Amoureux des sports mécaniques, Nacoulma Jean Albert est sur les pistes depuis 10 ans. A l’orée du rallye d’Abengourou, qu’il prépare âprement, nous avons rencontré le pilote dans un garage d’automobiles dont il est lui-même le responsable. Au cours de notre entretien, il fait des critiques sur le projet de loi rejeté par le parlement. Aussi relate-t-il la misère des sports mineurs en Côte d’Ivoire notamment les sports automobile et moto.
Parmi tant de sports, pouvez-vous nous dire ce qui a motivé votre choix sur le sport automobile ?
Au début, j’étais à la moto. Après plusieurs chutes, je n’ai obtenu aucune promotion au niveau du championnat national. J’ai alors opté pour l’automobile parce que j’ai trouvé qu’elle était moins dangereuse que la moto. Aussi avais-je la facilité d’avoir une automobile dans la mesure où je suivais depuis longtemps, l’équipe de Kady et Mafal. Et la toute première voiture que j’ai pu avoir était un héritage d’eux.
Quels sont vos beaux souvenirs dans le sport automobile ?
La première fois, c’est lorsque j’ai été primé comme meilleur pilote d’avenir en 2004. En 2005, j’ai reçu ma médaille de mérite sportif. Entre autres souvenirs,lors d’une compétition à Abengourou, mes freins ont lâché. Et j’ai pu terminer la course sans la moindre difficulté.
Quelle a été votre réaction après que les freins ont lâché ?
Contrairement à mon copilote, je n’ai pas eu la moindre peur. Je l’ai d’ailleurs rassuré tout en lui demandant de seulement m’avertir du point d’arrivée car je m’arrangerai pour m’arrêter. Dans la nuit de ce même jour, nous avons perdu une roue. Lors de la compétition, on a fait environ 4 km sur 3 roues. C’est à ce niveau que les problèmes ont commencé.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans ce domaine ?
Le centre névralgique de nos difficultés est le manque de moyens financiers. En effet, j’ai battu plusieurs records mais je n’ai jamais terminé une course. Lors d’une compétition, pour un problème de carburant, je n’ai pu terminer la course.
Comment expliquez-vous cela ? Pour un simple problème de carburant vous arrêtez une compétition ?
C’est ce que je viens de vous dire. C’est la misère des sportifs. Je ne cours qu’avec mes propres moyens. Arrêter une compétition pour une panne sèche, c’est malheureux. Et c’est la résultante de nos difficultés pécuniaires. Si les plus nantis courent avec 600 litres de carburant et nous autres avec seulement 100 litres, il va sans dire que nous n’avons pas les mêmes chances pour la suite de la course. Il y a aussi le fait que le sport automobile fait partie de la catégorie des sports mineurs. D’ailleurs, nous apprenons dans les coulisses qu’après le football, il n’y a rien. Tout est focalisé dans notre pays sur le football. Nous prenons notre mal en patience. Pour votre gouverne, nous sacrifions par moments notre famille pour faire face aux dépenses de nos véhicules. Nous attendons avec optimiste d’éventuels sponsors pour nous aider afin que nous puissions dire à notre tour notre mot aussi bien sur le plan national qu’international.
Depuis 10 ans, vous pratiquez le sport mécanique. Vous n’avez ni les moyens financiers adéquats ni de sponsors. Comment faites-vous alors?
En tant que garagiste, la plupart des véhicules que j’utilise sont remontés par moi-même. Ce sont des véhicules qui ont la même puissance que les autres véhicules de compétition. Autant que faire se peut, j’essaie de tenir le bon bout. Je ne veux jamais me laisser gagner par le découragement dans la mesure où je me dis qu’en tant que pilote ivoirien, j’ai un devoir envers la nation. C’est celui de faire briller un jour, comme l’ont fait mes prédécesseurs, le fanion de mon pays sur le plan international. C’est aussi ce sentiment qui me maintient encore sur la piste. Je pense bien que je pourrai monter sur le podium pour la prochaine compétition. J’ai maintenant un copilote qui est très disposé à me prêter son concours sur tous les plans.
Quel est votre jugement sur le rejet du projet de loi par l’Assemblée nationale sur la professionnalisation du sport en Côte d’Ivoire ? A y voir de près, c’est une initiative qui devait permettre aux sportifs ivoiriens de souffler un tant soit peu.
Je trouve que ce projet n’était qu’un piège parce que rien ne prouve que tous les sportifs soient pris en compte. Au niveau même du ministère des sports, les sports ne sont pas sur le même pied. Aujourd’hui, c’est le football qui prime mais le sport mécanique coûte très cher. L’achat d’une voiture de compétition, si je ne m’abuse, peut financer 50 équipes de football. Si actuellement nous n’avons pas le minimum, ce n’est pas lorsque nous serons des professionnels qu’on nous aidera. Pour un tel jugement il faut faire attention. Il ne faudrait pas mettre la charrue avant les bœufs. On va adopter ce projet de loi et vous entendrez un jour dire que certains sportifs ne méritent pas d’être des professionnels. C’est ma lecture de la chose.
N’ambitionnez-vous pas d’être un jour champion de Côte d’Ivoire ? Et que préparez-vous déjà pour le tout prochain rallye qui aura lieu à Abengourou ?
Actuellement, j’essaie de me forger. Je passe pour le moment inaperçu parce que je prépare mon futur titre de champion de Côte d’Ivoire et d’Afrique. Je souhaite aller le plus loin possible. Et là j’en suis confiant, je ferai chanter l’hymne national de mon pays dans une compétition mondiale. Pour ce qui est du prochain rallye, je me prépare tant bien que mal. Je n’irai pas pour faire de la vitesse. Je ferai plutôt de l’endurance. J’irai au rythme de mon véhicule et je ferai l’effort de gérer le carburant afin de terminer la course dans de bonnes conditions. Pour la circonstance, j’ai déjà préparé mon ‘’bolide’’ de marque BMW M3. Sans prétention aucune, j’espère que les choses iront pour moi parce que c’est maintenant que je rentre en compétition.
Interview réalisée par KY
Parmi tant de sports, pouvez-vous nous dire ce qui a motivé votre choix sur le sport automobile ?
Au début, j’étais à la moto. Après plusieurs chutes, je n’ai obtenu aucune promotion au niveau du championnat national. J’ai alors opté pour l’automobile parce que j’ai trouvé qu’elle était moins dangereuse que la moto. Aussi avais-je la facilité d’avoir une automobile dans la mesure où je suivais depuis longtemps, l’équipe de Kady et Mafal. Et la toute première voiture que j’ai pu avoir était un héritage d’eux.
Quels sont vos beaux souvenirs dans le sport automobile ?
La première fois, c’est lorsque j’ai été primé comme meilleur pilote d’avenir en 2004. En 2005, j’ai reçu ma médaille de mérite sportif. Entre autres souvenirs,lors d’une compétition à Abengourou, mes freins ont lâché. Et j’ai pu terminer la course sans la moindre difficulté.
Quelle a été votre réaction après que les freins ont lâché ?
Contrairement à mon copilote, je n’ai pas eu la moindre peur. Je l’ai d’ailleurs rassuré tout en lui demandant de seulement m’avertir du point d’arrivée car je m’arrangerai pour m’arrêter. Dans la nuit de ce même jour, nous avons perdu une roue. Lors de la compétition, on a fait environ 4 km sur 3 roues. C’est à ce niveau que les problèmes ont commencé.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans ce domaine ?
Le centre névralgique de nos difficultés est le manque de moyens financiers. En effet, j’ai battu plusieurs records mais je n’ai jamais terminé une course. Lors d’une compétition, pour un problème de carburant, je n’ai pu terminer la course.
Comment expliquez-vous cela ? Pour un simple problème de carburant vous arrêtez une compétition ?
C’est ce que je viens de vous dire. C’est la misère des sportifs. Je ne cours qu’avec mes propres moyens. Arrêter une compétition pour une panne sèche, c’est malheureux. Et c’est la résultante de nos difficultés pécuniaires. Si les plus nantis courent avec 600 litres de carburant et nous autres avec seulement 100 litres, il va sans dire que nous n’avons pas les mêmes chances pour la suite de la course. Il y a aussi le fait que le sport automobile fait partie de la catégorie des sports mineurs. D’ailleurs, nous apprenons dans les coulisses qu’après le football, il n’y a rien. Tout est focalisé dans notre pays sur le football. Nous prenons notre mal en patience. Pour votre gouverne, nous sacrifions par moments notre famille pour faire face aux dépenses de nos véhicules. Nous attendons avec optimiste d’éventuels sponsors pour nous aider afin que nous puissions dire à notre tour notre mot aussi bien sur le plan national qu’international.
Depuis 10 ans, vous pratiquez le sport mécanique. Vous n’avez ni les moyens financiers adéquats ni de sponsors. Comment faites-vous alors?
En tant que garagiste, la plupart des véhicules que j’utilise sont remontés par moi-même. Ce sont des véhicules qui ont la même puissance que les autres véhicules de compétition. Autant que faire se peut, j’essaie de tenir le bon bout. Je ne veux jamais me laisser gagner par le découragement dans la mesure où je me dis qu’en tant que pilote ivoirien, j’ai un devoir envers la nation. C’est celui de faire briller un jour, comme l’ont fait mes prédécesseurs, le fanion de mon pays sur le plan international. C’est aussi ce sentiment qui me maintient encore sur la piste. Je pense bien que je pourrai monter sur le podium pour la prochaine compétition. J’ai maintenant un copilote qui est très disposé à me prêter son concours sur tous les plans.
Quel est votre jugement sur le rejet du projet de loi par l’Assemblée nationale sur la professionnalisation du sport en Côte d’Ivoire ? A y voir de près, c’est une initiative qui devait permettre aux sportifs ivoiriens de souffler un tant soit peu.
Je trouve que ce projet n’était qu’un piège parce que rien ne prouve que tous les sportifs soient pris en compte. Au niveau même du ministère des sports, les sports ne sont pas sur le même pied. Aujourd’hui, c’est le football qui prime mais le sport mécanique coûte très cher. L’achat d’une voiture de compétition, si je ne m’abuse, peut financer 50 équipes de football. Si actuellement nous n’avons pas le minimum, ce n’est pas lorsque nous serons des professionnels qu’on nous aidera. Pour un tel jugement il faut faire attention. Il ne faudrait pas mettre la charrue avant les bœufs. On va adopter ce projet de loi et vous entendrez un jour dire que certains sportifs ne méritent pas d’être des professionnels. C’est ma lecture de la chose.
N’ambitionnez-vous pas d’être un jour champion de Côte d’Ivoire ? Et que préparez-vous déjà pour le tout prochain rallye qui aura lieu à Abengourou ?
Actuellement, j’essaie de me forger. Je passe pour le moment inaperçu parce que je prépare mon futur titre de champion de Côte d’Ivoire et d’Afrique. Je souhaite aller le plus loin possible. Et là j’en suis confiant, je ferai chanter l’hymne national de mon pays dans une compétition mondiale. Pour ce qui est du prochain rallye, je me prépare tant bien que mal. Je n’irai pas pour faire de la vitesse. Je ferai plutôt de l’endurance. J’irai au rythme de mon véhicule et je ferai l’effort de gérer le carburant afin de terminer la course dans de bonnes conditions. Pour la circonstance, j’ai déjà préparé mon ‘’bolide’’ de marque BMW M3. Sans prétention aucune, j’espère que les choses iront pour moi parce que c’est maintenant que je rentre en compétition.
Interview réalisée par KY