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Société Publié le mardi 8 décembre 2009 | Le Nouveau Réveil

Atté Boka Ernest (porte-parole de la Coordination des syndicats des personnels de santé) : “Après le 14 décembre, nous n`assumerons pas ce qui va arriver”

Le 15 décembre prochain, tous les hôpitaux sur toute l'étendue du territoire seront fermés et ce, conformément au mot d'ordre de grève lancé par les syndicats du personnel de santé. Dans cet entretien qu'il nous a accordé, le porte-parole des 14 syndicats, revient sur les raisons qui ont guidé cette décision. Selon Atté Boka, cette décision fait suite aux promesses non tenues par le gouvernement.
Dr. Atté Boka, vous êtes le porte-parole de la coordination des syndicats des personnels soignants de la santé. Suite à votre assemblée générale du 3 décembre dernier vous avez décidé d'entrer en grève le 15 décembre prochain. Dites-nous les raisons qui ont guidé cette décision.
Le jeudi 03 décembre dernier, tous les syndicats de santé se sont réunis à l'Insp d'Adjamé. Au sortir de cette Assemblée générale, nous avons décidé d'aller en arrêt de travail à partir du 15 décembre. Pourquoi partons-nous en arrêt de travail? A cause de la non résolution de nos problèmes par le gouvernement.
Quelles sont ces revendications ?
Il y a d'abord la revalorisation salariale promise par le gouvernement et qui, depuis janvier 2009, n'est pas encore réalisée. Nous avons fait plusieurs concessions, nous avons fait preuve de patience et jusqu'aujourd'hui, rien n'a été fait. De l'intégration des filles et garçons de salle et des aides-soignants du Chu de Yopougon, ce problème qui, durant toute l'année, a fait l'objet de discussion, de protocole d'accord et même des communications ont été signées, il ne restait plus qu'à faire la programmation en conseil des ministres, rien n'a été encore fait. Il y a aussi le problème du profil de carrière des infirmiers et des sages-femmes. Ce profil a aussi fait l'objet de discussions et le gouvernement s'est engagé au plus tard le 11 novembre à produire un décret qui devrait être signé par le président de la République pour ce personnel. Malheureusement, ce décret n'a pas été encore pris. Il y a enfin notre statut particulier qui est la pièce maîtresse de nos revendications parce que le gouvernement s'est engagé avec nous sur un protocole d'accord depuis le 10 mars et au plus tard fin septembre 2009, ce statut particulier devrait être adopté par le gouvernement. Jusqu'aujourd'hui, les syndicats ont fini les travaux et le document est resté dans les tiroirs du gouvernement. C'est pour ces points majeurs que nous allons en arrêt de travail.
Pour ces mêmes revendications, vous étiez en arrêt de travail et par la suite vous avez repris vos blouses, pour rejoindre vos postes. Cela ressemble à un jeu finalement?
Effectivement, il y a quelques mois, nous étions en arrêt de travail, le plus récent, c'était du 15 juin au 4 juillet dernier, et nous avons suspendu le mot d'ordre de grève.
Pour quelles raisons?
Nous l'avons suspendu parce que nous avions obtenu du gouvernement la communication en conseil des ministres pour le problème des filles et garçons de salle et des aides soignants qui avait été signée et elle nous avait été remise. Il y avait eu à l'époque la question de la bi-appartenance où l'arrêté interministériel avait été signé et il nous avait été communiqué. Donc pour nous, il fallait ouvrir les discussions en suspendant notre mot d'ordre de grève. Mais encore quand le premier ministre nous a reçus, il a pris des engagements fermes sur toutes ces questions. Il nous avait fait la promesse que pour ce qui est de la revalorisation salariale, en septembre, les modalités de payements nous seront données avec les échéances précises et que le problème des filles et garçons de salle et des aides-soignants connaîtra un dénouement definitif à leur retour par un conseil des ministres en septembre. Et que le problème de profil de carrière ne pouvait pas souffrir de difficulté. Idem pour le profil de carrière des infirmiers et sages-femmes et notre statut particulier. Donc face à ces promesses, nous attendions. Septembre est arrivé, plus de 5 conseils des ministres, aucune programmation, aucune communication pour nous faire des propositions. Nous voyons donc devant cet état de fait, la roublardise et la mauvaise foi du gouvernement.
Depuis ces dates, aucune autre démarche n'a été menée par le gouvernement. Et vous?
Effectivement, depuis septembre, les syndicats ont écrit au premier ministre pour demander une audience et lui rappeler ses engagements et pour qu'il nous reçoive de sorte que nous en parlions. Malheureusement, ce courrier est resté sans suite. C'est pourquoi, maintenant, nous faisons de ces revendications des exigences. Sur la revalorisation salariale, nous exigeons que cela soit payé maintenant. Concernant les documents administratifs, nous demandons que cela soit pris maintenant.
Vous laissez une marge de manœuvre au gouvernement en débutant la grève le 15 décembre. Est-ce qu'il ne vous a pas suffisamment montré qu'il ne pouvait rien faire face à vos revendications?
Vous savez, nous nous sommes constitués en une coordination où nous sommes 14 syndicats. Et cette marge de manœuvre que nous donnons au gouvernement, c'est pour lui permettre de discuter durant cette période. C'est pourquoi, nous donnons un préavis de grève. Et aujourd'hui, nous communiquons pour dire à la population pourquoi nous, les agents de santé, faisons preuve de bonne foi. Cet arrêt de travail n'est pas fait contre la population. C'est parce que le gouvernement a montré sa mauvaise foi et son incapacité. Il nous a montré qu'il n'est pas un gouvernement responsable. Mais c'est la dernière chance pour le gouvernement. Les six jours francs que nous leur accordons pour ouvrir les discussions, pour résoudre les problèmes, si toutefois, au soir du 14 décembre, rien n'est fait, le reste, nous n'assumerons plus ce qui va arriver. Tous les hôpitaux seront fermés et nous allons en fin d'année pour nos fêtes.
D'autres corps de métier ont les mêmes problèmes que vous. Pensez-vous que dans l'immédiat, l'Etat pourra trouver solutions à vos revendications?
Nous disons oui. Pour ce qui est des documents administratifs qui ne nécessitent pas le payement de quelque chose immédiatement. Notamment le problème des filles et garçons de salle, les aides-soignants, du profil de carrière des infirmiers et de notre statut qu'il faut adopter par ordonnance et nous verrons les dates des applications. Concernant les aspects financiers, au moment où on nous dit qu'il n'y a pas d'argent, il y a des corps qui sont plus nombreux que nous et que l'Etat a payés. Nous disons, nous, personnel de santé, nous pensons que dans ce pays, la santé est importante, que la santé, c'est le début de tout développement. Quand on parle et que la population est debout, c'est parce qu'il y a du personnel qui travaille. Pour nous, cela ne peut être objet de discussions. En janvier, nous n'avons pas appliqué nos mesures qui avaient été prises (Ndlr grève sans service minimum), nous avons fait preuve de bonne foi et le gouvernement a joué à la roublardise avec nous. Mais pour nous, cela prend fin maintenant.
Interview réalisée par
Jean Prisca
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