N`Cho Paul (exploitant agricole, militant du Fpi) : “Des gens volent et pillent l`économie”

A l`approche de l`assemblée générale de l`Anaproci, M. N`Cho Paul, exploitant agricole et militant du Fpi à Akoupé, fait le procès des nouvelles autorités de la filière café-cacao. Dans cette interview, il s`indigne contre l`enrichissement illicite de certains Ivoiriens.


Cela fait bientôt 16 mois que des dirigeants de la filière café-cacao sont en prison sans procès. En tant que planteur, comment expliquez-vous cette situation ?

Ce qui n`est pas faisable. Pour revenir à votre question, les procès durent tout simplement parce que c`est maintenant qu`on court partout pour réunir les preuves. C`est ce qui justifie les nombreuses auditions.


N’est-ce pas les producteurs eux-mêmes qui ont demandé au président de procéder à l`arrestation de ces dirigeants ?

En tant que militant du Fpi, je peux dire que le président est entouré de mauvais conseillers. Mais que fait le pouvoir législatif ? Les députés ne font rien. Et pourtant, ces détenus-là sont aussi leurs administrés. Ils se sont prononcés en assemblée sur l`affaire Probo Koala, sur le scandale du stade Houphouët-Boigny. Ils se sont également prononcés et les accusés ont été jugés. Mais pourquoi pour les producteurs, ils ne disent rien ? Je ne suis pas d`accord. Je condamne également ceux des conseillers qui ont poussé le président Gbagbo à mener cette action. Ce sont eux qui se retrouvent aujourd`hui aux commandes de la filière café-cacao. Quand on se dit ami au chef de l`Etat, je veux parler de Sansan Kouao, de Bléoué Aka, on ne fait pas cela. Dans un journal, Sansan Kouao a affirmé haut et fort que s`il demande au Président Gbagbo de libérer les prisonniers de la filière, il va le faire. Quand on tient de tels propos, c`est grave. Ce sont des figures emblématiques de notre parti, le Fpi mais malheureusement, ils n`ont pas d`élus chez eux. A Niablé depuis 1990 jusqu`aujourd`hui, il y a combien d`élus du Fpi ? il n`y en a pas. C`est pareil à Aboisso chez le président Bléoué Aka. Pourquoi les appelle-t-on des figures emblématiques du Fpi ? Je suis d`accord pour qu`on dise que ce sont de simples militants.


Après l`arrestation des dirigeants de la filière, un comité de gestion a été installé. Il est dirigé par le président Ano Gilbert. Comment jugez-vous sa gestion ?

On ne peut pas régler le problème de la filière en passant de comité en comité. Les tonnes de décrets qui ont servi à créer ces comités n`ont rien donné. On a commencé par un comité de pilotage qui devrait rendre compte sur 6 mois. Il ne l`a pas fait. Après les mêmes conseillers que je dénonce, ces mêmes militants du Fpi ont poussé le président à créer un comité d`évaluation qui décide de l`investissement à l`endroit des producteurs. Il était présidé par le professeur Placide Zoungrana. Si ce comité avait atteint son objectif, on n`aurait pas arrêté des dirigeants. Maintenant, il y a ce comité d`Ano Gilbert. Il ne marche pas.


Il y a que les coopératives ne sont pas aussi financées.

Lors de l`ouverture de la campagne 2009-2010, le président du comité de gestion, dans son discours, a rejeté le financement des coopératives.


Mais il a fixé un prix en votre faveur : le kg de cacao est acheté à 950Fcfa, aujourd`hui jusqu`au mois de décembre

Le prix a augmenté et il va monter jusqu`à 1000Fcfa, je suis d`accord. Mais tout simplement parce qu`il n`y a pas de cacao cette année. C`est la loi du marché. Quand la demande est faible, l`offre devient rare. D`où cette augmentation du prix.

Interview réalisée par Djè. K. M