La raréfaction des ressources ligneuses menace la productivité des scieries du Bas-Sassandra dont certaines ont commencé à fermer. Avec un couvert forestier de 21 millions d’hectares au lendemain de l’indépendance, la Côte d’Ivoire avait pour 3ème produit d’exportation après le cacao et le café, le bois. 50 ans après, les ressources ligneuses, estimées à moins de 2 millions d’hectares, sont de plus en plus insuffisantes pour alimenter les scieries. Cette tendance, si l’on n’y prend garde, préviennent les acteurs de la filière, va entraîner la fermeture de plusieurs unités industrielles aux conséquences dommageables pour les travailleurs. Selon nos sources, l’avènement des scieries dans l’exploitation forestière est la convergence de deux facteurs. Au plan national, le gouvernement se propose de « créer de la valeur au niveau national avant l’exportation de ses productions agricoles. En clair, la tendance à la transformation des matières premières doit contribuer à générer des devises et des emplois. Au plan extérieur, une disposition législative de Bruxelles fait obligation, aux pays Acp (Afrique Caraïbes Pacifique) de scier les grumes avant l’embarquement car les écorces, les sciures et autres déchets de bois leur causent des problèmes environnementaux. D’où l’implantation des unités industrielles dont des multinationales. Iroko, acajou, samba, bété, agnégré, fromager, sont, entre autres, les essences recherchées par les industriels. Les résultats étaient probants vu que les scieries n’avaient pas de mal à s’approvisionner en bois transformable. A San Pedro, le conglomérat d’usines de transformation de grumes et l’érection d’un parc à bois (Sepba) dans l’enceinte du port sont les vestiges d’un passé de prospérité pour. Aujourd’hui, Thanry, Stbs, Smci, Sipcatala, African industries etc., ces scieries de la cité balnéaire, battent de l’aile car la matière première se raréfie. D’autres telles que Recto Industries, African Wood ont mis la clef sous le paillasson. Selon deux employés de Stbs qui ont requis l’anonymat, le volume de grumes livrées à cette scierie a considérablement baissé : « Avant on déchargeait par jour au moins 5 grumiers. Nous n’allons plus en brousse car il n’y a plus de bois à convoyer», expliquent les deux garçons desoeuvrés. Nos tentatives pour savoir le cubage de grumes (ici on ne parle pas de tonnage) déchargées sur les parcs de Smci, African Industries sont restées vaines. Cependant, les témoignages recueillis auprès de plusieurs responsables de parcs corroborent une tendance à la baisse de la fourniture de grumes. Dans cette grisaille, seules les scieries qui utilisent des essences fournies par la Sodefor (Société pour le développement des forêts) résistent. C’est le cas de Wood Ivoire qui tranforme le bois appelé «cédrela » en débité et d’autres qui exploitent le teck. Comme solutions palliatives, les grands groupes tels que Thanry, Stbs ont étendu leurs tentacules aux pays limitrophes pour se procurer la matière première. « Il y a quelques années, des grumes nous venaient du Liberia, mais cela a cessé à cause de l’embargo sur les richesses de ce pays », rectifie Pierre, chef de parc à Smci. D’autres sources indiquent que pour réduire les coûts de facteurs, des scieries délocalisent progressivement au Liberia et en Guinée; les nouveaux eldorados de l’activité ligneuse. Entraînant le chômage de centaines de travailleurs pour « raison économique ».
Par Dosso Mourlaye
(Correspondant régional)
Par Dosso Mourlaye
(Correspondant régional)