Le président du RDR Alassane Ouattara était mardi dernier face au patronat ivoirien. Nous vous proposons l’intégralité des échanges qui ont duré deux heures.
M. Fadika Issouf:
(Président de la Fédération maritime de Côte d’Ivoire):
Ma question est relative à la gouvernance. Quand on a entendu votre engagement de tout à l’heure. nous notons tous que pour permettre à la Côte d’Ivoire de retrouver une forte croissance et une véritable réduction de la pauvreté, il faut respecter, réviser le fonctionnement de l’économie nationale, en terme de bonne gouvernance, en sacerdoce. Vous venez de prendre un engagement devant nous, en énonçant clairement qu’il faut que la bonne gestion des affaires publiques soit en Côte d’Ivoire, la norme et non l’exception. C’est nous montrer tout l’intérêt que chacun de nous doit accorder à cette question. Cet engagement doit nous amener à ériger notre Etat en un Etat de droit pour le bon fonctionnement des affaires publiques. Alors, M. Le président, dites-nous de façon simple, quelles sont les actions principales, les reformes principale, que vous comptez mettre en œuvre ? Surtout en ce qui concerne le fonctionnement de l’Etat et selon quelles priorisations?
Pour parler de justice également, par quelles actions concrètes comptez-vous amener notre justice à un niveau de crédibilité honorable pour combattre avec rigueur, tous les fléaux qui minent notre économie?
Mme Don Mello
(…) M. Le président, quelles actions concrètes proposez-vous pour lutter contre la fraude, la contrefaçon et la mise sur le marché des produits de mauvaise qualité?
Mme Appiah
M. Le président, ma question est relative à la sécurité. On constate une prolifération des armes en Côte d’Ivoire, avec des braquages, parfois avec des armes de guerre, sont légions. Et des entreprises et leurs dirigeants ont fait l’objet d’agressions. Quelle est votre politique de lutte contre l’insécurité?
M. Kanaté Vally
(…) Aujourd’hui, l’administration publique ivoirienne est très lourde. C’est la croix et la bannière pour obtenir un papier au niveau d’un ministère quel que soit le parti qui dirige ce ministère. Ce fonctionnement de l’administration constitue un frein au fonctionnement de l’Etat et à la compétitivité de notre économie. Et nous aimerions que vous nous en parliez en profondeur. Quelles dispositions envisagez-vous pour rendre le fonctionnement de l’administration publique plus efficace?
l Alassane Dramane Ouattara: Merci aux responsables qui ont bien voulu aborder ces différents points. Je prendrai d’abord les questions relatives aux réformes principales de l’Etat. Evidemment, j’ai évoqué à grands traits, toute une série de réformes que nous envisageons de faire. J’ai aussi anticipé sur le fait que beaucoup de ces réformes avaient été faites de 90 à 93. Et au fil du temps, certaines ont été mises à l’écart, aux oubliettes. Ce qui nous emmène, à nouveau, à un point de départ. Que ce soit au niveau de l’Administration comme de la Justice, je pense que la principale réforme de l’Etat concerne la structure gouvernementale. Comme je l’ai indiqué, nous avons procédé en 90, à une restructuration très profonde du gouvernement. Nous sommes passés de 40 ministres à seulement 20. Nous avions surtout voulu, dans cette réforme, avoir les points d’intégration et de collaboration des différents secteurs. C`est-à-dire, comment amener les ministères à être compatibles dans un domaine donné. Et non pas créer des ministères tout simplement pour des besoins purement politiques. Bien sûr, la politique a toujours sa part dans ces décisions. Mais, il était important de faire en sorte que nous ayons un gouvernement resserré, mais également des compétences bien définies. Après d’ailleurs la mise en place de ce gouvernement, nous nous étions donné 100 jours pour faire la réforme de l’Administration. C`est-à-dire qu’au niveau de chaque ministère, nous avions regardé en détail les attributions mais également les missions qui étaient fixées au ministre et à certains cadres principaux de l’Administration. Ce sont des choses qui doivent être faites à nouveau. Evidemment, le fait que nous ayons actuellement un gouvernement issu des différents accords politiques, je dirai même un gouvernement quasiment incohérent, fait que des ministères sont créés en fonction d’un certain nombre de répartitions politiques. Des ministères qui, quelques fois, n’ont pas tenu et qui ont été ensuite révisés. Certains ministères ont éclaté pour faire la place à d’autres, ainsi de suite. Il y a donc un besoin de réorganisation du gouvernement lui-même, pour avoir une cohérence de l’équipe. Et par conséquent, de l’action gouvernementale. Je ne reviendrai pas sur les conditions et les critères de nomination dont j’ai parlé tout à l’heure. Mais, il est important que lorsqu’on met quelqu’un à la tête d’un ministère, que la population se dise « Ah tiens ! Cette nomination est un bon choix ». Cela parce que cette personne a fait ses preuves ou qu’elle n’est pas accablée par des dossiers, etc. C’était donc des critères sur lesquels nous avons beaucoup insisté en son temps.
Concernant mes réformes au niveau de la Justice, je crois qu’elles sont connues de tous. Tout le monde sait qu’au niveau de notre Justice, il y a un problème de dysfonctionnement. Nous devons prendre l’exemple de ce qui a été fait. L’expérience que j’ai eue dans ma précédente fonction, c’est le cas des pays de l’Est. Quand ceux-ci ont commencé à se démocratiser, les domaines dans lesquels la Banque Mondiale et la Banque Européenne d’Investissement ont fait beaucoup de financements et de soutiens, c’était le secteur de la Justice. Il y a donc un travail considérable à faire dans ce secteur. Non seulement au niveau des textes qui doivent être mis à jour, mais aussi, à celui de leur application, les critères de recrutement, etc. Ce sont donc des questions très spécifiques, mais qui demandent à tenir compte de l’expérience qui est fait ailleurs. Pour ce qui est de la question sur la fraude, je pense que tout revient à la question de la gestion de l’Administration et des structures. Si les décisions prises au niveau de certains secteurs comme la Douane, ne sont pas appliquées de manières systématiques ou responsables, il est évident que l’effet sera nul. Car, il n’y a pas de sanction au bout. Et les seules sanctionnées, sont peut-être les Entreprises qui subissent cette fraude. A mon sens, ce sont des domaines où il faut être ferme sur les sanctions. Malheureusement, ces derniers temps, notre pays a fauté dans ce domaine. Il n’y a pas de sanction, pourtant nécessaire de mon point de vue, surtout quand on voit ces questions de fraudes et de détournements de deniers publics.
Concernant l’insécurité, c’est une situation généralisée. Je me souviens que lorsque je suis arrivé dans mes fonctions de Premier ministre, le problème de l’insécurité était tel qu’il y avait même une taxe spéciale qui avait été imposée sur tout le monde, afin d’avoir un fonds spécial pour combattre l’insécurité. Ce qui faisait beaucoup de remous. Mais la réalité, c’est que l’insécurité n’est pas seulement l’insécurité habituelle. Dans toutes les grandes villes, les moyens sont évidents en matière d’organisation des Forces de défense et de sécurité et autres. Egalement, il y a tous ces mouvements d’armes légères du fait de la guerre dans les pays voisins et du fait de ce qui s’est passé dans notre pays. Je trouve donc que la première mesure serait de résoudre le problème des ex-combattants. Cela me paraît essentiel. Parce que, tant qu’il y aura des gens en armes circulant dans le pays, sans qu’on n’ait la possibilité de régler ce problème de façon définitive comme cela a été fait ailleurs, il est certain que la question de l’insécurité ne pourra être réglée. Moi, j’avais estimé au départ, pour la concentration de l’action gouvernementale, de regrouper le ministère de l’Intérieur et celui de la Sécurité. Mais très rapidement, je me suis rendu compte qu’en réalité, les rôles des deux ministères étaient séparés. Et qu’il fallait mettre beaucoup plus d’accent sur la sécurité en tant que telle. Ce qui m’avait amené, 18 mois après, à scinder ce département en deux ministères. Le ministère de l’Intérieur d’un côté et celui de la sécurité de l’autre. Et je pense que ces performances ont été bonnes à cette époque-là. Pour les problèmes sécuritaires que nous avons aujourd’hui, surtout la circulation illégale des armes, il faut les résoudre, aussi bien au Nord qu’à l’Ouest. A l’occasion de mes tournées, j’ai été dans l’Ouest et j’ai vu que les armes pullulent comme du pain ou de la banane. On voit des gens qui y ont des armes comme si cela était un phénomène normal, alors qu’ils ne font pas partie de la police, ni de la Gendarmerie ni de la l’Armée. Evidemment, dans une telle situation, c’est une incitation à les utiliser, non seulement dans ces régions, mais aussi à descendre dans d’autres régions du pays.
Alors, M. Konaté a parlé des difficultés dans la gestion quotidienne des ministères. Vous savez, j’ai une expérience de la gestion, aussi bien de la Primature que de la Banque Centrale. La question qu’il faut se poser à ce niveau, c’est de savoir comment les affaires sont suivies. La réalité est que dans un ministère, si l’on sent que le ministre ou un directeur astreint les uns et les autres à une obligation de résultats, alors très rapidement, les gens prennent le pied. Je dis cela parce qu’il est indispensable qu’il y ait un suivi à tous les niveaux. Pas seulement au niveau des ministres, mais dans toute l’Administration. Parce que dès qu’un niveau n’a pas les capacités de donner les résultats escomptés dans les délais prescrits, les choses ne peuvent pas aller très loin. Pour exemple, vous pouvez interroger mon jeune frère Mel Théodore. Quand j’étais Premier ministre, souvent les samedis je prenais ma voiture et je me promenais en ville, avec mon aide de camp et mon chauffeur. Et à Cocody, chaque fois que je voyais des ordures, j’appelais Mel et je lui disais : « Ecoute, il y a des ordures à tel endroit. Je veux que ce soit débarrassé ». Et le lendemain, c’était fait. Quand également je sortais d’Abidjan, que ce soit à Bassam, Assinie ou ailleurs, j’appelais le ministre Adama Coulibaly qui était ministre des Infrastructures pour lui dire qu’il y a des trous dans les routes à tel ou tel niveau et qu’il fallait réparer. Je ne dis pas que le chef de l’Etat doit faire cela au quotidien. Mais je me dis que si chacun, à son niveau, à une application rigoureuse de sa mission, il est clair que les choses vont se régler. Encore faudrait-il que les uns et les autres soient actionnés pour cela et qu’il y ait cette disponibilité. Dans le service public, je trouve un privilège. Une fois qu’on y entre, c’est pour de bon. Ce n’est pas comme dans les entreprises privées où vous pouvez perdre votre emploi à tout moment. Je pense donc que quand on est fonctionnaire, on est soumis à une certaine discipline, quand il s’agit de rentabilités et de résultats. Mais malheureusement, il n’y a pas aujourd’hui suffisamment de rigueur dans la gestion des ressources. Ce sont des questions qui, à mon sens, ne sont pas très difficiles. Parce que c’est une question de gestion quotidienne de l’Administration du pays et de l’Entreprise, la gestion des hommes et des ressources. Voilà, ce sont donc des questions précises auxquelles à mon sens, il n’est pas difficile de répondre. On y consacre le temps qu’il faut quand on a les ressources qu’il faut, ressources humaines comme matérielles. Egalement, quand on a des textes qui sont adaptés aux circonstances, on considère que ce sont des questions qu’on peut résoudre en quelques mois ou seulement en quelques années.
M. Sylla Youssouf
(Secrétaire exécutif de la Fédération ivoirienne des Petites et moyennes entreprises)
M. Le président, nous vous aurions posé des questions sur la politique de relance du secteur privé, mais sur ce point précis, vous avez été suffisamment clair. Et vous êtes entrés dans certains détails. Avant d’aborder une partie de cette question, nous voudrions simplement nous arrêter en tant qu’opérateur, pour vous poser une petite question. Nous voulons mettre en place un Etat fort, un Etat de droit. Or nous sommes un peu inquiets en tant qu’opérateurs économiques, de voir qu’au niveau de l’Etat, chaque ministère a son syndicat. Aujourd’hui, le syndicalisme est devenu plutôt public que privé. Ceci vous interpelle également. Quelle est votre vision sur cette question? Autrement, parlant de la relance du secteur privé, de 1999 à 2005, (…) il y a eu beaucoup d’entreprises qui ont été sinistrées. Nous voudrions savoir si vous avez dans votre programme, un point spécifique sur l’assistance et l’accompagnement en matière de mesures techniques, des entreprises sinistrées depuis 2002? En d’autres termes, M. Le président, quelle est votre vision, sur le secteur industriel et l’agro-industrie, en gros, sur la politique industrielle de la Côte d’Ivoire?
M. Mondon Pacôme:
M. Le président, Ma question porte sur la dette intérieure vis-à-vis du secteur privé. Cette dette a plusieurs origines. Il s’agit par exemple de créance commerciale, de crédit de TVA, il s’agit quelquefois, également de dette que l’Etat de Côte d’Ivoire a contractée avec certaines entreprises privées. (…) La dette n’est pas forcément remboursée. Et on a l’impression quelquefois que l’Etat de Côte d’Ivoire fait un peu de la cavalerie. Et pendant ce temps, les bailleurs de fond, sont remboursés notamment, dans le cadre de l’initiative PPTE. Aujourd’hui, la dette intérieure est très importante. Vous avez dit, M. Le président, que vous vous engagez à régler cette dette, en concertation avec le secteur privé. Mais concrètement, qu’est ce que vous comptez faire exactement ?
M. Diarrassouba
Souleymane:
M. Le président, nous vous remercions de l’opportunité qui nous est offerte d’échanger avec vous et de connaître également, de façon précise et concise, votre programme de société, notamment en direction du secteur privé. Nous avons tous noté que la Côte d’Ivoire a pu atteindre le point de décision de l’initiative PPTE. Différentes actions sont en cours pour pouvoir atteindre le point de décision. Je voulais savoir quelle sera la stratégie du prochain gouvernement pour pouvoir atteindre le point d’achèvement ? Deuxièmement, quels seront les secteurs prioritaires qui bénéficieront de cette manne, parce qu’on annonce l’effacement d’une partie importante de la dette extérieure de l’Etat de Côte d’Ivoire ? Vous avez également parlé du secteur financier et bancaire. Je souhaiterais savoir quelle est la stratégie qui sera mise en place afin que les banques participent de façon précise au soutien de l’économie nationale par la mise en œuvre ou la mise en place de différents crédits d’investissement.
Me Ourega
M. Le président, vous avez tout à l’heure, dans votre exposé, brossé les grandes lignes de ce qui pourrait être votre programme de politique fiscale. Je voudrais vous poser une question technique, mais à deux volets. Comme vous le savez, l’objectif de la fiscalité, c’est de procurer les ressources pour entretenir le train de vie l’Etat. Et la seconde mission, on ne le dit jamais assez, c’est de stimuler le développement économique d’un pays. Ma question est donc la suivante : quelle mesure comptez-vous prendre pour réduire le train de vie de l’Etat afin de ne pas alourdir le poids de la fiscalité des entreprises? Le second volet de ma question est de savoir quelles mesures comptez-vous prendre également pour stimuler les investissements et relancer l’activité économique de manière à amorcer le chômage qui est très préoccupant.
M. Guénan
M. Le président, je voudrais savoir de manière concrète, quelles mesures vous comptez prendre pour inciter les entreprises du secteur informel à intégrer le secteur privé moderne?
M. Guépié
M. Le président, l’on a coutume de dire que la route précède le développement. Et j’ai noté avec satisfaction dans votre exposé que vous réservez 35 % du budget prévu pour le développement au secteur infrastructure économique. Ce qui représente, par rapport aux chiffres antérieurs, une augmentation d’environ 10 points. Alors nous voulons, en tant qu’opérateurs, savoir quel est votre plan pour le développement ders infrastrutures? Que comptez-vous faire réellement pour le secteur électrique, l’eau, et l’assainissement?
l ADO : J’ai noté effectivement six questions. La première concerne mon engagement de libéral par rapport à la nécessité de construire un Etat fort et un Etat de droit. Je pense que c’est plutôt cela, c’est le libéralisme qui permet d’avoir un Etat de droit. Parce que les dictatures, peut-être que ce sont des Etats forts en apparence. Mais, il y a seulement quelques jours, on a vu la commémoration du 20 ème anniversaire de l’effondrement du mur de Berlin. C’est donc dire que la dictature a beau durer, elle ne peut pas permettre l’épanouissement et surtout la participation pleine et entière des populations au développement du pays. En tant que libéral, moi je crois véritablement à un Etat fort. Un Etat fort veut dire un Etat organisé. Un Etat qui donne la sécurité à ses citoyens. Un Etat qui garantit la liberté d’expression. Et surtout un Etat qui donne le minimum nécessaire de qualité de vie à ses citoyens. Par conséquent, mon programme économique est un programme économique et social. C’est pour cela que je l’ai intitulé ainsi une certaine concentration de certaines activités. Je pense peut-être que dans certains aspects, la décentralisation est une bonne chose. Mais, en cas d’urgence, il ne faut pas hésité à faire intervenir le gouvernement pour régler les problèmes urgents.
Maintenant, parlant des syndicats, vous dites effectivement qu’il y a souvent de très mauvais syndicats qui semblent être affiliés à telle ou telle obédience. Mais vous savez, en tant que libéral, moi, je suis pour la liberté d’expression. Aussi bien dans la presse que dans le domaine syndical. Et ce que je peux dire, c’est que tous les excès se détruisent avec le temps. Je pense que les syndicats qui ont des comportements irresponsables par rapport à la situation de leurs entreprises doivent savoir que l’excès peut conduire à la disparition de l’Entreprise. Et par conséquent, la perte de l’emploi pour les travailleurs eux-mêmes. Il y a donc toujours un équilibre à faire par rapport au rôle des syndicats dans toutes sociétés. Je note effectivement que nous avons des syndicats globaux. Ensuite, certains dans certains secteurs. Peut-être qu’il s’agit de la naissance de cette liberté d’expression, avec le multipartisme.
Donc nous voyons un peu ce que nous avons vu en politique. Mais je pense qu’il y aura un assainissement normal avec le temps. Je considère tout simplement qu’il faut que les règles soient respectées. Et que fondamentalement, toutes ces questions de l’Etat de droit relèvent du fait que nous devons vraiment travailler à l’indépendance de la Justice. Ceci me paraît très important. Peut-être que nous n’avons pas encore fait assez dans ce domaine dans notre pays. Que le chef de l’Etat ne soit pas le chef suprême de la Justice, mais qu’il soit plutôt le garant de l’indépendance de la Justice. Parce que nous avons encore un régime trop présidentiel, où il y a une concentration trop forte des pouvoirs qui fait qu’en réalité le président est le pouvoir suprême en toute circonstance. Je ne pense pas que cela soit une bonne chose à long terme. On peut avoir de bons comme de mauvais présidents. Or, si le président à tous les pouvoirs, il peut en abuser à un moment donné. Il faut donc limiter les pouvoirs du chef de l’Etat ou, en tout cas, les équilibrer. Et faire en sorte que nous n’ayons pas de surprise de ce côté.
Alors, concernant les questions sur les entreprises sinistrées, l’accompagnement et autres, il faut dire que tout cela est prévu dans notre programme. C’est d’ailleurs pour cela que les questions des crédits TVA, la dette contractée par l’Etat, etc. toutes ces questions financières sont incorporées dans mon programme. Nous avons un plan détaillé de ce qu’il y a lieu de faire. Et pour ce faire, nous nous sommes donné un délai d’un an pour le remboursement. Il s’agira aussi pour nous de reconstituer la trésorerie de manière à ce qu’on n’ait plus cette impression de cavalerie ou de non paiement à bonne date de la dette de l’Etat. Et je pense même que la vocation des Entreprises n’est pas de prêter à l’Etat. Il y a des mécanismes pour ce faire. Mais, il y a eu des périodes de tension de trésorerie que nous avons connue. Mais, je crois que de plus en plus, l’Etat doit s’interdire d’avoir des avances des Entreprises, de quelques manières que ce soit. Mais, la seule manière, c’est d’imposer une rigueur dans la gestion budgétaire. Mais, si on a toujours un échappatoire, alors on ira toujours vers là-bas.
Pour ce qui est de la question sur le point d’achèvement de l’initiative PPTE. Vous savez, il n’a pas été facile d’obtenir le point de décision. Nous y avons tous contribué. J’ai personnellement fait un voyage à Washington pour voir Dominique Strauss-Kan et d’autres personnalités. Je suis allé leur dire que le président Bédié et moi-même, bien qu’étant dans l’opposition, nous souhaitons que la Côte d’Ivoire bénéficie du point de décision. Parce que vous avez des opposants qui bien souvent, passent leur temps à dire qu’il ne faut pas faire ceci pour que leurs gouvernements tombent. Mais nous, c’est la Côte d’Ivoire et nos compatriotes qui nous intéressent. Nous avons donc expliqué que l’allègement de la dette, compte tenu des mécanismes, ce ne sera de manière substantielle qu’après les élections, alors que nous devons donner clairement notre position. Le président Bédié est un ancien président de la République et moi, ancien Premier ministre, cela a eu un poids considérable. Toute la classe politique ivoirienne, malgré les dérapages et les difficultés qu’il y avait dans le programme, était d’accord pour le point de décision. Et il faut rappeler que le programme sur l’allègement de la dette prenait fin le 31 mars 2009. Alors, si la Côte d’Ivoire n’avait pas été qualifiée à cette date, nous n’aurions plus la possibilité d’avoir cet allègement de la dette. Nous avons donc pensé que c’était un problème national, qu’il fallait s’engager à ce que nous puissions contribuer à obtenir cela. Et souvenez-vous que le Fonds monétaire a adopté ce programme le 29 mars et la Banque Mondiale, le 31 mars. C’était vraiment de justesse. Maintenant ceci étant fait, il faut que les engagements qui ont été pris par le gouvernement soient respectés pour que l’allègement ait lieu. Et l’un des engagements, même si ce n’est pas écrit, c’est la conditionnalité politique. On ne parlera jamais de cela, mais j’ai quand même présidé le Conseil d’administration du Fonds sur d’autres pays quand j’y étais. On ne parlera jamais de conditionnalité politique, mais les gens pensent que cela existe. Alors, tant qu’il n’y aura pas d’élections, il n’y aura pas d’allègement total. Il ne faut surtout pas se faire d’illusions. Pour nous, l’allègement en question, c’est à partir de 2011. Et notre programme en tient compte. Parce que nous, nous disons que 2010 sera encore une période d’ajustement de resserrement des boulons, pour nous permettre en 2011 d’avoir tous les avantages du point d’achèvement.
Pour l’utilisation des ressources, j’en ai parlé. Dans les 10.000 milliards, j’ai indiqué qu’une partie concernait les ressources intérieures, mais également l’allègement de la dette et la contribution du secteur privé en matière d’investissement. Dans ce cadre, bien sûr tous les secteurs sont concernés. Et d’ailleurs, dans ce vaste programme d’investissement, les banques auront leur rôle à jouer. Quand je parle par exemple des crédits aux PME, des crédits bonifiés, tout cela doit passer par le système bancaire. Les systèmes de micro-crédits s’appuient aussi sur les banques. Je voudrais rassurer les uns et les autres en disant qu’en réalité, les bonifications doivent être à la charge de l’Etat. Toutes les interventions de l’Etat doivent être calculées et budgétisées. Que l’on sache combien cela va coûter et pourquoi on fait un tel sacrifice. Alors pourquoi on veut bonifier les taux d’intérêt au PME. Si le taux normal est à 10 %, pourquoi est-ce qu’on veut leur faire des prêts à 2 ou 3 % dans certaines périodes pour leur permettre de redémarrer. A prendre ainsi, la différence d’intérêts doit être dans le budget de l’Etat, pour qu’il n’y ait pas de difficultés après six mois et qu’on court après des ressources ou des prêts des entreprises ou encore des prêts exceptionnels du système bancaire, pour pouvoir boucler les fins de mois. Il faut des pratiques financières saines et surtout transparentes. Ceci s’applique d’ailleurs au secteur informel. Comment intégrer le secteur informel au secteur formel ? C’est en leur faisant comprendre qu’ils ont intérêt à y aller parce qu’ils auront des financements. C’est un élément essentiel. Parce que très souvent, dans le secteur informel, les gens au finish ne se font pas d’argent. Après trois ou quatre ans, ils ont plutôt des dettes. Parce qu’au départ, il y a une confusion entre chiffre d’affaires et bénéfices. Il faut donc les encourager par des systèmes de prêts bonifiés et autres. De sorte qu’ils comprennent qu’à long terme, ceux-ci peuvent leur permettre d’avoir la capacité d’être dans le secteur formel.
J’ai également noté la question sur les mesures pour le train de vie l’Etat. Là évidemment, je peux me référer à mon expérience de 90. Je pense que beaucoup, comme Pierre Magne, étaient là quand nous avons pris des mesures extraordinaires pour réduire le train de vie de l’Etat. Vous savez, passer de 40 ministres à 20, ce n’était pas chose facile. Et sur les 20 ministres que j’avais, il y en a que 7 qui avaient été reconduits. Donc 33 avaient perdu leurs «Marocains ». C’était un véritable tremblement de terre. Je pense qu’il le fallait, parce que c’était bon pour la Côte d’Ivoire de renouveler les choses. Et il faudrait encore y passer ; la cure sera amère, mais il faut bien sûr, que le train de vie normal de l’Etat devienne compatible avec la situation du pays. Je me souviens qu’en 90, la situation était désastreuse. Et quand j’ai formé mon gouvernement, je ne cessais de recevoir des lettres de félicitation. Et il y a des gens qui me disaient : «Alassane, tu fais du bon travail. Mais après six mois, il faut partir. Parce que la situation est telle que tu ne vas pas tenir ». Voyez-vous à quel point la population avait besoin de ce changement. Les gens estimaient qu’il y avait beaucoup de gabegies, avec trop de ministres qui avaient chacun des dizaines de véhicules dans leur parc, etc. Les populations ressentaient cela comme une arrogance du pouvoir. Il fallait donc y remédier. Ce n’était pas facile. Je crois qu’on a fait ce qu’on a pu. Bien sûr, les ressources dégagées d’un côté ou de l’autre devraient permettre surtout d’aller dans l’investissement. C’est pour cela que j’ai indiqué qu’il n’y a pas seulement le côté recettes pour le financement des 10.000 milliards de notre programme. Mais il y a aussi le coté d’une meilleure gestion des dépenses publiques. Si nous économisons sur ces postes, c’est bien sûr pour financer également l’investissement public.
Pour les infrastructures, nous prévoyons un volume de 3.500 milliards. Je pense que nous sommes en phase. Nous, nous considérons que c’est important. Et que tous les ministères concernés et le BNETD doivent être chargés des études pour le lancement des appels d’offres et de rattrapage au niveau des infrastructures. C’est pour cela que notre programme détaillé est très lourd. Alors, quand nous allons dans chaque région, nous indiquons ce que nous allons faire comme bitumage et renforcement de route. Nous indiquons ce que nous allons faire pour la réparation des pompes villageoises, que nous avons préalablement identifiées et recensées. Nous leur disons le complément à faire dans ce secteur en fonction de la densité démographique et le nombre de nouveaux forages qu’il faut. C’est la même chose pour les centres de santé. C’est ainsi que nous avons recensé les centres existants, pour savoir où il faut les rénover, où il faut envoyer des médicaments, où il faut faire construire de nouveaux centres. C’est ce qui nous a amené à voir, compte-tenu de l’emplacement des villages, qu’il faut qu’il y ait un centre de santé pour chaque citoyen à partir de 5 kilomètres de son lieu d’habitation. C’est-à-dire que chaque village de plus de 500 habitants doit avoir un centre de santé. Pour les écoles, c’est la même chose. Nous avons procédé à un recensement. Et dans chaque région, nous sommes en mesure de dire : voilà ce qu’on fera comme nouveaux centres de santé, comme rénovation, comme réhabilitation et construction d’écoles primaires, de classe, de collèges ou de lycées. Pour l’électricité, l’eau, ce sera la même chose. Nous avons donc fait un très bon recensement dans ces domaines-là pour être sûr de ce à quoi nous aurons à faire. Parce que si vous n’améliorez pas la qualité de vie des citoyens, vous continuerez d’avoir un déversement des populations sur la capitale et sur les grandes villes régionales. En ce moment-là, vous n’aurez pas résolu le problème. Il y a donc un besoin de rattrapage. Il y a aussi un besoin d’investissements nouveaux. Ce sont des sommes importantes. Mais je disais également que ce sont des domaines où la coopération internationale est facile à obtenir. J’ai vu cela en Tanzanie, au Kenya et ailleurs. Là-bas, quand il y a eu la libération de l’économie, les ressources dans ces secteurs sont venues en quantité importante. Pour la Côte d’Ivoire, notre avantage est d’avoir une administration toujours performante. Il suffirait d’une meilleure organisation et d’identifier un calendrier d’exécution de toutes ces tâches. Nous avons également des entreprises de qualité ici. Je suis donc confiant que sur ce secteur de l’amélioration des infrastructures et du cadre de vie, les choses pourront aller très vite. Et cela aura pour avantage de créer des emplois pour les jeunes. C’est donc un impératif pour nous.
M. Jacob Anemateco
Merci M. Le président, c’est une question de précision que je vais poser. Pour améliorer l’accès au crédit, vous préconisez la mise en place d’une ligne de crédit de 500 milliards. Est-ce que cette ligne de crédit de 500 milliards, viendra au refinancement au crédit que prennent les banques ou sera-t-elle logée à l’intérieur d’une structure étatique qui va faire des crédits directs aux PME- PMI comme signalée?
M. Sam Koua
Pour le financement du secteur privé (…) quelle est votre vision sur le niveau du système financier pour accompagner cet investissement?
M. Sogoné
M. Le président, vous aviez dit que nous devrions devenir la locomotive de l’intégration de l’Afrique de l’ouest. Mais concrètement, qu’est ce que cela veut dire? Comment ferez-vous concrètement? Est-ce que vous allez modifier les traités actuels qui disent un pays, une voix? Comment vous allez faire sachant qu’il n’y a pas de politique de sanctions ? (…) L’on parle de plus en plus de la création d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest pour les pays de la CEDEAO. La Côte d’Ivoire va-t-elle adhérer à cette monnaie unique ou bien allons-nous continuer à rester dans la zone franc? Quels seront les avantages pour l’économie ivoirienne dans chacun des cas?
M. Bakayoko
Ma question est à deux volets. La première qui est économique porte sur les relations entre notre pays et les institutions internationales. Dans les années 90, ces relations ont été marquées par les ajustements structurels qui semblaient être pour nous des diktats. Aujourd’hui, comment vous envisagez ces relations? S’agit-il des relations d’accompagnement, des relations d’aide ou des relations de coopération qui sont basées sur notre volonté, notre vision?
La seconde question est en rapport avec les relations internationales où on voit de plus en plus que la Chine prend un rôle important. Ces relations qui s’établissent suscitent bien évidemment beaucoup de commentaires. Parce l’Afrique n’a pas encore le bilan de sa relation avec le monde occidental. On a parlé de relations du cavalier et du cheval. Avec l’Asie, on ne sait pas comment qualifier ces relations. Que fera la Côte d’Ivoire pour rétablir des relations véritablement profitables avec la Chine?
M. Diallo Ousseynou
M. Diallo Ousseynou
M. Le président, mon intervention aura trait aux accords de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays ACP. (…) Quelle est votre opinion sur la signature de cet accord intérimaire? Et quelles mesures prendrez-vous pour renforcer les capacités des entreprises ivoiriennes en cette période de sortie de crise afin de leur permettre de faire face à la libéralisation des échanges et donc à la concurrence sauvage qui interviendra immanquablement dans les prochaines années?
M. Bilé (FENUCI)
M. Le président, quels sont les secteurs que vous pensez être prioritaires pour l’économie ivoirienne de demain, qui constitueront le levier de développement de la Côte d’Ivoire et quelles sont les actions que vous comptez mettre en œuvre afin que ces secteurs jouent leur rôle de levier économique?
M. Nanga
(…) Ma question concerne l’utilisation des terres agricoles pour la culture de plantes destinées à la production d’agro-carburant. Qu’en pensez-vous? Et deuxième question, nous observons une tendance dans les pays africains, que certains financiers ont développé et qui se portent candidats à l’achat de grands espaces agricoles à l’effet de produire certaines denrées, utiles à leur économie. Que pensez-vous de cette façon de faire ? Et quels moyens mettez-vous en place pour empêcher cela ?
M. Yoro Bi
(..) Je voudrais retenir deux points. Un sur le foncier rural et un autre sur le secteur du bois en particulier. De nombreux conflits fonciers perdurent nonobstant la loi sur le foncier rural. Et l’Etat ne semble pas suffisamment fort pour faire appliquer la loi. Nous voyons ainsi que beaucoup d’entreprises ont leur survie menacée lorsqu’il s’agit de replanter. Alors M. Le président, quelle lecture faites-vous de cette situation conflictuelle? Qu’envisagez-vous de faire pour résoudre ce problème qui peut être source de tension généralisée et porter un coup fatal au secteur privé et spécifiquement au secteur agro-industriel ? Deuxièmement, M. Le président, je voudrais ressortir la filière bois qui vit un paradoxe. (…) Il est sinistré. Plusieurs mesures ont été prises au cours de l’année 2009 pour sauver le secteur. Mais les dispositions fiscales en vigueur sont encore trop timides. Et nous voyons que le secteur va à sa disparition progressive. Quel est votre plan, M. Le président pour le redressement du secteur bois?
Mme Fatoumata
Marthe Ehui
(1ère vice-présidente de la fédération ivoirienne des PME)
(…) Nous avons une préoccupation majeure. Car une entreprise, c’est d’abord un marché. Et nous savons que les PME en Côte d’Ivoire, prospèrent dans le secteur des marchés publics. (…) M. Le président, que prévoyez-vous pour garantir à ces PME, un marché et leur assurer une chance d’accès au marché public?
Cissé Ladji
Il est de notoriété que la Côte d’Ivoire est une destination touristique par excellence, malheureusement, la longue période de crise a terni son image. Quelle est votre stratégie, une fois au pouvoir pour améliorer l ‘image de la Côte d’Ivoire afin de développer son potentiel touristique?
Mme Obou Carmen :
J’ai deux questions liées à la communication. La première concerne les technologies de l’information et de la communication. L’accès aux sites n’est pas du tout vulgarisé. Les chiffres que je vais vous annoncer le prouvent bien. Seulement 3,4% de la population utilise l’Internet. Et 0,1 % dispose de sa propre connexion. Et de plus, on note que le dispositif juridique dans le code des télécommunications, est complètement inadapté. Quelle est votre politique en faveur des TIC?
Ma deuxième question est liée à la libéralisation de l‘espace audio-visuel. Et dans les accords de Linas-Marcoussis, il a été décidé de l’ouverture de l’espace audio-visuel en Côte d’Ivoire. Mais ce point de l’accord n’a pas été du tout exécuté et aucune voix ne s’est élevée pour revendiquer l’application de ce point. Même pas l’opposition qui a été très exigeante quand il s’est agi des autres points de l ‘accord. Même le dernier accord, celui de Ouagadougou fait également un silence radio sur la question de la libéralisation de l’espace audio-visuel. Nous, professionnels du domaine, sommes inquiets quand on sait que la libéralisation de l‘espace audio-visuel est la pièce maîtresse d’un bon jeu démocratique. Quelle est votre vision sur cette question et que comptez-vous faire. (…) Je n’ai pas vraiment perçu sa vision sur la sécurité sociale quand on sait qu’à peine 10% de la population active est couverte et avec les pensions de retraite qui sont imposées (…) ainsi le salaire de la femme mariée légalement qui est imposée de façon injuste, en déphasage avec les réalités du terrain, car je sais que M. Ouattara est très sensible à tout ce qui touche à la femme.
Mme Duncan
M. Le président, quelle politique comptez-vous mettre en place pour l’emploi ainsi que pour la reduction du chômage? Notamment celui des jeunes.
l ADO : Je vous remercie ! Pour la ligne de crédits, moi je ne souhaite pas de concentration dans les décisions de bonification. Je crois que chaque secteur doit jouer son rôle. Et comme je le disais tantôt, le secteur bancaire doit jouer son rôle. C’est vrai qu’il y a des Banques d’Etat, elles peuvent bien sûr participer. Mais il n’est pas question de donner le monopole à une structure d’Etat ou à une seule structure pour faire ce relais de financement. Pour la question de la capitalisation des Banques et du niveau de l’épargne intérieur, c’est vrai, mais comme vous le savez, nous avons en réalité une économie qui n’est quasiment pas en croissance. C’est cela la difficulté. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai demandé à nos experts de nous assurer qu’en ayant un tel volume d’investissements, l’impact inflationniste n’aura pas un problème majeur. Parce que ce sont tout de même beaucoup de flux d’argent dans le système en quelques années, après des années de sécheresse. Il peut y avoir une inondation, donc une inflation assez rapidement. Mais on me dit que cela peut être absorbé. Tout dépend effectivement de la capacité de l’Administration et du secteur privé à exécuter tout ce volume d’infrastructures. Et si vous le remarquez bien, le secteur privé a quand même le quart sur les 10.000 milliards. Mais nous, nous considérons que ce quart est en fait un minimum. C’est un minimum, malgré les appréhensions que nous avions au départ, à partir du moment où ceci est accompagné de capitaux privés extérieurs qui rentrent en Côte d’Ivoire. Alors, comment la Côte d’Ivoire peut redevenir le leitmotiv de l’Afrique de l’Ouest ? Je pense qu’elle est encore le leitmotiv, sauf qu’elle est essoufflée. Ce n’est pas qu’il y a de nouvelles initiatives, mais c’est par la force de son économie. Et moi j’ai toujours été très fervent de l’intégration. J’estime que nous avons tout avantage en Côte d’Ivoire à être en intégration avec les autres, parce que nous avons toujours le meilleur tissu industriel, nous avons la meilleure administration, nous avons les plus grandes capacités d’exportation. Il est donc évident pour moi que dans l’intérêt de notre pays et indépendamment de tous les aspects politiques, qu’il fallait vraiment travailler à l’intégration. C’est nous qui en profitons le plus, même si ceci devait conduire effectivement à des situations qui ne sont pas tout à fait moderne. L’égalité de vote par exemple dans les conseils d’administration et autres. Mais disons que c’était le prix à payer pour les avantages financiers que nous tirons de l’intégration. Pour moi, il n’est donc pas question de remettre en cause notre politique d’intégration, mais plutôt de retrouver notre place dans le dynamisme de notre économie. Et en conséquence, d’avoir un marché plus vaste pour l’exportation de nos produits. Pour ce qui est de la monnaie unique ou zone franc, c’est une question sur laquelle j’ai travaillé en 1975 quand j’étais Directeur des études de la BCEAO. Cela fait aujourd’hui 34 ans. Nous avions posé quelques conditions simples. Il fallait au mieux qu’il y ait deux zones monétaires à l’aboutissement du processus. Je n’ai pas suivi ces questions depuis des années. Mais on pensait qu’il y aurait le Nigeria d’un côté et les autres pays de la CEDEAO de l’autre côté. Pour nous, c’était cela l’objectif. Et après, les deux zones devaient former des ensembles presqu’égaux, qui pouvaient être à parité fixe. Comme c’est le cas entre nous et l’Euro ou le franc français qui garantissait que la Côte d’Ivoire gardait sa prééminence, puisqu’en ce moment-là, le Ghana était loin derrière nous. On avait donc bien étudié le dossier. J’avais même entrepris des démarches auprès du Ghana. Pour cela, je suis allé voir le Président Rawlings pour l’encourager à entrer dans la zone Franc. Il y a eu aussi, en son temps, des démarches des ghanéens pour entrer dans cette zone Franc. Nous avions également eu des contacts avec le Libéria, toujours quand j’étais Directeur des Etudes. Le gouverneur Fadiga m’avait fait faire toutes ces missions pour que le Libéria également envisage de venir. Aussi, il y avait bien sûr la Guinée. Nous avions une politique cohérente de faire en sorte que les autres pays de la zone CEDEAO, notamment anglophone, viennent avec nous dans le cadre monétaire que nous avons et qui fonctionne bien. Et que de l’autre côté, il y ait le Nigéria. Maintenant, à l’intrieur de cet arrangement, nous savions aussi que l’Euro était en perspective et que tôt ou tard nous serons accrochés à cette monnaie. Le Nigeria aussi aurait sa monnaie de la même façon accrochée à l’Euro, de sorte que nos deux monnaies soient en fonctionne ment parallèle. Mais je ne sais plus aujourd’hui où est-ce qu’on en est. Mais ce sont des questions techniques et de négociation. Le plus important pour moi, dans toutes ces négociations, depuis plus de 30 ans que je l’ai fait, c’est qu’il faut voir d’abord l’intérêt duays. Si c’est dans notre intérêt, il faut amener les autres à essayer de nous suivre. Et les négociations doivent se poursuivre jusqu’à ce que nous puissions atteindre nos objectifs. Pour les relations entre la Côte d’Ivoire et les institutions internationales, vous savez, il est difficile d’aller contre les opinions. Mais ce qui me chagrine, c’est dans ces relations de coopération avec les institutions de Bretton-Woods, les uns et les autres ne disent pas ce qui se passe en réalité. Je peux attester que nous, nous n’avions pas accepté des choses imposées par le Fonds monétaire international quand j’étais Premier ministre. Je prends par exemple la mesure de réduction des salaires que les autres ont acceptée. Nous, nous l’avons refusée. J’ai dit à la mission du Fonds que c’est quelque chose que nous n’acceptons pas. Et c’est à partir de là que nous avons commencé à négocier. Il fallait trouver d’autres endroits de réduction des dépenses. C’est ce qui a motivé tout ce que vous savez sur la réduction du train de vie de l’Etat. On aurait pu faire comme tous les autres, c’est-à-dire, réduire les salaires plutôt que de réduire le train de vie de l’Etat. Mais moi, j’ai opté pour la réduction du train de vie de l’Etat. Deuxièmement, pour ce qui est de la Caisse de stabilisation (CAISTAB), le dossier, c’était le PASA (Plan d’ajustement structurel agricole). Le PASA, au tout début, avait pensé à la dissolution de la Caisse de stabilisation. Mais j’ai refusé. J’ai dit que je suis d’accord pour qu’il y ait plus de transparence et qu’à la limite, la Caisse devienne comme un opérateur, c’est-à-dire qu’elle peut aller sur le marché, acheter, transporter et vendre. Mais que je n’accepte pas que la caisse soit dissoute. On peut avoir un organisme d’Etat, mais qui fonctionne comme un organisme privé appartenant à l’Etat. Je leur ai dit que moi je l’ai accepté au Ghana. Quand j’avais la négociation du programme avec le Ghana, j’avais accepté que le ‘’Cocoa Board’’ continue. Je ne voyais donc pas pourquoi la Caisse de stabilisation devait disparaître. Malheureusement, dans les négociations, les uns et les autres ont accepté certaines choses et pas d’autres. Donc, quand on dit que le Fonds impose ou fait ceci, tout dépend des négociations. Si vous attendez que la situation se détériore, à tel point que vous n’avez plus le choix, évidemment vous acceptez tout. Moi, je considère que dans ces négociations avec ces institutions, c’est d’avoir un pouvoir de Et on doit pouvoir tenir en disant que sur telle ou telle chose ont n’est pas d’accord. Surtout que nous, nous sommes arrimés par une monnaie. Dans le temps, c’était le franc. Deuxièmement, nous avons le compte d’opération. J’étais donc arrivé à la conclusion qu’à l’avenir je peux faire des déficits autant que je veux. Parce que c’est financé par le Trésor français et non pas par moi. J’avais tout mon temps pour négocier ce que je voulais. C’est donc une question de négociation et de compétence par rapport à ces Institutions. On n’est pas obligé de tout accepter. Alors si les gens acceptent des choses contre les intérêts de leurs populations, c’est parce qu’ils ont bien voulu le faire. Je ne souhaite pas continuer ce débat, parce que j’estime que nous devons pouvoir aller au point d’achèvement en restructurant nous-mêmes la politique économique pour les avantages que nous voyons pour l’économie ivoirienne et pour nos compatriotes. Il faut comprendre quand même qu’un expert qui vient de l’extérieur ne peut pas connaître mon pays plus que moi. C’est cela le point de départ des négociations, en ce qui me concerne. Amadou Gon Coulibaly était conseillé technique avec moi. Il peut témoigner le fait que dans ces négociations, nous avons toujours anticipé nous-mêmes certaines choses que nous voulions faire. Et c’est à partir de là que nous avons eu le soutien financier de la Banque Mondiale et autres, pour pouvoir les faire au rythme que nous voulions. Parce qu’il faut savoir que le financement sert à gagner du temps. Si on a tout son temps, on n’a pas besoin de financement. Dans une situation économique de crise, l’intervention du Fonds monétaire ou de la Banque Mondiale, c’est de vous donner des ressources qui vous permettent de prendre le temps pour faire les réformes que vous voulez faire. Parce que vous ne voulez pas qu’elles soient trop brutales. Je le disais avec le Compte d’opération. Balladur (Premier ministre français à l’époque, ndlr) l’avait d’ailleurs compris. Je lui disais : « Comme vous ne voulez pas nous aider, alors le Compte d’opération va financer à votre place ».
Concernant la question sur les relations Chine-Afrique, je pense que c’est un faux débat. Tous les pays sont les mêmes pour la Côte d’Ivoire. Nous avons des liens particuliers avec certains et moins avec d’autres. Mais le financement est le même. Ce que l’économie ivoirienne souhaite, c’est d’abord des ressources pour son développement qui doit se faire aux conditions que nous, Ivoiriens, allons arrêtées. Mais, je n’accepterai pas certaines clauses ou certaines conditions que les chinois voudraient peut-être imposer à notre pays. Je ne peux pas accepter qu’un projet soit financé avec des capitaux extérieurs mais aussi avec la main-d’œuvre extérieure. Parce que, à quoi cela me servirait si le financement d’un projet ne me permet pas de créer des emplois pour mes concitoyens ? Il faut donc des grands principes au niveau du politique qui détermine la position du pays en fonction de nos intérêts. A partir de là, je crois que les Chinois s’y conformeront. Si dans d’autres pays, les choses se passent autrement, c’est bien parce que ces pays ont accepté. Donc, l’argent chinois ne m’effraie pas. Car, je n’accepterai pas l’argent à n’importe quelle condition.
Il en est de même pour l’Accord de partenariat économique (APE). Cet accord, selon les informations que j’ai, il fallait le signer parce que c’était dans notre intérêt. Je trouve donc que c’est une bonne chose. Reste maintenant à prendre les mesures d’accompagnement, pour que ceci soit bien intégré dans notre objectif. On me dit que pour l’APE, l’Union Européenne est prête à donner les financements nécessaires pour permettre au pays de se mettre à niveau. Pour tous ces dossiers, comme je l’ai dit, c’est une question de négociation. Il faut s’assurer en donnant des objectifs clairs aux ministres qui vont négocier. En leur disant qu’il y a deux ou trois points sur lesquels ils ne doivent pas bouger. Et même s’ils doivent bouger, il faut qu’ils vous appellent pour dire que sur tel point, il y a un blocage. A partir de là, je pense qu’on arrive à obtenir le résultat que l’on souhaite.
Il faut dire qu’il y a tout de même de bonnes possibilités pour notre pays après les élections. Nous devons tout faire pour les engranger, surtout pour permettre de remonter très rapidement le taux de croissance économique.
ADO : J’ai noté au total sept questions. Mais, certaines s’intègrent à d’autres. La première concerne le ou les secteurs prioritaires et les actions à mettre en œuvre. J’ai déjà eu cette question et j’étais très embarassé. Parce qu’en réalité, tout est prioritaires, compte-tenu de l’état de délabrement de notre pays. J’ai beaucoup réfléchi à cela et je me suis dit qu’il faut peut-être commencer par la santé. D’abord, parce que c’est un élément de base pour tout le reste. Deuxièmement, parce que c’est un domaine où le financement est également facile à obtenir. Avoir des médicaments, construire ou rénover des centres de santé, ce sont des choses qui peuvent aller très rapidement, sans trop de difficultés et dans des enveloppes raisonnables. Je crois que cela ne demande que 400 milliards. Mais la réalité est que tous les secteurs sont prioritaires. Que ce soit les infrastructures ou bien d’autres. Et là, j’en ai vu l’exemple. Car, sur les 19 régions du pays, j’en ai déjà visité 13 depuis le mois de mai 2009. J’ai vu l’état dégradé des routes et des pistes. Ceci, non seulement pour le passager que j’étais, mais également pour les agriculteurs. Comment évacuer les produits ? Comment permettre ceci ou cela ? Autant de questions qui indiquent qu’il y a également beaucoup à faire dans ce secteur des infrastructures.
Ensuite, nous avons l’école. Et je pense que ce sera sans doute le secteur le plus difficile. Je trouve que la création d’emplois moyens sera plus facile que la solution du problème de l’école. Parce que là, on a vraiment un problème de fond depuis quasiment 20 ans. La FESCI date de 1991, quand j’étais Premier ministre. D’ailleurs, j’ai rencontré récemment Martial Ahipaud. Ces jeunes gens ont pensé à un moment donné qu’il fallait prendre une direction qui peut-être pour eux, était ce qu’il fallait pour obtenir de meilleures conditions pour leur catégorie sociale. Et malheureusement, tout cela a évolué en drame. Aujourd’hui, l’école est vraiment le problème majeur. Je ne dis pas que ce sera la priorité, mais ce sera le problème le plus difficile à résoudre. Pour cela, j’ai demandé au corps des enseignants républicains de me préparer quelque chose de très spécifique sur la question de l’école. Parce que c’est un domaine tellement vaste et tellement difficile que ce n’est pas dans un programme de gouvernement qu’on peut le traiter. Sauf de dire à grands traits ce qu’on va faire, comme construire de nouveaux campus autour d’Abidjan et des universités dans les régions. Ces questions d’infrastructures sont plus faciles à régler. Mais au-delà, c’est toute la qualité de l’enseignement, toute la mentalité des élèves et étudiants et toute la culture morale que les jeunes doivent avoir pour l’avenir. C’est bien pour cela que je pense que c’est le secteur le plus difficile, où il faut un véritable travail de fond dans lequel il faut associer tout le monde. Peut-être que cela demandera de long mois de discussions, de conférence et de séminaires, mais je pense que c’est important. Parce que pour moi, ce n’est pas seulement avec de l’argent qu’on peut résoudre le problème de l’école, contrairement à d’autres secteurs. Parlant de l’agriculture, il est clair qu’il faut très peu pour que la Côte d’Ivoire soit auto-suffisante. Pour le riz parexemple, si nous avions eu la chance de rester trois ou quatre années de plus, la Côte d’Ivoire aurait été autosuffisante en riz. Puisque nous avions un programme développé, identifié et dont le financement avait été obtenu. La culture et la production du riz devraient être multipliées par quatre ou par cinq. Malheureusement, tout cela a été délaissé. Et nous en voyons les conséquences aujourd’hui avec toutes ces centaines de milliers de tonnes qui sont importées pour notre alimentation.
Toujours, dans le cadre de l’Agriculture, une question est relative à l’utilisation des terres agricoles pour l’agro carburant. Pour nous, une chose est certaine. C’est que la terre, c’est d’abord pour nourrir les citoyens. Je ne connais pas l’expérience brésilienne et les autres par rapport à l’agro carburant. Je n’en connais pas la capacité pour notre pays. Je ne voudrais pas être expert sur des choses que je ne connais pas. En tout cas, mon objectif est clair. C’est que nous devons d’abord atteindre l’autosuffisance. Et ceci est ma priorité. Pour l’utilisation des terres pour la production de certains produits spécifiques d’exportation et autres, je pense que tout homme politique doit se souvenir de ce qui s’est passé à Madagascar. Il me paraît normal qu’on essaie d’avoir la production la plus diversifiée, en commençant par les produits vivriers. Bien sûr, en ne négligeant pas les produits d’exportation. Et ce qui a manqué, c’est aussi la transformation de tous ces produits. Quand on prend le café cacao ou l’anacarde qui est encore peu, il faut maintenant passer à cette autre étape pour nous permettre de profiter un peu mieux des valeurs ajoutées de ces secteurs.
Pour le foncier rural, la loi existe. Je crois qu’elle a été votée depuis 98. On me dit qu’il y a une application et que cela date de seulement un an. Je pense que c’est très lent. La sensibilisation doit être faite en avance. C’est pour cela que les choses ont pris du temps. Mais, apparemment, c’est quelque chose qui est engagé. Les résultats sont peut-être modestes pour le moment. Mais je pense qu’il y a une volonté d’aller de l’avant et d’appliquer cette loi.
Concernant le bois, c’est un domaine où il y a l’aspect environnement et l’aspect exportation. Là également, je pense que c’est un domaine dans lequel il faut avoir des choses assez précises. Donc, je ne voudrais pas être précis sur des choses où je n’ai que des idées générales. Mais il est clair qu’un équilibre doit être trouvé pour protéger l’environnement et surtout pour la reconstitution du domaine forestier.
Alors, les Petites et Moyennes Entreprise (PME) et les Marchés Publics. C’est vrai, vous avez raison de dire que le gré à gré est devenu la situation générale plutôt que l’exception. Comment protéger les PME ? Nous, nous avons une place importante pour les PME dans notre programme. Je vous l’ai dit tout à l’heure. Que ce soit en matière de crédits ou de bonification de crédits, en matière d’encadrement et de formation, il va s’en dire qu’il faudrait faire cela. Je me souviens d’ailleurs, il y a 30 ans de cela, quand nous avons commencé à construire les sièges de la Banque centrale dans les différentes capitales, évidemment la plupart des sociétés qui ont remporté le marché étaient de grosses sociétés françaises. Mais nous avions déjà à cette époque, mentionné dans tous les appels d’offre, l’obligation pour ces grandes sociétés de s’associer avec des PME. C’est une politique qui a vraiment bien marché. Et certaines de ces PME sont même devenues de grosse société par la suite. Au Mali comme au Burkina, je sais qu’il y a des cas importants de ces PME qui ont commencé avec des petits travaux d’électricité ou de plomberie. Mais aujourd’hui, ce sont de grandes entreprises de travaux publics qui font des routes et autres. Et qui vont même au-delà de leurs pays. Je pense donc qu’il faut insérer les PME dans le système des appels d’offres avec les grosses sociétés. D’abord, ne serait-ce que pour l’expérience de la préparation du dossier. Mais également, la possibilité pour elles d’être aux côtés des grosses entreprises pour ces travaux et pour acquérir l’expérience nécessaire pour être aussi de grandes entreprises. Parce qu’en tant que libéral, mon point de vue est que la protection ne résout jamais les problèmes de manière durable. On peut protéger pendant un certain temps. Mais en réalité, protégé pendant trop longtemps tue l’entreprise. Il faut donc aider ces PME à évoluer. C’est comme cela que je vois les choses.
La promotion touristique également.
Le problème des nouvelles technologies aussi, nous en parlons abondamment. Et même d’ailleurs, dans chaque région quand nous faisons la présentation de notre programme nous indiquons combien nous allons investir pour l’amélioration du système de télécommunication.
Concernant la libéralisation de l’espace audio-visuel, je suis au regret comme vous, de constater les choses avec vous. C’est un domaine qui me chagrine un peu. Mais souvenez vous que c’est nous qui avons commencé la libéralisation dans le domaine radio.
Souvenez-vous qu’après le multipartisme, il n’y avait pas d’autres radios que la radio nationale. Je me souviens que c’est nous qui avons donné les licences à BBC, à RFI et autres. Tout ce programme devait continuer, y compris avec la télévision. Nous avions un planning pour qu’en cinq ans, on ait non seulement des radios privées qui devraient aller plus loin que faire de la musique. Egalement, nous avions comme ambition d’avoir des télévisions privées. Mais aujourd’hui, je note que depuis 15 ans, rien de tout cela n’a bougé. Depuis notre départ des affaires, rien n’a bougé. On me dit qu’il y a de nouvelles lois qui ont été votées récemment par le gouvernement. Et que ces lois, apparemment, sont très bonnes. C’est ce que mes experts me isent. Alors, je trouve que c’est une très bonne chose. Ceci me tient à cœur parce que la liberté d’expression est le fondement de la démocratie. Alors, si nous n’avons qu’une seule télévision comme c’est le cas aujourd’hui, qui est totalement aux ordres d’une seule personne, d’un seul parti, d’une seule opinion, ceci ne peut être bon pour la démocratie. Je souhaite donc qu’il y ait véritablement l’ouverture de l’espace audiovisuel. Pour la démocratie, cela me paraît essentiel.
Les questions de sécurité sociale, j’en ai brossé dans mon exposé, sans trop m’étaler là-dessus. Vous avez donc raison de le mentionner. C’est un des domaines importants pour nous. Nous avons d’ailleurs eu des entrepreneurs ui ont travaillé avec nous sur notre programme de l’assurance maladie. Certains sont dans cette salle. C’est sûr que c’est un système qui n’est pas cher et qui peut être subventionné pour les plus pauvres. Ce système va permettre d’avoir des soins gratuits dans les hôpitaux publics et dans les centres de santé. Nous avons bien travaillé sur ces dossiers, en faisant de sorte qu’ils soient financés. Parce que comme vous le savez, il est bien d’émettre des idées et ne pas avoir le financement en face. Là, c’est vraiment du leurre. Donc notre programme, selon les médecins qui ont travaillé là-dessus, est un système réel, qui est déjà appliqué d’ailleurs dans certaines Entreprises de la place. Pour la question du genre, il y a bien sûr Mme Diabaté qui est là pour nous rappeler à l’ordre. Nous sommes donc bien disciplinés et soyez sûr que tout cela est bien intégré dans notre programme. Mais, il faut aussi reconnaître qu’après Marcoussis des questions du genre ont été réglées, surtout en ce qui concerne la nationalité pour l’homme qui décide d’épouser une Ivoirienne, comme cela est fait dans l’inverse. C’est bien. Je pense qu’il reste encore des ajustements à faire, en ce qui concerne cette question sur le genre. Et nous y travaillons. En fait, le tout n’est pas de faire des textes, il faut les appliquer. Cela nous ramène donc au problème de la justice est de l’Etat de droit. Ce sont des questions importantes pour nous tous.
La politique de l’emploi, je crois que j’en ai également parlé dans mon exposé. Nous avons prévu la création d’un million d’emplois, pour un investissement de 600 milliards. Cela est inscrit dans notre programme, notamment dans le chapitre concernant les jeunes.
D.Samou
M. Fadika Issouf:
(Président de la Fédération maritime de Côte d’Ivoire):
Ma question est relative à la gouvernance. Quand on a entendu votre engagement de tout à l’heure. nous notons tous que pour permettre à la Côte d’Ivoire de retrouver une forte croissance et une véritable réduction de la pauvreté, il faut respecter, réviser le fonctionnement de l’économie nationale, en terme de bonne gouvernance, en sacerdoce. Vous venez de prendre un engagement devant nous, en énonçant clairement qu’il faut que la bonne gestion des affaires publiques soit en Côte d’Ivoire, la norme et non l’exception. C’est nous montrer tout l’intérêt que chacun de nous doit accorder à cette question. Cet engagement doit nous amener à ériger notre Etat en un Etat de droit pour le bon fonctionnement des affaires publiques. Alors, M. Le président, dites-nous de façon simple, quelles sont les actions principales, les reformes principale, que vous comptez mettre en œuvre ? Surtout en ce qui concerne le fonctionnement de l’Etat et selon quelles priorisations?
Pour parler de justice également, par quelles actions concrètes comptez-vous amener notre justice à un niveau de crédibilité honorable pour combattre avec rigueur, tous les fléaux qui minent notre économie?
Mme Don Mello
(…) M. Le président, quelles actions concrètes proposez-vous pour lutter contre la fraude, la contrefaçon et la mise sur le marché des produits de mauvaise qualité?
Mme Appiah
M. Le président, ma question est relative à la sécurité. On constate une prolifération des armes en Côte d’Ivoire, avec des braquages, parfois avec des armes de guerre, sont légions. Et des entreprises et leurs dirigeants ont fait l’objet d’agressions. Quelle est votre politique de lutte contre l’insécurité?
M. Kanaté Vally
(…) Aujourd’hui, l’administration publique ivoirienne est très lourde. C’est la croix et la bannière pour obtenir un papier au niveau d’un ministère quel que soit le parti qui dirige ce ministère. Ce fonctionnement de l’administration constitue un frein au fonctionnement de l’Etat et à la compétitivité de notre économie. Et nous aimerions que vous nous en parliez en profondeur. Quelles dispositions envisagez-vous pour rendre le fonctionnement de l’administration publique plus efficace?
l Alassane Dramane Ouattara: Merci aux responsables qui ont bien voulu aborder ces différents points. Je prendrai d’abord les questions relatives aux réformes principales de l’Etat. Evidemment, j’ai évoqué à grands traits, toute une série de réformes que nous envisageons de faire. J’ai aussi anticipé sur le fait que beaucoup de ces réformes avaient été faites de 90 à 93. Et au fil du temps, certaines ont été mises à l’écart, aux oubliettes. Ce qui nous emmène, à nouveau, à un point de départ. Que ce soit au niveau de l’Administration comme de la Justice, je pense que la principale réforme de l’Etat concerne la structure gouvernementale. Comme je l’ai indiqué, nous avons procédé en 90, à une restructuration très profonde du gouvernement. Nous sommes passés de 40 ministres à seulement 20. Nous avions surtout voulu, dans cette réforme, avoir les points d’intégration et de collaboration des différents secteurs. C`est-à-dire, comment amener les ministères à être compatibles dans un domaine donné. Et non pas créer des ministères tout simplement pour des besoins purement politiques. Bien sûr, la politique a toujours sa part dans ces décisions. Mais, il était important de faire en sorte que nous ayons un gouvernement resserré, mais également des compétences bien définies. Après d’ailleurs la mise en place de ce gouvernement, nous nous étions donné 100 jours pour faire la réforme de l’Administration. C`est-à-dire qu’au niveau de chaque ministère, nous avions regardé en détail les attributions mais également les missions qui étaient fixées au ministre et à certains cadres principaux de l’Administration. Ce sont des choses qui doivent être faites à nouveau. Evidemment, le fait que nous ayons actuellement un gouvernement issu des différents accords politiques, je dirai même un gouvernement quasiment incohérent, fait que des ministères sont créés en fonction d’un certain nombre de répartitions politiques. Des ministères qui, quelques fois, n’ont pas tenu et qui ont été ensuite révisés. Certains ministères ont éclaté pour faire la place à d’autres, ainsi de suite. Il y a donc un besoin de réorganisation du gouvernement lui-même, pour avoir une cohérence de l’équipe. Et par conséquent, de l’action gouvernementale. Je ne reviendrai pas sur les conditions et les critères de nomination dont j’ai parlé tout à l’heure. Mais, il est important que lorsqu’on met quelqu’un à la tête d’un ministère, que la population se dise « Ah tiens ! Cette nomination est un bon choix ». Cela parce que cette personne a fait ses preuves ou qu’elle n’est pas accablée par des dossiers, etc. C’était donc des critères sur lesquels nous avons beaucoup insisté en son temps.
Concernant mes réformes au niveau de la Justice, je crois qu’elles sont connues de tous. Tout le monde sait qu’au niveau de notre Justice, il y a un problème de dysfonctionnement. Nous devons prendre l’exemple de ce qui a été fait. L’expérience que j’ai eue dans ma précédente fonction, c’est le cas des pays de l’Est. Quand ceux-ci ont commencé à se démocratiser, les domaines dans lesquels la Banque Mondiale et la Banque Européenne d’Investissement ont fait beaucoup de financements et de soutiens, c’était le secteur de la Justice. Il y a donc un travail considérable à faire dans ce secteur. Non seulement au niveau des textes qui doivent être mis à jour, mais aussi, à celui de leur application, les critères de recrutement, etc. Ce sont donc des questions très spécifiques, mais qui demandent à tenir compte de l’expérience qui est fait ailleurs. Pour ce qui est de la question sur la fraude, je pense que tout revient à la question de la gestion de l’Administration et des structures. Si les décisions prises au niveau de certains secteurs comme la Douane, ne sont pas appliquées de manières systématiques ou responsables, il est évident que l’effet sera nul. Car, il n’y a pas de sanction au bout. Et les seules sanctionnées, sont peut-être les Entreprises qui subissent cette fraude. A mon sens, ce sont des domaines où il faut être ferme sur les sanctions. Malheureusement, ces derniers temps, notre pays a fauté dans ce domaine. Il n’y a pas de sanction, pourtant nécessaire de mon point de vue, surtout quand on voit ces questions de fraudes et de détournements de deniers publics.
Concernant l’insécurité, c’est une situation généralisée. Je me souviens que lorsque je suis arrivé dans mes fonctions de Premier ministre, le problème de l’insécurité était tel qu’il y avait même une taxe spéciale qui avait été imposée sur tout le monde, afin d’avoir un fonds spécial pour combattre l’insécurité. Ce qui faisait beaucoup de remous. Mais la réalité, c’est que l’insécurité n’est pas seulement l’insécurité habituelle. Dans toutes les grandes villes, les moyens sont évidents en matière d’organisation des Forces de défense et de sécurité et autres. Egalement, il y a tous ces mouvements d’armes légères du fait de la guerre dans les pays voisins et du fait de ce qui s’est passé dans notre pays. Je trouve donc que la première mesure serait de résoudre le problème des ex-combattants. Cela me paraît essentiel. Parce que, tant qu’il y aura des gens en armes circulant dans le pays, sans qu’on n’ait la possibilité de régler ce problème de façon définitive comme cela a été fait ailleurs, il est certain que la question de l’insécurité ne pourra être réglée. Moi, j’avais estimé au départ, pour la concentration de l’action gouvernementale, de regrouper le ministère de l’Intérieur et celui de la Sécurité. Mais très rapidement, je me suis rendu compte qu’en réalité, les rôles des deux ministères étaient séparés. Et qu’il fallait mettre beaucoup plus d’accent sur la sécurité en tant que telle. Ce qui m’avait amené, 18 mois après, à scinder ce département en deux ministères. Le ministère de l’Intérieur d’un côté et celui de la sécurité de l’autre. Et je pense que ces performances ont été bonnes à cette époque-là. Pour les problèmes sécuritaires que nous avons aujourd’hui, surtout la circulation illégale des armes, il faut les résoudre, aussi bien au Nord qu’à l’Ouest. A l’occasion de mes tournées, j’ai été dans l’Ouest et j’ai vu que les armes pullulent comme du pain ou de la banane. On voit des gens qui y ont des armes comme si cela était un phénomène normal, alors qu’ils ne font pas partie de la police, ni de la Gendarmerie ni de la l’Armée. Evidemment, dans une telle situation, c’est une incitation à les utiliser, non seulement dans ces régions, mais aussi à descendre dans d’autres régions du pays.
Alors, M. Konaté a parlé des difficultés dans la gestion quotidienne des ministères. Vous savez, j’ai une expérience de la gestion, aussi bien de la Primature que de la Banque Centrale. La question qu’il faut se poser à ce niveau, c’est de savoir comment les affaires sont suivies. La réalité est que dans un ministère, si l’on sent que le ministre ou un directeur astreint les uns et les autres à une obligation de résultats, alors très rapidement, les gens prennent le pied. Je dis cela parce qu’il est indispensable qu’il y ait un suivi à tous les niveaux. Pas seulement au niveau des ministres, mais dans toute l’Administration. Parce que dès qu’un niveau n’a pas les capacités de donner les résultats escomptés dans les délais prescrits, les choses ne peuvent pas aller très loin. Pour exemple, vous pouvez interroger mon jeune frère Mel Théodore. Quand j’étais Premier ministre, souvent les samedis je prenais ma voiture et je me promenais en ville, avec mon aide de camp et mon chauffeur. Et à Cocody, chaque fois que je voyais des ordures, j’appelais Mel et je lui disais : « Ecoute, il y a des ordures à tel endroit. Je veux que ce soit débarrassé ». Et le lendemain, c’était fait. Quand également je sortais d’Abidjan, que ce soit à Bassam, Assinie ou ailleurs, j’appelais le ministre Adama Coulibaly qui était ministre des Infrastructures pour lui dire qu’il y a des trous dans les routes à tel ou tel niveau et qu’il fallait réparer. Je ne dis pas que le chef de l’Etat doit faire cela au quotidien. Mais je me dis que si chacun, à son niveau, à une application rigoureuse de sa mission, il est clair que les choses vont se régler. Encore faudrait-il que les uns et les autres soient actionnés pour cela et qu’il y ait cette disponibilité. Dans le service public, je trouve un privilège. Une fois qu’on y entre, c’est pour de bon. Ce n’est pas comme dans les entreprises privées où vous pouvez perdre votre emploi à tout moment. Je pense donc que quand on est fonctionnaire, on est soumis à une certaine discipline, quand il s’agit de rentabilités et de résultats. Mais malheureusement, il n’y a pas aujourd’hui suffisamment de rigueur dans la gestion des ressources. Ce sont des questions qui, à mon sens, ne sont pas très difficiles. Parce que c’est une question de gestion quotidienne de l’Administration du pays et de l’Entreprise, la gestion des hommes et des ressources. Voilà, ce sont donc des questions précises auxquelles à mon sens, il n’est pas difficile de répondre. On y consacre le temps qu’il faut quand on a les ressources qu’il faut, ressources humaines comme matérielles. Egalement, quand on a des textes qui sont adaptés aux circonstances, on considère que ce sont des questions qu’on peut résoudre en quelques mois ou seulement en quelques années.
M. Sylla Youssouf
(Secrétaire exécutif de la Fédération ivoirienne des Petites et moyennes entreprises)
M. Le président, nous vous aurions posé des questions sur la politique de relance du secteur privé, mais sur ce point précis, vous avez été suffisamment clair. Et vous êtes entrés dans certains détails. Avant d’aborder une partie de cette question, nous voudrions simplement nous arrêter en tant qu’opérateur, pour vous poser une petite question. Nous voulons mettre en place un Etat fort, un Etat de droit. Or nous sommes un peu inquiets en tant qu’opérateurs économiques, de voir qu’au niveau de l’Etat, chaque ministère a son syndicat. Aujourd’hui, le syndicalisme est devenu plutôt public que privé. Ceci vous interpelle également. Quelle est votre vision sur cette question? Autrement, parlant de la relance du secteur privé, de 1999 à 2005, (…) il y a eu beaucoup d’entreprises qui ont été sinistrées. Nous voudrions savoir si vous avez dans votre programme, un point spécifique sur l’assistance et l’accompagnement en matière de mesures techniques, des entreprises sinistrées depuis 2002? En d’autres termes, M. Le président, quelle est votre vision, sur le secteur industriel et l’agro-industrie, en gros, sur la politique industrielle de la Côte d’Ivoire?
M. Mondon Pacôme:
M. Le président, Ma question porte sur la dette intérieure vis-à-vis du secteur privé. Cette dette a plusieurs origines. Il s’agit par exemple de créance commerciale, de crédit de TVA, il s’agit quelquefois, également de dette que l’Etat de Côte d’Ivoire a contractée avec certaines entreprises privées. (…) La dette n’est pas forcément remboursée. Et on a l’impression quelquefois que l’Etat de Côte d’Ivoire fait un peu de la cavalerie. Et pendant ce temps, les bailleurs de fond, sont remboursés notamment, dans le cadre de l’initiative PPTE. Aujourd’hui, la dette intérieure est très importante. Vous avez dit, M. Le président, que vous vous engagez à régler cette dette, en concertation avec le secteur privé. Mais concrètement, qu’est ce que vous comptez faire exactement ?
M. Diarrassouba
Souleymane:
M. Le président, nous vous remercions de l’opportunité qui nous est offerte d’échanger avec vous et de connaître également, de façon précise et concise, votre programme de société, notamment en direction du secteur privé. Nous avons tous noté que la Côte d’Ivoire a pu atteindre le point de décision de l’initiative PPTE. Différentes actions sont en cours pour pouvoir atteindre le point de décision. Je voulais savoir quelle sera la stratégie du prochain gouvernement pour pouvoir atteindre le point d’achèvement ? Deuxièmement, quels seront les secteurs prioritaires qui bénéficieront de cette manne, parce qu’on annonce l’effacement d’une partie importante de la dette extérieure de l’Etat de Côte d’Ivoire ? Vous avez également parlé du secteur financier et bancaire. Je souhaiterais savoir quelle est la stratégie qui sera mise en place afin que les banques participent de façon précise au soutien de l’économie nationale par la mise en œuvre ou la mise en place de différents crédits d’investissement.
Me Ourega
M. Le président, vous avez tout à l’heure, dans votre exposé, brossé les grandes lignes de ce qui pourrait être votre programme de politique fiscale. Je voudrais vous poser une question technique, mais à deux volets. Comme vous le savez, l’objectif de la fiscalité, c’est de procurer les ressources pour entretenir le train de vie l’Etat. Et la seconde mission, on ne le dit jamais assez, c’est de stimuler le développement économique d’un pays. Ma question est donc la suivante : quelle mesure comptez-vous prendre pour réduire le train de vie de l’Etat afin de ne pas alourdir le poids de la fiscalité des entreprises? Le second volet de ma question est de savoir quelles mesures comptez-vous prendre également pour stimuler les investissements et relancer l’activité économique de manière à amorcer le chômage qui est très préoccupant.
M. Guénan
M. Le président, je voudrais savoir de manière concrète, quelles mesures vous comptez prendre pour inciter les entreprises du secteur informel à intégrer le secteur privé moderne?
M. Guépié
M. Le président, l’on a coutume de dire que la route précède le développement. Et j’ai noté avec satisfaction dans votre exposé que vous réservez 35 % du budget prévu pour le développement au secteur infrastructure économique. Ce qui représente, par rapport aux chiffres antérieurs, une augmentation d’environ 10 points. Alors nous voulons, en tant qu’opérateurs, savoir quel est votre plan pour le développement ders infrastrutures? Que comptez-vous faire réellement pour le secteur électrique, l’eau, et l’assainissement?
l ADO : J’ai noté effectivement six questions. La première concerne mon engagement de libéral par rapport à la nécessité de construire un Etat fort et un Etat de droit. Je pense que c’est plutôt cela, c’est le libéralisme qui permet d’avoir un Etat de droit. Parce que les dictatures, peut-être que ce sont des Etats forts en apparence. Mais, il y a seulement quelques jours, on a vu la commémoration du 20 ème anniversaire de l’effondrement du mur de Berlin. C’est donc dire que la dictature a beau durer, elle ne peut pas permettre l’épanouissement et surtout la participation pleine et entière des populations au développement du pays. En tant que libéral, moi je crois véritablement à un Etat fort. Un Etat fort veut dire un Etat organisé. Un Etat qui donne la sécurité à ses citoyens. Un Etat qui garantit la liberté d’expression. Et surtout un Etat qui donne le minimum nécessaire de qualité de vie à ses citoyens. Par conséquent, mon programme économique est un programme économique et social. C’est pour cela que je l’ai intitulé ainsi une certaine concentration de certaines activités. Je pense peut-être que dans certains aspects, la décentralisation est une bonne chose. Mais, en cas d’urgence, il ne faut pas hésité à faire intervenir le gouvernement pour régler les problèmes urgents.
Maintenant, parlant des syndicats, vous dites effectivement qu’il y a souvent de très mauvais syndicats qui semblent être affiliés à telle ou telle obédience. Mais vous savez, en tant que libéral, moi, je suis pour la liberté d’expression. Aussi bien dans la presse que dans le domaine syndical. Et ce que je peux dire, c’est que tous les excès se détruisent avec le temps. Je pense que les syndicats qui ont des comportements irresponsables par rapport à la situation de leurs entreprises doivent savoir que l’excès peut conduire à la disparition de l’Entreprise. Et par conséquent, la perte de l’emploi pour les travailleurs eux-mêmes. Il y a donc toujours un équilibre à faire par rapport au rôle des syndicats dans toutes sociétés. Je note effectivement que nous avons des syndicats globaux. Ensuite, certains dans certains secteurs. Peut-être qu’il s’agit de la naissance de cette liberté d’expression, avec le multipartisme.
Donc nous voyons un peu ce que nous avons vu en politique. Mais je pense qu’il y aura un assainissement normal avec le temps. Je considère tout simplement qu’il faut que les règles soient respectées. Et que fondamentalement, toutes ces questions de l’Etat de droit relèvent du fait que nous devons vraiment travailler à l’indépendance de la Justice. Ceci me paraît très important. Peut-être que nous n’avons pas encore fait assez dans ce domaine dans notre pays. Que le chef de l’Etat ne soit pas le chef suprême de la Justice, mais qu’il soit plutôt le garant de l’indépendance de la Justice. Parce que nous avons encore un régime trop présidentiel, où il y a une concentration trop forte des pouvoirs qui fait qu’en réalité le président est le pouvoir suprême en toute circonstance. Je ne pense pas que cela soit une bonne chose à long terme. On peut avoir de bons comme de mauvais présidents. Or, si le président à tous les pouvoirs, il peut en abuser à un moment donné. Il faut donc limiter les pouvoirs du chef de l’Etat ou, en tout cas, les équilibrer. Et faire en sorte que nous n’ayons pas de surprise de ce côté.
Alors, concernant les questions sur les entreprises sinistrées, l’accompagnement et autres, il faut dire que tout cela est prévu dans notre programme. C’est d’ailleurs pour cela que les questions des crédits TVA, la dette contractée par l’Etat, etc. toutes ces questions financières sont incorporées dans mon programme. Nous avons un plan détaillé de ce qu’il y a lieu de faire. Et pour ce faire, nous nous sommes donné un délai d’un an pour le remboursement. Il s’agira aussi pour nous de reconstituer la trésorerie de manière à ce qu’on n’ait plus cette impression de cavalerie ou de non paiement à bonne date de la dette de l’Etat. Et je pense même que la vocation des Entreprises n’est pas de prêter à l’Etat. Il y a des mécanismes pour ce faire. Mais, il y a eu des périodes de tension de trésorerie que nous avons connue. Mais, je crois que de plus en plus, l’Etat doit s’interdire d’avoir des avances des Entreprises, de quelques manières que ce soit. Mais, la seule manière, c’est d’imposer une rigueur dans la gestion budgétaire. Mais, si on a toujours un échappatoire, alors on ira toujours vers là-bas.
Pour ce qui est de la question sur le point d’achèvement de l’initiative PPTE. Vous savez, il n’a pas été facile d’obtenir le point de décision. Nous y avons tous contribué. J’ai personnellement fait un voyage à Washington pour voir Dominique Strauss-Kan et d’autres personnalités. Je suis allé leur dire que le président Bédié et moi-même, bien qu’étant dans l’opposition, nous souhaitons que la Côte d’Ivoire bénéficie du point de décision. Parce que vous avez des opposants qui bien souvent, passent leur temps à dire qu’il ne faut pas faire ceci pour que leurs gouvernements tombent. Mais nous, c’est la Côte d’Ivoire et nos compatriotes qui nous intéressent. Nous avons donc expliqué que l’allègement de la dette, compte tenu des mécanismes, ce ne sera de manière substantielle qu’après les élections, alors que nous devons donner clairement notre position. Le président Bédié est un ancien président de la République et moi, ancien Premier ministre, cela a eu un poids considérable. Toute la classe politique ivoirienne, malgré les dérapages et les difficultés qu’il y avait dans le programme, était d’accord pour le point de décision. Et il faut rappeler que le programme sur l’allègement de la dette prenait fin le 31 mars 2009. Alors, si la Côte d’Ivoire n’avait pas été qualifiée à cette date, nous n’aurions plus la possibilité d’avoir cet allègement de la dette. Nous avons donc pensé que c’était un problème national, qu’il fallait s’engager à ce que nous puissions contribuer à obtenir cela. Et souvenez-vous que le Fonds monétaire a adopté ce programme le 29 mars et la Banque Mondiale, le 31 mars. C’était vraiment de justesse. Maintenant ceci étant fait, il faut que les engagements qui ont été pris par le gouvernement soient respectés pour que l’allègement ait lieu. Et l’un des engagements, même si ce n’est pas écrit, c’est la conditionnalité politique. On ne parlera jamais de cela, mais j’ai quand même présidé le Conseil d’administration du Fonds sur d’autres pays quand j’y étais. On ne parlera jamais de conditionnalité politique, mais les gens pensent que cela existe. Alors, tant qu’il n’y aura pas d’élections, il n’y aura pas d’allègement total. Il ne faut surtout pas se faire d’illusions. Pour nous, l’allègement en question, c’est à partir de 2011. Et notre programme en tient compte. Parce que nous, nous disons que 2010 sera encore une période d’ajustement de resserrement des boulons, pour nous permettre en 2011 d’avoir tous les avantages du point d’achèvement.
Pour l’utilisation des ressources, j’en ai parlé. Dans les 10.000 milliards, j’ai indiqué qu’une partie concernait les ressources intérieures, mais également l’allègement de la dette et la contribution du secteur privé en matière d’investissement. Dans ce cadre, bien sûr tous les secteurs sont concernés. Et d’ailleurs, dans ce vaste programme d’investissement, les banques auront leur rôle à jouer. Quand je parle par exemple des crédits aux PME, des crédits bonifiés, tout cela doit passer par le système bancaire. Les systèmes de micro-crédits s’appuient aussi sur les banques. Je voudrais rassurer les uns et les autres en disant qu’en réalité, les bonifications doivent être à la charge de l’Etat. Toutes les interventions de l’Etat doivent être calculées et budgétisées. Que l’on sache combien cela va coûter et pourquoi on fait un tel sacrifice. Alors pourquoi on veut bonifier les taux d’intérêt au PME. Si le taux normal est à 10 %, pourquoi est-ce qu’on veut leur faire des prêts à 2 ou 3 % dans certaines périodes pour leur permettre de redémarrer. A prendre ainsi, la différence d’intérêts doit être dans le budget de l’Etat, pour qu’il n’y ait pas de difficultés après six mois et qu’on court après des ressources ou des prêts des entreprises ou encore des prêts exceptionnels du système bancaire, pour pouvoir boucler les fins de mois. Il faut des pratiques financières saines et surtout transparentes. Ceci s’applique d’ailleurs au secteur informel. Comment intégrer le secteur informel au secteur formel ? C’est en leur faisant comprendre qu’ils ont intérêt à y aller parce qu’ils auront des financements. C’est un élément essentiel. Parce que très souvent, dans le secteur informel, les gens au finish ne se font pas d’argent. Après trois ou quatre ans, ils ont plutôt des dettes. Parce qu’au départ, il y a une confusion entre chiffre d’affaires et bénéfices. Il faut donc les encourager par des systèmes de prêts bonifiés et autres. De sorte qu’ils comprennent qu’à long terme, ceux-ci peuvent leur permettre d’avoir la capacité d’être dans le secteur formel.
J’ai également noté la question sur les mesures pour le train de vie l’Etat. Là évidemment, je peux me référer à mon expérience de 90. Je pense que beaucoup, comme Pierre Magne, étaient là quand nous avons pris des mesures extraordinaires pour réduire le train de vie de l’Etat. Vous savez, passer de 40 ministres à 20, ce n’était pas chose facile. Et sur les 20 ministres que j’avais, il y en a que 7 qui avaient été reconduits. Donc 33 avaient perdu leurs «Marocains ». C’était un véritable tremblement de terre. Je pense qu’il le fallait, parce que c’était bon pour la Côte d’Ivoire de renouveler les choses. Et il faudrait encore y passer ; la cure sera amère, mais il faut bien sûr, que le train de vie normal de l’Etat devienne compatible avec la situation du pays. Je me souviens qu’en 90, la situation était désastreuse. Et quand j’ai formé mon gouvernement, je ne cessais de recevoir des lettres de félicitation. Et il y a des gens qui me disaient : «Alassane, tu fais du bon travail. Mais après six mois, il faut partir. Parce que la situation est telle que tu ne vas pas tenir ». Voyez-vous à quel point la population avait besoin de ce changement. Les gens estimaient qu’il y avait beaucoup de gabegies, avec trop de ministres qui avaient chacun des dizaines de véhicules dans leur parc, etc. Les populations ressentaient cela comme une arrogance du pouvoir. Il fallait donc y remédier. Ce n’était pas facile. Je crois qu’on a fait ce qu’on a pu. Bien sûr, les ressources dégagées d’un côté ou de l’autre devraient permettre surtout d’aller dans l’investissement. C’est pour cela que j’ai indiqué qu’il n’y a pas seulement le côté recettes pour le financement des 10.000 milliards de notre programme. Mais il y a aussi le coté d’une meilleure gestion des dépenses publiques. Si nous économisons sur ces postes, c’est bien sûr pour financer également l’investissement public.
Pour les infrastructures, nous prévoyons un volume de 3.500 milliards. Je pense que nous sommes en phase. Nous, nous considérons que c’est important. Et que tous les ministères concernés et le BNETD doivent être chargés des études pour le lancement des appels d’offres et de rattrapage au niveau des infrastructures. C’est pour cela que notre programme détaillé est très lourd. Alors, quand nous allons dans chaque région, nous indiquons ce que nous allons faire comme bitumage et renforcement de route. Nous indiquons ce que nous allons faire pour la réparation des pompes villageoises, que nous avons préalablement identifiées et recensées. Nous leur disons le complément à faire dans ce secteur en fonction de la densité démographique et le nombre de nouveaux forages qu’il faut. C’est la même chose pour les centres de santé. C’est ainsi que nous avons recensé les centres existants, pour savoir où il faut les rénover, où il faut envoyer des médicaments, où il faut faire construire de nouveaux centres. C’est ce qui nous a amené à voir, compte-tenu de l’emplacement des villages, qu’il faut qu’il y ait un centre de santé pour chaque citoyen à partir de 5 kilomètres de son lieu d’habitation. C’est-à-dire que chaque village de plus de 500 habitants doit avoir un centre de santé. Pour les écoles, c’est la même chose. Nous avons procédé à un recensement. Et dans chaque région, nous sommes en mesure de dire : voilà ce qu’on fera comme nouveaux centres de santé, comme rénovation, comme réhabilitation et construction d’écoles primaires, de classe, de collèges ou de lycées. Pour l’électricité, l’eau, ce sera la même chose. Nous avons donc fait un très bon recensement dans ces domaines-là pour être sûr de ce à quoi nous aurons à faire. Parce que si vous n’améliorez pas la qualité de vie des citoyens, vous continuerez d’avoir un déversement des populations sur la capitale et sur les grandes villes régionales. En ce moment-là, vous n’aurez pas résolu le problème. Il y a donc un besoin de rattrapage. Il y a aussi un besoin d’investissements nouveaux. Ce sont des sommes importantes. Mais je disais également que ce sont des domaines où la coopération internationale est facile à obtenir. J’ai vu cela en Tanzanie, au Kenya et ailleurs. Là-bas, quand il y a eu la libération de l’économie, les ressources dans ces secteurs sont venues en quantité importante. Pour la Côte d’Ivoire, notre avantage est d’avoir une administration toujours performante. Il suffirait d’une meilleure organisation et d’identifier un calendrier d’exécution de toutes ces tâches. Nous avons également des entreprises de qualité ici. Je suis donc confiant que sur ce secteur de l’amélioration des infrastructures et du cadre de vie, les choses pourront aller très vite. Et cela aura pour avantage de créer des emplois pour les jeunes. C’est donc un impératif pour nous.
M. Jacob Anemateco
Merci M. Le président, c’est une question de précision que je vais poser. Pour améliorer l’accès au crédit, vous préconisez la mise en place d’une ligne de crédit de 500 milliards. Est-ce que cette ligne de crédit de 500 milliards, viendra au refinancement au crédit que prennent les banques ou sera-t-elle logée à l’intérieur d’une structure étatique qui va faire des crédits directs aux PME- PMI comme signalée?
M. Sam Koua
Pour le financement du secteur privé (…) quelle est votre vision sur le niveau du système financier pour accompagner cet investissement?
M. Sogoné
M. Le président, vous aviez dit que nous devrions devenir la locomotive de l’intégration de l’Afrique de l’ouest. Mais concrètement, qu’est ce que cela veut dire? Comment ferez-vous concrètement? Est-ce que vous allez modifier les traités actuels qui disent un pays, une voix? Comment vous allez faire sachant qu’il n’y a pas de politique de sanctions ? (…) L’on parle de plus en plus de la création d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest pour les pays de la CEDEAO. La Côte d’Ivoire va-t-elle adhérer à cette monnaie unique ou bien allons-nous continuer à rester dans la zone franc? Quels seront les avantages pour l’économie ivoirienne dans chacun des cas?
M. Bakayoko
Ma question est à deux volets. La première qui est économique porte sur les relations entre notre pays et les institutions internationales. Dans les années 90, ces relations ont été marquées par les ajustements structurels qui semblaient être pour nous des diktats. Aujourd’hui, comment vous envisagez ces relations? S’agit-il des relations d’accompagnement, des relations d’aide ou des relations de coopération qui sont basées sur notre volonté, notre vision?
La seconde question est en rapport avec les relations internationales où on voit de plus en plus que la Chine prend un rôle important. Ces relations qui s’établissent suscitent bien évidemment beaucoup de commentaires. Parce l’Afrique n’a pas encore le bilan de sa relation avec le monde occidental. On a parlé de relations du cavalier et du cheval. Avec l’Asie, on ne sait pas comment qualifier ces relations. Que fera la Côte d’Ivoire pour rétablir des relations véritablement profitables avec la Chine?
M. Diallo Ousseynou
M. Diallo Ousseynou
M. Le président, mon intervention aura trait aux accords de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays ACP. (…) Quelle est votre opinion sur la signature de cet accord intérimaire? Et quelles mesures prendrez-vous pour renforcer les capacités des entreprises ivoiriennes en cette période de sortie de crise afin de leur permettre de faire face à la libéralisation des échanges et donc à la concurrence sauvage qui interviendra immanquablement dans les prochaines années?
M. Bilé (FENUCI)
M. Le président, quels sont les secteurs que vous pensez être prioritaires pour l’économie ivoirienne de demain, qui constitueront le levier de développement de la Côte d’Ivoire et quelles sont les actions que vous comptez mettre en œuvre afin que ces secteurs jouent leur rôle de levier économique?
M. Nanga
(…) Ma question concerne l’utilisation des terres agricoles pour la culture de plantes destinées à la production d’agro-carburant. Qu’en pensez-vous? Et deuxième question, nous observons une tendance dans les pays africains, que certains financiers ont développé et qui se portent candidats à l’achat de grands espaces agricoles à l’effet de produire certaines denrées, utiles à leur économie. Que pensez-vous de cette façon de faire ? Et quels moyens mettez-vous en place pour empêcher cela ?
M. Yoro Bi
(..) Je voudrais retenir deux points. Un sur le foncier rural et un autre sur le secteur du bois en particulier. De nombreux conflits fonciers perdurent nonobstant la loi sur le foncier rural. Et l’Etat ne semble pas suffisamment fort pour faire appliquer la loi. Nous voyons ainsi que beaucoup d’entreprises ont leur survie menacée lorsqu’il s’agit de replanter. Alors M. Le président, quelle lecture faites-vous de cette situation conflictuelle? Qu’envisagez-vous de faire pour résoudre ce problème qui peut être source de tension généralisée et porter un coup fatal au secteur privé et spécifiquement au secteur agro-industriel ? Deuxièmement, M. Le président, je voudrais ressortir la filière bois qui vit un paradoxe. (…) Il est sinistré. Plusieurs mesures ont été prises au cours de l’année 2009 pour sauver le secteur. Mais les dispositions fiscales en vigueur sont encore trop timides. Et nous voyons que le secteur va à sa disparition progressive. Quel est votre plan, M. Le président pour le redressement du secteur bois?
Mme Fatoumata
Marthe Ehui
(1ère vice-présidente de la fédération ivoirienne des PME)
(…) Nous avons une préoccupation majeure. Car une entreprise, c’est d’abord un marché. Et nous savons que les PME en Côte d’Ivoire, prospèrent dans le secteur des marchés publics. (…) M. Le président, que prévoyez-vous pour garantir à ces PME, un marché et leur assurer une chance d’accès au marché public?
Cissé Ladji
Il est de notoriété que la Côte d’Ivoire est une destination touristique par excellence, malheureusement, la longue période de crise a terni son image. Quelle est votre stratégie, une fois au pouvoir pour améliorer l ‘image de la Côte d’Ivoire afin de développer son potentiel touristique?
Mme Obou Carmen :
J’ai deux questions liées à la communication. La première concerne les technologies de l’information et de la communication. L’accès aux sites n’est pas du tout vulgarisé. Les chiffres que je vais vous annoncer le prouvent bien. Seulement 3,4% de la population utilise l’Internet. Et 0,1 % dispose de sa propre connexion. Et de plus, on note que le dispositif juridique dans le code des télécommunications, est complètement inadapté. Quelle est votre politique en faveur des TIC?
Ma deuxième question est liée à la libéralisation de l‘espace audio-visuel. Et dans les accords de Linas-Marcoussis, il a été décidé de l’ouverture de l’espace audio-visuel en Côte d’Ivoire. Mais ce point de l’accord n’a pas été du tout exécuté et aucune voix ne s’est élevée pour revendiquer l’application de ce point. Même pas l’opposition qui a été très exigeante quand il s’est agi des autres points de l ‘accord. Même le dernier accord, celui de Ouagadougou fait également un silence radio sur la question de la libéralisation de l’espace audio-visuel. Nous, professionnels du domaine, sommes inquiets quand on sait que la libéralisation de l‘espace audio-visuel est la pièce maîtresse d’un bon jeu démocratique. Quelle est votre vision sur cette question et que comptez-vous faire. (…) Je n’ai pas vraiment perçu sa vision sur la sécurité sociale quand on sait qu’à peine 10% de la population active est couverte et avec les pensions de retraite qui sont imposées (…) ainsi le salaire de la femme mariée légalement qui est imposée de façon injuste, en déphasage avec les réalités du terrain, car je sais que M. Ouattara est très sensible à tout ce qui touche à la femme.
Mme Duncan
M. Le président, quelle politique comptez-vous mettre en place pour l’emploi ainsi que pour la reduction du chômage? Notamment celui des jeunes.
l ADO : Je vous remercie ! Pour la ligne de crédits, moi je ne souhaite pas de concentration dans les décisions de bonification. Je crois que chaque secteur doit jouer son rôle. Et comme je le disais tantôt, le secteur bancaire doit jouer son rôle. C’est vrai qu’il y a des Banques d’Etat, elles peuvent bien sûr participer. Mais il n’est pas question de donner le monopole à une structure d’Etat ou à une seule structure pour faire ce relais de financement. Pour la question de la capitalisation des Banques et du niveau de l’épargne intérieur, c’est vrai, mais comme vous le savez, nous avons en réalité une économie qui n’est quasiment pas en croissance. C’est cela la difficulté. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai demandé à nos experts de nous assurer qu’en ayant un tel volume d’investissements, l’impact inflationniste n’aura pas un problème majeur. Parce que ce sont tout de même beaucoup de flux d’argent dans le système en quelques années, après des années de sécheresse. Il peut y avoir une inondation, donc une inflation assez rapidement. Mais on me dit que cela peut être absorbé. Tout dépend effectivement de la capacité de l’Administration et du secteur privé à exécuter tout ce volume d’infrastructures. Et si vous le remarquez bien, le secteur privé a quand même le quart sur les 10.000 milliards. Mais nous, nous considérons que ce quart est en fait un minimum. C’est un minimum, malgré les appréhensions que nous avions au départ, à partir du moment où ceci est accompagné de capitaux privés extérieurs qui rentrent en Côte d’Ivoire. Alors, comment la Côte d’Ivoire peut redevenir le leitmotiv de l’Afrique de l’Ouest ? Je pense qu’elle est encore le leitmotiv, sauf qu’elle est essoufflée. Ce n’est pas qu’il y a de nouvelles initiatives, mais c’est par la force de son économie. Et moi j’ai toujours été très fervent de l’intégration. J’estime que nous avons tout avantage en Côte d’Ivoire à être en intégration avec les autres, parce que nous avons toujours le meilleur tissu industriel, nous avons la meilleure administration, nous avons les plus grandes capacités d’exportation. Il est donc évident pour moi que dans l’intérêt de notre pays et indépendamment de tous les aspects politiques, qu’il fallait vraiment travailler à l’intégration. C’est nous qui en profitons le plus, même si ceci devait conduire effectivement à des situations qui ne sont pas tout à fait moderne. L’égalité de vote par exemple dans les conseils d’administration et autres. Mais disons que c’était le prix à payer pour les avantages financiers que nous tirons de l’intégration. Pour moi, il n’est donc pas question de remettre en cause notre politique d’intégration, mais plutôt de retrouver notre place dans le dynamisme de notre économie. Et en conséquence, d’avoir un marché plus vaste pour l’exportation de nos produits. Pour ce qui est de la monnaie unique ou zone franc, c’est une question sur laquelle j’ai travaillé en 1975 quand j’étais Directeur des études de la BCEAO. Cela fait aujourd’hui 34 ans. Nous avions posé quelques conditions simples. Il fallait au mieux qu’il y ait deux zones monétaires à l’aboutissement du processus. Je n’ai pas suivi ces questions depuis des années. Mais on pensait qu’il y aurait le Nigeria d’un côté et les autres pays de la CEDEAO de l’autre côté. Pour nous, c’était cela l’objectif. Et après, les deux zones devaient former des ensembles presqu’égaux, qui pouvaient être à parité fixe. Comme c’est le cas entre nous et l’Euro ou le franc français qui garantissait que la Côte d’Ivoire gardait sa prééminence, puisqu’en ce moment-là, le Ghana était loin derrière nous. On avait donc bien étudié le dossier. J’avais même entrepris des démarches auprès du Ghana. Pour cela, je suis allé voir le Président Rawlings pour l’encourager à entrer dans la zone Franc. Il y a eu aussi, en son temps, des démarches des ghanéens pour entrer dans cette zone Franc. Nous avions également eu des contacts avec le Libéria, toujours quand j’étais Directeur des Etudes. Le gouverneur Fadiga m’avait fait faire toutes ces missions pour que le Libéria également envisage de venir. Aussi, il y avait bien sûr la Guinée. Nous avions une politique cohérente de faire en sorte que les autres pays de la zone CEDEAO, notamment anglophone, viennent avec nous dans le cadre monétaire que nous avons et qui fonctionne bien. Et que de l’autre côté, il y ait le Nigéria. Maintenant, à l’intrieur de cet arrangement, nous savions aussi que l’Euro était en perspective et que tôt ou tard nous serons accrochés à cette monnaie. Le Nigeria aussi aurait sa monnaie de la même façon accrochée à l’Euro, de sorte que nos deux monnaies soient en fonctionne ment parallèle. Mais je ne sais plus aujourd’hui où est-ce qu’on en est. Mais ce sont des questions techniques et de négociation. Le plus important pour moi, dans toutes ces négociations, depuis plus de 30 ans que je l’ai fait, c’est qu’il faut voir d’abord l’intérêt duays. Si c’est dans notre intérêt, il faut amener les autres à essayer de nous suivre. Et les négociations doivent se poursuivre jusqu’à ce que nous puissions atteindre nos objectifs. Pour les relations entre la Côte d’Ivoire et les institutions internationales, vous savez, il est difficile d’aller contre les opinions. Mais ce qui me chagrine, c’est dans ces relations de coopération avec les institutions de Bretton-Woods, les uns et les autres ne disent pas ce qui se passe en réalité. Je peux attester que nous, nous n’avions pas accepté des choses imposées par le Fonds monétaire international quand j’étais Premier ministre. Je prends par exemple la mesure de réduction des salaires que les autres ont acceptée. Nous, nous l’avons refusée. J’ai dit à la mission du Fonds que c’est quelque chose que nous n’acceptons pas. Et c’est à partir de là que nous avons commencé à négocier. Il fallait trouver d’autres endroits de réduction des dépenses. C’est ce qui a motivé tout ce que vous savez sur la réduction du train de vie de l’Etat. On aurait pu faire comme tous les autres, c’est-à-dire, réduire les salaires plutôt que de réduire le train de vie de l’Etat. Mais moi, j’ai opté pour la réduction du train de vie de l’Etat. Deuxièmement, pour ce qui est de la Caisse de stabilisation (CAISTAB), le dossier, c’était le PASA (Plan d’ajustement structurel agricole). Le PASA, au tout début, avait pensé à la dissolution de la Caisse de stabilisation. Mais j’ai refusé. J’ai dit que je suis d’accord pour qu’il y ait plus de transparence et qu’à la limite, la Caisse devienne comme un opérateur, c’est-à-dire qu’elle peut aller sur le marché, acheter, transporter et vendre. Mais que je n’accepte pas que la caisse soit dissoute. On peut avoir un organisme d’Etat, mais qui fonctionne comme un organisme privé appartenant à l’Etat. Je leur ai dit que moi je l’ai accepté au Ghana. Quand j’avais la négociation du programme avec le Ghana, j’avais accepté que le ‘’Cocoa Board’’ continue. Je ne voyais donc pas pourquoi la Caisse de stabilisation devait disparaître. Malheureusement, dans les négociations, les uns et les autres ont accepté certaines choses et pas d’autres. Donc, quand on dit que le Fonds impose ou fait ceci, tout dépend des négociations. Si vous attendez que la situation se détériore, à tel point que vous n’avez plus le choix, évidemment vous acceptez tout. Moi, je considère que dans ces négociations avec ces institutions, c’est d’avoir un pouvoir de Et on doit pouvoir tenir en disant que sur telle ou telle chose ont n’est pas d’accord. Surtout que nous, nous sommes arrimés par une monnaie. Dans le temps, c’était le franc. Deuxièmement, nous avons le compte d’opération. J’étais donc arrivé à la conclusion qu’à l’avenir je peux faire des déficits autant que je veux. Parce que c’est financé par le Trésor français et non pas par moi. J’avais tout mon temps pour négocier ce que je voulais. C’est donc une question de négociation et de compétence par rapport à ces Institutions. On n’est pas obligé de tout accepter. Alors si les gens acceptent des choses contre les intérêts de leurs populations, c’est parce qu’ils ont bien voulu le faire. Je ne souhaite pas continuer ce débat, parce que j’estime que nous devons pouvoir aller au point d’achèvement en restructurant nous-mêmes la politique économique pour les avantages que nous voyons pour l’économie ivoirienne et pour nos compatriotes. Il faut comprendre quand même qu’un expert qui vient de l’extérieur ne peut pas connaître mon pays plus que moi. C’est cela le point de départ des négociations, en ce qui me concerne. Amadou Gon Coulibaly était conseillé technique avec moi. Il peut témoigner le fait que dans ces négociations, nous avons toujours anticipé nous-mêmes certaines choses que nous voulions faire. Et c’est à partir de là que nous avons eu le soutien financier de la Banque Mondiale et autres, pour pouvoir les faire au rythme que nous voulions. Parce qu’il faut savoir que le financement sert à gagner du temps. Si on a tout son temps, on n’a pas besoin de financement. Dans une situation économique de crise, l’intervention du Fonds monétaire ou de la Banque Mondiale, c’est de vous donner des ressources qui vous permettent de prendre le temps pour faire les réformes que vous voulez faire. Parce que vous ne voulez pas qu’elles soient trop brutales. Je le disais avec le Compte d’opération. Balladur (Premier ministre français à l’époque, ndlr) l’avait d’ailleurs compris. Je lui disais : « Comme vous ne voulez pas nous aider, alors le Compte d’opération va financer à votre place ».
Concernant la question sur les relations Chine-Afrique, je pense que c’est un faux débat. Tous les pays sont les mêmes pour la Côte d’Ivoire. Nous avons des liens particuliers avec certains et moins avec d’autres. Mais le financement est le même. Ce que l’économie ivoirienne souhaite, c’est d’abord des ressources pour son développement qui doit se faire aux conditions que nous, Ivoiriens, allons arrêtées. Mais, je n’accepterai pas certaines clauses ou certaines conditions que les chinois voudraient peut-être imposer à notre pays. Je ne peux pas accepter qu’un projet soit financé avec des capitaux extérieurs mais aussi avec la main-d’œuvre extérieure. Parce que, à quoi cela me servirait si le financement d’un projet ne me permet pas de créer des emplois pour mes concitoyens ? Il faut donc des grands principes au niveau du politique qui détermine la position du pays en fonction de nos intérêts. A partir de là, je crois que les Chinois s’y conformeront. Si dans d’autres pays, les choses se passent autrement, c’est bien parce que ces pays ont accepté. Donc, l’argent chinois ne m’effraie pas. Car, je n’accepterai pas l’argent à n’importe quelle condition.
Il en est de même pour l’Accord de partenariat économique (APE). Cet accord, selon les informations que j’ai, il fallait le signer parce que c’était dans notre intérêt. Je trouve donc que c’est une bonne chose. Reste maintenant à prendre les mesures d’accompagnement, pour que ceci soit bien intégré dans notre objectif. On me dit que pour l’APE, l’Union Européenne est prête à donner les financements nécessaires pour permettre au pays de se mettre à niveau. Pour tous ces dossiers, comme je l’ai dit, c’est une question de négociation. Il faut s’assurer en donnant des objectifs clairs aux ministres qui vont négocier. En leur disant qu’il y a deux ou trois points sur lesquels ils ne doivent pas bouger. Et même s’ils doivent bouger, il faut qu’ils vous appellent pour dire que sur tel point, il y a un blocage. A partir de là, je pense qu’on arrive à obtenir le résultat que l’on souhaite.
Il faut dire qu’il y a tout de même de bonnes possibilités pour notre pays après les élections. Nous devons tout faire pour les engranger, surtout pour permettre de remonter très rapidement le taux de croissance économique.
ADO : J’ai noté au total sept questions. Mais, certaines s’intègrent à d’autres. La première concerne le ou les secteurs prioritaires et les actions à mettre en œuvre. J’ai déjà eu cette question et j’étais très embarassé. Parce qu’en réalité, tout est prioritaires, compte-tenu de l’état de délabrement de notre pays. J’ai beaucoup réfléchi à cela et je me suis dit qu’il faut peut-être commencer par la santé. D’abord, parce que c’est un élément de base pour tout le reste. Deuxièmement, parce que c’est un domaine où le financement est également facile à obtenir. Avoir des médicaments, construire ou rénover des centres de santé, ce sont des choses qui peuvent aller très rapidement, sans trop de difficultés et dans des enveloppes raisonnables. Je crois que cela ne demande que 400 milliards. Mais la réalité est que tous les secteurs sont prioritaires. Que ce soit les infrastructures ou bien d’autres. Et là, j’en ai vu l’exemple. Car, sur les 19 régions du pays, j’en ai déjà visité 13 depuis le mois de mai 2009. J’ai vu l’état dégradé des routes et des pistes. Ceci, non seulement pour le passager que j’étais, mais également pour les agriculteurs. Comment évacuer les produits ? Comment permettre ceci ou cela ? Autant de questions qui indiquent qu’il y a également beaucoup à faire dans ce secteur des infrastructures.
Ensuite, nous avons l’école. Et je pense que ce sera sans doute le secteur le plus difficile. Je trouve que la création d’emplois moyens sera plus facile que la solution du problème de l’école. Parce que là, on a vraiment un problème de fond depuis quasiment 20 ans. La FESCI date de 1991, quand j’étais Premier ministre. D’ailleurs, j’ai rencontré récemment Martial Ahipaud. Ces jeunes gens ont pensé à un moment donné qu’il fallait prendre une direction qui peut-être pour eux, était ce qu’il fallait pour obtenir de meilleures conditions pour leur catégorie sociale. Et malheureusement, tout cela a évolué en drame. Aujourd’hui, l’école est vraiment le problème majeur. Je ne dis pas que ce sera la priorité, mais ce sera le problème le plus difficile à résoudre. Pour cela, j’ai demandé au corps des enseignants républicains de me préparer quelque chose de très spécifique sur la question de l’école. Parce que c’est un domaine tellement vaste et tellement difficile que ce n’est pas dans un programme de gouvernement qu’on peut le traiter. Sauf de dire à grands traits ce qu’on va faire, comme construire de nouveaux campus autour d’Abidjan et des universités dans les régions. Ces questions d’infrastructures sont plus faciles à régler. Mais au-delà, c’est toute la qualité de l’enseignement, toute la mentalité des élèves et étudiants et toute la culture morale que les jeunes doivent avoir pour l’avenir. C’est bien pour cela que je pense que c’est le secteur le plus difficile, où il faut un véritable travail de fond dans lequel il faut associer tout le monde. Peut-être que cela demandera de long mois de discussions, de conférence et de séminaires, mais je pense que c’est important. Parce que pour moi, ce n’est pas seulement avec de l’argent qu’on peut résoudre le problème de l’école, contrairement à d’autres secteurs. Parlant de l’agriculture, il est clair qu’il faut très peu pour que la Côte d’Ivoire soit auto-suffisante. Pour le riz parexemple, si nous avions eu la chance de rester trois ou quatre années de plus, la Côte d’Ivoire aurait été autosuffisante en riz. Puisque nous avions un programme développé, identifié et dont le financement avait été obtenu. La culture et la production du riz devraient être multipliées par quatre ou par cinq. Malheureusement, tout cela a été délaissé. Et nous en voyons les conséquences aujourd’hui avec toutes ces centaines de milliers de tonnes qui sont importées pour notre alimentation.
Toujours, dans le cadre de l’Agriculture, une question est relative à l’utilisation des terres agricoles pour l’agro carburant. Pour nous, une chose est certaine. C’est que la terre, c’est d’abord pour nourrir les citoyens. Je ne connais pas l’expérience brésilienne et les autres par rapport à l’agro carburant. Je n’en connais pas la capacité pour notre pays. Je ne voudrais pas être expert sur des choses que je ne connais pas. En tout cas, mon objectif est clair. C’est que nous devons d’abord atteindre l’autosuffisance. Et ceci est ma priorité. Pour l’utilisation des terres pour la production de certains produits spécifiques d’exportation et autres, je pense que tout homme politique doit se souvenir de ce qui s’est passé à Madagascar. Il me paraît normal qu’on essaie d’avoir la production la plus diversifiée, en commençant par les produits vivriers. Bien sûr, en ne négligeant pas les produits d’exportation. Et ce qui a manqué, c’est aussi la transformation de tous ces produits. Quand on prend le café cacao ou l’anacarde qui est encore peu, il faut maintenant passer à cette autre étape pour nous permettre de profiter un peu mieux des valeurs ajoutées de ces secteurs.
Pour le foncier rural, la loi existe. Je crois qu’elle a été votée depuis 98. On me dit qu’il y a une application et que cela date de seulement un an. Je pense que c’est très lent. La sensibilisation doit être faite en avance. C’est pour cela que les choses ont pris du temps. Mais, apparemment, c’est quelque chose qui est engagé. Les résultats sont peut-être modestes pour le moment. Mais je pense qu’il y a une volonté d’aller de l’avant et d’appliquer cette loi.
Concernant le bois, c’est un domaine où il y a l’aspect environnement et l’aspect exportation. Là également, je pense que c’est un domaine dans lequel il faut avoir des choses assez précises. Donc, je ne voudrais pas être précis sur des choses où je n’ai que des idées générales. Mais il est clair qu’un équilibre doit être trouvé pour protéger l’environnement et surtout pour la reconstitution du domaine forestier.
Alors, les Petites et Moyennes Entreprise (PME) et les Marchés Publics. C’est vrai, vous avez raison de dire que le gré à gré est devenu la situation générale plutôt que l’exception. Comment protéger les PME ? Nous, nous avons une place importante pour les PME dans notre programme. Je vous l’ai dit tout à l’heure. Que ce soit en matière de crédits ou de bonification de crédits, en matière d’encadrement et de formation, il va s’en dire qu’il faudrait faire cela. Je me souviens d’ailleurs, il y a 30 ans de cela, quand nous avons commencé à construire les sièges de la Banque centrale dans les différentes capitales, évidemment la plupart des sociétés qui ont remporté le marché étaient de grosses sociétés françaises. Mais nous avions déjà à cette époque, mentionné dans tous les appels d’offre, l’obligation pour ces grandes sociétés de s’associer avec des PME. C’est une politique qui a vraiment bien marché. Et certaines de ces PME sont même devenues de grosse société par la suite. Au Mali comme au Burkina, je sais qu’il y a des cas importants de ces PME qui ont commencé avec des petits travaux d’électricité ou de plomberie. Mais aujourd’hui, ce sont de grandes entreprises de travaux publics qui font des routes et autres. Et qui vont même au-delà de leurs pays. Je pense donc qu’il faut insérer les PME dans le système des appels d’offres avec les grosses sociétés. D’abord, ne serait-ce que pour l’expérience de la préparation du dossier. Mais également, la possibilité pour elles d’être aux côtés des grosses entreprises pour ces travaux et pour acquérir l’expérience nécessaire pour être aussi de grandes entreprises. Parce qu’en tant que libéral, mon point de vue est que la protection ne résout jamais les problèmes de manière durable. On peut protéger pendant un certain temps. Mais en réalité, protégé pendant trop longtemps tue l’entreprise. Il faut donc aider ces PME à évoluer. C’est comme cela que je vois les choses.
La promotion touristique également.
Le problème des nouvelles technologies aussi, nous en parlons abondamment. Et même d’ailleurs, dans chaque région quand nous faisons la présentation de notre programme nous indiquons combien nous allons investir pour l’amélioration du système de télécommunication.
Concernant la libéralisation de l’espace audio-visuel, je suis au regret comme vous, de constater les choses avec vous. C’est un domaine qui me chagrine un peu. Mais souvenez vous que c’est nous qui avons commencé la libéralisation dans le domaine radio.
Souvenez-vous qu’après le multipartisme, il n’y avait pas d’autres radios que la radio nationale. Je me souviens que c’est nous qui avons donné les licences à BBC, à RFI et autres. Tout ce programme devait continuer, y compris avec la télévision. Nous avions un planning pour qu’en cinq ans, on ait non seulement des radios privées qui devraient aller plus loin que faire de la musique. Egalement, nous avions comme ambition d’avoir des télévisions privées. Mais aujourd’hui, je note que depuis 15 ans, rien de tout cela n’a bougé. Depuis notre départ des affaires, rien n’a bougé. On me dit qu’il y a de nouvelles lois qui ont été votées récemment par le gouvernement. Et que ces lois, apparemment, sont très bonnes. C’est ce que mes experts me isent. Alors, je trouve que c’est une très bonne chose. Ceci me tient à cœur parce que la liberté d’expression est le fondement de la démocratie. Alors, si nous n’avons qu’une seule télévision comme c’est le cas aujourd’hui, qui est totalement aux ordres d’une seule personne, d’un seul parti, d’une seule opinion, ceci ne peut être bon pour la démocratie. Je souhaite donc qu’il y ait véritablement l’ouverture de l’espace audiovisuel. Pour la démocratie, cela me paraît essentiel.
Les questions de sécurité sociale, j’en ai brossé dans mon exposé, sans trop m’étaler là-dessus. Vous avez donc raison de le mentionner. C’est un des domaines importants pour nous. Nous avons d’ailleurs eu des entrepreneurs ui ont travaillé avec nous sur notre programme de l’assurance maladie. Certains sont dans cette salle. C’est sûr que c’est un système qui n’est pas cher et qui peut être subventionné pour les plus pauvres. Ce système va permettre d’avoir des soins gratuits dans les hôpitaux publics et dans les centres de santé. Nous avons bien travaillé sur ces dossiers, en faisant de sorte qu’ils soient financés. Parce que comme vous le savez, il est bien d’émettre des idées et ne pas avoir le financement en face. Là, c’est vraiment du leurre. Donc notre programme, selon les médecins qui ont travaillé là-dessus, est un système réel, qui est déjà appliqué d’ailleurs dans certaines Entreprises de la place. Pour la question du genre, il y a bien sûr Mme Diabaté qui est là pour nous rappeler à l’ordre. Nous sommes donc bien disciplinés et soyez sûr que tout cela est bien intégré dans notre programme. Mais, il faut aussi reconnaître qu’après Marcoussis des questions du genre ont été réglées, surtout en ce qui concerne la nationalité pour l’homme qui décide d’épouser une Ivoirienne, comme cela est fait dans l’inverse. C’est bien. Je pense qu’il reste encore des ajustements à faire, en ce qui concerne cette question sur le genre. Et nous y travaillons. En fait, le tout n’est pas de faire des textes, il faut les appliquer. Cela nous ramène donc au problème de la justice est de l’Etat de droit. Ce sont des questions importantes pour nous tous.
La politique de l’emploi, je crois que j’en ai également parlé dans mon exposé. Nous avons prévu la création d’un million d’emplois, pour un investissement de 600 milliards. Cela est inscrit dans notre programme, notamment dans le chapitre concernant les jeunes.
D.Samou