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Société Publié le lundi 30 novembre 2009 | Nord-Sud

Enquête Express/ Partage du mouton de la Tabaski : La tradition recule, l`Islam se positionne

Pas trop de promenade avec la viande du mouton cette année. Aussi bien à Abidjan que dans les villes de l'intérieur du pays, vendredi, jour de la fête de la Tabaski, l'on n'a pas assisté aux mouvements incessants des jeunes gens qui, d'ordinaire, vont de quartier en quartier pendant cette journée, pour distribuer de la chair fraîche de bétail au nom de leur parent. La majorité des familles musulmanes se sont abstenues de ce partage entre amis et frères pour se conformer aux prescriptions de l'Islam. Celles-ci ont été rappelées cette année avec la plus grande insistance au cours du sermon de l'Aïd-el-Kébir. Comme s'ils s'étaient passé le mot, les imams ont tous consacré une large partie de leur intervention à cet aspect de la commémoration du sacrifice d'Abraham. Ils ont rappelé que l'immolation d'une bête dans le cadre de la Tabaski perd sa valeur quand la viande n'est pas prioritairement destinée aux personnes prévues par le Coran.

Le livre saint classe les indigents parmi les premiers bénéficiaires. Et il ne s'agit pas d'aller les chercher très loin. « Il est fermement interdit à un musulman d'immoler un mouton et d'être heureux le jour de la Tabaski tout en ayant, dans le voisinage, une famille musulmane qui n'a pas le minimum nécessaire pour vivre la joie de ce jour »,a rapporté Gaoussou Karamoko, imam de la mosquée Bicici d'Angré. « Beaucoup de nos coreligionnaires préfèrent transporter la viande vers des personnes qui n'en n'ont pas besoin juste pour le plaisir, alors que, tout près de leur maison, se trouvent des familles qui n'ont pas de quoi faire la cuisine. Il faut mettre fin à cette pratique. Elle est contraire au principe islamique », a-t-il recommandé. Selon le Coran, l'animal doit être divisé en trois parties : une partie pour la famille, une autre pour les pauvres et les indigents et la troisième partie pour les amis et connaissances. Les enseignements du prophète Mohamed précisent qu'une bonne partie doit prioritairement aller aux pauvres. Les fidèles qui en ont les moyens peuvent sacrifier un mouton spécialement pour les indigents. « Le partage doit être conforme au hadith, car le Coran dit que tout acte d'adoration doit suivre les règles pour être agréé », a indiqué un autre guide sur les antennes de la radio islamique Albayane. Ces messages ont modifié le programme de partage de M. Sylla, chef de famille à Cocody. Il avait décidé d'envoyer, comme d'habitude, certaines parties du bélier qu'il a acheté à 120.000 Fcfa, à ses deux aînés qui vivent avec leur famille à Abobo et Yopougon. Après avoir servi les voisins non musulmans, tout le reste de la viande a été gardé pour la famille. Le droit d'aînesse a été relégué à un second plan. D'autres considérations traditionnelles qui prélavaient dans le partage du mouton ne sont pas loin de connaître le même sort. Ces pratiques ont même disparu dans beaucoup de régions au profit de la règle islamique. « On ne tient pas compte de la tradition lorsqu'il s'agit du mouton de la Tabaski. Les règles traditionnelles de partage ne s'appliquent qu'à l'occasion des sacrifices ordinaires », explique le colonel major Bamba Sinima, directeur de cabinet du secrétaire général des Forces nouvelles. Il est originaire de Séguéla où la poitrine de la bête immolée est généralement destinée au chef de la famille. Le cou revient aux neveux. La partie qui précède la poitrine et une partie des intestins sont données à celui qui dépèce l'animal.

Ce système de partage est presque le même dans tout le pays malinké. A Odienné, quel que soit l'évènement, le dos du mouton ou du bœuf est offert aux épouses de la famille. Le bassin est envoyé aux sœurs du chef de famille, même quand celles-ci sont mariées ailleurs. Il arrivait que les différentes parties parcourent des centaines de kilomètres, fraîches ou frites, à destination des bénéficiaires désignés par la coutume. « Mais tout cela ne se fait plus parce que les imams l'interdisent », a répondu un chef de famille joint hier dans le Denguelé.

Cissé Sindou
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