Un an et demi que le passeport biométrique a été lancé. Près de 4 mois après la suppression des auditions, le bilan n’est toujours pas fameux : environ 1 personne sur 20 est recalée du fait des anomalies sur les dossiers. Une sorte d’audition-bis encore appelée “réquisition”.
« Vous avez déjà payé 40.000 Fcfa à la banque Atlantique ou à la Cobaci ? Bon. Apportez une attestation d’identité ou une pièce nationale d’identité verte, un extrait de naissance original, un certificat de nationalité, original (de couleur orange), la photocopie de la pièce d’un parent Ivoirien et une photo. Ensuite, allez remplir les fiches, puis faites-vous enrôler.» L’agent de la Sûreté nationale (au Plateau) qui donne ces détails, ce jeudi, indique un hangar où se fait l’enregistrement avant l’enrôlement. Là, deux policières occupées par la longue file d’acquéreurs, lancent de temps en temps : « Le nom qui est sur la pièce d’identité n’est pas celui qui est sur l’extrait de naissance où le certificat de nationalité. » Le concerné qui voit ainsi ses dossiers sur le point d’être refusés, tente en vain de convaincre son interlocutrice qu’il s’agit de la même et unique personne. Et, souvent, c’est tout furieux qu’il se résigne, reprend ses documents et s’en va furibond. Par contre, ceux qui présentent des dossiers sans problème attendent. Un agent du service de l’enrôlement, vêtu d’un tee-shirt rouge, apparaît de temps à autre au pas du bureau, des dossiers en main. « K.L…M.P…B.H ? », cite-t-il. Les acquéreurs qu’il appelle le rejoignent dans le bureau, soulagés. Ceux-là peuvent espérer avoir leur « passeport en 3 jours »…Si d’autres problèmes ne surviennent pas à la dernière minute sur les dossiers. Car, retirés dans leurs bureaux, des historiens et même des spécialistes en religion, selon un agent du « Service cas professionnel », vont faire une analyse en aval. Un dossier, dit-il, peut même être refusé à cause d’un nom à consonance étranger.
Le cas Camara Laye
«Il y a des noms qui ont du mal à être accepté ici.Camara Laye, par exemple. On sait qu’il y a des Camara Laye dans d’autres pays, c’est donc difficile de savoir si la personne est vraiment de nationalité ivoirienne. Cela frustre, mais c’est la pure réalité. Il n’y a pas que les noms à consonance nordiste, il y a des Koffi et certains noms des quatre coins du pays qui sont refusés pour la même raison », explique-t-il ce matin dans son bureau. Il gère au quotidien des dizaines de dossiers qui arrivent dans cette petite pièce équipe de quatre ordinateurs installés sur de petites tables qui ne contiennent rien d’autres. Sur le plancher, traînent pêle-mêle des fils d’ordinateurs et des prises électriques. En somme, le nouveau problème après la suppression des auditions, c’est ce qu’ils appellent ici « les réquisitions.» Ce sont les types de problèmes cités plus haut, des erreurs, des anomalies constatées dans les dossiers et qui nécessitent soit, le refus d’octroyer un passeport biométrique à l’acquéreur, soit, une authentification des documents. « En cas d’anomalies sur l’extrait, on adresse un courrier au maire de la ville où vous êtes né pour lui demander de vérifier dans le registre qu’il y a effectivement votre nom. Ce type d’anomalie peut être aperçue sur le certificat de nationalité, sur l’une des pièces des parents, etc.» Les réponses à ces courriers adressés aux maires pour authentifier un document ne sont pas très souvent porteuses de bonnes nouvelles. Quoiqu’il en soit, toutes les procédures inhérentes à la vérification des dossiers à erreur, prolongent la date d’acquisition du « passeport en 3 jours ». Et, à en juger par les cas de dossiers refusés depuis le lancement du passeport biométrique, plus de 5.700, c’est un véritable problème. Une femme assise dans le bureau de l’agent insiste qu’elle a vu ses deux filles être renvoyées parce qu’elles ont des noms à consonance étrangère. Dehors, il est presque midi. M.L, un acquéreur venu retirer son passeport biométrique en remet une couche, il a tous ces papiers en règle. «J’ai déposé mes dossiers depuis lundi, cependant on me dit d’attendre parce que le dossier est en train d’être analysé », explique-t-il. Qu’est-ce qu’on analyse ? Il l’ignore. En tout cas, ces fameuses réquisitions qui remplacent les auditions, on le voit, tuent « le passeport en 3 jours ».
Raphaël Tanoh
« Vous avez déjà payé 40.000 Fcfa à la banque Atlantique ou à la Cobaci ? Bon. Apportez une attestation d’identité ou une pièce nationale d’identité verte, un extrait de naissance original, un certificat de nationalité, original (de couleur orange), la photocopie de la pièce d’un parent Ivoirien et une photo. Ensuite, allez remplir les fiches, puis faites-vous enrôler.» L’agent de la Sûreté nationale (au Plateau) qui donne ces détails, ce jeudi, indique un hangar où se fait l’enregistrement avant l’enrôlement. Là, deux policières occupées par la longue file d’acquéreurs, lancent de temps en temps : « Le nom qui est sur la pièce d’identité n’est pas celui qui est sur l’extrait de naissance où le certificat de nationalité. » Le concerné qui voit ainsi ses dossiers sur le point d’être refusés, tente en vain de convaincre son interlocutrice qu’il s’agit de la même et unique personne. Et, souvent, c’est tout furieux qu’il se résigne, reprend ses documents et s’en va furibond. Par contre, ceux qui présentent des dossiers sans problème attendent. Un agent du service de l’enrôlement, vêtu d’un tee-shirt rouge, apparaît de temps à autre au pas du bureau, des dossiers en main. « K.L…M.P…B.H ? », cite-t-il. Les acquéreurs qu’il appelle le rejoignent dans le bureau, soulagés. Ceux-là peuvent espérer avoir leur « passeport en 3 jours »…Si d’autres problèmes ne surviennent pas à la dernière minute sur les dossiers. Car, retirés dans leurs bureaux, des historiens et même des spécialistes en religion, selon un agent du « Service cas professionnel », vont faire une analyse en aval. Un dossier, dit-il, peut même être refusé à cause d’un nom à consonance étranger.
Le cas Camara Laye
«Il y a des noms qui ont du mal à être accepté ici.Camara Laye, par exemple. On sait qu’il y a des Camara Laye dans d’autres pays, c’est donc difficile de savoir si la personne est vraiment de nationalité ivoirienne. Cela frustre, mais c’est la pure réalité. Il n’y a pas que les noms à consonance nordiste, il y a des Koffi et certains noms des quatre coins du pays qui sont refusés pour la même raison », explique-t-il ce matin dans son bureau. Il gère au quotidien des dizaines de dossiers qui arrivent dans cette petite pièce équipe de quatre ordinateurs installés sur de petites tables qui ne contiennent rien d’autres. Sur le plancher, traînent pêle-mêle des fils d’ordinateurs et des prises électriques. En somme, le nouveau problème après la suppression des auditions, c’est ce qu’ils appellent ici « les réquisitions.» Ce sont les types de problèmes cités plus haut, des erreurs, des anomalies constatées dans les dossiers et qui nécessitent soit, le refus d’octroyer un passeport biométrique à l’acquéreur, soit, une authentification des documents. « En cas d’anomalies sur l’extrait, on adresse un courrier au maire de la ville où vous êtes né pour lui demander de vérifier dans le registre qu’il y a effectivement votre nom. Ce type d’anomalie peut être aperçue sur le certificat de nationalité, sur l’une des pièces des parents, etc.» Les réponses à ces courriers adressés aux maires pour authentifier un document ne sont pas très souvent porteuses de bonnes nouvelles. Quoiqu’il en soit, toutes les procédures inhérentes à la vérification des dossiers à erreur, prolongent la date d’acquisition du « passeport en 3 jours ». Et, à en juger par les cas de dossiers refusés depuis le lancement du passeport biométrique, plus de 5.700, c’est un véritable problème. Une femme assise dans le bureau de l’agent insiste qu’elle a vu ses deux filles être renvoyées parce qu’elles ont des noms à consonance étrangère. Dehors, il est presque midi. M.L, un acquéreur venu retirer son passeport biométrique en remet une couche, il a tous ces papiers en règle. «J’ai déposé mes dossiers depuis lundi, cependant on me dit d’attendre parce que le dossier est en train d’être analysé », explique-t-il. Qu’est-ce qu’on analyse ? Il l’ignore. En tout cas, ces fameuses réquisitions qui remplacent les auditions, on le voit, tuent « le passeport en 3 jours ».
Raphaël Tanoh