L’ancien ministre de l’Agriculture, le professeur Sébastien Dano Djédjé, actuellement ministre de la Réconciliation nationale et des Relations avec les institutions, a répondu hier présent à la confrontation avec certains inculpés séjournant depuis 15 mois en prison pour l’affaire du scandale financier dans la filière café-cacao. Il s’agit des ex-dirigeants du Fonds de développement et de promotion des activités des producteurs café-cacao (FDPCC), Henri Amouzou et Théophile Kouassi, ainsi que de l’ex-Directeur général du Fonds de régulation et de contrôle café-cacao (FRC), Firmin Kouakou. Seule Mme Angeline Kili, présidente du conseil d’administration du FRC, manquait à l’appel pour des raisons qui n’ont pas été indiquées. Selon des sources anonymes proches du dossier, la confrontation qui a duré de 10h à 18h, soit 8h d’horloge, s’est déroulée en deux temps. Un face-à-face entre le ministre Dano Djédjé et le directeur général du FRC, puis un autre entre l’ex-ministre de l’Agriculture et les dirigeannts du FDPCC. «Les échanges se sont passés dans un bel esprit. Chaque partie a répondu avec ses arguments aux questions du doyen des juges d’instruction, Joachim Gnakadié Ladji », soutient une source bien informée. En effet, ce rebondissement dans la procédure relative au scandale financier dans la filière café-cacao visait, pour l’instruction, d’approfondir les enquêtes en confrontant certains acteurs importants dans la gestion des fonds de la filière. Tel ministre de l’agriculture a-t-il perçu de l’argent de la part de telle structure de la filière ? Quand la transaction a-t-elle en lieu et à combien s’élèvent fonds ? Est-ce de la pure diffamation ou des faits avérés ? Tel ministre de l’économie et des finances a-t-il perçu des fonds de la part de telle structure ? Autant de questions que la confrontation entre les uns et les autres devra élucider. De sorte à permettre au juge d’asseoir sa conviction. Avant de clôturer son instruction en vue d’un procès ou pas. Les ministres convoqués par le doyen des juges d’instruction le sont en tant que témoins conformément à la loi. Le professeur Sébastien Dano Djédjé est le seul ministre a avoir fait le déplacement pour se soumettre à l’exercice de confrontation avec les inculpés devant le juge Joachim Gnacadié. Ses autres collègues notamment le ministre d’Etat, Paul Antoine Bohoun Bouabré et le ministre de l’économie, Charles Diby Koffi se sont excusés, l’un par l’intermédiaire de son avocat, l’autre à travers un émissaire envoyé auprès du doyen des juges d’instruction au motif qu’ils sont en missions hors du pays. Le juge d’instruction devrait pouvoir reprogrammer leur comparution. Quant à l’actuel ministre de l’agriculture, Amadou Gon Coulibaly, il n’a pas daigné se présenter à la confrontation arguant que c’est la haute cour de Justice qui doit entendre les membres du gouvernement. Un argument qui a sonné creux du côté du palais de justice d’Abidjan. «Il s’agit ici nullement d’un procès. Pour l’instant il s’agit du prolongement des premières auditions des ministres autorisées par un décret présidentiel», précise une source proche du dossier. Détournement de fonds, abus de fonds sociaux, faux et usage de faux en écriture de banque sont notamment les chefs d’accusation retenus par le parquet contre les ex-dirigeants de la filière café-cacao. Didier Depry et Félix Téha Dessrait
Économie Publié le mardi 6 octobre 2009 | Notre Voie