La seule femme ivoirienne engagée dans la course à la présidence de la République, Jacqueline Lohoues Oble, inscrit au cœur de ses priorités une profonde réforme institutionnelle. Hier, à son quartier général aux Deux-Plateaux, rencontrant la presse pour décliner ses priorités, elle a annoncé qu’une fois élue présidente de la République, elle ambitionne de faire de la Côte d’Ivoire un Etat fort avec des institutions fortes. Une réforme qui, avec la volonté du peuple, verra l’instauration d’un régime parlementaire en lieu et place d’un régime présidentiel. Enseignante de droit, la candidate à la présidentielle a dit son attachement à un Etat dans lequel l’exécutif est fort et le parlement est également fort de sorte à être un contre-pouvoir. Pour elle, l’actuel régime présidentiel concentre tous les pouvoirs aux mains du seul chef de l’Etat. “Il n’y a pas de démocratie sans un Etat fort. Mais pas un Etat fort qui écrase”, a-t-elle fait remarquer. Avant d’inviter les Ivoiriens à revisiter le régime présidentiel expérimenté pendant des décennies. Selon Oble, le contre-pouvoir qu’elle préconise fera que le chef de l’Etat soumette ses choix à l’appréciation des autres institutions avant de nommer à de hauts postes. Cela, a-t-elle expliqué, évitera le copinage. Dans sa vision, Jacqueline Oble souhaite que le gouvernement aille tous les 15 jours devant les députés pour les éclairer sur la gestion des affaires publiques et que l’Assemblée nationale ait le pouvoir de contrôler la loi des finances. Pour la candidate, la lutte contre l’impunité sera sa priorité pour épargner au pays le désordre. Dans sa réforme, la justice doit fonctionner pour tout le monde et non seulement pour les citoyens ordinaires pendant que certains estiment qu’ils sont intouchables. En outre, la candidate a indiqué que, si elle est élue, elle se consacrera à la consolidation de la paix. Une paix qui passe par le cantonnement, le désarmement, la réinsertion et l’indemnisation progressive des victimes physiques et morales de la guerre. Parlant du processus électoral, l’ancienne ministre de la Justice a dénoncé l’exclusion dont sont victimes, selon elle, les candidats indépendants dans la composition de la CEI. Pour elle, si à la création de la CEI, les candidats indépendants n’étaient pas encore connus, dès l’instant que la législation ivoirienne les reconnaît, la CEI doit réajuster son bureau à tous les niveaux pour intégrer tous les candidats. “Seuls les candidats des partis et des accords de paix sont pris en compte. C’est injuste d’aller aux élections sans être représenté à la CEI. Nous ne sommes pas des candidats hors zone et il faut faire attention au outsider”, a-t-elle prévenu. Oble a, dans les mêmes termes, déploré le traitement des candidats par les médias. Les candidats des partis sont, à l’en croire, privilégiés au détriment des indépendants. Toujours sur ce même chapitre des élections, Jacqueline Oble a invité le Conseil constitutionnel à plus de neutralité pour gagner en crédibilité et en confiance vis-à-vis du peuple. Elle s’est réjouie de la remise de la liste provisoire, avant de se prononcer sur la date des élections. “On ne doit pas pouvoir excéder le premier trimestre de l’année 2010. On connaît les étapes à franchir”, a conclu l’unique femme candidate. Benjamin Koré benjaminkore@yahoo.fr
Politique Publié le jeudi 12 novembre 2009 | Notre Voie