Produits oléagineux - Wade interdit l’accès des produits ivoiriens au Sénégal

Au moment où un pays comme le Nigeria qui faisait obstacle à l'entrée des produits d'origine ivoirienne sur son marché est en train de lever ces barrières anti-intégration, le Président sénégalais, Abdoulaye Wade lui a pris depuis le 1er novembre dernier un décret pour verrouiller ses frontières. Ce décret pris, rend obligatoire, l'application d'une nouvelle norme définissant la qualité " des huiles comestibles raffinées " dans son pays. Conséquence immédiate : Les stocks des importateurs ivoiriens ont aussitôt fait l'objet de blocages dans le port de Dakar et toutes les importations en provenance de la Côte d'Ivoire sont stoppées. Il s'agit du décret " N°2009- 872 du 10 septembre 2009, rendant obligatoire l'application des normes sur les huiles raffinées enrichies en vitamines A et la farine de blé tendre, enrichie en fer et acide folique ". Une démarche jugée cavalière selon le gouvernement ivoirien. Selon une source bien introduite au sein de la société civile sénégalaise, cette décision vise à protéger les importations d'huile de soja en provenance d'Amérique Latine et dont l'exclusivité est accordée à la société Suneor appartenant à un homme d'affaires proche de Karim Wade. L'application de ce décret pourrait porter préjudice et entraîner un manque à gagner énorme à la filière ivoirienne de l'huile de palme dont le groupe Sifca, à travers ses filiales Palmci et Sania. C'est pour lever toute équivoque et doute sur les origines de l'huile de table sortie des usines de Sania, que le ministre Amadou Koné de l'Intégration africaine, a conduit mercredi dernier, une visite dans les plantations et dans les unités de première transformation à Ehania, et de deuxième transformation en zone industrielle de Vridi, appartenant à l'agro-industriel ivoirien. Ce, en compagnie de l'Ambassadeur du Nigeria, des représentants de la Cedeao et de l'Uemoa. Une visite malheureusement boudée par l'Ambassadeur du Sénégal en Côte d'Ivoire pourtant officiellement invité. Selon, M. Bertrand Vignes, Directeur général de Palmci, cette norme sénégalaise a été édictée sans étude et sans accord des autorités régionales. Par ailleurs, le Groupement ivoirien des transformateurs ivoiriens de l'huile de palme, (Githp) qui a saisi les autorités ivoiriennes, indique clairement que les statistiques officielles ivoiriennes font état de 5000 tonnes d'huile de palme importées de la Malaisie en 2007 soit 2% de la production ivoirienne qui est de plus de 397000 tonnes en 2008 dont environ 250000 tonnes sont exportés vers le reste de l'Uemoa.

Bamba Mafoumgbé, envoyé spécial à Aboisso.
bamaf2000@yahoo.fr