Avant d'être ce qu'il est aujourd'hui, c'est-à-dire un regroupement de quatre formations politiques, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (Rhdp) était un vrai mammouth. Porté sur les fonds baptismaux aux lendemains de la signature des Accords de Linas-Marcoussis, l'ancêtre du Rhdp s'appelait alors le groupe des 10 (G 10). Cette plate-forme particulièrement trans-idéologique se voulait un creuset dans lequel se retrouveraient tous les signataires de l'Accord politique de Linas-Marcoussis. Outre les quatre formations se réclamant aujourd'hui de l'idéologie houphouëtiste, le G10 était composé du Front populaire ivoirien (Fpi), du Parti ivoirien des travailleurs (Pit), de l'Union citoyenne et démocratique (Udcy) et les Forces nouvelles. Mais très vite, ce rassemblement dont la création répondait au souci d'une bonne mise en œuvre des accords obtenus sur les bords de la Seine va voler en éclats. La dénonciation de cet arrangement par le chef de l'Etat Laurent Gbagbo a très rapidement redessiné la ligne de fracture entre le clan présidentiel et les autres. Avec le départ du Fpi, du Pit et de l'Udcy, le G10 va se transformer en G7. La cure semble avoir fait du bien au mammouth puisque les réunions pour faire pression sur le camp de Laurent Gbagbo vont s'intensifier. Au nombre de ces actions, la marche organisée le 25 mars 2004. Elle a certes réussi à paralyser le pays, notamment au sein de la population qui redoutait à raison des affrontements, mais la répression qui s'en est suivie a laissé des séquelles durables sur le G7. Le Rdr et l'Udpci qui ont perdu de nombreux militants dans cette aventure ont longtemps suspecté le Pdci-Rda de n'avoir pas suffisamment mobilisé ses partisans pour la marche. Depuis cette expérience malheureuse, l'envie d'organiser une marche des opposants de Laurent Gbagbo a cessé de prospérer. Un an après cette mésaventure, les deux ténors de cette opposition ont décidé de faire la paix. A Paris, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara décident de créer le Rhdp. Innocent Anaky Kobena, président du Mouvement des forces d'avenir (Mfa) et Albert Toikeusse Mabri, patron de l'Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d'Ivoire (Udpci) sont invités à revêtir le manteau houphouétiste. Les Forces nouvelles n'étant pas constituées en parti politique, ont été laissées de côté. C'est dans cette ambiance glauque, les uns suspectant toujours les autres de ne pas y mettre du sien qu'est intervenue deux années plus tard la signature de l'Accord politique de Ouagadougou. Le chef de l'x-rébellion ayant été nommé Premier ministre, c'est donc le plus naturellement que son mouvement est sorti du G7.
Marc Dossa
Marc Dossa