L’affaire Baldé est une aubaine qui devrait conduire les gouvernants à instaurer un Etat de droit respectueux des libertés individuelles et collectives.
C’est une autre guerre contre l’impunité. Le procès Baldé Cheik Amet (du nom de ce jeune ivoirien à qui la sous-direction de la police de l’air et des frontières refuse un passeport ordinaire) contre l’Etat de Côte d’Ivoire, contre les ministres Tagro, Bakayoko, la DG Djédjé Mama, et le patron de la DST, doit interpeller les autorités ivoiriennes et la communauté internationale sur les dérives ivoiritaires, institutionnalisées par des pratiques discriminatoires et exclusionnistes dans l’administration. En attendant, ce procès est un signal fort aux autorités, aux agents de terrain et aux administrés pour qu’ils réalisent que, les pratiques policières qui violent les lois peuvent être poursuivies devant les tribunaux. Le combat de Me Diallo Souleymane du cabinet Oré et associés, pour le rétablissement de Baldé et par extension de l’ensemble des victimes de la discrimination dans le passeport, doit être encouragé et poursuivi. On se souvient, c’est ce même avocat qui avait mené un combat historique contre les sites protégés de la Sotra. Il a poursuivi en 2007 devant les tribunaux la Société des transports abidjanais (Sotra) à propos des voies de circulation ou couloirs que les automobilistes ne devraient pas emprunter, au risque de se voir infliger une amende de 22.500 Fcfa par la police Sotra. Me Diallo avait jugé cette mesure de cette société d’Etat illégale et sans fondement juridique. Aujourd’hui, tout contrevenant aux passages protégés par la police paye une amende n’excédant pas 2000 Fcfa. Devant les faits, la justice a tranché en sa faveur. Il a mené le bon combat, montrant à la Côte d’Ivoire qu’il a un idéal à défendre. La justice doit montrer par ses décisions courageuses, justes et honnêtes qu’il est possible de construire un Etat de droit où il n’y aurait pas des citoyens de seconde zone. Ces affaires dans lesquelles cet homme de loi s’est investi corps et biens démontrent, par la loi et dans les faits, que la police ne peut s’arroger le droit de justifier de la nationalité d’un citoyen au détriment de la justice, la seule autorité compétente en la matière. Elle ne peut s’arroger le droit de cuisiner (auditionner) de vieilles personnes en violation des textes de loi en vigueur. En quoi une audition, faite sans détecteur de mensonge ( !), sans test ou méthode scientifique (ADN) au préalable pourrait permettre de déceler la nationalité d’un individu ? Une audition n’est pas un tribunal, une décision de justice. Ces auditions créent inutilement des frustrations chez les ressortissants du Nord, dont les noms à consonance malinké, ne leur ouvrent pas directement le fameux sésame. La cohésion sociale déjà mise à mal par la crise ivoirienne, à relents identitaires, est menacée par ces agissements d’un âge ségrégationniste. Et pourtant, à l’ère de la modernité, les nouvelles technologies de l’information offrent un échantillon d’outils pour pallier les insuffisances des services de police. La recherche informatique permet de faire des vérifications sur les empreintes biométriques et digitales. Dans ses sorties publiques, le chef de l’Etat ne cesse d’évoquer ses ambitions pour un Etat de droit fort en Côte d’Ivoire. Entre les discours et les faits, on est loin de la réalité. Il lui appartient en tant que chef suprême de la magistrature, d’insuffler, malgré les blocages politiques et les préjugés, une dynamique nouvelle sur la base du respect des droits et des libertés collectives et individuelles.
Par Assoumane Bamba
C’est une autre guerre contre l’impunité. Le procès Baldé Cheik Amet (du nom de ce jeune ivoirien à qui la sous-direction de la police de l’air et des frontières refuse un passeport ordinaire) contre l’Etat de Côte d’Ivoire, contre les ministres Tagro, Bakayoko, la DG Djédjé Mama, et le patron de la DST, doit interpeller les autorités ivoiriennes et la communauté internationale sur les dérives ivoiritaires, institutionnalisées par des pratiques discriminatoires et exclusionnistes dans l’administration. En attendant, ce procès est un signal fort aux autorités, aux agents de terrain et aux administrés pour qu’ils réalisent que, les pratiques policières qui violent les lois peuvent être poursuivies devant les tribunaux. Le combat de Me Diallo Souleymane du cabinet Oré et associés, pour le rétablissement de Baldé et par extension de l’ensemble des victimes de la discrimination dans le passeport, doit être encouragé et poursuivi. On se souvient, c’est ce même avocat qui avait mené un combat historique contre les sites protégés de la Sotra. Il a poursuivi en 2007 devant les tribunaux la Société des transports abidjanais (Sotra) à propos des voies de circulation ou couloirs que les automobilistes ne devraient pas emprunter, au risque de se voir infliger une amende de 22.500 Fcfa par la police Sotra. Me Diallo avait jugé cette mesure de cette société d’Etat illégale et sans fondement juridique. Aujourd’hui, tout contrevenant aux passages protégés par la police paye une amende n’excédant pas 2000 Fcfa. Devant les faits, la justice a tranché en sa faveur. Il a mené le bon combat, montrant à la Côte d’Ivoire qu’il a un idéal à défendre. La justice doit montrer par ses décisions courageuses, justes et honnêtes qu’il est possible de construire un Etat de droit où il n’y aurait pas des citoyens de seconde zone. Ces affaires dans lesquelles cet homme de loi s’est investi corps et biens démontrent, par la loi et dans les faits, que la police ne peut s’arroger le droit de justifier de la nationalité d’un citoyen au détriment de la justice, la seule autorité compétente en la matière. Elle ne peut s’arroger le droit de cuisiner (auditionner) de vieilles personnes en violation des textes de loi en vigueur. En quoi une audition, faite sans détecteur de mensonge ( !), sans test ou méthode scientifique (ADN) au préalable pourrait permettre de déceler la nationalité d’un individu ? Une audition n’est pas un tribunal, une décision de justice. Ces auditions créent inutilement des frustrations chez les ressortissants du Nord, dont les noms à consonance malinké, ne leur ouvrent pas directement le fameux sésame. La cohésion sociale déjà mise à mal par la crise ivoirienne, à relents identitaires, est menacée par ces agissements d’un âge ségrégationniste. Et pourtant, à l’ère de la modernité, les nouvelles technologies de l’information offrent un échantillon d’outils pour pallier les insuffisances des services de police. La recherche informatique permet de faire des vérifications sur les empreintes biométriques et digitales. Dans ses sorties publiques, le chef de l’Etat ne cesse d’évoquer ses ambitions pour un Etat de droit fort en Côte d’Ivoire. Entre les discours et les faits, on est loin de la réalité. Il lui appartient en tant que chef suprême de la magistrature, d’insuffler, malgré les blocages politiques et les préjugés, une dynamique nouvelle sur la base du respect des droits et des libertés collectives et individuelles.
Par Assoumane Bamba