Trouver un tuteur ou mieux, une habitation pour sa progéniture à Yamoussoukro, relève d'un parcours du combattant. Plus d'un mois après la rentrée scolaire 2009-2010, des élèves sont encore dans la rue. Avec des conséquences parfois dramatiques pour les jeunes filles.
Yamoussoukro, belle et coquette ville, depuis que le Président de la République a décidé de lui redonner ses habits de capitale politique de la Côte d'Ivoire. Mais si des réalisations donnent fière allure à la capitale ivoirienne, il n'en demeure pas moins vrai que des problèmes les plus élémentaires existent encore. Les maux les plus cruciaux se concentrent pour la plupart au niveau du système éducatif. Et on ne sait où donner de la voix, afin de se faire entendre. Pour d'éventuelles solutions aux problèmes de logements qui se posent avec acuité. En effet, se trouver une habitation à Yamoussoukro relève parfois du miracle. Des maisons au coût exorbitant font carrément déchanter le premier venu dans la ville natale de feu Félix Houphouët-Boigny. Et cela, ajouté au problème des transports où les chauffeurs de taxis communaux augmentent leurs tarifs au gré de leurs humeurs, sous le regard impuissant ou complice (c'est selon) des autorités locales.
Des élèves entassés dans des chambrettes
La croissance démographique de la ville de Yamoussoukro doit interpeller plus d'un. Les capacités d'accueil sont en deçà de la réalité. Aussi bien du point de vue qualitatif que quantitatif. Des habitations en nombre insuffisant pour accueillir le trop plein de personnes venues trouver refuge (définitivement) dans la capitale des Lacs, à la faveur de la crise qu'a connue le pays depuis le 19 septembre 2002. "La ville est débordée ", constate A. Louis, qui y vit depuis plus d'une vingtaine d'années. Et d'ajouter que cela est consécutif au taux élevé de déplacés de guerre. Les effets collatéraux de la crise restent encore visibles à Yamoussoukro. Dans des maisonnées, s'entassent des familles entières. La nuit tombée, elles éprouvent des difficultés à s'offrir un sommeil. Même si quelques-uns ont pu se trouver un emploi et/ou un logement dans la cité des Lacs, ce n'est pas le cas pour plusieurs autres. Notamment, pour la grande famille des élèves et étudiants présents dans la ville. Qui éprouvent d'énormes difficultés à se trouver un logis. Pour mieux se concentrer sur leurs études. A Assabou, un des sous quartiers que compte la ville, on retrouve des élèves massés dans une seule pièce. Se contentant de ce qui s'offre à eux. Les parents, parfois très loin de leurs progénitures, sont impuissants face à ce calvaire que vivent leurs enfants. " Que faire ? Nos enfants sont dans l'obligation de faire avec. La suite, Dieu s'en charge ", affirme K. René, un parent qui a ses 3 enfants à Yamoussoukro. C'est pour cela que des élèves s'associent pour prendre une maisonnée. Là encore, il faut se lever de bonheur. " Nous cherchons une pièce, mais cela fait des semaines que nous n'arrivons pas à en avoir ", laissent entendre deux élèves rencontrés aux abords d'un des lycées d'excellence de la capitale. Dans cette situation de débrouillardise, Ils sont légion, ces élèves qui, par le jeu des associations, arrivent à trouver quelques mètres carrés pour y vivre. " Moi, je me débrouille chez des amis qui sont déjà plus de 4 dans une pièce ", raconte, sur un ton amer, cet élève de classe de Tle. Autre quartier, même décor. Morofè. Avec les mêmes réalités. " Il m'a fallu plus d'un an pour me trouver un lieu où dormir convenablement ", raconte Y. N. un opérateur économique, indiquant que Yamoussoukro manque d'infrastructures d'accueil. Et s'il en existe, ajoute-t-il, les prix vous coûtent les yeux de la tête. Pour K. Traoré, planteur de son état, la situation est peu reluisante pour sa progéniture. " Mes enfants sont nouvellement affectés à Yamoussoukro. Depuis la rentrée, ils sont contraints de parcourir plus de 4 kilomètres à pied pour rallier leur établissement d'accueil ", constate-t-il. Avant de porter un doigt accusateur sur le ministère de l'Education nationale. Qui, à l'époque, orientait les enfants selon leurs choix. " Maintenant nos enfants sont jetés en pâture, sans notre avis. Dommage !", déplore-t-il. Et comme si cette souffrance morale ne suffisait pas, s'ajoute le comportement véreux de certains tuteurs. Qui, pour avoir accueilli les bras ouverts des élèves, réclament des indemnités pour certains. Quand d'autres se servent " en dessous de la ceinture ".
Des cas de grossesse devenus trop fréquents
Au titre de l'année 2008-2009, 14 cas de grossesses ont été enregistrés pour le seul établissement Mamie Adjoua, a-t-on révélé, lors de la remise de matériels informatiques et de kits scolaires par l'Unfpa. Selon le représentant résidant de l'Unfpa, Philippe Délane, plus de 5000 cas de grossesses sont enregistrés en milieu scolaire chaque année. Pour T.A, proviseur de lycée, ces cas de grossesses en milieu scolaire ont deux causes principales. Il s'agit entre autres, de la provenance sociale de l'élève et l'ignorance. Reconnaissant toutefois le manque d'infrastructures d'accueil, le proviseur n'a pas manqué de lancer un appel aux autorités et aux bonnes volontés. " Nos dortoirs doivent être réhabilités. Tout est délabré ", a-t-il laissé entendre. En tout état de cause, il se rend compte du manque d'infrastructures d'accueil dans la capitale des Lacs.
Quand des parents d'élèves contraignent des élèves à la débauche
Combien sont les parents qui sont consciencieux du devenir de leurs enfants à Yamoussoukro ? A dire vrai, ils sont peu. Puisque pour la plupart, ces parents, une fois retournés à leur domicile, dorment tranquilles. Car, il ne se passe pas de mois sans qu'une élève ne contracte une grossesse. Dont l'auteur se trouve être par moments, le tuteur. "La plupart des grossesses constatées en milieu scolaire, sont le fait de tuteurs", a confié sous le sceau de l'anonymat un parent d'élève, membre du Conseil de gestion scolaire (Coges). Triste sort pour ces filles qui subissent les désirs forcés de leurs "bienfaiteurs" de tuteurs. Et cela, par manque d'infrastructures d'accueil suffisantes pouvant les recevoir en temps de rentrée scolaire. Ou encore de peu de foyers, depuis la disparition des internats dans les lycées et collèges de la capitale politique. Si cette souffrance est vécue pour la plupart par les jeunes filles externes, elle l'est moins pour celles qui, par chance se retrouvent logées au sein des dortoirs des lycées et collèges encore existants. En attendant de trouver une solution palliative aux souffrances des élèves et parents d'élèves de la ville de Yamoussoukro, il convient de noter que se déplacer dans la Cité des Lacs, n'est pas aisé pour le nouvel affecté. Qui doit rallier son établissement à pied, vu le tarif élevé des taxis communaux. Une véritable mer à boire.
Toussaint N'Gotta
Yamoussoukro, belle et coquette ville, depuis que le Président de la République a décidé de lui redonner ses habits de capitale politique de la Côte d'Ivoire. Mais si des réalisations donnent fière allure à la capitale ivoirienne, il n'en demeure pas moins vrai que des problèmes les plus élémentaires existent encore. Les maux les plus cruciaux se concentrent pour la plupart au niveau du système éducatif. Et on ne sait où donner de la voix, afin de se faire entendre. Pour d'éventuelles solutions aux problèmes de logements qui se posent avec acuité. En effet, se trouver une habitation à Yamoussoukro relève parfois du miracle. Des maisons au coût exorbitant font carrément déchanter le premier venu dans la ville natale de feu Félix Houphouët-Boigny. Et cela, ajouté au problème des transports où les chauffeurs de taxis communaux augmentent leurs tarifs au gré de leurs humeurs, sous le regard impuissant ou complice (c'est selon) des autorités locales.
Des élèves entassés dans des chambrettes
La croissance démographique de la ville de Yamoussoukro doit interpeller plus d'un. Les capacités d'accueil sont en deçà de la réalité. Aussi bien du point de vue qualitatif que quantitatif. Des habitations en nombre insuffisant pour accueillir le trop plein de personnes venues trouver refuge (définitivement) dans la capitale des Lacs, à la faveur de la crise qu'a connue le pays depuis le 19 septembre 2002. "La ville est débordée ", constate A. Louis, qui y vit depuis plus d'une vingtaine d'années. Et d'ajouter que cela est consécutif au taux élevé de déplacés de guerre. Les effets collatéraux de la crise restent encore visibles à Yamoussoukro. Dans des maisonnées, s'entassent des familles entières. La nuit tombée, elles éprouvent des difficultés à s'offrir un sommeil. Même si quelques-uns ont pu se trouver un emploi et/ou un logement dans la cité des Lacs, ce n'est pas le cas pour plusieurs autres. Notamment, pour la grande famille des élèves et étudiants présents dans la ville. Qui éprouvent d'énormes difficultés à se trouver un logis. Pour mieux se concentrer sur leurs études. A Assabou, un des sous quartiers que compte la ville, on retrouve des élèves massés dans une seule pièce. Se contentant de ce qui s'offre à eux. Les parents, parfois très loin de leurs progénitures, sont impuissants face à ce calvaire que vivent leurs enfants. " Que faire ? Nos enfants sont dans l'obligation de faire avec. La suite, Dieu s'en charge ", affirme K. René, un parent qui a ses 3 enfants à Yamoussoukro. C'est pour cela que des élèves s'associent pour prendre une maisonnée. Là encore, il faut se lever de bonheur. " Nous cherchons une pièce, mais cela fait des semaines que nous n'arrivons pas à en avoir ", laissent entendre deux élèves rencontrés aux abords d'un des lycées d'excellence de la capitale. Dans cette situation de débrouillardise, Ils sont légion, ces élèves qui, par le jeu des associations, arrivent à trouver quelques mètres carrés pour y vivre. " Moi, je me débrouille chez des amis qui sont déjà plus de 4 dans une pièce ", raconte, sur un ton amer, cet élève de classe de Tle. Autre quartier, même décor. Morofè. Avec les mêmes réalités. " Il m'a fallu plus d'un an pour me trouver un lieu où dormir convenablement ", raconte Y. N. un opérateur économique, indiquant que Yamoussoukro manque d'infrastructures d'accueil. Et s'il en existe, ajoute-t-il, les prix vous coûtent les yeux de la tête. Pour K. Traoré, planteur de son état, la situation est peu reluisante pour sa progéniture. " Mes enfants sont nouvellement affectés à Yamoussoukro. Depuis la rentrée, ils sont contraints de parcourir plus de 4 kilomètres à pied pour rallier leur établissement d'accueil ", constate-t-il. Avant de porter un doigt accusateur sur le ministère de l'Education nationale. Qui, à l'époque, orientait les enfants selon leurs choix. " Maintenant nos enfants sont jetés en pâture, sans notre avis. Dommage !", déplore-t-il. Et comme si cette souffrance morale ne suffisait pas, s'ajoute le comportement véreux de certains tuteurs. Qui, pour avoir accueilli les bras ouverts des élèves, réclament des indemnités pour certains. Quand d'autres se servent " en dessous de la ceinture ".
Des cas de grossesse devenus trop fréquents
Au titre de l'année 2008-2009, 14 cas de grossesses ont été enregistrés pour le seul établissement Mamie Adjoua, a-t-on révélé, lors de la remise de matériels informatiques et de kits scolaires par l'Unfpa. Selon le représentant résidant de l'Unfpa, Philippe Délane, plus de 5000 cas de grossesses sont enregistrés en milieu scolaire chaque année. Pour T.A, proviseur de lycée, ces cas de grossesses en milieu scolaire ont deux causes principales. Il s'agit entre autres, de la provenance sociale de l'élève et l'ignorance. Reconnaissant toutefois le manque d'infrastructures d'accueil, le proviseur n'a pas manqué de lancer un appel aux autorités et aux bonnes volontés. " Nos dortoirs doivent être réhabilités. Tout est délabré ", a-t-il laissé entendre. En tout état de cause, il se rend compte du manque d'infrastructures d'accueil dans la capitale des Lacs.
Quand des parents d'élèves contraignent des élèves à la débauche
Combien sont les parents qui sont consciencieux du devenir de leurs enfants à Yamoussoukro ? A dire vrai, ils sont peu. Puisque pour la plupart, ces parents, une fois retournés à leur domicile, dorment tranquilles. Car, il ne se passe pas de mois sans qu'une élève ne contracte une grossesse. Dont l'auteur se trouve être par moments, le tuteur. "La plupart des grossesses constatées en milieu scolaire, sont le fait de tuteurs", a confié sous le sceau de l'anonymat un parent d'élève, membre du Conseil de gestion scolaire (Coges). Triste sort pour ces filles qui subissent les désirs forcés de leurs "bienfaiteurs" de tuteurs. Et cela, par manque d'infrastructures d'accueil suffisantes pouvant les recevoir en temps de rentrée scolaire. Ou encore de peu de foyers, depuis la disparition des internats dans les lycées et collèges de la capitale politique. Si cette souffrance est vécue pour la plupart par les jeunes filles externes, elle l'est moins pour celles qui, par chance se retrouvent logées au sein des dortoirs des lycées et collèges encore existants. En attendant de trouver une solution palliative aux souffrances des élèves et parents d'élèves de la ville de Yamoussoukro, il convient de noter que se déplacer dans la Cité des Lacs, n'est pas aisé pour le nouvel affecté. Qui doit rallier son établissement à pied, vu le tarif élevé des taxis communaux. Une véritable mer à boire.
Toussaint N'Gotta