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Société Publié le mercredi 21 octobre 2009 | Nuit & Jour

Société de sécurité privée en Côte d’Ivoire : Un business à forte connotation négrière

Les Sociétés de Sécurité Privée n’ont pas bonne presse et ne sont pas objectivement outillées pour suppléer la sécurité étatique officielle. Les pratiques mafieuses des propriétaires sont assimilables à une forme d’esclavagisme des temps modernes. Salaire dérisoire, cadre informel et violence permanente sont le lot quotidien des travailleurs de ce secteur pourtant primordial. Pendant ce temps, l’Etat tarde à réglementer ce secteur où le ‘’désordre organisé’’ fait rage.

Les sociétés de Sécurités Privées sont les structures qui assurent les tâches de sécurité de proximité dont les compétences en la matière sont très réduites. Alors que ces structures qui étaient très rares en Côte d’Ivoire dans les années 70 vont connaître un développement considérable à partir de 1998. La crise qui a député depuis 2000 a favorisé une prolifération des sociétés de sécurité dont la plupart, non agréées, exercent les tâches de gardiennages et de protection rapprochée. Cette prolifération anarchique à son secret. Selon l’union patronale des entreprises de sécurité privée et de transport de fonds de Côte d’Ivoire (UPESPCI), sur les 310 sociétés de sécurité inscrites, il n’y a que 90 qui sont légalement constituées. Les 220 autres exercent donc en dehors de la loi n’ayant pas d’agrément. Pourtant ces structures mènent en toute quiétude leurs activités parmi lesquelles il y a des concessions du domaine de sécurité publique. En clair, ces structures assurent des missions ordinairement dévolues aux forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire. Par exemple, elles assurent des missions de police périphérique en soutenant la police locale souvent débordée. «Le secteur est très désorganisé, et l’anarchie est grande dans ce milieu. Les personnes, souvent des politiques, n’ayant pas la qualification, ni les compétences en matière de sécurité, se sont ruées vers la création de ces sociétés de sécurité privées parce que le secteur est juteux aujourd’hui », a reconnu sous le couvert de l’anonymat un ancien officier de la gendarmerie qui connaît le milieu pour y avoir passé quelques années. Les bailleurs de fonds s’y intéressent car ils y voient un secteur d’insertion des ex-combattants et les hommes d’affaires véreux se remplissent les poches avec des pratiques peu orthodoxes. «C’est des négriers qui traitent les hommes de terrain comme des marchandises ; c’est un esclavage d’une autre époque », a déploré un ancien travailleur qui s’est depuis lors reconverti en commerçant.

Des entreprises privées qui ont des pratiques peu orthodoxes

Il est vrai que les propriétaires de ces sociétés de sécurité privées s’en tirent à bon compte. Mais ce n’est pas le cas pour les hommes de terrain qui veillent le jour et la nuit sur la sécurité des biens et des personnes. Les gardiens, agents de sécurité ou vigiles subissent une injustice criarde et une exploitation indigne d’un Etat de droit. Ce secteur connaît une véritable exploitation de l’homme par l’homme. « Nous n’avons pas de statut, et on ne nous fait pas signer de contrat de travail », s’est plaint un travailleur de IB GS Security. Les injures, les licenciements abusifs ainsi que les accidents sont le lot quotidien de ces braves agents devant le mutisme coupable de l’Etat. En clair tout doit être revu dans ce secteur. Les arriérés de salaire sont fréquents alors que les salaires sont dérivoirs malgré le risque que comporte ce métier. « Nous ne bénéficions d’aucune couverture sociale et médicale et les troubles ne sont jamais loin de ce secteur », a renchérit le même agent. L’image de la corporation est suffisamment ternie à cause des nombreuses escroqueries et autres délits occasionnés par les agents qui exercent le métier de vigile. Pour nombre d’observateurs, les responsabilités sont partagées entre l’Etat de Côte d’Ivoire et les hommes d’affaires véreux qui ont investi le milieu. « La responsabilité de l’Etat se situe au premier niveau, dans la mesure où il n’a pas pu intégrer une réglementation claire dans ce secteur. Si bien qu’on assiste à une récupération du fait de la persistance de la crise armée qui secoue la Côte d’Ivoire », a expliqué l’un des responsables du secrétariat de l’organisation des sociétés de sécurité privée en Côte d’Ivoire, lors d’un point de presse à l’Hôtel Ivoire. Il n’empêche, pour ce professionnel de la sécurité privée en Côte d’Ivoire, le véritable problème demeure la non réglementation de ce secteur qui a pour conséquence directe la prolifération anarchique des sociétés privées non autorisées. « Sur les 310 sociétés privées inscrites seul 90 sont légalement constituées. C’est la catastrophe et ceci peut être une poudrière », a martelé le même responsable de l’Union patronal des entreprises de sécurité privée et de transport de fonds de Côte d’Ivoire (UPESCI). Plus responsable que l’Etat selon les observateurs, c’est, le ‘’désordre organisée’ que les pseudo-hommes d’affaires ont crée a dessein pour mieux gérer la manne financière que génère ces entreprises. A côté de cela, il faut reconnaître que la sécurité coûte cher à l’Etat, ce qui fait que l’Etat est peu regardant sur les mauvaises pratiques qui entourent ses sociétés de gardiennage. La méfiance des ivoiriens vis-à-vis de ces sociétés de gardiennage est de plus en plus palpable compte tenu de tout ce que cela a pu engendrer comme désagréments dans la vie des ivoiriens. En dehors de cet état de fait, les ivoiriens se méfient en général des questions sécuritaires : Les traumatismes de la guerre, la recrudescence du grand banditisme figurent en place de choix de cette réticence des ivoiriens. En raison de la suspicion et la méfiance que chacun a à l’égard de ces structures dont l’image est ternie par les abus quotidiens, quel crédit peut-on accorder à la sécurité privée en Côte d’ Ivoire ? L’Etat doit prendre ses responsabilités en réglementant ce secteur, car la sécurité fait partie des attributs régaliens de l’Etat. Pourquoi donc la brader sur l’autel d’une quelconque ressource financière ? Une enquête de moralité doit être exigée avant de procéder à la mise sur pied d’une structure de sécurité.

Williams Arthur Prescot
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