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Économie Publié le mercredi 2 décembre 2009 | Le Patriote

Reconstruction post-crise / report des élections, propos guerriers, justice ivoirienne : Comment Gbagbo ne rassure pas les opérateurs économiques

La peur gagne de plus en plus de nombreux opérateurs économiques. En effet, très sereins lors de la proclamation de la date de la tenue de l’élection présidentielle, prévue le 29 novembre dernier, les hommes d’affaires ont aujourd’hui perdu leur latin. Ne sachant même plus à quel saint se vouer depuis le report de cette élection et la non désignation d’une autre date. L’on sait tous que tout bon opérateur économique n’aime pas naviguer à vue. Il préfère faire des programmations en se fixant des objectifs précis en fonction de certaines périodes. Et pour lui, l’environnement des affaires passe irrémédiablement par un climat apaisé. Mais avec la date de la tenue des élections qui n’a pas encore été arrêtée, les projections demeurent un coup d’épée dans l’eau. Aussi, dans ce cas, préfère-t-il s’abstenir de faire des projections. Outre la date des élections qui est aujourd’hui une véritable nébuleuse, il faut souligner les propos du président Laurent Gbagbo qui n’hésite pas au cours de ses tournées ou de ses apparitions, à faire croire qu’il y a un coup d’Etat qui se prépare. Après avoir déposé sa candidature, le 16 octobre dernier, Gbagbo s’est rendu à Grand-Lahou, où il a menacé de frapper par les armes tous ceux qui voudront utiliser la force pour lui ravir son fauteuil. Alors que l’on était dans une période apaisée.

Un discours qui est venu rompre la quiétude des opérateurs économiques. Pour ces derniers, le moment est venu d’aller aux élections plutôt que de menacer des personnes. « Je ne pousse pas encore les Ivoiriens à demander qui est en dessous de la crise parce que je veux qu’on en sorte. Ne gâtez pas notre si belle sortie de crise. Nous ne voulons pas nous fâcher. Promettez des milliards, allez partout en Côte d’Ivoire si vous le voulez mais ne menacez pas, parce que celui qui menace la sortie de crise, l’Etat de Côte d’Ivoire le menacera. J’espère que l’un d’entre eux va dire kpin pour que moi je dise kpan ! », a menacé Gbagbo lors d’une visite dans la deuxième semaine de novembre dans le sud Bandama. Un discours qualifié de guerrier alors que l’on s’achemine vers la sortie de crise. Et cela se traduit aujourd’hui par le déploiement de chars, d’hommes en armes à tous les carrefours, même en pleine journée. « Avec ce char que j’ai vu la dernière fois au carrefour de la Riviera II pendant que j’allais au service et même en revenant, j’ai eu froid dans le dos. Et même les renseignements généraux s’y mêlent », confiait en marge d’une cérémonie, un opérateur économique. Et celui-ci d’ajouter : « Si on estime qu’il peut y avoir des bruits de bottes, j’en doute fort, parce que je sais que tous les candidats de l’opposition ont hâte d’aller aux élections, l’armée peut être discrète mais dissuasive ». Comme on le constate, la présence de militaires qui pullulent dans les rues n’est pas de nature à rassurer les chefs d’entreprise qui, pour la plupart, ne se sont pas encore véritablement remis de la crise de 2002 qui a atteint son point culminant en novembre 2004, lorsque ‘‘les jeunes patriotes’’ ont mis à sac des entreprises, pourtant pourvoyeuses d’emplois. Dans ses discours, le président n’hésite pas à affirmer qu’il met en garde ceux qui préparent les troubles et qu’il ne laissera pas faire. Pour beaucoup d’opérateurs économiques, ce n’est plus le moment de faire peur ou de se faire peur. Car ils veulent travailler pour relever l’économie de ce pays. Mais rien à l’horizon n’est rassurant. Au niveau de la justice ivoirienne, le secteur privé a également peur et s’inquiète des propos du président Laurent Gbagbo, garant du pouvoir judiciaire. « Quand, quelquefois, on vient m’annoncer les décisions qui sont prises au niveau de la Justice contre telle ou telle entreprise ivoirienne qui ‘’lève le nez’’, j’attrape ma tête », disait Gbagbo le 13 novembre 2009, lors de l’inauguration de l’usine de fabrication et de requalification de bouteille de gaz, à Vridi.

Récemment, l’on a vu les parents des prisonniers de la filière café-cacao dénoncer les impairs de la justice ivoirienne qui, depuis près de 18 mois, n’arrive pas à boucler l’enquête dans le secteur.

Les opérateurs économiques tendent de plus en plus l’oreille vers les propos de Gbagbo et attendent de lui un discours apaisant, des actes et non des décisions que l’on range après dans les tiroirs. Il importe donc pour Laurent Gbagbo de rassurer les investisseurs au lieu d’être en contradiction avec ses propres propos, lui qui a toujours dit ‘‘que l’argent n’aime pas le bruit’’.
Jean Eric ADINGRA
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