x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le mardi 20 octobre 2009 | Le Nouveau Réveil

Béhi Benoit (nouveau président de l`Anaproci) : “Les richesses du cacao n`entrent pas dans la poche des producteurs”

Après son élection à la tête de l'Association nationale des producteurs de Côte d'Ivoire (Anaproci), le nouveau président parle de son prédécesseur Henri Amouzou et les autres détenus. Dans cette interview, il dénonce également la pauvreté des paysans de café-cacao.

Vous venez d'être porté à la tête de l'Anaproci. Quelles seront les premières actions que vous comptez entreprendre ?
Il faut que la population agricole de la filière café-cacao soit d'abord informée que l'Anaproci a retrouvé sa sérénité. La division qui était visible au sein de l'association, nous y avons mis un terme. Les deux (02) tendances se sont retrouvées et font désormais, une seule et unique Anaproci forte qui veut établir des liens de collaboration ou de coopération avec tous les partenaires y compris l'Etat. Aujourd'hui, nous sommes unifiés pour défendre les intérêts des producteurs.

Vous parliez de 2 tendances. Est-ce qu'on peut les connaître et puis qu'est-ce qui vous a divisés ?
Nous avons fait la réforme. Avec l'appui de l'Etat, nous avons mis en place un mécanisme d'épargne propre aux producteurs pour les activités de la filière. Malheureusement, dans la gestion de cette épargne, il n'y a pas eu d'attente. Il y a eu des débordements et les uns et les autres qui avaient des revendications légitimes se sont séparés.

Avez-vous des contacts avec le président sortant, M. Henri Amouzou. Est-ce qu'il est informé de ce changement à la tête de l'Anaproci et quelle a été sa réaction ?
Avant l'assemblée générale, il y a eu un comité de réconciliation qui a été mis en place. Il a parcouru tout le territoire ivoirien. Nous avons aussi pris attache avec tous nos devanciers qui sont actuellement en prison. Nous les avons rencontrés pour leur dire que la division ne nous arrange pas. Quand on a rencontré le président Amouzou, le président Tapé, ils nous ont donné quitus pour faire la réconciliation. Ils nous ont demandé même de travailler pour les producteurs. Je crois qu'ils sont les plus heureux. Ils sont en prison mais ils sont avec nous dans cette mission.

Comment Amouzou, Tapé et les autres se portent-ils en prison. Quel est leur moral ?
La privation de liberté individuelle n'est pas une bonne chose. Je suis certain que leur moral est artificiel. Les détenus n'ont pas le moral. Leur place n'est pas en prison puisqu'ils n'ont pas été culpabilisés. A partir du moment où il y a la présomption d'innocence, ils ne peuvent pas être gardés en prison.

Allez-vous vous engager dans cette bataille ?
C'est l'une des actions que nous devons mener parce que toute personne sur qui pèse la présomption d'innocence a droit à la liberté. Nous ne voulons pas engager un bras de fer avec l'Etat mais nous voulons nous appuyer sur le droit. La détention prévention a une limite.

Les planteurs ivoiriens sont-ils heureux aujourd'hui ?
Dans la situation d'aujourd'hui, je peux dire que le prix qui a été proposé, s'il s'applique sur le terrain, le producteur peut se sentir mieux. Mais faut-il encore que ce prix soit appliqué ? Mais nous, nous avons une solution. Nous sommes des producteurs. C'est nous qui faisons 40% de la richesse de la Côte d'Ivoire. La grosse partie des richesses du cacao n'entre pas dans les poches des producteurs. Nous allons nous organiser de sorte que nous, producteurs et acheteurs, nous ayons un plan conjoint. Cela va nous permettre à partir du coût de production d'évaluer la marge que nous pouvons faire. Le prix de 950 francs qui est un prix indicateur et non définitif, ce prix varie, on peut le négocier avec les exportateurs. Quand il sera minimum, on pourra dire que nous sommes sûrs de pouvoir gagner.

Il y a un constat aujourd'hui, c'est que l'hévéa est en train de prendre le pas sur le cacao. Cela ne vous fait-il pas peur ?
Dans la production agricole, nous, producteurs du café-cacao, acceptons la diversification. Parce qu'aujourd'hui, un seul produit ne peut pas faire vivre le producteur. C'est pourquoi, certains qui font le cacao font également l'hévéa, le palmier à huile et même le coton. Mais tout cela doit se faire dans un cadre structurel. Je dirais même que la diversification nous arrange. Mais lorsque nous abandonnons le cacao pour aller vers l'hévéa, c'est inquiétant.

Face à cela, qu'allez-vous faire ?
Il y a deux (02) options. La première est de soutenir la production agricole de la cacaoculture en Côte d'Ivoire, mais de bonne qualité. La seconde est de permettre la relève. Nous produisons 40% de la richesse du pays mais quand on devient vieux, on est abandonné. Ce n'est pas acceptable. Il faut qu'il y ait un tremplin comme la retraite.

On va terminer par une question qui fait l'actualité en ce moment. Où sont passés les 2 milliards que les paysans ont donnés à leurs collègues déplacés de l'ouest ?
Cet argent, le Fdpcc l'a donné. Mais, il faut que nous puissions vérifier à qui il les a remis.
Interview réalisée par
Djè KM et François Becanty
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ