La sortie de Laurent Gbagbo mardi, lors de la remise de matériel agricole aux producteurs de café cacao n’a pas ramené la joie dans toute la filière. Au moment où certains paysans retrouvent le sourire à Abidjan après avoir vu les nouvelles machines agricoles, d’autres ont entamé un mouvement de grève (le même jour et se poursuit depuis hier) dans les principales zones de production. Les producteurs, mécontents, ont érigé de nombreux barrages à la sortie des villes comme Duékoué, empêchant ainsi, les transporteurs d’acheminer les chargements de cacao vers les ports d’Abidjan et de San Pedro. Au moins 500 tonnes de cacao sont restées bloquer dans cette ville depuis mardi. A l’origine de ce mouvement de colère, les revendications portant sur «le financement des différentes coopératives et leur dotation en sacherie brousse.» Selon Zébré, porte-parole des grévistes dans la ville de Duékoué, «quand on parle d’argent, certaines personnes estiment qu’on ne veut pas travailler.» A l’en croire, depuis le 1er octobre, date d’ouverture de la campagne dans la filière café cacao, «nous n’avons pas reçu de sacs. Or habituellement, les sacs nous parviennent avant même le début de la campagne.» Le financement des coopératives, a-t-il poursuivi, n’a pas été effectif. «A notre grande surprise, nous avons vu hier (Ndlr, mardi) des machines à la télé, mais en réalité, nous ne voyons pas l’impact parce que les planteurs souffrent. Les multinationales nous empêchent de travailler sur le terrain. Nous lançons un appel à tous les acheteurs afin qu’ils gardent encore en stock leur produit», s’est-il offusqué. Devant cette poussée de fièvre dans la filière, les transporteurs vivent un calvaire, d’autant que de nombreux parmi eux, ont été contraints d’immobiliser leur camion. Pour le Coordonnateur technique régional de l’observatoire national des producteurs de la filière, Gnon Alexis, il faut que l’Etat trouve rapidement une solution à cette crise, afin que les paysans puissent reprendre le travail dans la sérénité. «Nous demandons à l’Etat de Côte d’Ivoire de se mettre en harmonie avec notre structure afin qu’une solution soit trouvée à ce problème. Seule condition pour que les producteurs puissent travailler correctement», a-t-il soutenu. Les producteurs estiment que le Comité de gestion de la filière café cacao (Cgcc) fait la sourde oreille devant leurs préoccupations. Dans la mesure où son président, Ano Gilbert, a fait savoir que sa structure ne peut pas octroyer de financement direct aux coopératives, eu égard aux pratiques qui ont eu cours avec les défuntes structures de gestion. Le Cgcc a exigé aux coopératives de lui apporter des garanties bancaires avant tout financement. De sorte à éviter les dérapages du passé pour lesquels, 100 milliards de Fcfa ont servi à financer les coopératives sans que ce montant ne fasse l’objet d’un remboursement.
Cissé Cheick Ely
Cissé Cheick Ely
