L`affaire du détournement dans la filière café-cacao, a enregistré une nouvelle donne. Des parents des prévenus dont des mères, en visite, ont dénoncé la prolongation de la détention préventive de leurs progénitures, exprimé leur colère et leur mécontentement contre le procureur de la république, pour la prolongation de la durée de la détention préventive. Ainsi la mère de Mme Agbalessi Dominique, ex directrice des affaires administratives et financières (Daaf) de l`Autorité de régulation de la filière café cacao (Arcc), a crié son ras-le-bol. "Depuis 17 mois, ma fille est en prison. Le procureur Tchimou dit qu`elle a fait un "détournement massif", qu`il nous montre les preuves, au lieu de faire des audits à répétition. Allez dire à Tchimou qu`il libère ma fille ! Je reste ici (Maca) jusqu`à ce qu`on libère ma fille. Je me constitue prisonnière. Nous sommes au nombre de 24 ! Je suis prête à mourir s`il le faut. Nous sommes tous Ivoiriens ! Je n`ai plus rien à perdre ! Que Tchimou libère ma fille ! 17 mois en prison loin de sa famille, de ses enfants !" a-t-elle lancé, ulcérée. Elle a été soutenue par Mme Bernadette, les larmes aux yeux, la mère d`une prévenue, ex directrice générale d`une d`importante firme avicole, vêtue d`un ensemble pagne, qui a confié : "Le père de ma fille est complètement déprimé. Nous sommes déterminées ! Nous irons jusqu`au bout. 17 mois, trop, c`est trop ! Que Tchimou libère ma fille ! Rien ne justifie la présence en prison de cette mère de famille" a-t-elle martelé, amère. L`époux de la même prévenue nous a confirmé que les parents, notamment les mamans, s`organiseraient pour manifester contre "la détention abusive" des siens. "Nous voulons manifester. Mais à chaque fois que nous projetons une action, celle-ci est vouée à l`échec. Nous ne savons pas qui est à la base. Ce que nous savons est que les mamans prévoient quelque chose. Elles se concertent. L`incarcération de ma femme est très difficile pour moi! Je suis ici tous les jours". Un haut cadre de ladite filière, arborant un tee shirt gris, un jean bleu et des sandales, que nous avons rencontré, visiblement exacerbé par l`interminable détention préventive et le refus de sa demande de liberté provisoire, a lancé : "ça va très bien, tout va bien ! Nous n`avons rien à nous reprocher dans cette affaire. Plusieurs audits ont été faits. S`il n`y a rien à nous reprocher, qu`on nous libère ! Que le juge soit humble, qu`il reconnaisse qu`il s`est trompé. Ils ont fait des recherches partout, chez les concessionnaires, à Western union etc. s`ils ne font pas attention, nous allons parler ! Nous allons même organiser une conférence de presse ici à la Maca !". Un baron bien connu de la filière, le visage rayonnant, cheveux bien coiffés, sourire aux lèvres, vêtu comme d`habitude d`une chemise pagne, d`un jean bleu et des sandales romaines, assis sur une chaise malaga, n`a pas eu le temps d`échanger avec nous lorsque le chef de la police, ayant constaté notre présence, a fait appeler notre interlocuteur pour, certainement le verbaliser. Il a tout de même laissé entendre : "Tout le monde parle, mais quand moi je parle, je m`attire tous les problèmes après". Impliqué dans le même dossier, Prosper Kouassi, ex-Daaf du Fonds de régulation de la filière, au nom des huit (08) hauts cadres de plusieurs structures de la filière, qui avaient introduit des demandes de mise en liberté provisoire le 09 novembre dernier, et qui a été refusée, a déclaré ceci. "C`est une situation dramatique que nous vivons". Depuis quelques jours, des collaborateurs des dirigeants de la filière café cacao ont marqué un sit in dans le greffe de la prison pour manifester son refus de liberté provisoire. Hier (ndlr mercredi), le directeur financier et des dirigeants des structures filiales dont Mme Sophie Dago, ex Daaf de la Bcc, Dominique Agbalessi Coffi, Daf de l`Arcc, l`ex Dg Simatp, Frc, Kouadio Sahié, ex dg de Sarem, Alfred Gnako, contrôleur général du Fgccc, Kra Banny de Sifca-coop et Lambert Digbeu Toh, ex-Daf du Fdpcc, ont passé la nuit dans le greffe de la prison. "Nous n`allons pas regagner nos cellules, face au refus du procureur de la République. Nous continuons notre piquet. Pour ne pas gêner les visites qui, du reste, sont vitales ici (en prison), nous avons déplacé notre mouvement au centre d`accueil des assimilés et au point des femmes. Les parents ne sont pas dans le sit in pour l`instant. Nous attendons toujours que notre demande de rencontrer le procureur de la République ait une suite. En cas de refus, nous tenons à alerter l`opinion. Les parents ne sont pas dans le sit in pour l`instant" a-t-il déclaré, très remonté. A la question de savoir s`ils se désolidarisaient des autres prévenus de la filière, il répond : "Il n`y a pas de solidarité en matière pénale. En matière pénale, chaque cas est un cas individuel. Chacun répond de sa responsabilité pénale. Nous sommes des salariés et eux, ce sont nos employeurs". Concernant le report du prononcé de la sentence de la cour d`Abuja (Nigéria), il a dit : "Les Daf n`ont rien à voir dans cette décision", a-t-il conclu.
SERGE AMANY
SERGE AMANY