Alassane Dramane Ouattara : Un homme, deux visages

“Dans cette région, il y a eu trop d'atrocités. Je suis venu vous dire ''yako'', ahossê'', ahifô ". Je voudrais m'incliner devant la mémoire de tous les morts. Je suis venu vous exprimer ma solidarité. Je sais que vous avez souffert (…) Je veux que vous sachiez que les violences et les coups d'Etat et les coups de forces ne sont pas les solutions à nos problèmes. Il faut toujours les condamner (…) ". Si Alassane Dramane Ouattara, pouvait refaire le monde et effacer toutes les meurtrissures que les populations ont subi depuis son apparition sur la scène politique nationale, il l'aurait fait sans crier gare. On peut le dire, le président du Rdr est aujourd'hui, prêt à tout pour se faire élire président de la République de Côte d'Ivoire, y compris renier sa parole. Tenez-vous bien, l'homme tente de passer une éponge sur un passé douloureux pourtant vivace dans les esprits. On pourrait même dire qu'il continue de maudire dans le secret le jour où ses affidés, Koné Zacharia et Morou Ouattara, ont lâché à la face du monde que : "Ado est le père de la rébellion". Retour sur un meeting dithyrambique de Koné Zacharia. "C'est Ado qui s'occupait de nous quand nous étions dans la clandestinité. Il nous donnait 25 millions de francs cfa par mois pour acheter de la nourriture. C'est à cause d'Ado que nous avons pris les armes et jamais nous ne les déposerons tant qu'Ado n'est pas président (de la République, ndlr).
Le lundi 18 avril 2005, à la faveur d'une réunion tenue à Bouaké sur le désarmement, le com-zone de Bouna, Morou Ouattara, enfonçait le clou dans Le Temps N°579, en répondant à la question suivante: Si Alassane est candidat, ce sera à titre exceptionnel pour les élections de 2005…" Nous ne voulons pas entendre parler de ce mot. Il faut qu'il soit candidat au même titre que les autres. Pourquoi, pour sa candidature, on parle d'exception. C'est ce qui nous a poussés à prendre les armes. Ils ont intérêt à ne pas utiliser ce terme. "Alassane Dramane Ouattara, tel que ses affidés le présentent aux Ivoiriens depuis le début de la crise. Il faut dire que ceux-ci n'ont pas tort de brandir ce zèle. C'est plutôt le contraire qui aurait posé problème. De fait, le clan Ouattara ne supporte pas que "sa" rébellion affiche son indépendance. En 2007, dans les premières heures des négociations du dialogue direct initié par le Président Gbagbo, la rumeur persistante de la nomination de Guillaume Soro à la Primature ivoirien ne avait plutôt fait resurgir l'anecdote du caïman qui serait sorti du pipi du Rdr et qui donnait une autre orientation dans la distribution des rôles. Cette forme imagée du Rdr père de la rébellion qui a Guillaume Soro comme Secrétaire général dans le rôle de caïman sorti du pipi (la rébellion créée de toute pièce par ce parti), a fini par convaincre les plus sceptiques sur le vrai commanditaire de la lutte armée. Plus ahurissant ! Snobé par un accueil délirant dans un fief de la rébellion acquise à sa cause, M. Ouattara osa lâcher: " Cette opération (Dignité) est une imbécillité. Vous avez pris les armes et je vous comprends. La prise des armes était indispensable, elle s'est imposée à vous. " Avait dit, en substance, le mentor du Rdr. Mais dans le cadre du présent dossier, voulant revenir sur ce discours tenu à l'occasion de la tournée dans la vallée du Bandama, quelle ne fut notre stupeur de constater que le fameux bout de phrase a été soigneusement biffé. On comprend alors aujourd'hui, qu'après qu'il a applaudi des deux mains et encouragé les crimes commis par la rébellion, Ouattara vienne à jouer les chantres de la paix.
Simpice Allard
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