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Sport Publié le vendredi 4 décembre 2009 | Nuit & Jour

Football/ Centres de formation - Comment on exploite les jeunes ivoiriens

Les centres de formation de football connaissent un véritable essor en Côte d'Ivoire depuis l'expérience fort réussie de l'Académie Mimosifcom en 1999. Malheureusement, ces centres sont devenus un véritable business aux mains d’escrocs. La formation de jeunes footballeurs est devenue est un véritable métier en Côte d'Ivoire ces dix dernières années. Les centres de formation qui étaient l'affaire exclusive des clubs de football de première division, sont tombés aux mains d'anciens joueurs, dirigeants, de quelques amoureux du ballon rond mais aussi d’individus malintentionnés. Cette ruée s'explique par le fait que les clubs qui étaient censés piloter la relève du football ivoirien en privilégiant toutes les catégories se sont focalisés sur les seniors. Rangeant du coup la formation aux calendes grecques. Excepté l'Asec Mimosas qui s'est forgé aujourd'hui une solide réputation enviable grâce à cette initiative.
Ce qui a tout déclenché
Le phénomène des centres de formation a débuté véritablement en Côte d'Ivoire en 1999 avec l'avènement des Académiciens de Jean-Marc Guillou qui dirigeait l'académie Mimosifcom de l'Asec Mimosas. Ah, les Académiciens ! Qui en Côte d'Ivoire pouvait rester insensible aux démonstrations de Zézéto, Aruna Dindane, Kolo Habib, Tony et bien d'autres qui avaient enthousiasmé les sportifs ivoiriens et séduit la planète foot ? L'Asec Mimosas venait de montrer aux yeux de tous que la formation est un maillon important du football et qui donc doit avoir la place centrale au sein d'un club. Cerise sur le gâteau, la plupart des pensionnaires de l'académie Mimosifcom ont intégré de grands clubs européens au plaisir de leur mentor Roger Ouégnin, de leurs familles et amis, des Ivoiriens et des Actionnaires (supporters de l'Asec Mimosas). Aujourd'hui, Yaya Gnégnéri Touré fait des merveilles au FC Barcelone en Espagne et tous les grands clubs veulent l'enrôler pour un salaire mensuel de plusieurs centaines de millions de Fcfa. Eboué Emmanuel et Kolo Touré ont fait leurs preuves avant que l’aîné des Touré ne parte à city en début de saison 2009. Salomon Kalou s'est imposé sur le front d'attaque du Chelsea FC du milliardaire russe Roman Abramovich aux côtés de Didier Drogba. Didier Zokora (FC Séville), Bakari Koné (Marseille), Kouassi Gervais (Le Mans FC), N'dri Romaric (FC Séville) et bien d'autres Académiciens connaissent des jours non moins heureux en Europe. Et ils le démontrent à chacun de leur passage à Abidjan. Toute cette réussite est à mettre à l'actif du centre où ils ont été formés et encadrés. L'Asec Mimosas venait ainsi d’indiquer la voie pour réussir dans ce métier de footballeur. De là est parti le printemps des centres de formation. Dès 1999 et surtout 2000, tout le monde se rue vers la formation. Cependant, tous ne disposent pas des importants moyens financiers et matériels que requiert une telle entreprise. Il n'empêche ! Les centres de formations poussent comme des champignons.
Quand l'argent rend aveugle
183, c'est le nombre des associations de football agréées par la FIF (AFAF). Et Dieu seul sait de toutes, celles qui sollicitent cet agrément et qui travaillent encore dans l'informel. La Côte d'Ivoire détient-là un record ! Un ballon de football, un espace de jeu, généralement non gazonné, un entraîneur sans qualification pourvu qu'il puisse conduire une séance, des gamins en grand nombre, et le tour est joué. Voilà à quoi se résume un centre de formation à Abidjan et dans certaines villes de l'intérieur. Le comble, c'est que le seul fait de citer le nom de Didier Drogba ou Kolo Touré suffit à convaincre les parents pour qu'ils laissent leurs enfants à la merci des propriétaires de ces structures. Dans cette Côte d'Ivoire où la pauvreté fait rage, qui rechignerait à voir sa progéniture décrocher la fortune et la gloire de Yaya Gnégnéri Touré ? Les salaires astronomiques des professionnels ivoiriens évoluant en Europe et leurs biens à Abidjan, aveuglent parents, joueurs et formateurs. Les jeunes Ivoiriens délaissent alors l'école pour les centres de formation.
Bricolage et escroquerie au menu
La chienlit qui prévaut au niveau des centres de formation en Côte d'Ivoire interpelle la FIF et singulièrement le ministère de la Jeunesse et des Sports. Il est vrai que ces structures qui rassemblent de nombreux jeunes pourraient notablement contribuer à régler le problème de leur insertion sociale. Mais l’amateurisme et l’informel qui les caractérisent actuellement est de nature à créer à terme un problème crucial. En effet, les jeunes formés dans ces centres et qui ont délaissé l'école pour le football, n'auront certainement pas tous leur avenir dans ce métier. La plupart de ces structures n'allient pas le sport aux études. Ils se focalisent plutôt sur le football. Et pourtant, souligne Achi Dégbo du centre Cyrille Domoraud: " sur 50 enfants formés, il y a au plus 10 qui peuvent jouer en Ligue 1 ou décrocher un contrat professionnel, vu qu'à ce niveau il faut avoir des contacts ". C'est dire qu'au moins 40 ne pourront pas faire carrière. Si donc dans le même temps ils ont sacrifié leurs études, leur avenir n'en sera que compromis. C'est pourquoi, Achi Dégbo préconise l'octroi d'une licence d'Etat aux centres qui allient sport et études. " La prolifération des centres a été bénéfique à la Côte d'Ivoire parce qu'on sait qu'une formation de qualité offre des talents. Maintenant il faut qu'il y ait des critères. On ne peut plus évoluer dans l'anarchie", a-t-il terminé. Cette doléance d'Achi Dégbo est clairement dirigée vers la FIF. En effet, cette fédération, sous la houlette de son président, Jacques Anouma, avait initié il y a quelques temps la catégorisation des centres de formation. Mais ce projet est demeuré sans suite.
L'autre problème que pose cette floraison de centres de formation, c'est tout le réseau ‘’mafieux’’ qui s'est tissé autour de ces écoles de foot qui dévorent les budgets des parents désireux d’y inscrire leurs enfants. A Yopougon, le fondateur d’une de ces structures a abusé de la confiance de la mère d'un jeune footballeur, Bley Richard. Il a soutiré 500 mille de Fcfa à celle-ci sous prétexte d’offrir au jeune postulant un voyage en Europe avec en prime une place à l’OGC de Nice (Ligue 1 en France). Et une fois l'argent en poche, l'homme a disparu depuis six mois. Un exemple parmi tant d'autres. En plus, de nombreux centres sont de véritables boutiques qui ne vivent que des droits d'inscription et des frais scolaires. De sorte que ces structures sont devenues d'authentiques business au détriment des parents. Surtout que depuis quelques années, de nombreuses personnes fortunées n’hésitent pas à débourser jusqu’à 1 millions F CFA pour la formation de leur enfant. Surtout que les arguments avancés sont de taille le salaire énorme des pros ivoiriens.
Un véritable danger
De plus, ces centres de formation sont également le théâtre d'autres pratiques non moins illégales : il s'agit du transfert des jeunes joueurs à l'étranger sans l'aval des autorités ivoiriennes. Tels des négriers des temps nouveaux, les fondateurs de ces structures envoient ces footballeurs encore mineurs dans la sous-région et parfois au Maghreb et les y abandonnent une fois leurs droits financiers remplis. " Moi, j'ai eu la chance de signer dans un grand club en Egypte mais il y a certains de mes compatriotes qui souffrent en Tunisie et au Maroc. Soit ils ont signé un faux contrat, soit ils sont dans l'attente d'un transfert en Europe. Pire, il y a d'autres qui ont été simplement abandonnés ", nous a fait savoir un joueur ivoirien de passage à Abidjan en décembre 2008. N'eut été le geste salutaire du ministre Dagobert Banzio lors des J.O. d'Août 2008, un footballeur ivoirien se serait retrouvé livré à lui-même en Chine . Ils sont nombreux ces jeunes qui souffrent le martyre dans nombre de pays. Pour de l'argent, des responsables de centres de formation sans scrupules les emmènent dans des pays pour les y vendre (le terme n'est pas excessif). C’est une autre forme d'esclavage…
La FIF doit reprendre la classification
En 2007, la direction technique nationale avait réussi à faire la catégorisation des centres de formation à l'issue d’une tournée dans toutes les structures répertoriées. Sans raisons valables, les résultats de cette évaluation ont été rangés au placard. Il est aujourd'hui impératif que cette classification reprenne pour freiner l'essor et la prolifération des centres boutiques. Le football est devenu est un vrai métier de nos jours ; Jacques Anouma qui a fait de la formation un volet important de son programme, doit donc prendre le taureau par les cornes en réorganisant ce secteur. Aujourd'hui, c'est avec joie que les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 s'y ruent en créant des catégories de jeunes en leur sein. Le Séwé Sport, le Sabé Sport, le Stade d'Abidjan, le Stella…, tous ont décidé de faire comme l'Asec Mimosas. L'Efym de Ervé Siaba et le centre Cyrille Domoraud qui ont commencé la formation depuis 1999, ont aujourd'hui des clubs qui peuvent jouer en ligue 1. C'est le fruit de la formation et du sérieux. Ceux qui font des efforts ont donc besoin d'un cadre sain et non de la chienlit comme cela se voit actuellement. Il faudrait impérativement créer un cadre règlementaire dans lequel agissent les centres de formation. Les infrastructures dont il faut disposer, les conditions de prise en charge des pensionnaires, l'existence et la qualité de l'enseignement scolaire, etc, sont autant de normes à édicter et à imposer par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Autant le ministère de l'Enseignement Supérieur ferme chaque année des centres de formation technique et professionnels parce qu'ils ne répondent pas aux critères en vigueur, le ministre Dagobert Banzio doit avoir la main aussi lourde avec les centres de formation de football.!
Dablemon Tasman
Légende : Les jeunes footballeurs ivoiriens sont la cible de marchands et d’escrocs d’un autre acabit.
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