Le chef de l'Etat ivoirien en héraut a annoncé la guerre à la guerre; en restant ainsi dans sa logique d'affronter l'épée par l'épée, comme si le passé récent ne nous a pas servi de leçon. En effet, après le dépôt de sa candidature, le 16 octobre 09 dernier, dans une ambiance on ne peut plus propagandiste et époustouflante, Monsieur le Président Gbagbo, dans son style habituel a affirmé qu'il faut "désarmer par les armes". Cet amour inouï pour la violence va-t-elle réserver le pire aux Ivoiriens ? Les Ivoiriens seront-ils aussi amnésiques pour suivre ce discours martial tant les plaies béantes et les dégâts issus de la crise sont encore vivaces? Ce dont je suis certain, les Ivoiriens, dans toutes leurs composantes politico sociales sont fatigués d'une guerre qui n'a fait que ramener leur pays en arrière plan du développement et du bien-être et avec eux une communauté internationale lasse d'en supporter les conséquences qui lui coûtent en matériel, en hommes et en finances.
Les Ivoiriens qui n'avaient jusqu'au 19 septembre 2002 que la paix et le dialogue comme seules alternatives à toutes revendications se sont ravisés sur les effets pervers de la guerre. Aucun, hormis les caciques de la violence, aucun ivoirien dis-je ne serait prêt à se lancer dans une autre aventure guerrière. Et pour cause:
Les affidés des refondateurs, la galaxie patriotique, les milices et des militants du Fpi, parti au pouvoir, ont déjà fait l'expérience de l'ingratitude caractérielle de cette formation politique. Trop de frustrations ont affecté cette cohésion qui se faisait autour du président Gbagbo. Tous ceux qui, dès les premières heures de la crise, se sont bombés la poitrine, n'ont qu'une maigre pitance chaque jour que Dieu fait. Seuls les camarades et les proches du clan sont repus. Nombreux sont les déçus qui se l'épandent dans les journaux de l'opposition pour exprimer leur ras-le-bol. Cette frange de la jeunesse, victime d'une telle injustice accepterait-elle de redescendre dans l'arène pour servir de chair à canon? Par ailleurs, l'opposition sortant de sa torpeur donne de plus en plus de la voix et n'entend pas se laisser voler sa victoire.
"Nul n'a le monopole de la violence" dit l'adage. Un combat, surtout celui mené contre le peuple avec une armée aussi hardie que déterminée n'est jamais gagné d'avance. Cette opposition qui naguère se laissait faire ne voit plus les choses de cet œi1. Sa classe dirigeante se montre graduellement incisive. M. Anaky Kobena, président du mouvement des Forces avenir (Mfa) a tiré sur la sonnette d'alarme lors de son débat télévisé sur la 1ère chaîne de la télévision ivoirienne. La jeunesse du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Jrhdp) a donné une réplique à sa juste dose aux jeunes patriotes" qui voulaient coûte quel coûte empêcher la tenue des audiences foraines instaurant ainsi l'équilibre de la terreur. Au grand meeting-concerto de la Fondation espoir pour le Pdci (Fep) du samedi 29 Août 2009 au palais des sports de Treichville, son Président Zié Coulibaly a martelé "Allez leur dire, eux les militants du Fpi, que cette fois-ci s'ils restent tranquilles nous resterons sages; s'ils marchent, nous marcherons avec eux; s'ils courent nous allons courir avec eux; s'ils cassent, nous casserons ; s'ils brûlent nos journaux, nous allons brûler leurs journaux; s'ils descendent dans la poubelle nous allons les accompagner dans la poubelle ". C'est tout dire. Le Maire Rdr d'Adjamé, Youssouf Sylla, dans le 100e numéro de "Le Repère" du 04 septémbre 2009, a averti: "Quand le Rrd est engagé, c'est grave. Chez nous, on est bêtes. On fonce et on déménage; au Rhdp, nous sommes décidés comme on l'était au Front républicain ". C'est donc une opposition prête à en découdre que les élucubrations des frontistes ne sauraient perturber.
Les forces de l'ordre sur qui compte certainement le pouvoir ont aussi fait les frais de son ingratitude. Elles sont les mieux placées pour évaluer la teneur de la guerre. La mort a fait ravage dans leurs rangs laissant veuves et orphelins dans la misère et la désolation. Dieu seul sait comment ils sont traités aujourd'hui. Les quelques manifestations organisées çà et là résultent de leurs conditions de vie. En outre, la nouvelle trouvaille des manifestants lors des audiences foraines c'est s'attaquer aux familles et aux domiciles des corps habillés. Vont-ils se lancer dans une seconde guerre comme l'a annoncé le chef des armées et se battre sur trois fronts, la rébellion, la société civile, la protection de leurs familles? En faisant sa déclaration de guerre, Monsieur le Président semble minimiser la présence des forces onusiennes aidées dans leurs tâches de maintien de la paix par les forces Françaises de la Licorne.
Certes, l'Onu, ces derniers temps a beaucoup laissé sévir des dictateurs d'une nouvelle génération. Cependant, ne perdons pas de vue l'article 55 de la charte de l'Onu relative aux droits de l'homme qui stipule que "les Nations Unies favorisent le respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion". L'Onu va-t-elle se dérober de cette principale clause, de charte et violer l'article 56 qui dit : "les membres s'engagent, en vue d'atteindre les buts énoncés à l'article 55, à agir tant conjointement que séparément, en coopération avec l'organisation"? La communauté internationale a consenti d'énormes moyens matériels, financiers et humains dans cette crise ivoiro-ivoirienne. Elle a même essuyé des pertes en vies humaines. Va-t-elle cautionner une seconde guerre?
Notre président doit comprendre que le pouvoir de maîtriser ses passions est un pouvoir sur soi. Mais aussi, seule la maîtrise sur soi peut faire prétendre la maîtrise sur autrui. Certes l'adage veut que le pouvoir ne soit toujours que l'expression d'un "droit du plus fort" et que la force puisse présider à l'instauration d'un pouvoir nouveau ou au maintien de son exercice. Mais le pouvoir issu de la force a toujours besoin de la justice pour se pérenniser. C'est le sens de l'affirmation de Pascal "La justice sans la force est impuissante; la justice sans force est contredite parce qu'il y a des méchants. La force sans la justice est accusée" (pensées, Br.298). Les refondateurs doivent également comprendre que si le pouvoir influence, il n'assujettit pas forcément "le plus fort, écrit Rousseau, n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir" (Rousseau, du contrat social, I, 3). Selon Rousseau la force ne produit aucun droit. Diriger n'est pas dominer, le pouvoir ne contraint pas; ne persuade pas. Il circonvient mieux en faisant appel à la liberté qu'en terrorisant. Il serait donc malséant d'utiliser le pouvoir contre ce dont il émane. C'est le peuple qui donne le pouvoir, c est le peuple qui l'exerce et qui l'arrache. Le pouvoir n'est jamais une propriété individuelle. Il appartient à un groupe. Lorsque le groupe d'où le pouvoir émanait à l'origine se dissout, son pouvoir se dissipe également. Le tissu social ivoirien est profondément fragilisé tant dans son ensemble qu'au niveau du parti dirigeant. C'est un pouvoir aux abois qui cherche ses repères. Et dans pareille situation, la violence n'apparaît que dans les structures d'impuissance, lorsque le pouvoir divorce des institutions pour se porter dans la rue.
Il faut conclure avec Cicéron que le rôle du pouvoir quelle que soit sa forme, est de maintenir le bien social.
Kouassi Famien Georges
Secrétaires Général de section PDCI-RDA
Ayaou sud 7 Attossé (S/P de Bouaflé)
Membre du Grand Conseil
Les Ivoiriens qui n'avaient jusqu'au 19 septembre 2002 que la paix et le dialogue comme seules alternatives à toutes revendications se sont ravisés sur les effets pervers de la guerre. Aucun, hormis les caciques de la violence, aucun ivoirien dis-je ne serait prêt à se lancer dans une autre aventure guerrière. Et pour cause:
Les affidés des refondateurs, la galaxie patriotique, les milices et des militants du Fpi, parti au pouvoir, ont déjà fait l'expérience de l'ingratitude caractérielle de cette formation politique. Trop de frustrations ont affecté cette cohésion qui se faisait autour du président Gbagbo. Tous ceux qui, dès les premières heures de la crise, se sont bombés la poitrine, n'ont qu'une maigre pitance chaque jour que Dieu fait. Seuls les camarades et les proches du clan sont repus. Nombreux sont les déçus qui se l'épandent dans les journaux de l'opposition pour exprimer leur ras-le-bol. Cette frange de la jeunesse, victime d'une telle injustice accepterait-elle de redescendre dans l'arène pour servir de chair à canon? Par ailleurs, l'opposition sortant de sa torpeur donne de plus en plus de la voix et n'entend pas se laisser voler sa victoire.
"Nul n'a le monopole de la violence" dit l'adage. Un combat, surtout celui mené contre le peuple avec une armée aussi hardie que déterminée n'est jamais gagné d'avance. Cette opposition qui naguère se laissait faire ne voit plus les choses de cet œi1. Sa classe dirigeante se montre graduellement incisive. M. Anaky Kobena, président du mouvement des Forces avenir (Mfa) a tiré sur la sonnette d'alarme lors de son débat télévisé sur la 1ère chaîne de la télévision ivoirienne. La jeunesse du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Jrhdp) a donné une réplique à sa juste dose aux jeunes patriotes" qui voulaient coûte quel coûte empêcher la tenue des audiences foraines instaurant ainsi l'équilibre de la terreur. Au grand meeting-concerto de la Fondation espoir pour le Pdci (Fep) du samedi 29 Août 2009 au palais des sports de Treichville, son Président Zié Coulibaly a martelé "Allez leur dire, eux les militants du Fpi, que cette fois-ci s'ils restent tranquilles nous resterons sages; s'ils marchent, nous marcherons avec eux; s'ils courent nous allons courir avec eux; s'ils cassent, nous casserons ; s'ils brûlent nos journaux, nous allons brûler leurs journaux; s'ils descendent dans la poubelle nous allons les accompagner dans la poubelle ". C'est tout dire. Le Maire Rdr d'Adjamé, Youssouf Sylla, dans le 100e numéro de "Le Repère" du 04 septémbre 2009, a averti: "Quand le Rrd est engagé, c'est grave. Chez nous, on est bêtes. On fonce et on déménage; au Rhdp, nous sommes décidés comme on l'était au Front républicain ". C'est donc une opposition prête à en découdre que les élucubrations des frontistes ne sauraient perturber.
Les forces de l'ordre sur qui compte certainement le pouvoir ont aussi fait les frais de son ingratitude. Elles sont les mieux placées pour évaluer la teneur de la guerre. La mort a fait ravage dans leurs rangs laissant veuves et orphelins dans la misère et la désolation. Dieu seul sait comment ils sont traités aujourd'hui. Les quelques manifestations organisées çà et là résultent de leurs conditions de vie. En outre, la nouvelle trouvaille des manifestants lors des audiences foraines c'est s'attaquer aux familles et aux domiciles des corps habillés. Vont-ils se lancer dans une seconde guerre comme l'a annoncé le chef des armées et se battre sur trois fronts, la rébellion, la société civile, la protection de leurs familles? En faisant sa déclaration de guerre, Monsieur le Président semble minimiser la présence des forces onusiennes aidées dans leurs tâches de maintien de la paix par les forces Françaises de la Licorne.
Certes, l'Onu, ces derniers temps a beaucoup laissé sévir des dictateurs d'une nouvelle génération. Cependant, ne perdons pas de vue l'article 55 de la charte de l'Onu relative aux droits de l'homme qui stipule que "les Nations Unies favorisent le respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion". L'Onu va-t-elle se dérober de cette principale clause, de charte et violer l'article 56 qui dit : "les membres s'engagent, en vue d'atteindre les buts énoncés à l'article 55, à agir tant conjointement que séparément, en coopération avec l'organisation"? La communauté internationale a consenti d'énormes moyens matériels, financiers et humains dans cette crise ivoiro-ivoirienne. Elle a même essuyé des pertes en vies humaines. Va-t-elle cautionner une seconde guerre?
Notre président doit comprendre que le pouvoir de maîtriser ses passions est un pouvoir sur soi. Mais aussi, seule la maîtrise sur soi peut faire prétendre la maîtrise sur autrui. Certes l'adage veut que le pouvoir ne soit toujours que l'expression d'un "droit du plus fort" et que la force puisse présider à l'instauration d'un pouvoir nouveau ou au maintien de son exercice. Mais le pouvoir issu de la force a toujours besoin de la justice pour se pérenniser. C'est le sens de l'affirmation de Pascal "La justice sans la force est impuissante; la justice sans force est contredite parce qu'il y a des méchants. La force sans la justice est accusée" (pensées, Br.298). Les refondateurs doivent également comprendre que si le pouvoir influence, il n'assujettit pas forcément "le plus fort, écrit Rousseau, n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir" (Rousseau, du contrat social, I, 3). Selon Rousseau la force ne produit aucun droit. Diriger n'est pas dominer, le pouvoir ne contraint pas; ne persuade pas. Il circonvient mieux en faisant appel à la liberté qu'en terrorisant. Il serait donc malséant d'utiliser le pouvoir contre ce dont il émane. C'est le peuple qui donne le pouvoir, c est le peuple qui l'exerce et qui l'arrache. Le pouvoir n'est jamais une propriété individuelle. Il appartient à un groupe. Lorsque le groupe d'où le pouvoir émanait à l'origine se dissout, son pouvoir se dissipe également. Le tissu social ivoirien est profondément fragilisé tant dans son ensemble qu'au niveau du parti dirigeant. C'est un pouvoir aux abois qui cherche ses repères. Et dans pareille situation, la violence n'apparaît que dans les structures d'impuissance, lorsque le pouvoir divorce des institutions pour se porter dans la rue.
Il faut conclure avec Cicéron que le rôle du pouvoir quelle que soit sa forme, est de maintenir le bien social.
Kouassi Famien Georges
Secrétaires Général de section PDCI-RDA
Ayaou sud 7 Attossé (S/P de Bouaflé)
Membre du Grand Conseil