AKOUÉDO — "Nous sommes des morts en sursis", lance Bienvenue Danho, responsable de la décharge d'Akouédo: trois ans après le déversement des déchets toxiques à Abidjan, les habitants de ce village vivent entre psychose et frustration.
Situé à l'est de la capitale économique ivoirienne, Akouédo, célèbre pour son camp militaire et sa décharge, est l'un des principaux sites où furent déversés en août 2006 des résidus toxiques qui ont fait 17 morts, selon la justice ivoirienne, et intoxiqué des milliers de personnes.
Les habitants du village, qui n'est séparé de la vaste décharge que par une route, disent vivre dans la peur après une série de "morts suspectes" survenues ces derniers mois.
"Il y a des décès qui ne s'expliquent pas aujourd'hui", assure Blaise Adja, président d'une association de jeunes d'Akouédo.
"Trois ans après ce scandale, nous pensons que ce sont les effets à court terme du déversement des déchets toxiques", accuse ce professeur de lycée.
"Nous sommes désemparés". La gorge nouée, il évoque le cas de Roland Aké, foudroyé cette semaine par "une tumeur à la gorge".
Roland, 40 ans, avait travaillé avec une équipe européenne de dépollution après la catastrophe.
"A qui le tour?", s'interroge un autre habitant, Jean Fortuné Topé, qui remâche sa "haine" contre la multinationale Trafigura, affréteur du cargo Probo Koala qui avait transporté les déchets.
Ces soupçons n'ont pas été étayés de source officielle. De son côté, Trafigura, négociant multinational de produits pétroliers, a toujours catégoriquement contesté que ces résidus aient pu causer morts et blessures.
L'annonce mercredi d'un prochain "compromis" entre la compagnie et des victimes, engagées dans des poursuites à son encontre à Londres, provoque surtout du scepticisme à Akouédo.
Des villageois expriment leur frustration de n'avoir jamais été pris en compte par les procédures d'indemnisation, nombre d'entre eux n'ayant pas été "recensés parmi les victimes".
Ils gardent aussi un mauvais souvenir de l'accord amiable conclu en février 2007 entre Trafigura et l'Etat ivoirien, qui arrêtait toute poursuite en contrepartie du versement d'une indemnisation globale de plus de 100 milliards de FCFA (152 millions d'euros).
Un quart de cette somme seulement avait été consacrée aux victimes, le reste revenant notamment à l'Etat.
"Un deal", s'indigne encore Jean Fortuné Topé.
"L'Etat a paré au plus pressé sans penser au futur", tranche un voisin, David Gouédan.
Et tous les engagements n'ont pas été tenus, assène-t-il: "nous n'avons rien vu des 500 millions de FCFA (environ 760.000 euros) promis pour des projets sociaux à Akouédo".
La décharge garde les traces de l'opération de dépollution qui y a été conduite.
Parmi les hautes herbes, six zones différentes du terrain sont depuis lors couvertes de blocs de granit.
Cela n'empêche pas la même odeur qu'il y a trois ans de revenir "très forte pendant la saison des pluies", raconte Agnès Koutouan. Elle regarde avec inquiétude, à quelques mètres, un caniveau aux eaux verdâtres dégageant des odeurs nauséabondes.
Autour de ces sites, s'étalent des potagers où l'on cultive tomates et salades, qui seront vendues sur le marché d'Abidjan.
De Christophe KOFFI
Situé à l'est de la capitale économique ivoirienne, Akouédo, célèbre pour son camp militaire et sa décharge, est l'un des principaux sites où furent déversés en août 2006 des résidus toxiques qui ont fait 17 morts, selon la justice ivoirienne, et intoxiqué des milliers de personnes.
Les habitants du village, qui n'est séparé de la vaste décharge que par une route, disent vivre dans la peur après une série de "morts suspectes" survenues ces derniers mois.
"Il y a des décès qui ne s'expliquent pas aujourd'hui", assure Blaise Adja, président d'une association de jeunes d'Akouédo.
"Trois ans après ce scandale, nous pensons que ce sont les effets à court terme du déversement des déchets toxiques", accuse ce professeur de lycée.
"Nous sommes désemparés". La gorge nouée, il évoque le cas de Roland Aké, foudroyé cette semaine par "une tumeur à la gorge".
Roland, 40 ans, avait travaillé avec une équipe européenne de dépollution après la catastrophe.
"A qui le tour?", s'interroge un autre habitant, Jean Fortuné Topé, qui remâche sa "haine" contre la multinationale Trafigura, affréteur du cargo Probo Koala qui avait transporté les déchets.
Ces soupçons n'ont pas été étayés de source officielle. De son côté, Trafigura, négociant multinational de produits pétroliers, a toujours catégoriquement contesté que ces résidus aient pu causer morts et blessures.
L'annonce mercredi d'un prochain "compromis" entre la compagnie et des victimes, engagées dans des poursuites à son encontre à Londres, provoque surtout du scepticisme à Akouédo.
Des villageois expriment leur frustration de n'avoir jamais été pris en compte par les procédures d'indemnisation, nombre d'entre eux n'ayant pas été "recensés parmi les victimes".
Ils gardent aussi un mauvais souvenir de l'accord amiable conclu en février 2007 entre Trafigura et l'Etat ivoirien, qui arrêtait toute poursuite en contrepartie du versement d'une indemnisation globale de plus de 100 milliards de FCFA (152 millions d'euros).
Un quart de cette somme seulement avait été consacrée aux victimes, le reste revenant notamment à l'Etat.
"Un deal", s'indigne encore Jean Fortuné Topé.
"L'Etat a paré au plus pressé sans penser au futur", tranche un voisin, David Gouédan.
Et tous les engagements n'ont pas été tenus, assène-t-il: "nous n'avons rien vu des 500 millions de FCFA (environ 760.000 euros) promis pour des projets sociaux à Akouédo".
La décharge garde les traces de l'opération de dépollution qui y a été conduite.
Parmi les hautes herbes, six zones différentes du terrain sont depuis lors couvertes de blocs de granit.
Cela n'empêche pas la même odeur qu'il y a trois ans de revenir "très forte pendant la saison des pluies", raconte Agnès Koutouan. Elle regarde avec inquiétude, à quelques mètres, un caniveau aux eaux verdâtres dégageant des odeurs nauséabondes.
Autour de ces sites, s'étalent des potagers où l'on cultive tomates et salades, qui seront vendues sur le marché d'Abidjan.
De Christophe KOFFI