La scène est rare. Elle se passe au tribunal des flagrants délits de Yopougon, ce vendredi 23 octobre. Les dossiers du jour à traiter sont presque finis quand soudain, trois policiers, armes au poing, pénètrent dans la salle par l'une des entrées. Ils escortent quatre jeunes gens qui portent un brancard sur lequel est assis un homme, visiblement épuisé et au regard perdu. Les jeunes déposent le brancard juste à côté du box des accusés, situé à la droite du juge. L'homme en question a tout son pied gauche bandé jusqu'à la cuisse. Il se tord de douleur. Vêtu d'une culotte de couleur grise et une chemise manche courte couleur marron, le malheureux s'allonge de tout son corps. Entre-temps, dans le public, l'on chuchote. La voisine de circonstance laisse échapper de la gorge son émoi. « Qu'est-ce qu'il a fait le pauvre ?», s'interroge-t-elle. La juge demande aux flics de faire régner la discipline dans la salle. Ce qui fut fait. Et la magistrate parcourt le dossier du prévenu en un clin d'œil. «C'est une citation directe à comparaître. Comment on vous appelle ?», demande-t-elle. D'une voix pénible, il répond : « Je m'appelle Ika ». « Et votre prénom ? », interroge la présidente du tribunal. Il reste muet mais la juge lit son procès verbal. «Vous êtes poursuivi pour escroquerie portant sur 700.000 Fcfa. La police vous a appréhendé mais vous avez fui. C'est au cours de cette échappée que vous avez reçu les balles perdues à la cuisse», indique-t-elle. «On ne peut pas vous juger aujourd'hui (vendredi 23 octobre, Ndlr) car la victime n'est pas là», ajoute la juge. Mais, le prévenu qui nie l'accusation veut passer en jugement. « Je n'ai rien fait. Donc, je veux être jugé », dit-il. Peine perdue puisque le tribunal renvoie l'affaire au 30 octobre pour comparution du témoin et de la victime. Ainsi, après dix minutes- c'est le temps qu'a duré l'instruction-Ika sort de la salle comme il est venu. Transporté sur ce brancard de fortune, le mis en cause, encadré par les flics, est installé à bord d'un véhicule de type 4x4 de la police qui file droit à la Maca. Rendez-vous donc le 30 octobre pour avoir les détails sur cette l'affaire.
OM
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