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Société Publié le lundi 12 octobre 2009 | L’expression

Pénurie de sang à Bouaké : Des décès en cascade au Chu

Le Centre national de transfusion sanguine (Cnts) de Bouaké n’arrive pas à satisfaire les malades qui ont besoin du sang. Cette pénurie entraine la mort de nombreux patients.

Le petit Ouattara Junior ne verra plus le visage de sa mère. Lundi dernier, quelques heures après l’accouchement de son frère, D. Rachelle, sa maman, a rendu l’âme à la suite d’une hémorragie. Au Centre hospitalier universitaire de Bouaké (Chu) où elle a été admise d’urgence, l’institutrice n’a pu être sauvée. Selon un proche de la famille, elle n’a pu recevoir à temps le précieux liquide de vie. La voix chargée de douleur, le parent indique que le manque de poches de sang du groupe O+ dans les locaux du Centre national de transfusion sanguine (Cts) a été fatal à la jeune maman. « L’accouchement s’est bien passé. Quelque temps après, elle a commencé à saigner. Au Chu, il n’y avait pas le sang O+. On a appelé les villes de Yamoussoukro, Korhogo et Daloa, sans avoir satisfaction. La bonne réponse viendra du côté d’Abidjan. On n’aura pas le temps de l’obtenir, puisque la malade est décédée un peu plus tôt », regrette le parent qui fond en larmes. Puis d’ajouter : « Outre Junior, elle laisse derrière elle le bébé et son mari qui demeure inconsolable», révèle notre source. Koné Souleymane, un menuisier qui exerce à proximité de l’Institut national d’hygiène publique (Inhp), garde aussi un triste souvenir du son dernier passage à la banque de sang de Bouaké. Son fils Oumar, qui souffrait d’anémie chronique, est mort au service de pédiatrie du Chu, suite à un manque de sang. Le regard figé, le père se remémore les douloureuses circonstances de la perte de son chérubin : « Le 15 août, mon fils est revenu des vacances dans un état critique. Les infirmiers ont décelé un cas d’anémie. Oumar était du groupe A+. Le centre de transfusion sanguine de la ville était à sec. C’est à Korhogo que j’ai pu avoir gain de cause. Le prix de la poche, m’avait-on informé, était fixé à 125.000Fcfa. Quatre patients se trouvaient dans la même situation que moi », se souvient-il. Et de poursuivre : « Le médecin m’a préconisé une évacuation sur la cité du Poro. Mais comme je n’avais pas les 90 000 Fcfa exigés par l’ambulancier pour le transfert de mon fils, je me suis résolu à aller moi-même chercher le sang pour arracher mon fils des griffes de la mort. Chacun des quatre parents a cotisé 15 000 Fcfa, en plus du prix individuel de la poche. A 4 heures du matin, j’ai loué une moto taxi. J’ai eu à Korhogo tout ce que je voulais. Mais, à mon retour, à 12 km de Bouaké, on m’a informé au téléphone du décès de mon garçon», se lamente Koné Souleymane. Pour lui, le seul point positif qui se dégage de cette mésaventure, c’est la joie des parents, qui grâce à son voyage, ont pu sauver la vie de leurs enfants. « Mon cœur s’est fendu, j’en ai souffert terriblement. Mais j’ai pu sauver quatre vies. Ce n’est pas rien. J’en suis fier, car je me dis que mon fils n’est pas mort pour rien », se soulage-t-il. Coulibaly Babasiri, vivant à Katiola, n’a aucun réconfort pour vider un tant soit peu, la douleur qui l’étrangle depuis la mort de Baseydou, son fils d’un an. En manque de sang après son évacuation de Katiola à Bouaké, le tout petit n’a pu être sauvé. « On n’a même pas eu le temps de chercher ailleurs. Peu après notre retour du centre de transfusion où n’avons rien eu, le bébé est mort », témoigne Coulibaly S, un parent du décédé. Ce dernier ajoute : « De nombreux accidentés et anémiés ont ainsi laissé leur peau au Chu. A qui le prochain tour ? ». Face à cette situation dramatique, Parfait Silué, un donneur de sang, se dit perplexe. Pour lui, les poches de sang recueillies à Bouaké pendant l’année scolaire écoulée, peuvent couvrir les besoins sur une longue période. Envahi par le découragement, il dit avoir pris la résolution de ne plus offrir son sang. « On donne du sang. Mais la banque du Cnts est toujours vide. Où va donc le sang ? On croirait que notre apport est inutile. Puisque notre geste n’arrive pas à sauver des vies. On a l’impression qu’ils vont le vendre ailleurs. A cette allure, je ne donnerai plus mon sang », tranche-t-il .

Par Marcel Konan, Correspondant régional
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