On peut dire que c’est une prouesse qu’il vient de réaliser. Sétchi Georges, planteur de café-cacao à Soubré, se mue en un fin escroc. Il laisse tomber la machette et les bottes pour enfiler le costume de la roublardise. Georges atterrit en septembre à Abidjan pour, dit-il, faire des courses. Selon lui, il devait faire un retrait bancaire sur son compte domicilié à la Banque internationale pour le commerce et l’industrie de Côte d’Ivoire (Bicici). Georges a bien des idées malicieuses. Il fait croire à Ségbo Tchébo, un infirmier retraité, qu’il possède sur son compte soixante dix millions de Fcfa. Cependant, le fameux planteur affirme qu’il avait besoin de liquidité pour accomplir les formalités liées au retrait de son argent. Pour ce faire, il doit se rendre à sa banque, au Plateau. Le scénario est bien monté puisqu’il arrive à convaincre l’infirmier à la retraite. «Il est venu me voir. Il m’a demandé de lui donner 150.000 Fcfa pour qu’il fasse ses courses. Aussi, il m’a donné l’assurance qu’il avait assez d’argent pour me rembourser», affirme Tchébo qui remet donc à l’indélicat 150.000 Fcfa. Ce geste va lui coûter cher puisque le planteur déguisé en aigrefin prend la fuite avec les sous. D’ailleurs, il ne s’arrête pas en si bon chemin. Georges utilise la même tactique pour soutirer 50.000 Fcfa des mains de Mme Tano Nathalie. «Il m’a dit qu’il avait besoin d’argent pour se rendre à la banque et faire d’autres courses. Il avait promis me donner mon argent dès son retour du Plateau », explique Nathalie qui attendra en vain l’arrivée de celui qu’elle appelait affectueusement « Papa Bonheur». « Il m’a fait croire qu’il possédait plus de 60 millions Fcfa sur son compte bancaire. Donc, je lui ai fait confiance. Mais, je me suis lourdement trompée sur son compte », reconnaît-elle. Pour boucler sa sale besogne, Georges extorque 40.000 Fcfa des poches de N’dri Pascal. Après ses forfaits, le paysan s’évapore dans la nature avec ce totale de 240.000 Fcfa. Il ne reste pas dans l’ombre pour longtemps car un mois après les faits, Tchébo, qui a fait de la patience un chemin d’or, met la main sur l’escroc le 12 octobre. Celui-ci, levait le coude dans un maquis non loin de la place Ficgayo. «Je t’ai attrapé aujourd’hui. Tu me donnes mon argent où bien cela va se terminer devant le juge», laisse entendre la victime. Mais, Georges feint de ne pas reconnaître le doyen. Il nie l’accusation d’escroquerie lors de son audition au commissariat de police du 16ème arrondissement. A sa comparution à la barre du tribunal des flagrants délits de Yopougon, le 20 novembre, Georges réfute à nouveau l’accusation. Il plaide non coupable et tente d’influencer la juge. « Ils ont écrit du faux sur mon compte. Je suis un planteur de café cacao. J’ai un compte bancaire bien fourni à la Bicici. J’ai 70 millions de Fcfa en banque et je ne comprends pas pourquoi je vais escroquer des miettes. Je ne suis pas son escroc», se défend-il. La juge ne tombe pas dans le jeu. En réalité, tranche-t-elle, vous n’êtes qu’un escroc. «Vous pensez que c’est soixante dix millions de Fcfa qui peuvent m’intimider. Vous vous trompez lourdement », souligne la magistrate. Le parquet enfonce le clou. «Ce sont des individus qui sèment la confusion et la désolation. Il faut les extirper de la société», soutient le ministère Public. Le tribunal ne tient pas compte des dénégations de l’accusé. Il le condamne à six mois fermes assortis d’une amende de 100.000 Fcfa.
Ouattara Moussa (Stagiaire)
Ouattara Moussa (Stagiaire)