Malheureusement, cette clause du protocole n'a pas été respectée. A l'instar des précédentes, toutes les négociations entreprises avec l'actuel Directeur général, Pierre Martineau, pour trouver des solutions consensuelles se sont soldées par des échecs retentissants. «L'accord conclu le 24 août 1994 entre la Sicf et ses salariés et relatif aux avancements sans effets financiers ne concerne pas Sitarail, laquelle a été constituée en 1995», coupe court Pierre Martineau. Les syndicats qui semblaient s'être résignés, reprennent du poil de la bête. Les cheminots ivoiriens ont décidé de remettre le couvert. Ils multiplient les réunions informelles. En fait, s'ils se sont résolus à ressortir les épées, c'est parce que leurs collègues burkinabé, victimes selon eux de la même situation, viennent d'obtenir gain de cause. Le 10 août 2009, Sitarail a payé les droits des 812 travailleurs burkinabè de l'ex-Société du chemin de fer au Burkina (Scfb) conformément aux «grades réels». Selon des sources proches du transporteur ferroviaire, l'Etat burkinabè et Sitarail ont dû faire recours à l'arbitrage d'un expert indépendant qui a dégagé la responsabilité de la dernière citée. Néanmoins, Sitarail, par souci d'apaisement de l'atmosphère sociale, a donné son aval pour la liquidation du contentieux, à hauteur de 40% du montant global dû par l'Etat burkinabè. Il est estimé à 1,352 milliard de Fcfa. La quote-part de l'Etat burkinabé s'élève à plus de 750 millions de Fcfa et le reste pour Sitarail. L'accord prévoit également l'octroi aux travailleurs de la somme globale à titre de mesures d'accompagnement, l'octroi d'une indemnité de trois mois à l'ensemble des travailleurs concernés en lieu et place de l'indemnité de préavis légal prévue dans le protocole d'accord Etat-Sitarail, et enfin la préservation de l'ancienneté. Mais pourquoi, au Burkina Faso et pas en Côte d'Ivoire ? «Vu l'ampleur des réclamations et leur persistance et surtout le risque de dégradation des rapports sociaux dans l'entreprise, au point de compromettre son bon fonctionnement et son développement, Sitarail a approché l'Etat burkinabé pour la recherche d'une solution à ce différend», explique Pierre Martineau au lancement des opérations de paiements à Ouagadougou. Par ailleurs, ajoutent les dirigeants de l'entreprise, l'Etat ivoirien ne montre aucune disponibilité à résoudre la question. «Nous ne sommes pas concernés pas cette affaire. C'est un problème entre les cheminots et l'Etat. Nous ne pouvons qu'accompagner. Or, la volonté politique tarde à se manifester», indique la filiale du groupe Bolloré. Au ministère des Transports, les services de Mabri Toikeusse affirment qu'avec les tensions de trésorerie, les priorités sont ailleurs. «Scandaleux et méprisant pour les agents de la Côte d'Ivoire», s'écrient les syndicats du secteur. «Mais nous devons nous en prendre aussi à nos prédécesseurs qui ont signé le protocole que les burkinabé n'ont pas paraphé», observe le secrétaire général du Syndicat national des cheminots de Côte d'Ivoire, Félix Fié.
Lanciné Bakayoko
Lanciné Bakayoko