La qualité constitue une véritable plaie dans l’exportation du cacao ivoirien, ses conséquences commencent à inquiéter. Avec une production annuelle estimée à environ 1,3 million tonnes par an, la Côte d’Ivoire est le 1er exportateur mondial de fèves de cacao. Les énormes devises générées par la cacaoculture échappent en partie aux producteurs à cause, dit-on, de la spéculation sur la qualité à laquelle s’adonnent les multinationales exportatrices de cacao et autres traitants. Les producteurs perdent beaucoup d’argent évalué à plus de 20 milliards Fcfa par an, selon Tapé Do Lucien, alors Pca de la Bcc. Dans la commercialisation du cacao, les paramètres du tonnage et de la qualité constituent, selon les acteurs de la filière, les deux choses qui déterminent le prix de vente de la production du paysan au traitant ou à l’exportateur. « Pour ce qui est du tonnage, nous n’avons pas beaucoup de soucis car une simple pesée nous situe sur le poids à livrer. Par contre, c’est au niveau de la qualité que les acheteurs nous spolient du fruit de notre labeur sur la base des résultats de « leurs » analyses dont nous ne comprenons rien du tout. Et dans la négociation commerciale qui s’en suit, nous perdons des milliards », révèlent-ils impuissants. « Figurez-vous ! Si pour la qualité, ils doivent perdre 25f/kg, c’est plus de 30 milliards Fcfa qu’ils perdront pour 1,3 million tonnes au plan national », révèle un agent d’une multinationale sous le sceau de l’anonymat.
Que recouvre la notion de qualité ?
Dans l’industrie chocolatière, la notion de qualité ne peut se comprendre que par son opposition à la notion de « cacao moisi », ce qui signifie que les fèves commencent à s’altérer, et à être avariées. Selon les explications recueillies dans plusieurs structures de contrôle, d’audit qualité, les défauts qui affectent le goût du cacao sont des fèves moisies, ardoisées, germées, mitées, fumées. A ceux-là, il faut ajouter l’humidité, le ffa, les matières étrangères. « C’est donc en fonction des taux de moisissure que la qualité est dite grade 1(bon cacao) : 0 à 3%, grade 2(assez bon cacao) : 0 à 4%, grade 3(cacao passable) : 0 à 5%, sous grade (cacao mauvais), hors- norme (cacao très mauvais) » précisent-elles. Le responsable commercial d’un exportateur, approché, explique : « Les grades sont homologués auprès de tous les exportateurs mais le prix d’achat appliqué par grade varie d’un exportateur à un autre en raison de la fluctuation des cours sur le marché international et des spécificités propres qu’à chacun d’analyser le produit ». Les producteurs, eux, soupçonnent les exportateurs de manipuler les résultats de leur analyse en déclarant par exemple le cacao de bonne qualité (grade 1) en cacao de moins bonne qualité (grade 3) et payé comme tel. Un convoyeur remonté raconte : « A l’usine, le prix indicatif n’est pas mécaniquement respecté ; j’ai déchargé 17t de cacao, à 450f /kg, mes 17t me rapportent donc 7.650.000Fcfa. Mais à cause de la fameuse qualité, l’exportateur m’a fait une énorme réfaction de 5t ; soit 2.250.000 Fcfa de perte ». La plainte des producteurs se fait plus retentissante quand ils parlent des traitants, ces acheteurs bord champ: « Avec leurs balances pipées, affirment-ils, ils nous volent en poids; de façon empirique, ils déclarent le bon cacao «mauvais » et le paye à vil prix; c’est de l’arbitraire qu’il faut combattre», dénoncent-ils avec véhémence.
De leur côté, les multinationales- usinières- exportatrices, incriminées, déclarent que les paysans sont arc-boutés sur le tonnage mais négligent la qualité: « Dans le souci d’améliorer la qualité, indiquent-elles, nous nous investissons dans l’encadrement des paysans, nos conseillers ruraux leur enseignent les pratiques pour obtenir des fèves de bonne qualité », révèle un employé de Saco qui pilote un programme dénommé « cacao zéro défaut ». Et d’ajouter « nous ne voulons pas que les producteurs perdent le moindre centime. Dans la filière cacao, la recherche de la qualité provoque des pertes de devises énormes pour les producteurs et par ricochet pour l’Etat. Cependant, tout n’est pas perdu pour les braves paysans. A travers des coopératives fortes les producteurs espèrent parvenir à la revalorisation de leurs revenus. C’est l’avis d’un responsable de la Coopaga : « Avec nos analyseurs nous faisons notre propre qualité. Nous confrontons leurs résultats avec les nôtres : si la différence est trop élevée, nous refusons de vendre », soutient-il.
Dosso Abdoulaye
Correspondant régional
Que recouvre la notion de qualité ?
Dans l’industrie chocolatière, la notion de qualité ne peut se comprendre que par son opposition à la notion de « cacao moisi », ce qui signifie que les fèves commencent à s’altérer, et à être avariées. Selon les explications recueillies dans plusieurs structures de contrôle, d’audit qualité, les défauts qui affectent le goût du cacao sont des fèves moisies, ardoisées, germées, mitées, fumées. A ceux-là, il faut ajouter l’humidité, le ffa, les matières étrangères. « C’est donc en fonction des taux de moisissure que la qualité est dite grade 1(bon cacao) : 0 à 3%, grade 2(assez bon cacao) : 0 à 4%, grade 3(cacao passable) : 0 à 5%, sous grade (cacao mauvais), hors- norme (cacao très mauvais) » précisent-elles. Le responsable commercial d’un exportateur, approché, explique : « Les grades sont homologués auprès de tous les exportateurs mais le prix d’achat appliqué par grade varie d’un exportateur à un autre en raison de la fluctuation des cours sur le marché international et des spécificités propres qu’à chacun d’analyser le produit ». Les producteurs, eux, soupçonnent les exportateurs de manipuler les résultats de leur analyse en déclarant par exemple le cacao de bonne qualité (grade 1) en cacao de moins bonne qualité (grade 3) et payé comme tel. Un convoyeur remonté raconte : « A l’usine, le prix indicatif n’est pas mécaniquement respecté ; j’ai déchargé 17t de cacao, à 450f /kg, mes 17t me rapportent donc 7.650.000Fcfa. Mais à cause de la fameuse qualité, l’exportateur m’a fait une énorme réfaction de 5t ; soit 2.250.000 Fcfa de perte ». La plainte des producteurs se fait plus retentissante quand ils parlent des traitants, ces acheteurs bord champ: « Avec leurs balances pipées, affirment-ils, ils nous volent en poids; de façon empirique, ils déclarent le bon cacao «mauvais » et le paye à vil prix; c’est de l’arbitraire qu’il faut combattre», dénoncent-ils avec véhémence.
De leur côté, les multinationales- usinières- exportatrices, incriminées, déclarent que les paysans sont arc-boutés sur le tonnage mais négligent la qualité: « Dans le souci d’améliorer la qualité, indiquent-elles, nous nous investissons dans l’encadrement des paysans, nos conseillers ruraux leur enseignent les pratiques pour obtenir des fèves de bonne qualité », révèle un employé de Saco qui pilote un programme dénommé « cacao zéro défaut ». Et d’ajouter « nous ne voulons pas que les producteurs perdent le moindre centime. Dans la filière cacao, la recherche de la qualité provoque des pertes de devises énormes pour les producteurs et par ricochet pour l’Etat. Cependant, tout n’est pas perdu pour les braves paysans. A travers des coopératives fortes les producteurs espèrent parvenir à la revalorisation de leurs revenus. C’est l’avis d’un responsable de la Coopaga : « Avec nos analyseurs nous faisons notre propre qualité. Nous confrontons leurs résultats avec les nôtres : si la différence est trop élevée, nous refusons de vendre », soutient-il.
Dosso Abdoulaye
Correspondant régional