Rien ne va plus entre les agences de voyages et la compagnie aérienne Emirates. Le Syndicat des agences de voyages d’Abidjan (Sava-ci), au cours d’une rencontre avec la presse à l’hôtel Ivotel, mardi dernier, a dénoncé l’utilisation d’un nouveau logiciel par cette compagnie. En effet, Emirates a décidé de suspendre les émissions des voyagistes dans leurs Systèmes globaux de réservation (Gds) habituels avec Amadeus, Galileo et de les contraindre à utiliser leur logiciel, Farelogix sur lequel, seules les réservations Emirates pourront être créées. Selon M. Francis Coulibaly, président de Sava-ci, les Gds qu’ils avaient l’habitude d’utiliser sont non seulement plus performants et moins coûteux que celui que veut leur imposer Emirates, mais aussi leur permettent de vendre aisément les toutes compagnies aériennes du monde entier. Les agences de voyages estiment que ce logiciel va les faire régresser car il traite un dossier en 20 minutes alors qu’auparavant cela se faisait en une poignée de minutes. En plus, ces Gds leur assurent, gratuitement leurs équipements informatiques, leur maintenance. Pour le Sava-ci, accepter Farelogix revient donc à accepter de s’équiper en ordinateurs et en ligne d’accès internet, pour cette unique utilisation. Les charges, qui en découleraient, seraient trop lourdes pour leur équilibre budgétaire. La date butoir d’implémentation de ce logiciel a été fixée au 16 novembre 2009 et depuis cette date, les agences ne peuvent plus ‘‘vendre’’ Emirates via leur Gds. Les agences de voyages ne comprennent pas que ce soit seulement en Côte d’Ivoire (ce logiciel a été refusé dans plusieurs pays du monde) que cette compagnie entend utiliser ce logiciel qui, à terme, vise pour la compagnie à se passer d’elles. Mais en attendant, l’instauration de Farelogix occasionne des frais d’émission supplémentaires pour le consommateur, la détérioration du traitement des passagers en transit, le risque de fraude sur internet. Mme Koné Marie-Reine, conseillère du président de la Sava-ci, a souligné ‘‘l’inconséquence d’Emirates qui propose une relation commerciale à ses partenaires sans l’accompagner d’un contrat, l’absence d’un service après vente, le manque de fiabilité, l’insubordination au ministère de tutelle qui dans sa médiation, n’a pas obtenu le report de la date d’implémentation de Farelogix à une date ultérieure’’. Le Sava-Ci souhaite le rétablissement de la connexion aux Gds (Amadeus ou Galileo) pour les agences de voyages déconnectées ; l’ouverture des négociations entre elles, Emirates et le représentant du ministre du Tourisme ; un contrat. Ainsi que la possibilité des agences de voyages de travailler sur Farelogix ou leur Gds selon leur choix. Cependant, la Direction de Emirates estime pour sa part qu’elle veut tout simplement réduire ses charges. Faut-il le rappeler, dans le cadre de la suppression des charges, Air France avait rencontré ces mêmes problèmes avec le Sava-ci. Finalement, après des négociations, une situation intermédiaire a été trouvée et la décision d’Air France qui devait prendre effet en 2005 l’a été à partir du 1er avril 2009 et doit prendre fin en 2013. Ce qui laisse la possibilité aux agences de voyages de se préparer.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA