Le témoignage de Blé Goudé

“Je voudrais exprimer ma fierté. Ce rassemblement est symbolique. Pour marquer un pan de l'histoire de notre pays. Qu'on ne doit pas oublier. Il y a un sentiment de culpabilité qui m'anime, c'est comme si on vous dit d’aller appeler les enfants dans la rue et vous les appelez à la mort. Il y a un journal qui a titré avant-hier " il y a 6 ans, Blé Goudé faisait tuer les jeunes de Côte d'Ivoire. "Mais ce soir, ce que je voulais dire, c'est que ce jour-là, ce que nous avons fait, il fallait le faire. Nous étions à San Pedro mes camarades et moi. Il y avait Dakouri Richard, Jean Yves Dibopieu, Hanny Tcheley, Ahoua Stalon, Thierry Légré et moi-même. Nous étions en plein meeting à San Pedro aux environs de 16 h, quand on nous a annoncé que l'armée française était en train de détruire les aéronefs de la Côte d'Ivoire. Et que notre aéroport était occupé quand on m'a donné l'information. Est-ce qu'il fallait arrêter le meeting, est-ce qu'il fallait donner l'information à mes amis ? J'ai gardé l'information et je leur ai dit allons au domicile du préfet et je vais vous parler. Et quand nous sommes arrivés au domicile du préfet, on nous a dit qu'il y a un hélicoptère qui nous attendait à l'aéroport. J'ai dit, on va monter dans un appareil volant. J'ai demandé à tout le monde de prier. Et on est monté. Nous étions en l'air quand le pilote m'a demandé de porter mon casque et il m'a dit qu'on ne pouvait pas atterrir à l aéroport d'Abidjan. Je ne l'ai pas dit à mes amis et j'ai gardé l'information. Nous sommes arrivés ici aux environs de 18 H 30. Je le répète, aujourd'hui, l'hélicoptère dans lequel nous étions a failli être abattu par une partie de l'armée de Côte d'Ivoire manipulée par Doué Mathias qui a fait croire au camp d'Akouédo que cet appareil était un appareil ennemi. Mais le lieutenant colonel Tiémoko en sortant, nous a dit que c'est lui qui a dit si c'est un appareil ennemi, il va directement tirer. Et notre appareil s'est posé et le pilote m'a dit de descendre le premier parce que les jeunes militaires étaient de nouvelles recrues".
Recueillis par
Zéré de Mahi