La plaisanterie de M. Salif Traoré, agent commercial, après une gorgée d’eau pour rompre son jeûne du ramadan de ce vendredi 11 septembre, est intrigante : «j’espère que ton sachet d’eau n’est pas France au revoir. Je suis habillé en «yougou-yougou» (Ndlr: friperie), premier choix; ma voiture est France au revoir, tout comme ma télé et mon réfrigérateur». En effet, les objets de seconde main s’enregistrent dans plusieurs domaines. Il y a des décennies, le secteur des vêtements était le principal concerné. Aujourd’hui, après une percée dans l’automobile, le phénomène a gagné du terrain. Tous les appareils électroménagers sont concernés. Fer à repasser, four à micro onde, réfrigérateur, chaîne hi fi, téléviseur, ordinateur, tondeuse… Tout y passe. Dans la ville d’Abidjan, le centre nerveux de ce commerce reste le quartier Habitat extension, à Adjamé. Dans les autres communes, des «succursales» s’installent de plus en plus.
Il y a quelques mois, le secteur a été menacé par une grande marque japonaise. Cette dernière s’activait à freiner les exportations de seconde main vers l’Afrique. Raison invoquée : la baisse de son chiffre d’affaires en Afrique, du fait de l’explosion du marché d’occasion.
Le circuit des France au revoir électroménager est très fermé. «On n’y entre pas comme ça. Il faut avoir une sorte de parrain», nous confie une langue indiscrète. Assis dans son magasin, M. Thierry Monké nous ouvre ses portes, après insistance. C’est que le milieu est dominé par des anglophones. Et les langues restent muettes dès lors qu’il s’agit de parler du business et non business. Les marchandises sont importées de Singapour, et de l’Europe (France, Belgique, Norvège, Danemark, Allemagne). Papis, opérateur dans le secteur, souligne toutefois, que depuis quelques temps, Singapour est la principale source.
La raison étant liée aux difficultés d’avoir le visa Shegen, pour l’Europe. Deux voies sont utilisées pour s’approvisionner. Soit l’opérateur voyage. Soit, il a un frère ou un partenaire sur place et qui lui sert de fournisseur et d’exportateur. Chaque mois, en principe, les conteneurs débarquent à Abidjan. Mais, avec la crise, c’est souvent qu’il se passe deux mois, avant une livraison. Ces conteneurs sont dédouanés, en fonction de la nature de la marchandise. Chaque importateur a désormais un code de dédouanement, contrairement au code commun qui servait à la corporation. Une fois que la marchandise arrive à destination, elle est stockée dans les magasins des grossistes ou importateurs.
Ces derniers sont alors envahis par les revendeurs. Ceux-ci s’approvisionnent à leur tour. Ils procèdent au nettoyage, après avoir enlevé les emballages de conditionnement. C’est à cette étape que les produits vendus sont classés en deux catégories. Il y a ceux dits «testés». Ce sont des appareils dont le fonctionnement a été vérifié. Autrement, ils ont subi une réparation et peuvent être mis en marche lors de l’achat. Ces appareils sont vendus avec garantie. A côté, on note les appareils «non testés». Leur fonctionnement n’est pas garanti. Le client joue à qui perd gagne. Car, ces produits sont moins coûteux que les premiers. L’achat se fait aux risques et périls du consommateur. Si l’objet fonctionne, tant mieux. Dans le cas contraire, il s’attachera les services d’un réparateur.
Sur la qualité des produits, Papis se dit confiant : «en tout cas, nous avons des produits originaux. Aujourd’hui, c’est abusivement qu’on parle de seconde main. Nous n’avons pas que de vieux appareils. Il y a des anciens stocks d’appareils de première main que nous recevons». Seulement, le secteur n’échappe pas à la contrefaçon. Mlle V. T., vendeuse, le reconnaît : «c’est souvent des appareils neufs avec des noms qui s’apparentent aux marques classiques et connues. Au regard, on peut bien s’en rendre compte». En général, soulignent nos interlocuteurs, ces appareils ont un beau design, mais, sont très fragiles. Quant à la clientèle, elle se recrute partout.
«Nous avons des propriétaires de cyber café, pour ce qui concerne les ordinateurs et leurs accessoires. Nous fournissons également certaines sociétés et de grandes écoles. Les hôteliers, eux viennent pour des télés et le froid», annonce M. Monké. Les plus grands clients étant les ménages. A cause de la modicité relative des prix.
S’ils semblent pour la plupart satisfaits, les clients sont bien souvent confrontés à des problèmes. M. Serges Eba, de la commune de Koumassi, nous raconte sa mésaventure. «J’ai acheté un poste téléviseur. Il marchait, mais l’image était loin de me satisfaire. Je préfère prendre un appareil neuf. Seulement, je pense que les seconde main arrangent beaucoup de personnes, vous savez, la vie est dure», déclare-t-il.
Dans les magasins du neuf, les patrons ne manifestent pas d’inquiétude majeure. Ils pensent que la population a le sens du discernement. «C’est un choix à faire. Ou bien vous voulez acheter un peu cher et avoir de la qualité. Ou bien vous prenez une marchandise d’occasion, qui a déjà une histoire, avec les risques de vous rendre régulièrement chez le réparateur», analyse, un responsable de magasin, sous le couvert de l’anonymat. Au total, entre cherté de la vie, besoin de minimum de confort et recherche de mieux-être, chaque citoyen tente de trouver son équilibre dans le neuf ou l’occasion.
Adama Koné
Il y a quelques mois, le secteur a été menacé par une grande marque japonaise. Cette dernière s’activait à freiner les exportations de seconde main vers l’Afrique. Raison invoquée : la baisse de son chiffre d’affaires en Afrique, du fait de l’explosion du marché d’occasion.
Le circuit des France au revoir électroménager est très fermé. «On n’y entre pas comme ça. Il faut avoir une sorte de parrain», nous confie une langue indiscrète. Assis dans son magasin, M. Thierry Monké nous ouvre ses portes, après insistance. C’est que le milieu est dominé par des anglophones. Et les langues restent muettes dès lors qu’il s’agit de parler du business et non business. Les marchandises sont importées de Singapour, et de l’Europe (France, Belgique, Norvège, Danemark, Allemagne). Papis, opérateur dans le secteur, souligne toutefois, que depuis quelques temps, Singapour est la principale source.
La raison étant liée aux difficultés d’avoir le visa Shegen, pour l’Europe. Deux voies sont utilisées pour s’approvisionner. Soit l’opérateur voyage. Soit, il a un frère ou un partenaire sur place et qui lui sert de fournisseur et d’exportateur. Chaque mois, en principe, les conteneurs débarquent à Abidjan. Mais, avec la crise, c’est souvent qu’il se passe deux mois, avant une livraison. Ces conteneurs sont dédouanés, en fonction de la nature de la marchandise. Chaque importateur a désormais un code de dédouanement, contrairement au code commun qui servait à la corporation. Une fois que la marchandise arrive à destination, elle est stockée dans les magasins des grossistes ou importateurs.
Ces derniers sont alors envahis par les revendeurs. Ceux-ci s’approvisionnent à leur tour. Ils procèdent au nettoyage, après avoir enlevé les emballages de conditionnement. C’est à cette étape que les produits vendus sont classés en deux catégories. Il y a ceux dits «testés». Ce sont des appareils dont le fonctionnement a été vérifié. Autrement, ils ont subi une réparation et peuvent être mis en marche lors de l’achat. Ces appareils sont vendus avec garantie. A côté, on note les appareils «non testés». Leur fonctionnement n’est pas garanti. Le client joue à qui perd gagne. Car, ces produits sont moins coûteux que les premiers. L’achat se fait aux risques et périls du consommateur. Si l’objet fonctionne, tant mieux. Dans le cas contraire, il s’attachera les services d’un réparateur.
Sur la qualité des produits, Papis se dit confiant : «en tout cas, nous avons des produits originaux. Aujourd’hui, c’est abusivement qu’on parle de seconde main. Nous n’avons pas que de vieux appareils. Il y a des anciens stocks d’appareils de première main que nous recevons». Seulement, le secteur n’échappe pas à la contrefaçon. Mlle V. T., vendeuse, le reconnaît : «c’est souvent des appareils neufs avec des noms qui s’apparentent aux marques classiques et connues. Au regard, on peut bien s’en rendre compte». En général, soulignent nos interlocuteurs, ces appareils ont un beau design, mais, sont très fragiles. Quant à la clientèle, elle se recrute partout.
«Nous avons des propriétaires de cyber café, pour ce qui concerne les ordinateurs et leurs accessoires. Nous fournissons également certaines sociétés et de grandes écoles. Les hôteliers, eux viennent pour des télés et le froid», annonce M. Monké. Les plus grands clients étant les ménages. A cause de la modicité relative des prix.
S’ils semblent pour la plupart satisfaits, les clients sont bien souvent confrontés à des problèmes. M. Serges Eba, de la commune de Koumassi, nous raconte sa mésaventure. «J’ai acheté un poste téléviseur. Il marchait, mais l’image était loin de me satisfaire. Je préfère prendre un appareil neuf. Seulement, je pense que les seconde main arrangent beaucoup de personnes, vous savez, la vie est dure», déclare-t-il.
Dans les magasins du neuf, les patrons ne manifestent pas d’inquiétude majeure. Ils pensent que la population a le sens du discernement. «C’est un choix à faire. Ou bien vous voulez acheter un peu cher et avoir de la qualité. Ou bien vous prenez une marchandise d’occasion, qui a déjà une histoire, avec les risques de vous rendre régulièrement chez le réparateur», analyse, un responsable de magasin, sous le couvert de l’anonymat. Au total, entre cherté de la vie, besoin de minimum de confort et recherche de mieux-être, chaque citoyen tente de trouver son équilibre dans le neuf ou l’occasion.
Adama Koné