Dans un témoignage pathétique, Mme Sidonie Augnet, présidente de l’ONG ‘’Belle et pure’’ a dévoilé un pan de sa vie. Son récit est d’autant plus révoltant qu’elle a vécu seule ce drame physique psychologique et moral sans soutien. A l’occasion d’un séminaire de sensibilisation de l’ONG qu’elle a créée, elle n’a pas hésité à livrer ce douloureux secret, à une assistance consternée piquée jusqu’aux larmes. « A l’âge de 8 ans, j’ai été violée par un ami à mon grand-frère. Il venait régulièrement chez nous, passait quelques fois la nuit. Mon frère faisait la même chose. Ils étaient si proches que je lui faisais naturellement confiance. Et un jour, il s’est introduit dans ma chambre. Il s’est mis à me toucher partout jusque dans mon intimité. Lorsque j’ai voulu crié, il m’a menacé et j’ai eu si peur que je me suis tue. Cette situation m’a donné un dégoût des hommes. Car, quand j’en ai parlé à ma mère, elle m’a rabrouée en me disant que ces choses là ne se disaient que par les adultes. J’ai eu mal dans mon âme et j’en ai même gardé des séquelles terribles. Aujourd’hui, dès que j’ai peur ou que je suis stressé, je suis bloquée. Je ne peux pas parler. J’ai gardé au fond de moi cette douleur jusqu’en classe de 6ème. J’habitais chez un ami de mon père. Malgré la grande amitié qui le liait à mon père, il a été sans pitié. Chaque fois qu’il me demandait de lui apporter quelque chose dans sa chambre, il me déshabillait et me touchait. Je résistais comme je pouvais. Mais il a menacé de dire à mon père que je faisais l’école buissonnière si je ne voulais pas. A bout de force, un jour j’entrepris d’en parler à ma mère qui était venu me voir. Contre toute attente je vais être déçue une seconde fois. Ma mère m’a traitée de menteuse. Elle a même dit que je voulais détruire une relation vieille de plusieurs années de mon père. J’ai été battue jusqu’à être privée de nourriture. J’étais dégoûtée. Sa Fuire ! C’était la solution. J’ai alors fugué pour échapper aux assauts répétés de mon tuteur. Mais malheureusement, cela n’exposait davantage. Un jour, lors d’un bal de fin d’année, j’allais revivre cette affreuse expérience. J’ai été traînée par un élève qui m’a possédée avec une violence inouïe. Je me débattais du mieux que je pouvais. Lorsque j’hurlais, il me crachait dans la bouche. Ça a été terrible, adieux. J’ai vécu avec cette plaie béante en moi, pendant des années sans pouvoir le dire à personne. Car j’en ai parlé à une amie, et elle m’a dit que c’était trop humiliant, et qu’il faillait le cacher à tout le monde. C’est ce que j’ai fais jusqu’en classe de seconde. Là, j’ai fait la connaissance de quelqu’un qui est devenu plus tard mon époux. Mais au prix de combien d’efforts ! En classe de seconde donc je suis tombée enceinte et j’étais obligée d’arrêter momentanément mes études à cause ma grossesse. Cela a surtout été favorisé par le fait que mon homme m’avait rassurée qu’il paierait ma scolarité, après la naissance de l’enfant. Mais quelle me furent ma surprise et ma déception lorsque me sentant prête à reprendre l’école, celui-ci me laisse entendre qu’il n’était pas mon père pour me payer des cours, j’ai compris que j’étais tombée dans un piège. Démunie et sans moyens financiers, je me suis résignée à une vie de femme au foyer avec tout ce que cela comporte comme humiliation. Comprenez que même mariée une femme peut être sujette à des violences sexuelles de la part de son époux. J’ai eu le malheur de connaître ce triste sort. J’étais à la merci de mon époux qui pensait qu’il pouvait disposer de moi comme il voulait et quand il voulait. C’est alors qu’un jour alors que je me refusais à lui, mon mari est entré dans un colère noire et m’a battue. Il m’a flagellée jusqu’à épuisement. J’étais ensanglantée faible et totalement anéantie. C’est alors que, mon homme m’a possédée comme il voulait. Je pleurais, humiliée et salie. Il m’a alors demandé pardon pour me rendre plus propre. Je vous avoue que ce jour-là, j’ai passé environ trois heures dans la salle de bain. Je voulais me purifier de cette souillure mais comment ? Bien au contraire je saignais abondamment. J’ai été voir un médecin le lendemain. Fort heureusement, tout est rentré dans l’ordre et je me suis remise progressivement de mes douleurs. Mais, tenez-vous bien ! A la suite de ces rapports qui m’ont marquée au fer rouge je découvre que je suis enceinte. C’était le comble. Mettre un enfant au monde à la suite d’une telle violence ? Je ne pouvais l’accepter. J’ai donc décidé de faire interrompre la grossesse. Quelle ne fut ma surprise lorsque le médecin m’annonça que j’étais enceinte de jumeaux. Le médecin a, de ce fait, refusé de faire le Curetage, parce qu’il ne souhaitait pas éliminer deux êtres à la fois. Malgré moi, j’ai dû supporter cette grossesse comme un poids pendant neuf longs et douloureux mois. Malheureusement, l’un des jumeaux est décédé, mais l’autre est une source de réelle fierté pour moi aujourd’hui. Il est toujours premier de sa classe. Je remercie le médecin qui n’avait conseillé de garder la grossesse. Retenez que je suis maintenant une femme épanouie. J’ai eu la chance de rencontrer un homme qui m’a regardée différemment, je suis forte et courageuse. Plus forte que tous ceux qui m’ont fait souffrir. Lorsque j’étais en France, il m’est venu à l’esprit de créer une ONG pour venir en aide aux femmes victimes d’abus et de violences sexuels. Si je le pouvais, j’aurais réalisé un grand rêve. Celui d’étreindre toutes ces victimes silencieuses qui meurent à petit feu d’avoir été si injustement traitées. C’est pourquoi je dis que cette ONG n’est pas une organisation de trop. Elle est sortie de mes entrailles, profondes. Je demande à toutes les filles d’apprendre à se responsabiliser en entreprenant des activités. Pour celles qui sont encore en formation, il est impérieux de se concentrer sur leurs études. Elles doivent comprendre que tant qu’une femme ne fait rien elle est à la merci de son homme. Aujourd’hui, je tiens tête aux hommes, même aux hauts placés, et on me dit que j’ai du caractère. J’en suis heureuse parce que pour moi c’est une forme de revanche que j’ai prise sur la vie ».
Témoignage, retranscrit par Idrissa Konaté
Témoignage, retranscrit par Idrissa Konaté