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Société Publié le vendredi 25 septembre 2009 | Le Repère

Affaire “crime crapuleux à Mama” : Depuis la prison de Gagnoa, les accusés clament leur innocence

La mère Jeanne Yohou Obouo, ménagère à Mama, village natal du chef de l`Etat, a 74 ans, le fils Francis Ouraga Bayou dit Brico, chargé de la sécurité civile de la résidence du chef de l`Etat à Mama en a 40. Depuis le mercredi 25 février 2009 pour la première et le 10 mars 2009, pour le deuxième, ils sont détenus à la prison civile de Gagnoa pour " assassinat " du Petit Gbagbo, un gamin porté disparu le mercredi 25 mars à Mama et retrouvé mort, amputé de son sexe, de sa langue et de ses dents, deux jours après, dans une fosse sceptique derrière la maison d`un employé de la résidence du chef de l`Etat. " Nous sommes accusés d`un crime que nous n`avons jamais commis ", clament en chœur la mère et le fils. Ce mardi 22 septembre 2009, il y a une ambiance peu ordinaire à la prison civile de Gagnoa. Les visites ne sont certes pas interdites, mais elles sont plus contrôlées. Le procès annoncé des suspects présumés dans l`affaire du cambriolage de la résidence du chef de l`Etat à Mama est prévu pour se tenir, en effet, ce mardi. Dans le mince parloir de la prison, on voit à droite le lourd portail de la cellule des femmes. Dame Jeanne Yohou Obouo, la femme depuis environ un demi siècle du notable Albert Bayou Ouraga, 77 ans, père d`une fratrie de huit enfants, natif de Mama, semble affectée par la longue détention sans jugement de sept mois, mais elle garde le sourire. Quant à Brico, il paraît plus serein. " Au début, j`avais perdu plus de onze kilos surtout qu`en plus de ma détention injuste, j`ai dû subir la fausse couche de ma femme qui a été bouleversée par cette affaire. Mais, aujourd`hui, ça va mieux, je pèse près de 90 kilos ". Dame Jeanne Yohou Obouo ne parle pas beaucoup, elle s`exprime de temps en temps en langue locale bété puis se mure dans un long silence après un léger soupir. L`une de ses parentes venues lui rendre visite ce jour-là démonte l`accusation d`assassinat dont elle est victime.


"Quel est le mobile du crime ?"

"Voyez-vous cette vieille, avec son âge est-elle capable de frapper avec une machette ou tout autre objet tranchant, un enfant jusqu`à le tuer, lui arracher son sexe, sa langue et ses dents ? De deux, on l`accuse d`avoir été au champ avec l`enfant, ce qu`elle ne nie pas, mais si tant est que ceux qui l`accusent prétendent cela, alors pourquoi l`enfant a-t-il été retrouvé non dans son champ, mais au village derrière la maison de quelqu`un ? Veut-on dire que la vieille est suffisamment forte pour traîner le corps en pleine journée jusqu`à cet endroit et que même elle est suffisamment folle pour tuer quelqu`un en brousse et traîner son cadavre au village ? ", démontre cette dernière. Dans un courrier à nous parvenu et publié dans Le Repère 095 du vendredi 31 juillet 2009, dame Jeanne Yohou Obouo avait décrit les circonstances dans lesquelles elle s`était rendue au champ, situé non loin du village, avec le Petit Gbagbo, le neveu de son mari : " Il était prévu que ma petite fille, son petit frère et ma nièce partent chercher du fagot juste en bordure du village. Elle a refusé certainement de partir, parce que quand je suis revenue de l`église pour la cendre du mercredi 25 février elle était encore à la maison. Sachant que j`allais lui faire des histoires, le temps que je rentre dans la maison pour me changer elle a disparu de la cour. Et c`est plus tard, lorsque je suis arrivée au champ, que j`ai constaté la présence du petit Gbagbo en compagnie de mes petits fils et de ma nièce. Comme il est toujours avec nous à la maison et passe pratiquement tout son temps avec mes petits fils, je n`y ai pas trouvé d`inconvénients, j`ai partagé le fagot entre ma nièce et mes petits fils. Quant au petit Gbagbo, il tenait la machette et ensemble nous sommes rentrés tous au village aux environs de 12 heures. A notre arrivée, il a déposé la machette à la porte de la maison et il est sorti". Dans le numéro cité plus haut, Paulin Ouraga, frère cadet de Brico avait déclaré que son " père a même vu Petit Gbagbo à la maison tenant une machette. Il s`est plaint du fait que ses nièces ont utilisé la machette pour aller au champ parce qu`elles ont déjà abîmé celle de leur maman. Quand l`enfant a déposé la machette, il est sorti. Ma mère a demandé à ma fille d`aller acheter de l`huile. En partant, elle a croisé l`enfant qui a payé " shiper " (glace pour enfants) à la boutique. La gendarmerie a été informée, les enfants ont tout dit ". Quant à la parente de dame Jeanne Yohou Obouo, elle continue de s`interroger : " Si tant est que c`est la vieille qu`on acsuse, alors je veux bien savoir quel est le mobile du crime ? ".
"Ils ont peur de parler"

Pour sa part, Brico a un plan de défense des plus clair : " J`étais absent du village au moment des faits. J`ai quitté le village le mardi 24 février pour Ouragahio où j`ai pris un véhicule pour Abidjan. Un soldat qui était de garde devant la résidence du chef de l`Etat m`a vu ce jour-là. Le jour des faits, c`est-à-dire le mercredi matin, j`étais au palais présidentiel où j`ai vu un garde du corps du ministre Kadet Bertin (natif de Mama, ndlr). J`ai même causé avec lui et je lui ai demandé après le ministre. Ce dernier m`a dit que son patron était au village à Mama et qu`il n`est pas parti avec lui parce qu`il se sentait un peu souffrant. Ce mercredi là, je suis allé à la Coopec du Plateau où j`ai résilié mon contrat, c`est une chose vérifiable. J`ai par la suite fait des achats à la galerie Duparc au Plateau, j`ai encore le ticket. Ce même mercredi, entre 15H30 et 16H, j`étais avec le président de la mutuelle de notre village et une parente de la famille. Aujourd`hui, tous ceux-là savent la vérité, mais, ils ont peur de parler. Des voisins de mon quartier à Yopougon qui m`ont vu entre le mardi et le jour où je suis revenu à Ouragahio et me suis rendu à la gendarmerie, peuvent témoigner. Certains sont venus témoigner devant le commandant de brigade de Ouragahio, mais on refuse d`en tenir compte. Le vendredi où le corps a été retrouvé et où le commandant de brigade tentait de me joindre, j`ai rencontré le ministre Kadet, il semblait surpris de me voir là plutôt qu`au village. Il m`a demandé les nouvelles du village et je lui ai répondu que c`était à lui de me donner les nouvelles puisque lui, en revenait. Je lui ai dit que je me rendais au village pour faire la lumière sur toute cette affaire et que je comptais m`attacher les services d`un voyant comme c`est de coutume chez nous ".


"Ceux qui veulent être députés"

Brico est aujourd`hui un homme amer. Il dénonce le mutisme dont fait preuve ceux qui savent la vérité parce qu`ils l`ont vu les trois jours des faits à Abidjan mais en même temps, il dit les comprendre, car, la (ou les) commanditaire(s) de ce " crime rituel " est (ou sont) puissant(s) et dangereux. Mais qui peut avoir intérêt à commettre ou à faire commettre ce genre de crime dans le village natal du chef de l`Etat Laurent Gbagbo ? Les deux accusés ont une idée sur le sujet, bien qu`ils ne souhaitent pas s`étendre sur ce point précis. " Tout ce qu`on veut, clame Brico, c`est une enquête sérieuse et indépendante pour que la vérité sur ce crime qui nous affecte par ailleurs, éclate, puisque Petit Gbagbo est le fils d`un oncle et était l`ami de nos enfants à la maison familiale, élevé presque par notre maman ". En attendant, Paulin Ouraga Bayou, le frère cadet de Brico, qui frappe à toutes les portes pour que la vérité éclate a levé un coin du voile, dans l`interview citée plus haut, sur le profil de ce qu`il pense être le ou les bénéficiaires du crime : " Ce sont les personnes qui veulent être maires, députés, qui peuvent commettre un tel crime "…

Prince Béganssou
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