«Une sorte d’escroquerie morale». C’est ainsi que qualifie la FENAVIDET-CI l’accord intervenu vingt quatre heures auparavant entre la société pollueuse Trafigura et 31 mille victimes des déchets toxiques déversés à plusieurs endroits d’Abidjan, en août 2006. Au cours de la conférence qu’il a animé hier, aux Deux-Plateaux en compagnie de Me Soungalo Coulibaly, avocat à la cour d’Abidjan, M. Denis Pipira Yao, président de la Fédération nationale des Associations des Victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire, a dénoncé l’accord à l’amiable obtenu par Trafigura à l’issue des négociations entamées depuis quelques jours à Abidjan. Si le président de la FENAVIDET-CI salue cet accord qui pour lui, constitue une victoire essentielle des victimes des déchets toxiques, il n’en demeure pas moins qu’il s’insurge contre la forme utilisée par Trafigura. Pour M. Pipira Yao, certes l’accord signé dimanche dernier à Abidjan est «celui de la reconnaissance qui ouvre la voie vers un règlement global de la crise». Mais il pêche par le fait que le cabinet « Leight Day and Co » commis par Trafigura pour conduire les négociations, n’a pas étendu la discussion sur toutes les victimes. Le cabinet londonien a préféré pour des raisons que l’on devine aisément, démarcher individuellement les victimes pour leur soumettre les conditions déplorables qui sont consignées dans l’accord. Pour le président de la FENAVIDET-CI, Trafigura a joué sur la misère des victimes pour leur faire accepter l’inacceptable en leur donnant des sommes dérisoires. «Nous rejetons cet accord avec la dernière énergie. Car son fondement n’a pas été respecté. On a profité de la misère des gens pour leur faire signer des déclarations mensongères», a déploré M. Pipira. Alors que selon lui, l’accord devrait prendre en compte les aspects sérieux de la question, notamment l’aspect sanitaire. «Nous savons tous que 1000 euros ne peut pas couvrir tous les frais d’une hospitalisation dans un centre de santé en Côte d’Ivoire», s’est-il indigné. Avant d’ajouter que les choses doivent être rectifiées. Et pour Me Soungalo Coulibaly, conseil de la FENAVIDET-CI, cela passe nécessairement par un procès en belle et due forme. C’est pourquoi depuis 2008, à ses dires, une action a été engagée non seulement pour les 12 dernières personnes qui sont décédées des suites des maladies causées par les déchets. Mais aussi pour les 33 mille autres victimes des slops du Probo Koala qui n’ont pas signé le dernier accord à l’amiable signé dimanche dernier à Abidjan. Me Coulibaly a déclaré attendre la rentrée judiciaire pour relancer l’affaire qui est pendante devant le tribunal de première instance d’Abidjan. Le conseil des victimes des déchets toxiques n’a pas manqué de préciser qu’une action a été introduite à Amsterdam aux Pays Bas pour que justice soit rendue aux victimes. Pour chaque victime, la FENAVIDET-CI réclame 10 millions et un centre hospitalier pour suivre à moyen et long terme les victimes en de résurgence de maladies ou de complication cardio-vasculaire comme cela est souvent le cas dans ce genre de situation. Pour M. Denis Pipira Yao, le cabinet d’avocat a profité de la situation confuse créée par l’Etat de Côte d’Ivoire qui avait accepté les 100 milliards de Trafigura. Le plus scandaleux pour le président de la FENAVIDET-CI est que dans cette affaire, l’Etat n’a distribué que 22 milliards aux victimes. Selon lui, 6 milliards demeurent logés au Trésor et 7 milliards ont été repris par la cellule présidentielle. La FENAVIDET-CI qui compte en son sein 73 associations, attend dans les prochains jours mener des actions pour permettre aux victimes de renter en possession de leur argent. Car en ces temps de campagne électorale, les victimes craignent que cet argent ne soit utilisé à d’autres fins.
Jean-Claude Coulibaly
L’Etat démissionnaire et complice
Quand on jette un coup d’œil sur les clauses de l’accord intervenu dimanche dernier entre Trafigura et 31 mille victimes des déchets toxiques, on ne peut être que scandalisé. Car c’est l’inacceptable qui a été fait signer par les victimes. Sinon comment comprendre qu’on leur demande de reconnaitre que les déchets toxiques qui ont été déversés en août 2006 dans plusieurs endroits d’Abidjan n’ont causé que de légers dommages, tels que les migraines, nausées, douleurs à la gorge, etc.? Comment peut-on dire dans une affaire qui a fait une vingtaine de victimes, que 750 mille FCFA est une juste rémunération et demander aux victimes qui l’ont accepté de renoncer à toutes poursuites contre Trafigura? Plus grave, Leigh Day and Co, le cabinet d’avocat venu discuter avec les victimes jusqu’Abidjan engage ces derniers a accepter que toutes résurgences de maladies à moyen et long terme ainsi que les décès ne sont pas causés par les déchets toxiques. Mieux, pour le cabinet londonien, ce sera cette opinion qui sera devant la cour de Londres. Et pour mieux piéger les victimes, Leigh Day a fait jouer le facteur temps et le risque de ne rien percevoir, sinon moins, en cas de victoire de Trafigura au procès. Un dernier argument qui a fait mouche dans le camp des victimes qui pour la plupart ploient sous le poids de la misère. Faut-il les blâmer? Assurément pas. Car quand on n’arrive même pas à voir 600 FCFA par jour pour vivre, il est difficile de cracher sur près d’un million qu’on vous miroite. Le vrai responsable ici n’est donc pas les victimes. Mais l’Etat de Côte d’Ivoire qui a démissionné. Pouvait-il en être autrement? La réponse est négative. Car l’Etat actuellement incarné en premier par Laurent Gbagbo, s’est compromis avec la société pollueuse à qui il a extorqué depuis le début de la crise 100 milliards. Aujourd’hui, les autorités ivoiriennes qui doivent encore de l’argent aux victimes sont obligées d’observer le profil bas dans cette affaire. Une affaire dont l’épilogue n’est pas, avec tout ce qui se passe, pour demain. En attendant, de milliers de victimes continuent de broyer du noir. Pendant que les prédateurs de tous acabits se lèchent les babines devant leurs carcasses en voie de composition. Malheureusement, par la faute d’un Etat devenu pour des intérêts mercantiles complice.
JCC
Jean-Claude Coulibaly
L’Etat démissionnaire et complice
Quand on jette un coup d’œil sur les clauses de l’accord intervenu dimanche dernier entre Trafigura et 31 mille victimes des déchets toxiques, on ne peut être que scandalisé. Car c’est l’inacceptable qui a été fait signer par les victimes. Sinon comment comprendre qu’on leur demande de reconnaitre que les déchets toxiques qui ont été déversés en août 2006 dans plusieurs endroits d’Abidjan n’ont causé que de légers dommages, tels que les migraines, nausées, douleurs à la gorge, etc.? Comment peut-on dire dans une affaire qui a fait une vingtaine de victimes, que 750 mille FCFA est une juste rémunération et demander aux victimes qui l’ont accepté de renoncer à toutes poursuites contre Trafigura? Plus grave, Leigh Day and Co, le cabinet d’avocat venu discuter avec les victimes jusqu’Abidjan engage ces derniers a accepter que toutes résurgences de maladies à moyen et long terme ainsi que les décès ne sont pas causés par les déchets toxiques. Mieux, pour le cabinet londonien, ce sera cette opinion qui sera devant la cour de Londres. Et pour mieux piéger les victimes, Leigh Day a fait jouer le facteur temps et le risque de ne rien percevoir, sinon moins, en cas de victoire de Trafigura au procès. Un dernier argument qui a fait mouche dans le camp des victimes qui pour la plupart ploient sous le poids de la misère. Faut-il les blâmer? Assurément pas. Car quand on n’arrive même pas à voir 600 FCFA par jour pour vivre, il est difficile de cracher sur près d’un million qu’on vous miroite. Le vrai responsable ici n’est donc pas les victimes. Mais l’Etat de Côte d’Ivoire qui a démissionné. Pouvait-il en être autrement? La réponse est négative. Car l’Etat actuellement incarné en premier par Laurent Gbagbo, s’est compromis avec la société pollueuse à qui il a extorqué depuis le début de la crise 100 milliards. Aujourd’hui, les autorités ivoiriennes qui doivent encore de l’argent aux victimes sont obligées d’observer le profil bas dans cette affaire. Une affaire dont l’épilogue n’est pas, avec tout ce qui se passe, pour demain. En attendant, de milliers de victimes continuent de broyer du noir. Pendant que les prédateurs de tous acabits se lèchent les babines devant leurs carcasses en voie de composition. Malheureusement, par la faute d’un Etat devenu pour des intérêts mercantiles complice.
JCC