Ils sont environ 700 enfants. Leur âge varie de 8 mois pour le plus jeune, à 23 ans pour le plus âgé. La plupart d’entre eux sont orphelins. Certains ont vu leurs familles décimées pendant la guerre. Nombreux sont ceux qui ont été abandonnés dès leur naissance, ramassés dans une poubelle ou au coin de la rue. Quelques-uns sont issus de milieux sociaux très précaires et impropres à leur épanouissement. Et d’autres encore sont victimes de préjugés et d’exclusion socioculturels. Eux, ce sont les pensionnaires (ou bénéficiaires) des Sos Villages d’enfants d’Abobo et d’Aboisso. Ils ne sont, certes, pas trop malheureux. Puisque ces établissements leur offrent le gîte et le couvert.
Et même bien plus : une cellule familiale, un suivi médical, et une éducation. «Nous offrons aux enfants orphelins ou abandonnés que nous recueillons, la sécurité d’un foyer, l’affection d’une mère, la vie en famille dans une maison avec des frères et sœurs, des soins médicaux et une bonne éducation en vue d’une meilleure intégration dans la vie», explique Paul Gbato, directeur national des Sos Villages d’enfants de Côte d’Ivoire.
Les vendredi 18 et samedi 19 décembre, ce sera la célébration, au niveau mondial, du 60e anniversaire des Sos Kinderdorf International. Entendez, Sos Villages d’enfants international (traduction de l’allemand). A la faveur des préparatifs de cet événement mondial, nous avons (re)visité, le jeudi 3 décembre, le Village Sos d’Abobo, où se dérouleront les festivités au niveau national.
Bâti sur une superficie de 4,5 hectares clôturés, le Sos Village d’enfants d’Abobo, situé dans le quartier du même nom, présente plutôt l’aspect d’une… coquette petite ville ! Artère principale bien bitumée, avec ses grands arbres en haies et ses lampadaires formant une très belle avenue. Voies secondaires recouvertes d’asphalte. Villas de 4, 5 et 6 pièces joliment bâties en dur, avec vérandas et autres commodités d’ameublement. Jardins bien entretenus, cours et arrière-cours verdoyantes et très propres. Belle école primaire de six classes et jardin d’enfants bien aérés. Terrains omnisports (basket-ball, handball, football) qu’on ne trouveraient pas dans beaucoup de «grandes écoles».
Un centre de santé, une cantine scolaire, une salle polyvalente, un vaste apatam, des salles d’études, etc. Rien à voir avec le village traditionnel et ses ruelles poussiéreuses, ses maisons et cases en banco, son éclairage à la lampe-tempête ou au clair de lune. L’environnement donne vie et fait envie... En apparence ! Car, là s’arrête le côté jardin, qui contraste de très loin avec la réalité quotidienne.
En effet, même si dans toutes les maisons visitées, les enfants dorment sur des lits (superposés pour la plupart), les matelas sont généralement très usagés. Et certains ne sont pas recouverts de draps. Il fait assez chaud dans les chambres, mais la plupart d’entre elles manquent de ventilateurs. Certains gamins disent souffrir des piqûres de moustiques, et souhaiteraient dormir sous des moustiquaires. Mais il n’y en a pas dans tous les dortoirs ou pour tous les lits. Sur la dizaine de maisons familiales que compte le Village d’Abobo, une seule est équipée d’un poste téléviseur. Le foyer des jeunes filles de 14 à 18 ans, qui se trouve à l’intérieur du Village – celui des garçons est hors du village – n’en est pas pourvu. Un véritable handicap pour celles qui sont en classes d’examen (3e et terminale), car elles ne peuvent pas suivre les informations. Les mères et tantes Sos prennent chacune, bien soin de leur logis et de leurs pupilles, au nombre de dix par maisonnée. Les cuisines et toilettes sont propres, les affaires personnelles des enfants (habits, chaussures, cahiers, cartables…) soigneusement rangées dans les placards des chambres. Mais elles manquent régulièrement de produits d’entretien, de savons, etc.
Selon le directeur national, il faut beaucoup de moyens pour assurer le quotidien et l’avenir de ces enfants défavorisés par la nature. «Pour la nourriture seulement, un enfant coûte en moyenne 600 F.Cfa par jour. Il y a 100 enfants qui vivent à l’intérieur de chaque village, à raison de 10 enfants par maison familiale. Nous avons 10 à 12 maisons par village, et il faut au moins 2 sacs de riz de 50kg par mois pour chaque famille», fait remarquer M. Gbato. Dans ces conditions, le budget des deux villages, constitué pour une grande part des collectes de fonds et de dons effectués par la maison-mère, basée en Autriche, devient forcément insuffisant. Surtout quand les charges de fonctionnement et de gestion grèvent l’essentiel des fonds alloués par Sos Kinderdorf International. Ainsi que les ressources (dons en nature et en espèces) recueillies sur place. «Une bonne partie de notre budget qui aurait pu servir à s’occuper des enfants est englouti dans les charges de fonctionnement, pour payer les factures d’eau, de courant, de téléphone, le personnel…», déplore le directeur national. Très lourd donc à supporter. Surtout que l’Etat ivoirien n’apporte pas son appui à ces structures. «Malheureusement, nous n’avons pas de subvention de l’Etat. A l’époque, l’Etat octroyait une subvention de 300.000 F à 800.000 F.Cfa par an pour les deux villages. Je vous assure que cette somme ne peut même pas permettre de nourrir les enfants pendant un jour. Et depuis quelques années, cet argent ne vient plus malgré nos multiples demandes. L’Etat doit sûrement avoir trop de problèmes pour nous aider», confie M. Gbato, quelque peu résigné.
Qu’à cela ne tienne ! Le directeur national ne désespère pas. Il voudrait compter sur les personnes de bonne volonté, et la légendaire culture de fraternité, d’humanisme et de solidarité des Ivoiriens. Paul Gbato adresse alors cette supplique aux gouvernants et à ses concitoyens : «Nous avons urgemment besoin de l’appui non seulement du gouvernement, mais de tous les Ivoiriens. Comme les autorités se plaisent à le dire, ce pays est solide. Et nous devons montrer à la face du monde que nous sommes capables de faire quelque chose pour nos enfants en difficulté». Pour lui, la célébration des 60 ans des Villages Sos dans le monde est une opportunité pour lancer un appel à la solidarité nationale autour de ces enfants déshérités. Car, mieux que des discours, les Villages Sos de Côte d’Ivoire attendent des actions concrètes. Le message de M. Gbato est sans équivoque : «Il nous faut agir, et vite. Nous avons un système de parrainage au plan local, et le parrainage d’un enfant revient à 2.500 F par mois, une maison familiale à 25.000 F et 3 millions de F.Cfa par mois pour parrainer tout un village. Nous pensons qu’il y a dans ce pays, de bonnes volontés, des hommes, des femmes et des entreprises capables de faire cela pour ces enfants, qui n’ont besoin que d’un peu de notre amour et de notre compassion».
Anasse Anasse
Et même bien plus : une cellule familiale, un suivi médical, et une éducation. «Nous offrons aux enfants orphelins ou abandonnés que nous recueillons, la sécurité d’un foyer, l’affection d’une mère, la vie en famille dans une maison avec des frères et sœurs, des soins médicaux et une bonne éducation en vue d’une meilleure intégration dans la vie», explique Paul Gbato, directeur national des Sos Villages d’enfants de Côte d’Ivoire.
Les vendredi 18 et samedi 19 décembre, ce sera la célébration, au niveau mondial, du 60e anniversaire des Sos Kinderdorf International. Entendez, Sos Villages d’enfants international (traduction de l’allemand). A la faveur des préparatifs de cet événement mondial, nous avons (re)visité, le jeudi 3 décembre, le Village Sos d’Abobo, où se dérouleront les festivités au niveau national.
Bâti sur une superficie de 4,5 hectares clôturés, le Sos Village d’enfants d’Abobo, situé dans le quartier du même nom, présente plutôt l’aspect d’une… coquette petite ville ! Artère principale bien bitumée, avec ses grands arbres en haies et ses lampadaires formant une très belle avenue. Voies secondaires recouvertes d’asphalte. Villas de 4, 5 et 6 pièces joliment bâties en dur, avec vérandas et autres commodités d’ameublement. Jardins bien entretenus, cours et arrière-cours verdoyantes et très propres. Belle école primaire de six classes et jardin d’enfants bien aérés. Terrains omnisports (basket-ball, handball, football) qu’on ne trouveraient pas dans beaucoup de «grandes écoles».
Un centre de santé, une cantine scolaire, une salle polyvalente, un vaste apatam, des salles d’études, etc. Rien à voir avec le village traditionnel et ses ruelles poussiéreuses, ses maisons et cases en banco, son éclairage à la lampe-tempête ou au clair de lune. L’environnement donne vie et fait envie... En apparence ! Car, là s’arrête le côté jardin, qui contraste de très loin avec la réalité quotidienne.
En effet, même si dans toutes les maisons visitées, les enfants dorment sur des lits (superposés pour la plupart), les matelas sont généralement très usagés. Et certains ne sont pas recouverts de draps. Il fait assez chaud dans les chambres, mais la plupart d’entre elles manquent de ventilateurs. Certains gamins disent souffrir des piqûres de moustiques, et souhaiteraient dormir sous des moustiquaires. Mais il n’y en a pas dans tous les dortoirs ou pour tous les lits. Sur la dizaine de maisons familiales que compte le Village d’Abobo, une seule est équipée d’un poste téléviseur. Le foyer des jeunes filles de 14 à 18 ans, qui se trouve à l’intérieur du Village – celui des garçons est hors du village – n’en est pas pourvu. Un véritable handicap pour celles qui sont en classes d’examen (3e et terminale), car elles ne peuvent pas suivre les informations. Les mères et tantes Sos prennent chacune, bien soin de leur logis et de leurs pupilles, au nombre de dix par maisonnée. Les cuisines et toilettes sont propres, les affaires personnelles des enfants (habits, chaussures, cahiers, cartables…) soigneusement rangées dans les placards des chambres. Mais elles manquent régulièrement de produits d’entretien, de savons, etc.
Selon le directeur national, il faut beaucoup de moyens pour assurer le quotidien et l’avenir de ces enfants défavorisés par la nature. «Pour la nourriture seulement, un enfant coûte en moyenne 600 F.Cfa par jour. Il y a 100 enfants qui vivent à l’intérieur de chaque village, à raison de 10 enfants par maison familiale. Nous avons 10 à 12 maisons par village, et il faut au moins 2 sacs de riz de 50kg par mois pour chaque famille», fait remarquer M. Gbato. Dans ces conditions, le budget des deux villages, constitué pour une grande part des collectes de fonds et de dons effectués par la maison-mère, basée en Autriche, devient forcément insuffisant. Surtout quand les charges de fonctionnement et de gestion grèvent l’essentiel des fonds alloués par Sos Kinderdorf International. Ainsi que les ressources (dons en nature et en espèces) recueillies sur place. «Une bonne partie de notre budget qui aurait pu servir à s’occuper des enfants est englouti dans les charges de fonctionnement, pour payer les factures d’eau, de courant, de téléphone, le personnel…», déplore le directeur national. Très lourd donc à supporter. Surtout que l’Etat ivoirien n’apporte pas son appui à ces structures. «Malheureusement, nous n’avons pas de subvention de l’Etat. A l’époque, l’Etat octroyait une subvention de 300.000 F à 800.000 F.Cfa par an pour les deux villages. Je vous assure que cette somme ne peut même pas permettre de nourrir les enfants pendant un jour. Et depuis quelques années, cet argent ne vient plus malgré nos multiples demandes. L’Etat doit sûrement avoir trop de problèmes pour nous aider», confie M. Gbato, quelque peu résigné.
Qu’à cela ne tienne ! Le directeur national ne désespère pas. Il voudrait compter sur les personnes de bonne volonté, et la légendaire culture de fraternité, d’humanisme et de solidarité des Ivoiriens. Paul Gbato adresse alors cette supplique aux gouvernants et à ses concitoyens : «Nous avons urgemment besoin de l’appui non seulement du gouvernement, mais de tous les Ivoiriens. Comme les autorités se plaisent à le dire, ce pays est solide. Et nous devons montrer à la face du monde que nous sommes capables de faire quelque chose pour nos enfants en difficulté». Pour lui, la célébration des 60 ans des Villages Sos dans le monde est une opportunité pour lancer un appel à la solidarité nationale autour de ces enfants déshérités. Car, mieux que des discours, les Villages Sos de Côte d’Ivoire attendent des actions concrètes. Le message de M. Gbato est sans équivoque : «Il nous faut agir, et vite. Nous avons un système de parrainage au plan local, et le parrainage d’un enfant revient à 2.500 F par mois, une maison familiale à 25.000 F et 3 millions de F.Cfa par mois pour parrainer tout un village. Nous pensons qu’il y a dans ce pays, de bonnes volontés, des hommes, des femmes et des entreprises capables de faire cela pour ces enfants, qui n’ont besoin que d’un peu de notre amour et de notre compassion».
Anasse Anasse