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Économie Publié le samedi 24 octobre 2009 | Nord-Sud

Secteur financier : Les banques publiques se partagent les parkings

Les établissements financiers de service public veulent combler les lacunes de leurs confrères du privé. La tâche s’annonce bien ardue.

En moins d’une année, trois établissements financiers, la Ban­que pour le financement de l’agriculture (Bfa), la Versus Bank et la Caisse nationale des caisses d’épargne (Cnce) sont tombés dans le giron de l’Etat. Une injonction des institutions de Bretton Woods qui avaient fait de la recapitalisation des établissements à fonds propres négatifs, une conditionnalité des appuis budgétaires liés à l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (Ppte). Ainsi, ces acquisitions portent à quatre, le portefeuille d’actifs de l’Etat dans le secteur financier. «Ce sont des investissements opportunistes dont les objectifs sont de redresser les éta­blis­sements avant de les céder à des repreneurs mieux disant », justifient les autorités. N’empêche, le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, espère profiter de cette présence massive pour se repositionner et surtout constituer une base de financement importante de l’activité économique à l’orée de la reconstruction post-crise. Mais quelles sont les marges de manœuvres de ces banques dans un environnement aussi concurrentiel où le principe est que l’Etat ne soit pas dans les secteurs productifs ? «Nous irons en compétition sur tous les marchés comme tout le monde et nous ne cherchons pas de faveurs particulières, pas plus que nous nous laisserons griser», affirme le président du conseil d’administration de la Versus Bank, Kouassi Oussou. Peut-être ambitieux sauf que le constat saute aux yeux. Selon un conseiller du ministre de l’Economie et des Finances, chacun des établissements concernés est adossé prioritairement à un segment de marché précis : la BNI, pour le financement des investissements et du développement ; la BFA, pour les milieux agricoles; la Versus Bank, pour la petite entreprise notamment les Pme/Pmi ; et la Cnce, pour les couches populaires. Un quadrillage qui conforte l’argument du partage de parkings orchestré par le propriétaire commun. En attendant, chacun tente de donner un contenu à sa «feuille de route». Au cours d’une réunion du personnel après son admission au statut de banque par la commission de l’Uemoa, le Directeur général de la Caisse nationale des caisses d’épargne (Cnce), Marcellin Zahui, a déroulé un pan de son projet. En effet, ayant un vaste réseau à l’intérieur, le comité de direction s’échine à offrir un mécanisme qui permettrait d’introduire des services financiers à une échelle réduite. D’autant que l’ancienne Cecp veut être la seule institution financière à services multiples qui possède des réseaux extensifs dans le pays profond avec ses 180 agences et points de service. Elle ambitionne aussi d’élargir l’infrastructure financière et permettre une meilleure intermédiation des transferts des Ivoiriens résidant à l’extérieur, offrir des possibilités d’accès aux services financiers en milieu rural, per­mettant ainsi une meilleure mobilisation de l’épar­gne. «L’argument selon lequel les ménages pauvres des pays en développement ne sont pas solvables et sont incapables d’épar­gne n’est plus d’actualité», avan­ce un agent commercial de la Cnce. Pour lui, les ménages pau­vres accordent une valeur particulière à l’accès fiable et permanent aux différents types de services financiers, disponibles à des coûts raisonnables et répondant à leurs besoins précis. Autant dire que la Cnce va aider les ménages ruraux pauvres à gérer, et souvent, à accroître leurs ressources, leur permettant ainsi de jouir d’une alimentation adéquate et de répondre aux autres besoins fondamentaux de leur famille ainsi que d’investir dans des entreprises et d’assurer leurs moyens d’existence. Pour sa part, la Bfa, elle, veut effectivement jouer son rôle de développeur du secteur agricole en fournissant des prêts aux clients traditionnellement repoussés par les banques commerciales. «La lutte contre la pauvreté rurale restera notre principal crédo », note nos sources au sein de l’établissement bancaire. La Bfa lorgne également du côté des cultures non classiques en particulier le vivrier. Quant à la Bni, elle présente comme avantages compétitifs par rapport aux banques commerciales privées, l’introduction d’un financement structuré basé sur le transactionnel et la maîtrise des flux visant à garantir la bonne fin des opérations. L’ouverture des financements à tous les secteurs d’activité productifs notamment, la création de structures d’accompagnement et de suivi de certains types de financement, tels que la location de matériel de travaux publics prendra tout son sens. Au-delà de cette euphorie, les lacunes des banques d’États sont bien connues. Notamment leur vulnérabilité à l’influence politique associée à une tendance vers le crédit subventionné et/ou direct. Il y a, toutefois, un nombre croissant d’exem­ples de services financiers qui sont offerts avec succès aux populations rurales par le biais des banques d’États. Là où ces banques et les autorités gouvernementales s’engagent à donner suffisamment de place à l’introduction des services financiers conformes aux bonnes pratiques, l’assistance technique nécessaire à l’amélioration de la gestion et la formation permettent à ces institutions d’atteindre leurs objectifs.

Lanciné Bakayoko
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