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Économie Publié le mercredi 14 octobre 2009 | Le Nouveau Navire

Hervé Ouguehi (DG de la Matca) : “Nous n`avons pas encore traversé l`orage …”

Suite à la cérémonie de remise de chèques aux sinistrés de la Matca, nous avons rencontré M. Hervé Ouguéhi, le nouveau directeur général de ladite structure. Il nous parle des travaux d'hercule qu'abat la nouvelle équipe, avec à sa tête le PCA Adama Coulibaly, pour que la mutuelle retrouve son lustre d'antan.


M. le DG, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je vous remercie pour l'occasion que vous m'offrez de m'adresser aux Ivoiriens et particulièrement aux sociétaires de la Matca. Je suis Hervé Ouguéhi. Je suis sorti de la faculté de Droit (promotion 76-80) de l'université d'Abidjan qui est devenue par la suite l'Université nationale de Côte d'Ivoire. Je suis de la 5ème promotion (80-82) de l'Institut international de gestion de Yaoundé. Après, je suis allé à Paris, puis à Bruxelles dans un cabinet d'études et d'ingénierie conseil. C'est après ce parcours que j'ai mis les pieds dans la vie professionnelle au Centre ivoirien de gestion d'entreprises, m'occupant particulièrement de la formation du personnel des sociétés d'assurance. Et j'ai fait un tour à la Matca avant de me mettre à mon compte. Et me voilà de retour à la Matca.


Vous semblez bien connaître la maison.

Je connais la maison parce que j'ai été au commencement. Lorsque la Matca a été créée et qu'elle devait entrer en phase opérationnelle, j'ai dû recruter les premiers collaborateurs du DG de l'époque. Les textes de recrutement, les fiches de fonction ont été élaborés par nos soins. Nous avons été impliqué dans la convention de l'assistance technique. Je connais quand même un peu la maison.


Quel commentaire faites-vous du règlement des sinistres que vous avez effectué ?

Je n'en tire pas une gloire particulière. Le règlement des sinistres est le service après vente de l'assurance. C'est ce pourquoi une société d'assurance vit. Sinon, elle n'en est pas une. Vous savez, à situation exceptionnelle mesure exceptionnelle. Dans nos prévisions, nous avons promis revenir aux fondamentaux en matière de gestion de compagnies. C'est-à-dire que le règlement des sinistres doit être considéré comme un objectif majeur. Dans nos prévisions budgétaires, il est prévu le règlement d'au moins 22 millions Fcfa par semaine. C'est-à-dire à peu près 1 milliard 200 millions Fcfa sur les 3 milliards de cotisations nettes que nous encaissons dans l'année. C'est ça le plus important. Sans le règlement des sinistres, nous n'avons pas de raison d'exister.


La Conférence interafricaine des marchés d'assurance (CIMA) a augmenté le fonds d'établissement des mutuelles, de quoi s'agit-il exactement ? Et combien demande-t-elle ?

Cette mesure a été prise par le conseil des ministres en charge des assurances. Et cela est passé comme une disposition réglementaire de la CIMA. Les Sociétés anonymes (SA) doivent passer leur capital à 1 milliard, pour celles qui n'étaient pas à ce niveau. Et les sociétés mutuelles à 800 millions Fcfa. C'est une mesure qui a été prise depuis avril 2007 et la date butoir est le 3 avril 2010. Je veux dire que cela aurait dû être fait. Mais malheureusement rien n'a été. Nous nous attelons à le faire. Les dispositions qui ont institué ce règlement sont assez claires. Parce que, lorsqu'à la date du 3 avril 2010 le capital des SA ou des mutuelles ne sera pas élevé au montant demandé, vous risquez de voir vos portes fermées.



Entre temps, il y a eu des remous à la Matca qui ont conduit actuellement à un audit. Où en êtes-vous ? Et quel était l'état des lieux après votre prise de fonction ?

L'audit va prendre fin. Et le rapport sera rendu public dans quelques jours. A notre prise de fonction, nous avons fait un survol rapide de la gestion de nos prédécesseurs. Mais sans jeter d'anathèmes sur qui que ce soit, nous avons vu des choses qui n'étaient pas très conformes en matière de gestion. Par exemple, nos partenaires techniques qui sont les réassureurs n'ont pas eu leurs factures réglées. A ce niveau, les dettes s'élèvent à 67 millions Fcfa. Les dettes des fournisseurs, avoisinent plus de 300 millions Fcfa. Nous sommes vraiment dans le rouge. C'est pas à pas et à force de travail, avec la compréhension des uns et des autres que nous allons pouvoir sortir des vagues.


On peut dire que la caisse de la Matca a beaucoup saigné ces derniers temps avec la gestion des ex-dirigeants. Quelles sont les incohérences que vous avez pu noter depuis votre prise de fonction. Pensez-vous avoir les ressources financières nécessaires pour répondre aux exigences de la CIMA ?

La Matca est une société viable en soi. Parce que le chaos a été maîtrisé. Les résultats techniques sont bons. Mais nous devons revenir aux fondamentaux de gestion. Dès notre prise de fonction, nous avons constaté que les frais généraux étaient à un niveau insupportable. Plus de 66% de frais généraux sur un chiffre d'affaires de 3 milliards, c'est plus d'1 milliard 800 millions qui y ont été dépensés. Avec particulièrement l'accent sur les honoraires des collaborateurs extérieurs qui étaient plus importants que la masse salariale. Nous avons déjà commencé à résilier tous les contrats avec ces derniers et avec les prestataires de services. Grâce à ces mesures et bien d'autres que nous avons pris, nous avons pu réaliser une économie de plus de 300 millions qui sera portée à 500 millions en 2010. Nous nous efforçons de ramener justement le taux de frais de gestion à près de 30% en 2010. Maintenir le cap des règlements de sinistres à 40% du chiffre d'affaires. Celui des investissements, des DAT, des provisions à 10% chacun. Ces mesures sont prises pour rassurer les sociétaires et ramener la confiance dans la maison. Afin que la Matca soit l'outil que les sociétaires ont voulu qu'elle soit. Celle qui règle qui fait face à ses engagements et réponde aux besoins de ses sociétaires afin qu'elle ait son mot à dire dans la sphère de l'assurance en Côte d'Ivoire.


Peut-on dire qu'il y a eu plus de peur que de mal ?

La peur existe toujours parce que nous n'avons pas traversé l'orage. Mais avec la volonté, la mobilisation du personnel et surtout la détermination du Conseil d'administration, les choses iront mieux. A preuve, le PCA a décidé de renoncer à ses indemnités de PCA de ramener le nombre de conseil à quatre au maximum six dans l'année, de ramener les jetons de présence à 250 mille Fcfa par administrateur au lieu de 500 mille Fcfa .De supprimer la rémunération des administrateurs qui était d'un million Fcfa par mois. Ce sont autant de mesures qui doivent nous permettre de tirer la mutuelle vers le haut. Je peux dire qu'il y a eu plus de peur que de mal. Nous n'avons pas encore traversé l'orage, mais nous sommes confiants que la mutuelle va retrouver son lustre d'antan.


Aujourd'hui quels sont vos rapports avec les dissidents ?

La Matca appartient à tout le monde. C'est le langage que le PCA tient. Chacun a sa place. Dès l'instant où vous êtes sociétaire, vous êtes intéressé par la survie de la Matca. Je lance un appel à la cohésion et surtout à la fin des palabres. Elles ne servent à rien. Il faut se concentrer pour régler les problèmes. Il y va de l'intérêt supérieur de la Matca. Chacun devrait avoir les intérêts de la mutuelle en tête.


Un denier mot ?

Avec les mesures prises, nous pensons sortir la Matca de l'orage. Mais cela ne peut se faire qu'avec le soutien de tous les sociétaires. Nous nous promettons de les rencontrer pour leur communiquer les mesures que nous avons prises pour recueillir leurs suggestions. Que les sociétaires sachent que leur outil demeure et elle demeurera.

Interview réalisée par Yenon R. Assi
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