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Politique Publié le samedi 5 décembre 2009 | L’expression

« La démocratie frelatée » de Bertin Kouadio - Entre réalisme et idéalité

Bertin Kouadio a procédé, la semaine dernière, à la dédicace de son deuxième livre, « La démocratie frelatée ». Une œuvre qui dénonce les travers engendrés par l’absence de démocratie, une situation bien connue et vécue dans les pays africains.

Il n’est pas écrivain, mais il est convaincu que par les lettres, l’on peut faire changer les choses. En écrivant « La démocratie frelatée », le récit des tribulations de Bakrimpe, Bertin Kouadio a voulu (re) donner à la littérature ses vertus cathartiques. En critiquant une situation, il a surtout voulu attirer l’attention de ceux qui décident, qu’ils soient ici, d’ici ou d’ailleurs, sur les attitudes haïssables des hommes. Véritable plaidoyer pour une société plus juste et davantage portée vers le respect des valeurs qui fondent la dignité humaine, « La démocratie frelatée » ne demeure pas moins un roman de l’espoir, un projet de société, une vision idéaliste de l’homme. A travers l’histoire du jeune orphelin Bakrimpe, cheminement fait de rebondissements, d’heurts et de malheurs, l’auteur brosse à grands traits celle des pays africains. « Ce récit entraîne en effet et installe son lecteur dans un entre deux que l’on doit à la vocation des textes dits réalistes », a noté le professeur Kouakou Jean-Marie, lors de la dédicace de l’œuvre. Les nombreuses références aux faits socio politiques dans la république imaginaire de Komanklèbo plongent le lecteur dans les réalités des républiques africaines où la fourberie, la malveillance, mais aussi le machiavélisme et l’hypocrisie des hommes constituent des barrières à tout développement. Le roman de Bertin Kouadio est une œuvre engagée qui aborde avec faconde des questions essentielles pour le développement des Etats africains. Evidemment, tous les thèmes qu’il explore, la prostitution, la reconnaissance, le Sida, la corruption politique, celle des forces de l’ordre, mais aussi celle de l’opposition, la rébellion, la démocratie, viennent se greffer à l’histoire – pas linéaire – du personnage principal, Bakrimpe. Chassé de la maison familiale par son père, le jeune orphelin est recueilli dans un village voisin par Karim qui s’occupe de lui et lui redonne sa dignité d’homme. Après des études sanctionnées par le baccalauréat, le jeune homme se rend en ville pour ses années d’université à l’issue desquelles il y réussit brillamment son diplôme de médecin. Sa rencontre avec Féfé et N’Sianou auxquels il sera lié par une indéfectible et profonde amitié lui ouvre l’esprit sur les réalités de la vie. Ce cercle d’amis sera à la base de la lame de fond qui viendra changer tout dans le pays. Bien entendu, à la base de cette action se trouve une absence criarde de démocratie et d’alternance au pouvoir. Cette absence de démocratie – ou plutôt cette existence d’une démocratie frelatée – a obscurci l’avenir des pays africains par une violence à travers les luttes pour l’accession au pouvoir. Ses prises de position claires et tranchées à travers l’exposé de situations vécues par les pays africains montrent l’engagement de l’écrivain pour l’émergence d’une société plus juste. Le faisant, il choisit, comme Jean-Paul Sartre, de se ranger du côté des plus faibles et des plus démunis pour dénoncer les travers d’une société sclérosée par des situations dont elle aurait pu faire l’économie. « La démocratie frelatée » est truffée de référents sans équivoque aux « pratiques sociopolitiques qui, s’ils renvoient à l’Afrique de la décennie post 90, renvoient encore plus explicitement à la Côte d’Ivoire après la crise de 2002 ». Malgré toutes les péripéties vécues par le personnage principal, l’on note qu’il arrive toujours à remporter « une victoire » non seulement sur le sort, mais aussi sur « ses adversaires ». En somme, tout se termine toujours trop bien pour Bakrimpe. Décryptage du professeur Kouakou Jean-Marie : « l’auteur semble donc porteur d’un message d’espoir de type humaniste sans doute utopique à un moment où l’histoire a cessé d’être une discipline pour n’être qu’une vaste tragédie à l’issue certaine ». Si Bakrimpe réussit toujours à s’en sortir, c’est parce qu’il parvient à se départir des pesanteurs sociales et refuse l’individualisme. En décidant de reverser les droits générés par la vente de ses livres à une organisation de défense des droits des enfants vivant avec le Vih-Sida, Bertin Kouadio se met dans la peau de son personnage et refuse lui aussi l’individualisme. De ce point de vue, « La démocratie frelatée » se saisit comme un désir profond de l’écrivain de donner l’exemple, prouvant de ce fait que la solution aux problèmes des africains doit provenir des fils de ce continent.

M’Bah Aboubakar
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