18 juin 2008-11 décembre 2009. Cela fait 18 mois que des dirigeants de la filière café-cacao sont emprisonnés à la Maca (Maison et de correction d’Abidjan) pour nécessité d’enquête dans le cadre de détournements selon le Procureur de la république, Raymond Tchimou Féhou. L’on s’achemine allègrement vers la deuxième année sans que cela n’émeuve personne. Le juge d’instruction, Joachim Ladji Gnakadé, continue de ‘‘traîner les pas’’. Aucun jugement n’a eu lieu depuis l’incarcération des Pca, Henri Amouzou (Fdpcc), Angeline Kili (Frc), Lucien Tapé Do (Bcc), Placide Zoungrana (Arcc), Mangoua Jacques (Fgccc) et leurs directeurs exécutifs, directeurs des affaires administratives et financières et autres. Convoqués à maintes reprises, ces personnes l’ont été pour des confrontations. A ce jour, ce sont au total trois audits qui ont été commandités sur ordre du doyen des juges d’instruction, sans que les deux premiers n’aient fait l’objet de publication de résultat pour situer les prisonniers. «Nous ne savons pas ce qu’ils veulent. Si l’on estime que nous sommes coupables qu’on nous juge au lieu de nous maintenir en prison sans motif réel. L’on n’a rien à nous reprocher. Quand on parle de ‘’détournements massifs’’ comme l’a stipulé le procureur de la république, on ne met pas autant de temps pour la manifestation de la vérité. S’il n’y a rien qu’on nous libère!», soulignait récemment un prisonnier de la filière café-cacao. Même la liberté provisoire est refusée à ces détenus alors que des personnes qui s’étaient rendues coupables de crimes dans l’affaire des déchets toxiques ou des morts du stade Félix Houphouët-Boigny n’avaient pas été emprisonnées avant le procès. Ni jugement, ni liberté provisoire pour ces prisonniers qui, selon certaines sources, sont prêtes à faire des révélations dans les deux cas. Selon toujours des sources dignes de foi, le jugement ne serait pas du goût du régime en place qui sait que beaucoup de choses seront dites. Les premiers responsables des structures de la filière café-cacao posséderaient des informations qu’elles n’hésiteraient pas à brandir. Il n’est pas exclu que certaines personnes exerçant à la Présidence de la république soient nommément citées. Tout comme d’autres qui gravitent autour du Chef de l’Etat. Pour les ex-dirigeants de la filière, aucun cadeau ne sera fait lors de l’ouverture du procès et des ministres devraient en pâtir. Fait notable, l’on annonce même des détails sur l’achat des armes, les chèques remis, les financements des actions des ‘‘jeunes patriotes’’, les individus qui les ont réceptionnés, les lieux et les heures où l’argent a été perçu: «On veut nous pousser à parler? Nous allons parler maintenant.
La grosse colère des
‘’prisonniers du chocolat’’
Nous allons faire le grand déballage. Les gens ont peur des révélations que nous allons faire. Mais que l’on sache que nous n’allons pas porter de gants et ce ne seront pas des paroles en l’air. Cela se fera preuve à l’appui et nous allons surprendre. Ce sera un grand tremblement de terre. Les gens le savent, voilà pourquoi ils ne veulent pas nous juger», a dit sous le couvert de l’anonymat un ancien dirigeant de la filière.
En plus du refus du jugement, il y a aussi celui de la liberté provisoire. Du côté des juges, l’on avance la thèse de la brouille de certaines informations ou la fuite des ex-dirigeants de la filière. «Cet argument ne tient pas. Tous nos biens, passeports et comptes sont bloqués. Où pouvons-nous aller? En plus, nous savons que nous sommes innocents donc nous ne pouvons pas prendre la clé des champs. La liberté provisoire que nous réclamons n’est pas une faveur mais une disposition de la loi qui existe bel et bien surtout que le procès traîne», révèle une détenue. Selon des informations en notre possession, les tenants du pouvoir craignent plutôt qu’en étant en liberté, les ex-dirigeants de la filière fassent campagne contre Laurent Gbagbo pour les avoir mis en prison. Plusieurs parmi eux, et le pouvoir le sait, n’ont jamais porté le régime dans leur cœur, quand d’autres proches du pouvoir, estiment qu’ils ont été remerciés en monnaie de singe puisqu’ils ont été jetés en prison. Alors qu’ils posaient des actes pour le pouvoir en place. Le régime a donc peur de l’effet boomerang que pourrait produire le jugement ou la liberté provisoire. Il ne sait plus à quel saint se vouer et les audits par-ci par-là dénotent de la cacophonie et de l’imbroglio judiciaire qui prévaut. Ce ne sont pas les avocats eux-mêmes qui diront le contraire. Puisque beaucoup parmi eux dénoncent les vices de procédures dans l’affaire.
Quant au président Gbagbo, une telle situation le met dans l’embarras car il a eu le retour des actions des prisonniers. Et il sait que ceux-ci ne se laisseront pas faire, même ceux qui avaient toujours fait preuve de docilité. Ce ne sera donc pas une partie de plaisir pour le chef de l’Etat. Il en est conscient. Tout le monde sait que c’est bien lui qui a ordonné l’enquête mais celle-ci traîne. Au lieu de s’égosiller à longueur de journée sur les tares de notre justice et à parler de réforme, il devrait plutôt jouer sa partition en s’employant à redorer son blason en interpellant ses ‘‘commis’’ sur cette affaire qui n’a que trop duré. A moins que lui-même ne s’accommode de cette situation qui empêche ces ‘‘éternels’’ prisonniers de faire des révélations. Dans tous les cas, quel que soit le temps que cela prendra, quelle que soit la décision (jugement ou liberté provisoire), cette affaire est un os dans la gorge du président Gbagbo..
Jean Eric ADINGRA
La grosse colère des
‘’prisonniers du chocolat’’
Nous allons faire le grand déballage. Les gens ont peur des révélations que nous allons faire. Mais que l’on sache que nous n’allons pas porter de gants et ce ne seront pas des paroles en l’air. Cela se fera preuve à l’appui et nous allons surprendre. Ce sera un grand tremblement de terre. Les gens le savent, voilà pourquoi ils ne veulent pas nous juger», a dit sous le couvert de l’anonymat un ancien dirigeant de la filière.
En plus du refus du jugement, il y a aussi celui de la liberté provisoire. Du côté des juges, l’on avance la thèse de la brouille de certaines informations ou la fuite des ex-dirigeants de la filière. «Cet argument ne tient pas. Tous nos biens, passeports et comptes sont bloqués. Où pouvons-nous aller? En plus, nous savons que nous sommes innocents donc nous ne pouvons pas prendre la clé des champs. La liberté provisoire que nous réclamons n’est pas une faveur mais une disposition de la loi qui existe bel et bien surtout que le procès traîne», révèle une détenue. Selon des informations en notre possession, les tenants du pouvoir craignent plutôt qu’en étant en liberté, les ex-dirigeants de la filière fassent campagne contre Laurent Gbagbo pour les avoir mis en prison. Plusieurs parmi eux, et le pouvoir le sait, n’ont jamais porté le régime dans leur cœur, quand d’autres proches du pouvoir, estiment qu’ils ont été remerciés en monnaie de singe puisqu’ils ont été jetés en prison. Alors qu’ils posaient des actes pour le pouvoir en place. Le régime a donc peur de l’effet boomerang que pourrait produire le jugement ou la liberté provisoire. Il ne sait plus à quel saint se vouer et les audits par-ci par-là dénotent de la cacophonie et de l’imbroglio judiciaire qui prévaut. Ce ne sont pas les avocats eux-mêmes qui diront le contraire. Puisque beaucoup parmi eux dénoncent les vices de procédures dans l’affaire.
Quant au président Gbagbo, une telle situation le met dans l’embarras car il a eu le retour des actions des prisonniers. Et il sait que ceux-ci ne se laisseront pas faire, même ceux qui avaient toujours fait preuve de docilité. Ce ne sera donc pas une partie de plaisir pour le chef de l’Etat. Il en est conscient. Tout le monde sait que c’est bien lui qui a ordonné l’enquête mais celle-ci traîne. Au lieu de s’égosiller à longueur de journée sur les tares de notre justice et à parler de réforme, il devrait plutôt jouer sa partition en s’employant à redorer son blason en interpellant ses ‘‘commis’’ sur cette affaire qui n’a que trop duré. A moins que lui-même ne s’accommode de cette situation qui empêche ces ‘‘éternels’’ prisonniers de faire des révélations. Dans tous les cas, quel que soit le temps que cela prendra, quelle que soit la décision (jugement ou liberté provisoire), cette affaire est un os dans la gorge du président Gbagbo..
Jean Eric ADINGRA