L’un des maillons essentiels du système judiciaire est paralysé depuis un bon bout de temps. Le comble, c’est que personne ne sait avec exactitude, quand prendra fin sa grève. Les greffiers, car c’est bien d’eux qu’il s’agit, ont arrêté le travail. Ils exigent que Gbagbo leur signe le décret d’application de l’ordonnance portant nouveau statut du greffier. C’est le chef de l’Etat lui-même, qui leur a fait cette proposition quand il était en tournée dans le Worodougou, dans le mois de novembre dernier. Et comme depuis, rien n’est fait, alors ils ont décidé de se faire entendre. Réaction légitime certes, mais il va sans dire que ce débrayage qui dure depuis des jours, n’est pas fait pour arranger les choses. Surtout en ce qui concerne le fonctionnement du processus de sortie de crise. Pour la simple raison que les greffiers jouent une partition très importante dans le contentieux électoral qui s’est ouvert après la publication de la liste électorale provisoire. Ceux qui ne figurent pas sur cette liste et pensent qu’ils ont toutes les raisons d’y figurer, doivent produire un certificat de nationalité, seul document administratif et légal qui confère la nationalité à un national d’un pays. Or, il se trouve que dans la confection de ce document, les greffiers jouent un très grand rôle. Ils sont même indispensables. Alors, s’ils arrêtent le travail pendant des jours comme ils l’ont fait, c’est sûr que le délai des réclamations ne sera pas respecté. Plus grave, c’est que ces derniers soutiennent qu’ils ne sont pas prêts à reprendre le travail s’ils n’obtiennent pas gain de cause. Cette grève, selon eux, ‘‘est une grève illimitée’’. Une espèce de pain béni pour Laurent Gbagbo qui pourrait, s’il ne veut pas aller aux élections, prendre tout son temps avant de signer, ou bien refuser du tout de signer. Dans tous les cas, le délai du contentieux ne pourra pas être tenu. A moins que l’on décide de ‘’sacrifier’’ le million d’Ivoiriens sur l’autel des ambitions personnelles. C’est donc en connaissance de cause que les uns et les autres s’interrogent de savoir si cette grève n’a pas des relents politiques. Et si par exemple, Gbagbo tirait les ficelles étant donné qu’à la question de savoir ‘’à qui profite le crime’’, on se rend bien compte que c’est à lui que profite une telle situation. C’est le lieu d’attirer l’attention de la communauté nationale et internationale ainsi que de la CEI, sur ces agissements qui vont nécessairement avoir des répercussions sur le calendrier. Mambé et son équipe ont certainement compris qu’ils ont tenu à faire cette précision de taille dans le communiqué hebdomadaire après la 6é réunion du Cadre permanent de concertation (CPC), qui s’est tenue le jeudi 3 décembre dernier à Ouaga. « (…) Il est impératif, pour la bonne marche du processus électoral, que ces recommandations soient observées dans leur intégralité. Pour sa part, la Commission Electorale Indépendante mettra tout en œuvre pour les honorer. Dans cette perspective, elle souhaite vivement que tous les partenaires technique et financier impliqués dans le processus électoral fassent siennes ces importantes recommandations afin de favoriser le respect strict du chronogramme d’actions.»
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET