La colère gronde à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) où les responsables de la filière café-cacao qui y sont détenus, sont décidés à se faire entendre. Après quatre dirigeants du Fdpcc (Henri Kassi Amouzou, président du conseil de gestion, Kouassi Théophile, secrétaire exécutif, Mmes Obogui née Houssou Aménan Roselyne, Daf, et Aka épouse Elloh Evelyne, Dg de la filiale Coco-service) qui ont demandé expressément à leurs conseils de se retirer de la procédure judiciaire parce que, selon eux, «il ne s’agit plus de l’application du droit dans ce dossier», parce que «l’instruction est manifestement conduite à charge contre eux», huit autres détenus sont sur le pied de guerre.
Hier, ces prévenus de la filière café-cacao ont vu leur demande de mise en liberté provisoire refusée. Leur surprise est d’autant plus désagréable qu’ils ont l’impression d’avoir été roulés dans la farine. En effet, la nouvelle de la nomination d’un cabinet londonien pour refaire l’audit financier des structures de la filière, le troisième (après le premier conduit par l’Inspection générale d’Etat et de l’Inspection générale des Finances et le deuxième par deux experts), a mis en colère Mmes Bolou épouse Dago Sophie Laure Adèle (ex-Daf de la Bcc) et Agbalessi Coffi Dominique (Daf de l’Arcc).
Les 5 et 6 novembre derniers, ne comprenant plus rien à leur détention qui dure depuis plus de 17 mois, elles ont assiégé le bureau du régisseur de la Maca et refusé de rejoindre leur cellule. Car, elles redoutaient de voir leur détention provisoire sans jugement se prolonger pendant encore longtemps dans la mesure où les termes de référence du nouvel audit sont identiques à celui réalisé par Yapi Koffi Bernardin, administrateur des Services financiers et inspecteur général des Finances, et Mabo Gohou, expert-comptable, nommés par le doyen des juges d’instruction, Gnakadé Ladji Joachim, le 16 juillet 2008 pour «réaliser un audit financier des structures de la filière (Arcc, Frc, Bcc, Fdpcc, Fgccc) depuis leur création jusqu’au 30 mai 2008» et «dire qu’il y a eu détournement de fonds et préciser le montant du détournement ainsi que l’identité de tous participants à ces actes».
Informé de cette fronde et de peur qu’elle ne fasse tache d’huile, le procureur de la République, Raymond Tchimou, a voulu désamorcer la bombe. Selon des sources proches de la Maca, il leur a proposé de lui adresser une demande de mise en liberté provisoire. Six autres prévenus n’ayant pas la qualité de dirigeants se sont associés aux deux «grévistes» pour demander, le 9 novembre dernier, leur mise en liberté provisoire. Directeurs administratifs et financiers qui étaient liés par un contrat de travail et qui exerçaient sous la responsabilité et le contrôle de leur Dg, ou responsables de structures filiales qui n’ont pas été associés aux activités proprement dites de la filière, ils ne sont pas, selon leurs conseils, concernés à ce stade de la procédure.
Et pour arranger les choses, certains dirigeants eux aussi détenus - on cite Gbogou Didier, Dg de l’Arcc, et Mme Kili Angeline, Pca du Frc - ont joint à la demande une lettre de décharge indiquant qu’en ce qui les concerne, ils n’ont fait qu’exécuter leurs instructions, conformément à leur contrat de travail.
Peine perdue. Ils n’ont pas eu gain de cause. La raison invoquée, l’instruction est en cours et la détention reste donc nécessaire pour que la lumière se fasse sur les présumées malversations qui se chiffreraient à des milliards de nos francs. Ils n’en reviennent pas. Non seulement, ils présentent, selon eux, des garanties de représentativité, mais ils estiment avoir toujours collaboré activement à la manifestation de la vérité dans le cadre de l’instruction de cette affaire où les chefs d’accusation sont connus: détournement de fonds, abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie, faux et usage de faux en écriture privée de commerce ou de banque.
Et puis, aux yeux des prévenus, la création du comité de gestion de la filière qui supplée toutes les anciennes structures (Arcc, Frc, Bcc, Fdpcc) et d’un secrétariat permanent auprès de lui, avec de nouveaux responsables, élimine toute possibilité d’influence ou de dissimulation de preuves de nature à porter atteinte à la manifestation de la vérité. Surtout que des mesures conservatoires prises à leur encontre – interdiction de sortie du pays et mise sous séquestre de tous leurs biens - sont exécutoires. Cela semble ne pas suffire. Résultat, la détention provisoire, prolongée de quatre mois le 15 octobre dernier, continue de courir pour eux.
Liste des huit prévenus
Mme Bolou née Dago Sophie (ex-Daf de la Bcc), Mme Agbalessi Coffi Dominique (Daf de l’Arcc), Souanga Mathurin (ex-Dg de Simatp), Kouassi Prosper (Daf Frc), Sahié Kouadio (ex-Dg Sarem), Gnako Alfred (contrôleur général Fgccc), Kra Banny (Dga Sifcacoop) et Digbeu Toh Lambert (ex-Daf Fdpcc).
F. M. Bally
Hier, ces prévenus de la filière café-cacao ont vu leur demande de mise en liberté provisoire refusée. Leur surprise est d’autant plus désagréable qu’ils ont l’impression d’avoir été roulés dans la farine. En effet, la nouvelle de la nomination d’un cabinet londonien pour refaire l’audit financier des structures de la filière, le troisième (après le premier conduit par l’Inspection générale d’Etat et de l’Inspection générale des Finances et le deuxième par deux experts), a mis en colère Mmes Bolou épouse Dago Sophie Laure Adèle (ex-Daf de la Bcc) et Agbalessi Coffi Dominique (Daf de l’Arcc).
Les 5 et 6 novembre derniers, ne comprenant plus rien à leur détention qui dure depuis plus de 17 mois, elles ont assiégé le bureau du régisseur de la Maca et refusé de rejoindre leur cellule. Car, elles redoutaient de voir leur détention provisoire sans jugement se prolonger pendant encore longtemps dans la mesure où les termes de référence du nouvel audit sont identiques à celui réalisé par Yapi Koffi Bernardin, administrateur des Services financiers et inspecteur général des Finances, et Mabo Gohou, expert-comptable, nommés par le doyen des juges d’instruction, Gnakadé Ladji Joachim, le 16 juillet 2008 pour «réaliser un audit financier des structures de la filière (Arcc, Frc, Bcc, Fdpcc, Fgccc) depuis leur création jusqu’au 30 mai 2008» et «dire qu’il y a eu détournement de fonds et préciser le montant du détournement ainsi que l’identité de tous participants à ces actes».
Informé de cette fronde et de peur qu’elle ne fasse tache d’huile, le procureur de la République, Raymond Tchimou, a voulu désamorcer la bombe. Selon des sources proches de la Maca, il leur a proposé de lui adresser une demande de mise en liberté provisoire. Six autres prévenus n’ayant pas la qualité de dirigeants se sont associés aux deux «grévistes» pour demander, le 9 novembre dernier, leur mise en liberté provisoire. Directeurs administratifs et financiers qui étaient liés par un contrat de travail et qui exerçaient sous la responsabilité et le contrôle de leur Dg, ou responsables de structures filiales qui n’ont pas été associés aux activités proprement dites de la filière, ils ne sont pas, selon leurs conseils, concernés à ce stade de la procédure.
Et pour arranger les choses, certains dirigeants eux aussi détenus - on cite Gbogou Didier, Dg de l’Arcc, et Mme Kili Angeline, Pca du Frc - ont joint à la demande une lettre de décharge indiquant qu’en ce qui les concerne, ils n’ont fait qu’exécuter leurs instructions, conformément à leur contrat de travail.
Peine perdue. Ils n’ont pas eu gain de cause. La raison invoquée, l’instruction est en cours et la détention reste donc nécessaire pour que la lumière se fasse sur les présumées malversations qui se chiffreraient à des milliards de nos francs. Ils n’en reviennent pas. Non seulement, ils présentent, selon eux, des garanties de représentativité, mais ils estiment avoir toujours collaboré activement à la manifestation de la vérité dans le cadre de l’instruction de cette affaire où les chefs d’accusation sont connus: détournement de fonds, abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie, faux et usage de faux en écriture privée de commerce ou de banque.
Et puis, aux yeux des prévenus, la création du comité de gestion de la filière qui supplée toutes les anciennes structures (Arcc, Frc, Bcc, Fdpcc) et d’un secrétariat permanent auprès de lui, avec de nouveaux responsables, élimine toute possibilité d’influence ou de dissimulation de preuves de nature à porter atteinte à la manifestation de la vérité. Surtout que des mesures conservatoires prises à leur encontre – interdiction de sortie du pays et mise sous séquestre de tous leurs biens - sont exécutoires. Cela semble ne pas suffire. Résultat, la détention provisoire, prolongée de quatre mois le 15 octobre dernier, continue de courir pour eux.
Liste des huit prévenus
Mme Bolou née Dago Sophie (ex-Daf de la Bcc), Mme Agbalessi Coffi Dominique (Daf de l’Arcc), Souanga Mathurin (ex-Dg de Simatp), Kouassi Prosper (Daf Frc), Sahié Kouadio (ex-Dg Sarem), Gnako Alfred (contrôleur général Fgccc), Kra Banny (Dga Sifcacoop) et Digbeu Toh Lambert (ex-Daf Fdpcc).
F. M. Bally