Les soldats de la Licorne continuent de hanter les localités ivoiriennes de l'intérieur du pays par des manœuvres pas du tout rassurantes. Le mardi 19 août 2009, Gomenebéri, un village situé sur l'axe Divo-Fresco, a reçu la visite d'une dizaine de soldats français à bord de quatre jeeps militaires et deux 4X4. La population villageoise, surtout jeune, s'est tout de suite inquiétée par cette irruption. Elle a voulu d'emblée savoir les raisons de cette intrusion inhabituelle. Interrogés, les soldats de la Licorne ont évoqué leur intention de construire un centre de santé dans le village. Ils ont alors parcouru tout l'espace environnant le village à la recherche d'un site favorable à leur projet. Mais là où le bât blesse, c'est que les militaires français, non contents d'explorer le village, ont commencé à poser des questions curieuses aux uns et aux autres. Ainsi, ils ont voulu savoir par exemple quel est le groupe ethnique majoritaire à Gomenebéri. Ils ont également voulu savoir si la population burkinabé est importante dans cette partie de la sous-préfecture de Gbagbam. Devant ces bizarreries, les jeunes ont voulu se montrer intransigeants mais ils ont été freinés par les soldats ivoiriens qui accompagnaient les éléments de la Licorne. Ces soldats ivoiriens se sont présentés comme des Attié, c'est-à-dire des alliés sacrés des Dida et des Godié ; en conséquence, ils méritent d'être traités avec tous les égards au nom de cette "alliance" séculaire. Pour avoir le cœur net sur toutes ces informations, nous avons approché le chef du village lui-même, M. Beugré Désiré. Non seulement, il a confirmé toutes ces informations, mais il a ajouté qu'il a saisi le lieutenant Kouadio, qui commande un détachement des Fanci présent dans le département de Fresco. Pour le chef du village qui est lettré, les soldats de la Licorne semblent chercher un lieu pouvant servir d'atterrissage d'avion. Un cadre de la région présent pendant notre entrevue est lui soupçonneux : “Depuis les déclarations du président français, il faut se méfier de toutes les manœuvres de la Licorne”.
Aziz Apra
Correspondant
Aziz Apra
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