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Économie Publié le mercredi 28 octobre 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Symposium sur la relance de la filière fruitière - La Côte d’Ivoire ne veut pas laisser ses planteurs disparaître

La filière fruitière qui a jadis fait le beau temps de la Côte d’Ivoire, en matière de recettes (impôt, douanes…) et d’offre d’emplois, traverse aujourd’hui des difficultés qui risquent de l’emporter si l’on n’y prend garde. Ces difficultés sont de divers ordres. C’est dans la perspective de recherche de solutions en vue de sa relance que les planteurs ivoiriens, avec l’appui des experts, se réunissent à VITIB (Ex-IIAO) de Grand-Bassam, dans le cadre d’un symposium.

Ils sont venus de partout. Ces acteurs de la filière fruitière qui souhaitent reprendre le cycle normal de leurs activités et participer à l’essor économique du pays, surtout en cette phase de la situation de la Côte d’Ivoire qui demande l’implication de tous les acteurs économiques et agents de développement. A l’ouverture des travaux du symposium, outre la forte implication des autorités ivoiriennes qui ont donné leur caution pour que la rencontre de la relance de la filière se tienne, l’on a pu noter la participation de l’Union européenne dont la présence aux côtés des producteurs ivoiriens a été très remarquable. Mieux, cette institution dont les appuis antérieurs à ladite filière ont permis de hisser la Côte d’Ivoire au premier rang des pays exportateurs du produit du frais sur le marché européen est convaincue que la filière est agonisante. Elle a donc besoin d’être relancée. Si l’on s’en tient au propos de Michel Gnui, président du conseil d’administration de l’OCAB depuis le 2 avril 2009, grâce aux appuis antérieurs, la filière fruitière s’était bien comportée jusqu’à ce qu’elle connaisse la phase actuelle de déclin. «Grace à ces différents appuis et aux dispositions réglementaires prises par le gouvernement, notre profession a enregistré des résultats satisfaisants. Les exportations d’ananas sont passées de 120.000 tonnes en 1994 à 213.000 tonnes en 1999, faisant de notre pays, le premier fournisseur de ce produit sur le marché européen. Quant aux exportations de banane, elles sont passées de 130.000 t en 1995 à 230.000t depuis 2005», a relevé le PCA de l’OCAB. Soulignant que ces deux spéculations ont entraîné dans leur synergie le développement de la mangue et de la papaye qui ont atteint respectivement des niveaux de 14.000 t à l’exportation. Malgré ces acquis, Michel Gnui souligne que plus rien ne va désormais dans la filière fruitière ivoirienne. La situation de ladite filière est très catastrophique. «S’agissant particulièrement de l’ananas, c’est environ 2500 petits planteurs qui menaient une activité de production jusqu’en 2001, avec une production exportée d’environ 150.000 t /an, sur les 200.000 t exportées par la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, c’est moins d’une centaine de petits planteurs qui sont présents dans cette filière avec une exportation de 10.000 t sur les 60.000 t exportées par la Côte d’Ivoire en 2008», a déploré le PCA de l’OCAB. Selon Michel Gnui, les raisons de ce déclin de la production fruitière ivoirienne sont justifiées d’une part, par la concurrence des autres origines d’ananas (latino-américaine) qui ont introduit de nouvelles variétés dont le MD2 ou Golden Sweet. Ces nouvelles variétés seraient plus appréciées par les consommateurs au détriment de la variété Cayenne lisse exportée par la Côte d’Ivoire depuis des décennies. D’autre part, le PCA a avancé l’argument selon lequel la crise socio-politique en Côte d’Ivoire a freiné le soutien des importateurs européens, qui étaient jusque-là les principaux bailleurs de fonds. Les conséquences immédiates de ces difficultés, a souligné Michel Gnui, ont consisté à l’arrêt des activités des petits planteurs regroupés en coopératives. En terme de pertes directes, le PCA a relevé près de 7 milliards de FCFA, pour cause de non présentation de navires fruitiers lors de la crise. Au niveau de la filière banane, il a indiqué qu’il n’existerait plus de petits producteurs. Seuls les producteurs industriels tiennent encore le coup. Aujourd’hui quoique des difficultés réelles existent, faut-il laisser disparaître les petits planteurs qui ont vécu de ces activités et qui ont fait les beaux jours de la Côte d’Ivoire ? Faut-il continuer d’exporter exclusivement les productions sur le marché européen avec toutes les contraintes qui s’imposent ? Les producteurs ivoiriens pourront-ils résister à la compétition des concurrents mieux nantis ? Que faire pour les filières fruitières ivoiriennes ? Telles sont les interrogations auxquelles les participants au symposium tenteront d’apporter des réponses. Mais, toujours est-il que les défis à relever sont importants. «C’est pourquoi, la banane doit s’organiser autrement pour réduire ses prix de revient. Dans ce contexte, le développement de la production ne devra plus être axé sur l’exportation vers le marché européen, mais prendre en compte le marché national, sous-régional et régional», a dit Michel Gnui, à l’ouverture des travaux. Mme Djénébou Condé, représentant à la fois le président de la République de Côte d’Ivoire, parrain du symposium et le ministre de l’Agriculture, a encouragé les acteurs de la filière à mener des réflexions constructives en vue de la relance de ladite filière. Aussi a-t-elle encouragé Michel Gnui et les membres de l’OCAB, à faire des réformes afin d’améliorer les revenus des paysans, en introduisant de nouvelles variétés. Au terme de 3 jours de réflexions, les acteurs devront pouvoir trouver des solutions à la relance de la filière, en passant par la diversification des variétés, de la prospection de nouveaux marchés et de la valorisation des productions par la transformation. L’objectif à terme est de faire en sorte que la filière fruitière soit un secteur pourvoyeur de revenus et d’emplois au niveau de la sous-région.

Les encouragements de Guy Alain Gauze aux producteurs

Selon l’ambassadeur Guy Alain Gauze, représentant permanent de la Côte d’Ivoire à l’Organisation mondiale du Commerce basée à Genève, la filière banane et ananas occupe une place de choix dans le commerce fruitier. Cependant, il reconnaît que c’est une filière qui est à la croisée des chemins, voire entièrement sinistrée, en raison des difficultés qu’elle traverse, en terme d’organisations, structurations, de réformes commerciales au niveau de l’OMC, de réglementations tarifaires, etc. Convaincu que cette filière ne doit pas disparaître mais qu’elle doit plutôt exister, à cause des services qu’elle rend à la population, en terme d’activités génératrices de revenus, d’emplois, voire de lutte contre la pauvreté, l’ambassadeur encourage les producteurs à relever le défi de la relance. Pour y parvenir, Guy Alain Gauze demande aux fruitiers ivoiriens de réfléchir sur des stratégies nationales de développement et de la relance de la filière, en mettant en place des petites et moyennes unités de transformation qui ne nécessitent pas des moyens conséquents. Mais, en le faisant, ils doivent aussi apprendre à affronter la concurrence. C’est-à-dire qu’ils ne doivent pas abandonner le marché traditionnel (marché européen). Par exemple, en ce qui concerne la filière banane, les producteurs doivent renforcer la compétitivité, compenser les nouveaux effets d’adaptation.
Mangue, une filière d’avenir pour la Côte d’Ivoire

L’OCAB a un plan de développement et de diversification des revenus du pays. Parmi ses produits, il y a la mangue. Qui est une filière devenue une source d’entrée annuelle de devises dans le pays, soit environ 9 milliards de FCFA au titre des recettes d’exportation dont 3 milliards de FCFA de revenus distribués aux paysans du Nord de la Côte d’Ivoire. Mais là encore, les soutiens pour développer cette filière tardent à se concrétiser. L’OCAB étant limitée en terme de moyens, regrette que seulement 8.000t de mangues puissent être exportées sur une production estimée entre 15.000 et 20.000t.

Honoré Kouassi
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