Tribunal des flagrants délits du Plateau. Vendredi 2 octobre, il est environ 13h quand le juge entame le dossier n° 15 de ce jour. Une affaire d'abus de confiance plutôt révélatrice qui implique un ministre du gouvernement. Et la juge est intriguée :
-Pourquoi le ministre aurait-il payé une chambre d'hôtel pour vous?
-Parce qu'il a fait venir un marabout. Le vieux Diallo. J'étais son assistant et je devais loger avec lui à l'hôtel Ivoire.
-Pourquoi ne l'avez-vous pas dit dans le Pv ?
Sanga Lamine, 44 ans, domicilié à Abobo, ne répond pas. C'est un grand monsieur noir avec une serviette blanche au cou. Pour l'assistant-marabout qu'il prétend être, le prévenu a plutôt du mal à rester sur place à la barre. Chaque 5 minutes, la magistrate est obligée de le rappeler à l'ordre : « Enlevez vos mains de vos poches ! Tenez-vous bien ! ». Le procureur qui l'observe avec curiosité demande:
-Vous soutenez que c'est un ministre qui vous a dit de faire du maraboutage pour conserver son poste…
Normalement, Sanga Lamine est à la barre pour abus de confiance sur la somme de 25 millions de Fcfa. Mais, là où le procès le mène semble dépasser toutes les prévisions. Et pendant une quinzaine de minutes, le public suit le procès en se demandant qui peut bien être ce ministre qui fait du maraboutage pour conserver son poste. Parce que le tribunal se garde bien de ne pas citer le nom de l'homme politique. Et, il faut attendre les réquisitions du procureur pour être situé :
-Il affirme avoir reçu de l'argent de la part du ministre Hubert Oulaï pour lequel il devait faire un sacrifice pour ne pas qu'il perde son fauteuil ministériel (…) ».
Les réquisitions suivront. Mais, comment cette affaire, qui devrait rester dans l'ombre, a pu être sur la place publique ? Il faut s'en remettre à la version de l'assistant marabout et de son avocat. Le plaignant, Coulibaly Vamoussa, la cinquantaine, est indexé par Sanga comme étant celui qui a joué le rôle de l'intermédiaire dans cette affaire entre le ministre et le marabout, le « vieux Diallo ». Sanga Lamine étant lui-même en contact avec le monde des marabouts, a assisté le « vieux Diallo », l'homme qui, selon toute vraisemblance, a permis au ministre de conserver son poste. Ils ont été logés à l'hôtel Ivoire, dit-il, pendant toute la durée de l'opération. Et, on le voit, Sanga a joué le rôle d'assistant dans l'histoire. En temps normal, après la fin du maraboutage, chacun devait rentrer chez lui et on n'en parlerait plus. Ni vu, ni connu ! Mais, voilà que, selon l'avocat du prévenu, Coulibaly Vamoussa pense que Sanga Lamine a gardé par devers lui, une grosse somme d'argent alors qu'il était, lui, l'intermédiaire. Il demande au marabout assistant sa part du gâteau. Sanga Lamine nie avoir doublé l'intermédiaire. Grâce à son activité et au commerce qu'il fait, Sanga est un assistant-marabout plutôt plein aux as. Et comme Coulibaly Vamoussa veut en profiter, il demande, en lieu et place de sa part, la Mercédès de l'assistant-marabout. Proposition que celui-ci refuse. C'est ainsi que Vamoussa fait arrêter Lamine par la police criminelle pour abus de confiance portant sur la somme de 25 millions de Fcfa. Coulibaly Vamoussa reconnaît qu'il collabore avec Sanga et qu'il l'a fait arrêter par la police criminelle. Mais, il insiste qu'il a remis 25 millions de Fcfa à Sanga pour acheter 5 kg d'or au Burkina Faso. De l'or qu'il devait utiliser pour faire un sacrifice. Mais, malgré le collège de trois avocats qu'il présente à la barre, il ne convaincra pas le tribunal. Sanga Lamine est relaxé. Toutefois, cette affaire cache avant tout une autre : le ministre de la Fonction publique, dans une affaire de maraboutage pour conserver son fauteuil…incroyable ! Et c'est cette image qui reste dans la tête du public quand le procès prend fin. Ah le maraboutage ! Que ne faut-il pas faire sous les tropiques pour continuer de manger !
Raphaël Tanoh
-Pourquoi le ministre aurait-il payé une chambre d'hôtel pour vous?
-Parce qu'il a fait venir un marabout. Le vieux Diallo. J'étais son assistant et je devais loger avec lui à l'hôtel Ivoire.
-Pourquoi ne l'avez-vous pas dit dans le Pv ?
Sanga Lamine, 44 ans, domicilié à Abobo, ne répond pas. C'est un grand monsieur noir avec une serviette blanche au cou. Pour l'assistant-marabout qu'il prétend être, le prévenu a plutôt du mal à rester sur place à la barre. Chaque 5 minutes, la magistrate est obligée de le rappeler à l'ordre : « Enlevez vos mains de vos poches ! Tenez-vous bien ! ». Le procureur qui l'observe avec curiosité demande:
-Vous soutenez que c'est un ministre qui vous a dit de faire du maraboutage pour conserver son poste…
Normalement, Sanga Lamine est à la barre pour abus de confiance sur la somme de 25 millions de Fcfa. Mais, là où le procès le mène semble dépasser toutes les prévisions. Et pendant une quinzaine de minutes, le public suit le procès en se demandant qui peut bien être ce ministre qui fait du maraboutage pour conserver son poste. Parce que le tribunal se garde bien de ne pas citer le nom de l'homme politique. Et, il faut attendre les réquisitions du procureur pour être situé :
-Il affirme avoir reçu de l'argent de la part du ministre Hubert Oulaï pour lequel il devait faire un sacrifice pour ne pas qu'il perde son fauteuil ministériel (…) ».
Les réquisitions suivront. Mais, comment cette affaire, qui devrait rester dans l'ombre, a pu être sur la place publique ? Il faut s'en remettre à la version de l'assistant marabout et de son avocat. Le plaignant, Coulibaly Vamoussa, la cinquantaine, est indexé par Sanga comme étant celui qui a joué le rôle de l'intermédiaire dans cette affaire entre le ministre et le marabout, le « vieux Diallo ». Sanga Lamine étant lui-même en contact avec le monde des marabouts, a assisté le « vieux Diallo », l'homme qui, selon toute vraisemblance, a permis au ministre de conserver son poste. Ils ont été logés à l'hôtel Ivoire, dit-il, pendant toute la durée de l'opération. Et, on le voit, Sanga a joué le rôle d'assistant dans l'histoire. En temps normal, après la fin du maraboutage, chacun devait rentrer chez lui et on n'en parlerait plus. Ni vu, ni connu ! Mais, voilà que, selon l'avocat du prévenu, Coulibaly Vamoussa pense que Sanga Lamine a gardé par devers lui, une grosse somme d'argent alors qu'il était, lui, l'intermédiaire. Il demande au marabout assistant sa part du gâteau. Sanga Lamine nie avoir doublé l'intermédiaire. Grâce à son activité et au commerce qu'il fait, Sanga est un assistant-marabout plutôt plein aux as. Et comme Coulibaly Vamoussa veut en profiter, il demande, en lieu et place de sa part, la Mercédès de l'assistant-marabout. Proposition que celui-ci refuse. C'est ainsi que Vamoussa fait arrêter Lamine par la police criminelle pour abus de confiance portant sur la somme de 25 millions de Fcfa. Coulibaly Vamoussa reconnaît qu'il collabore avec Sanga et qu'il l'a fait arrêter par la police criminelle. Mais, il insiste qu'il a remis 25 millions de Fcfa à Sanga pour acheter 5 kg d'or au Burkina Faso. De l'or qu'il devait utiliser pour faire un sacrifice. Mais, malgré le collège de trois avocats qu'il présente à la barre, il ne convaincra pas le tribunal. Sanga Lamine est relaxé. Toutefois, cette affaire cache avant tout une autre : le ministre de la Fonction publique, dans une affaire de maraboutage pour conserver son fauteuil…incroyable ! Et c'est cette image qui reste dans la tête du public quand le procès prend fin. Ah le maraboutage ! Que ne faut-il pas faire sous les tropiques pour continuer de manger !
Raphaël Tanoh