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Société Publié le vendredi 9 octobre 2009 | Nord-Sud

Arrêt de la confection des cartes d’étudiants - Université de Cocody : bonjour la fraude !

La scolarité de l’université de Cocody ne délivre plus de cartes aux étudiants depuis deux ans. Cela a créé beaucoup de désordre dont une nouvelle forme de fraude lors des évaluations.

Etre étudiant sans pouvoir le prouver. C’est la situation confuse que vivent de nombreux apprenants à l’Université de Cocody, où l’on ne délivre plus de cartes aux étudiants. Cela dure un an pour certains et deux ans pour d’autres. Louis Mangoua, étudiant en maîtrise de Gestion à l’Ufr (Unité de formation et de recherches) des Sciences économiques et de gestion (Seg) fait partie de ceux qui n’ont pas eu de cartes depuis deux ans. «Je suis en maîtrise et j’utilise toujours ma carte de deug II», explique-t-il. Presque tous les étudiants de l’université de Cocody sont dans le même cas. Aimé Tokou est inscrit en licence de géographie, à l’Institut de géographie tropicale (Igt). Il note que, bien qu’étant presqu’en fin d’année, il n’a pas encore reçu sa carte. La scolarité ne lui a pas délivré de carte à cause des nombreux retards accusés par cette structure dans le lancement des inscriptions.

Des « mercenaires»

«A l’Igt, particulièrement en licence, nous sommes pratiquement en fin d’année sans qu’on ait droit à nos cartes. Alors qu’au même moment, la scolarité vient de lancer les nouvelles inscriptions. C’est tout un désordre auquel on assiste », critique-t-il. Cette insuffisance affecte beaucoup plus les nouveaux étudiants. C’est-à-dire ceux qui sont en première année. Ils n’ont pas de carte qui atteste qu’ils étudient à l’université de Cocody. Soro Ali est dans cette situation et la vit très mal. Cet étudiant âgé de 20 ans espérait avoir sa carte pour l’exhiber chaque fois que l’occasion lui donnait face à ses amis. Hélas, ses rêves ont été brisés. «Je n’ai aucune pièce d’identité qui prouve que j’étudie dans telle ou telle Ufr à l’université. Seul le reçu d’inscription permet de m’identifier », dénonce Soro Ali. Il se dit cet état de fait est à la base de cas de fraude lors des évaluations. Puisque le reçu ne porte pas de photo d’identité. A l’université de Cocody, la fraude n’est pas un phénomène nouveau, mais elle est accentuée par l’absence des cartes d’étudiant. Les étudiants s’y adonnent à souhait. Les documents à présenter pour les compositions sont désormais, en l’absence des cartes d’étudiant, le reçu d’inscription et une pièce d’identité, soit la carte nationale d’identité, soit l’attestation d’identité. Une situation qui semble bien arranger les «tricheurs.» Mlle Konaté M. en Deug 1 à l’Ufr de Langues littératures et civilisations a assisté à un cas de fraude, cette année. Mais par peur de se «faire tabasser», elle a préféré garder le silence. «Mon voisin était un “mercenaire“ (un étudiant qui compose à la place d’un autre). Je l’ai su parce que je connaissais la personne qui porte le nom qu’il a écrit sur la feuille de composition. J’ai fait la classe de terminale avec cet étudiant et nous nous sommes retrouvés dans le même département», révèle-t-elle. Le fraudeur a falsifié une attestation d’identité qui portait sa photo et le nom de l’étudiant. «Et il le présentait à chaque fois qu’un surveillant effectuait les contrôles.» Des révélations troublantes. Une autre manière de tricher est née à l’Université de Cocody du fait de l’absence de cartes d’étudiants. Un surveillant ne dit pas le contraire. Il a préféré garder l’anonymat compte tenu du fait que le campus est un endroit de violence perpétuelle. Selon lui, l’absence de cartes d’étudiants favorise la tricherie dans les départements dits «chines populaires». Ce sont les Ufr de sciences éco, Crimino, l’ex-flash (lettres modernes, Anglais et autres) qui ont les plus nombreux cas de fraudes. Et surtout en Deug I et Deug II, où les étudiants ne se connaissent pas assez. Mais souvent, il y a des exceptions. Bien qu’ils soient connus, les étudiants paient leurs amis pour composer à leur place.

Les enseignants dans la crainte

«L’année dernière, j’ai épinglé une jeune fille qui composait à la place d’une de ses amies en licence», affirme-t-il. Le surveillant (qui connait parfaitement l’étudiante en question) dit avoir vu le nom de l’étudiante mentionné sur la liste de présence, bizarrement elle n’était pas parmi les 500 étudiants qui composaient ce jour-là. C’est grâce au contrôle des pièces d’identité qu’il a pu s’en rendre compte. «La tricheuse m’a présenté le reçu d’inscription et une attestation d’identité portant sa photo. Mais cette attestation portait le nom de son amie qui était absente», rappelle-t-il. Il lui a demandé une ancienne carte d’étudiant pour avoir le cœur net. «Elle m’a répondu qu’elle l’avait égarée. Je lui ai donc dit de m’accompagner dehors. Une fois loin des autres, sous pression, elle a avoué qu’elle composait effectivement pour son amie», souligne-t-il. Après confession, le surveillant a demandé à l’étudiante de ne plus regagner la salle d’examen. Si la «mercenaire» a pu rentrer tranquillement chez elle, celle qui l’a par contre engagée, a eu zéro dans cette matière. «C’est une leçon que j’ai décidée de leur donner. Je n’ai pas voulu la dénoncer parce qu’ici, il ne faut jamais avoir affaire à un étudiant. Même quand tu as raison. C’est une question de sécurité. Personne n’est à l’abri de leurs brimades», a révélé l’enseignant.


Adélaïde Konin (Stagiaire)
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