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Société Publié le samedi 26 septembre 2009 | Nord-Sud

Risque de propagation de la grippe A H1N1 : Les grosses inquiétudes du corps médical

C’est le 19 juin que le premier cas de grippe A (H1N1) a été déclaré en Côte d’Ivoire, à l’arrivée du vol SN 245 de la compagnie SN Brussel en provenance de Bruxelles (Belgique). Plus de deux mois après, des risques de propagation existent encore.

Le risque de propagation du virus H1N1 en Côte d’Ivoire n’est pas encore écarté. Deux mois après les premiers cas confirmés, le corps médical émet de grosses inquiétudes. En effet, du fait de l’absence d’une politique cohérente de lutte contre cette pandémie et surtout de matériels de dépistage, les médecins n’arrivent pas à faire la distinction entre la grippe A et la grippe saisonnière. «Il n’y a pas de différences notables entre les grippes saisonnières et la grippe A», note le Dr Joseph Boguifo, président de la Société ivoirienne d’oto-rhino-laryngologie. Selon lui, les symptômes de la grippe A sont les mêmes que ceux de la grippe saisonnière. «Lorsque nous diagnostiquons un patient qui vient de rentrer de voyage hors du pays et qu’on constate qu’il est un peu trop affaibli, on soupçonne alors un cas de grippe A», explique-t-il. Le patient est alors orienté à l’Institut Pasteur. En un mot, le voyage est le seul indice que possèdent les médecins pour établir la différence entre les grippes saisonnières et la grippe A H1N1.
Un autre médecin au service de pneumologie du Chu de Cocody, qui a requis l’anonymat du fait de la sensibilité du sujet, évoque les mêmes raisons. «Toutes les grippes se ressemblent. Elles peuvent toutes tuer», prévient-il. Il n’y a pas de symptômes spécifiques à la grippe A. «La fièvre, la toux, le mal de gorge, le nez qui coule, les maux de tête, les douleurs musculaires ou articulaires sont autant de signes de la grippe A que des grippes passagères», précise le médecin. Selon lui, les vomissements et la diarrhée ne sont pas spécifiques à la grippe A, contrairement à ce que soutiennent les spécialistes de l’Oms. «Un patient atteint de la grippe saisonnière peut vomir et faire également la diarrhée, si sa maladie est accompagnée de paludisme. Mais, il faut indiquer qu’un individu peut guérir de la grippe A sans que ce dernier ne sache qu’il a fait la maladie», affirme-t-il. A l’en croire, le danger reste toujours permanent, d’autant que les médecins n’ont aucun moyen pour pouvoir dépister la grippe A H1N1.

L’Inhp contredit le ministère

Il déplore le fait que hormis l’Institut Pasteur, aucune autre structure ne peut détecter le virus de l’Influenza de type A. Même là encore, cet institut est obligé de se rendre en Europe pour confirmer les cas suspects. «Le gouvernement devrait en principe mettre en place un grand centre de dépistage, afin que toutes les personnes atteintes de grippe, viennent se faire diagnostiquer. En Europe par exemple, depuis le déclenchement de l’épidémie, tous ceux qui font la grippe subissent immédiatement le test de la grippe A. Le pneumologue soutient que le traitement de la grippe saisonnière est aussi valable pour le cas de la grippe A. C’est sûrement cette raison qui justifie le fait que «le service de pneumologie n’exige aucun examen à un patient atteint de la grippe.» «Quand nous sommes en face d’un patient grippé, on lui prescrit des médicaments habituels. On ne demande aucun examen au malade», fait remarquer le médecin, qui note que la grippe tue généralement les personnes qui ont leur système immunitaire affaibli. Ce sont en général les femmes enceintes, les nouveau-nés ou les personnes atteintes du Vih/Sida et de la tuberculose. Aujourd’hui, seul l’aéroport est sous surveillance, mais son système de sécurité reste encore défaillant. «On examine les individus qui présentent des symptômes. Alors qu’il y a d’autres qui peuvent avoir le virus et chez qui, l’incubation n’a pas encore eu lieu», se préoccupe-t-il. Avant d’indiquer qu’il faut une période de 3 jours (période d’incubation) pour que la personne contaminée puisse faire la maladie. Mais, pour quelqu’un qui attrape le virus, par exemple à l’aéroport quelques minutes avant son départ, il traversera le système de sécurité sans qu’on ne sache qu’il est porteur du virus. Et c’est quelques jours après que la maladie pourra se déclarer et contaminer la population. Aussi, les frontières terrestres ne sont pas surveillées. Par exemple, entre la frontière ivoirienne et ghanéenne, du côté d’Aboisso et précisément Noé, aucun test n’est effectué sur les passagers qui viennent du Nigéria, du Bénin, du Togo et du Ghana. Le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique ne semble pas disposer d’une stratégie réelle de lutte contre la propagation de cette pandémie qui a fait plus de 800 morts dans le monde. Il semble minimiser le danger. D’autant que le service de communication de la tutelle a annoncé qu’en dehors des deux premiers cas confirmés à l’aéroport international d’Abidjan en juin, aucun autre cas n’a été suspecté. «Nous n’avons pas eu d’autres cas depuis le 19 juin. Ces deux personnes qui venaient de l’extérieur », indique N’Da Siméon, chef de service de communication du ministère. Cette affirmation est contraire à celle de l’Institut national d’hygiène publique (Inhp). En effet, une équipe de notre quotidien s’est rendue le vendredi 10 juillet, pour plus d’informations sur la pandémie. Onze cas suspects ont été révélés aux journalistes présents. Des prélèvements ont été effectués sur ces personnes en vue de faire des examens pour confirmer ou infirmer cette hypothèse, selon les informations recueillies ce jour. La population n’est pas à l’abri d’une attaque du virus de la grippe A. Le ministère de la Santé n’attend-il pas qu’il ne soit trop tard, avant d’engager une véritable bataille contre l’Influenza de type A ?

Adélaïde Konin (Stagiaire)
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