contracté une grossesse extra-utérine. C’était une grossesse de deux mois. On m’a sectionné aussi une de mes trompes. Je n’arrive plus à tomber enceinte. Je suis venue confier mon sort à la Vierge Marie», confie-t-elle. Mariam Niakh, elle, est commerçante et célibataire. Elle veut avoir un mari et souhaite que son commerce prospère. Elle est venue avec deux problèmes qui la tracassent sérieusement. «Je prie Marie pour avoir un bon mari. Que la Vierge mette un homme sur mon chemin. Un homme capable de faire de moi son épouse. Je lui confie aussi le maquis que je gère à Moossou», révèle-t-elle. A côté d’elle, A. Léontine Christine, étudiante en Bts-Gestion commerciale. Elle est venue d’Abidjan. Sa vie est parsemée de difficultés. «Je souffre aussi d’un fibrome. Il y a trop de discordes dans ma famille», se plaint-elle. Un peu plus loin, deux autres jeunes filles sont assises. A l’aide de leurs pagnes, elles se protègent contre la froid de la nuit. Elles ont venues d’Abidjan depuis 18 heures. Pour elles, la Vierge Marie fait grâce à qui elle veut. Angèle Kouadio, commerçante, qui semble la plus éveillée, explique qu’elle est venue demander à la mère du Christ de lui donner maintenant le mariage. Elle est mère de deux enfants et vit depuis 7 ans en concubinage.


Emmanuelle Kanga, Correspondante régionale
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