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Économie Publié le lundi 19 octobre 2009 | Le Mandat

Enquête dans la filière Café-Cacao : Le rapport des experts douaniers qu`on cache aux ivoiriens

A la demande du Chef de l'Etat, Son Excellence Laurent GBAGBO, le Procureur de la République, M. Raymond TCHIMOU, a entamé des poursuites contre les principaux acteurs de la gestion de la filière café-cacao qui a été libéralisée et rendue aux planteurs en 2000. Pour les nécessités de l'enquête, une vingtaine de responsables ont été mis sous mandat de dépôt et incarcérés à la Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan (MACA). Ce, depuis le mois de juin 2008. Selon des voix anonymes, certains anciens dirigeants de la filière café-cacao paient en lieu et place des vrais coupables tapis dans l'ombre.

“Monsieur le Premier ministre, vous êtes à la recherche de 200 milliards de FCFA pour organiser des élections dans votre pays, alors que les structures qui gèrent le café et le cacao chez vous (BCC, FDPCC, FRC, ARCC, etc.) disposent de plus de 600 milliards de FCFA dans des comptes et sur des places boursières occidentales. Pourquoi ne pas leur demander de mettre cet argent à votre disposition pour la sortie de crise ?". Ces conseils de Louis Michel, le Commissaire européen chargé de l'aide au développement, au Premier Ministre Soro Guillaume, lors de sa tournée en Europe, déclenche la colère de Gbagbo qui jusque là, comme une mère poule continuait de couvrir ''ses poussins''. A la surprise générale, le Procureur Tchimou Raymond est saisi aux fins de chercher à savoir ce qui se passe dans la filière. Pour les nécessités de l'enquête, une vingtaine de responsables ont été mis sous mandat de dépôt et incarcérés à la Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan (Maca), depuis le mois de juin 2008. Détournement de fonds, abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie, faux et usage de faux en écriture privée de banque ou de commerce. Ce sont, entre autres, les charges retenues contre les opérateurs de la filière. En somme, on leur reproche d'avoir détourné la somme de 100 milliards de FCFA destinée à l'achat de l'usine américaine Fulton pour la transformation du cacao.

Des sources proches du dossier déplorent une injustice. Selon ces voix anonymes, certains anciens dirigeants de la filière café-cacao paient pour des fautes qu'ils n'ont pas commises.
Le rapport des experts douaniers qu'on cache aux ivoiriens.

Le 23 octobre 2008, deux experts douaniers ont été commis par le tribunal d'Abidjan aux fins de diligenter une enquête sur la commercialisation extérieure du cacao. Une source digne de foi révèle l'implication de l'administration douanière, du guichet unique, des proches du Chef de l'Etat, des ministères de tutelle et évidemment les responsables des structures, dans la malversation de la filière café-cacao. Certaines structures et associations n'ont pu passer entre les mailles du filet. C'est le cas des exportateurs qui ont déclaré du mauvais cacao en lieu et place du cacao de bonne qualité. Une stratégie qui vise à être exonéré de certaines taxes et impôts. L'implication de la galaxie patriotique a été aussi relevée. A la veille d'un meeting dit patriotique, vous n'avez qu'à vous rendre au 23ème étage de la caisse de stabilisation pour vous imprégner de la gabegie faite autour des fonds des producteurs. Même si le rapport ne mentionne pas la quantité du cacao détournée, " certaines langues regrettent que ces voleurs à col blanc soient en liberté ", déplore des proches des familles des détenus.

Des révélations à vous couper le souffle.

Certains ex-dirigeants de la filière incarcérés à la maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) ont décidé de sortir de leur silence. Ils auraient confié à un confrère le décaissement de 50 milliards, mis à la disposition de l'Etat de Côte d'Ivoire comme effort de guerre. Des jeunes patriotes et des patrons des milices ont tous bénéficié du soutien des caisses des paysans. A cela, il faut ajouter le décaissement en 2002 de deux milliards pour l'inscription à l'université des étudiants et deux autres milliards pour soutenir les producteurs déplacés de guerre. Lesquels milliards ont disparu au cabinet de l'actuel ministre de la réconciliation nationale, selon notre source.

Les faits qui accablent le palais

Suite aux turbulences politico-militaires qu'a connues la Côte d'Ivoire, les producteurs de café et de cacao, notamment ceux de la région Ouest de la Côte d'Ivoire déplacés de guerre, se sont retrouvés dans une situation de détresse particulièrement préoccupante, confrontés à d'énormes difficultés, ils ont sollicité une aide financière substantielle du Fonds de Développement et de promotion des activités des producteurs de café et de cacao (Fdpcc). Réagissant favorablement à leur requête, le Fdpcc s'engageait à leur verser la somme globale de deux milliards de f cfa, en guise de soulagement pour les affres subies du fait de la guerre. Soucieux d'une distribution équitable desdites ressources mises à la disposition des producteurs déplacés et victimes de guerre, le conseil de gestion du Fdpcc transmettait le 24 novembre 2003 au directeur financier de la Présidence de la République, un chèque Caisse Autonome d'Amortissement n° 4795477 de deux (2) milliards de f cfa, émis à l'ordre de la Présidence de la République. Le courrier de transmission du Fdpcc a été déchargé par M. Anouma Jacques en décembre 2003. Depuis cette date, nonobstant toutes les démarches amiables entreprises, les producteurs déplacés de guerre représentés par le 4 CVG, n'ont toujours pas pu entrer en possession des sommes qui leur sont destinées.

De l'existence d'infractions pénales

Après six ans d'attente et d'investigations, le collectif des coopératives de café-cacao victimes de guerre (4 CVG), est convaincu que le montant de deux milliards qui devait lui être versé, a probablement été détourné par des personnes travaillant à la Présidence de la République. Les faits relevés laissent supposer l'existence d'indices graves et concordants constitutifs de détournement de fonds et d'abus de confiance. C'est pourquoi, le 4 CVG porte plainte contre x, pour détournement de fonds et abus de confiance (art. 401 du code pénal). Il entend se constituer partie civile et réclamer non seulement la restitution des deux milliards, mais aussi de tous les intérêts générés par cette somme depuis six ans. Compte tenu de la gravité des faits allégués, les producteurs par un courrier en date du 24 août 2009, demandent au procureur de la République près le Tribunal de Première Instance-Abidjan Plateau de bien vouloir faire diligenter une enquête appropriée, afin de démasquer toutes les personnes ayant participé à la commission des infractions relevées. Toujours en 2003, et au moment où le ministre Dano détenait encore le portefeuille de l'Agriculture, dans le cadre de l'organisation du Salon international de l'agriculture et des ressources animales (SARA), des sources indiquaient dans un quotidien de la place que ce dernier aurait forcé la main aux ex-dirigeants de la filière pour le décaissement de la somme de 1,4 milliard de FCFA. " Le Salon n'a jamais été organisé et l'argent n'est pas retourné ", a mentionné cette voix tapie dans l'ombre qui, poursuivant, a confié à notre confrère le décaissement de 180 millions de FCFA en ce qui concerne l'Assurance maladie universelle (AMU) pour les paysans. D'ailleurs, ce projet n'a jamais vu le jour. Tous ces décaissements qui devaient logiquement conduire à faire la lumière sur les sommes importantes détournées et dont on cherche les traces ne sont pas évoqués dans le cadre de l'enquête. Pour la manifestation de la vérité, le juge Ladji Gnakalé a pris une ordonnance qui maintient encore pour quatre mois Tapé Do, Henri Amouzou et autres. Ce, en dépit de l'appel lancé par Maître Aka Narcisse relativement à leur libération. Rappelons qu'en 1999, le gouvernement ivoirien s'était engagé dans la libéralisation de la filière, à la demande du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM).

Cette libéralisation a entraîné la suppression de la Caisse de stabilisation (Caistab), établissement public créé en 1964 et chargé de la commercialisation et la stabilisation des prix du café-cacao.

Elle a été remplacée à la fois par l'Autorité de régulation du café-cacao (ARCC), la Bourse du café-cacao (BCC) et un Fonds de régulation et de contrôle (FRC), les deux derniers étant gérés par les opérateurs de la filière, proche de Laurent Gbagbo. Les résultats se passent de commentaire.
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