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Politique Publié le mardi 22 décembre 2009 | Le Temps

Coup d`Etat de 1999 : Enfin la vérité

Henri Konan Bédié, dans ses différentes interventions, semble chercher ceux qui l'ont fait partir du pouvoir. Un pouvoir qu'il a eu sur un plateau d'or. Il ne digère pas ce qui lui est arrivé. Monsieur le président du Pdci, ne cherchez plus. La vérité est à travers ce dossier explosif que Le Temps Hebdo, comme d'habitude, vous propose. En le lisant vous saurez ceux qui vous ont chassé du pouvoir. En effet des militaires, ayant participé à la chute de Bédié, révèlent que l'instigateur principal de ce coup n'est autre que Alassane Ouattara. Celui avec qui vous avez décidé de sceller une alliance pour combattre le Président Laurent Gbagbo. Alors que ce dernier n'a rien à voir avec votre départ du pouvoir par la force. Le serpent est à côté de vous. Il est même dans votre poche. Dans ce dossier explosif, ces militaires font également des révélations troublantes.

Ils donnent tous les détails de l'opération. En plus, dans nos investigations également, nous avons pu avoir le restaurant parisien où tout a été planifié pour la chute du sphinx de Daoukro. Il en est de même des noms de tous ceux qui ont participé à cette rencontre. Ce n'est pas Kablan Duncan, ancien premier ministre, sous le régime de N'Zuéba, qui dira le contraire. Lui également fait à son tour des révélations. Dans un document signé de lui, il explique comment les négociations se déroulées avec les militaires. Dix ans après le coup d'Etat du 24 décembre 1999, les membres du Cnsp ont connu diverses fortunes. Voici ce qu'ils sont devenus.

Dix ans après le coup d'Etat du 24 décembre 1999 : Kablan Duncan fait des révélations

Daniel Kablan Duncan, Premier ministre sous le régime de Henri Konan Bédié, fait des révélations sur le coup d'Etat de 1999.

“Du 11 décembre 1993 au 24 décembre 1999, j'ai eu l'insigne honneur, grâce à l'inébranlable volonté et confiance du chef de l'Etat, le Président Henri Konan Bédié, d'animer et de coordonner, sous sa haute égide, l'action du Gouvernement ivoirien. Les résultats de cette action gouvernementale sont connus, tant avec ses faiblesses qu'avec aussi ses succès et tout un chacun peut, notamment avec le recul du temps, l'apprécier à sa juste valeur, et ce à sa manière, selon sa perception des faits et ses sensibilités politiques. Quoi qu'il en soit, tel n'est pas l'objet de mon propos de ce jour. Après le coup d'Etat militaire du 24 décembre 199, j'ai volontairement décidé, pour des raisons éthiques et personnelles, de m'abstenir de toute déclaration malgré les nombreuses sollicitations faites par des journalistes de tous bords, tant en Côte d'Ivoire qu'à l'extérieur.

Si je crois utile aujourd'hui d'intervenir, mais soulignons le très vite, de manière ponctuelle et limitée pour l'heure, c'est parce que certaines déclarations et / ou affirmations récentes d'hommes politiques commandent des réponses claires sur les deux points précis évoqués et rappelés ci- après, au risque autrement de créer ou d'entretenir le doute dans l'esprit des Ivoiriens et des amis de la Côte d'Ivoire:

1°) “Le gouvernement d'alors n'a pas discuté avec les mutins pour satisfaire les revendications des soldats ;

2°) Les dispositions financières n'ont pas été prises pour effectuer le décaissement rapide d'un montant d'un (1) milliard FCFA correspondant aux revendications des mutins”.

Je voudrais d'abord, et avant d'y répondre, saluer respectueusement la mémoire de tous les nombreux morts directs et indirects des tragiques événements qui ont endeuillé notre pays depuis ce coup d'Etat militaire.

Je voudrais ensuite présenter mes condoléances les plus attristées aux familles éplorées de ces défunts et partager aussi la grande douleur et le désarroi de tous ceux qui y ont perdu leurs biens.

Etant moi-même, à différents titres affecté par ces faits, je ne peux que mieux comprendre l'immensité de leur peine et de leur chagrin.

Je voudrais enfin m'associer de tout cœur aux déclarations du Président Henri Konan Bédié faites notamment lors du Forum de Réconciliation Nationale et relatives particulièrement à la repentance exprimée.

La réponse à ces deux interrogations suscitées est contenue dans le compte rendu rappelé ci-après, du déroulement des différentes rencontres et négociations des 23 et 24 décembre 1999.

Compte rendu des événements ayant conduit au Coup d'Etat du 24 décembre 1999

Journée du 23 décembre 1999

Comme suite à l'évolution des événements survenus au sein des Forces armées nationales dans la nuit du 22 au 23 décembre 1999, qui ont abouti à l'attaque du domicile du Général Tauthui, Commandant des Forces Terrestres, le Premier ministre, de retour de l'inauguration des nouveaux Centres de Santé de Koumassi et de Port- Bouët (faisant partie du programme d'urgence des 22 Centres de Santé construits dans la Capitale Economique par le Gouvernement), a eu à présider plusieurs réunions dans la matinée du 23 décembre 1999. Ces réunions se sont déroulées à la Primature, à l'Etat Major des Armées et au ministère de la Défense, elles ont permis d'identifier et de localiser le groupe des mutins à la Poudrière d'Akouédo. Le Premier ministre était accompagné au cours de ces rencontres de quelques membres du Gouvernement, des principaux Responsables concernés par la question sécuritaire et des Autorités militaires.

Dans l'après-midi, de 17 heures 30 à 20 heures, entouré des autorités Civiles et Militaires, et conformément aux instructions du Chef de l'Etat avec qui il est resté en contact permanent, le Premier ministre a reçu à la Primature une délégation de ces mutins conduite par le sergent Diomandé dit “La Grenade”.

A la demande du Premier ministre, le ministre de la Défense a pris la parole pour situer l'objet de la rencontre; ensuite le sergent.

Diomandé a exposé les revendications consignées dans un document manuscrit en neuf points remis au Premier ministre. Un autre Soldat est intervenu pour conforter les dires de son collègue. Les deux Sous- officiers ont tenu à préciser que leur mouvement n'a rien de politique et qu'il est de nature corporatiste bien qu'il y ait certaines tentatives de récupération politique.

Les neuf points des revendications étaient les suivants :

Reprise du recrutement des recrues;
Mettre en application le Code de la Fonction militaire;
Respecter les droits annuels de détente;
Améliorer les conditions de vie des militaires;
Revoir la durée des stages et avancement;
Doter le Centre Hospitalier des Années de matériels;
Dotation en armements, munitions, effets de couchage et habits ;
Améliorer les avantages du militaire dans les missions extérieures;

Respecter les primes alimentaires pour les missions d'intervention (maintien d'ordre, patrouilles, etc.)

Le document comportait en outre les mentions suivantes :

“Notre acte n'est pas de violer la loi, ni de marcher ou même obliger nos chefs;
Eviter les attaques;

Nous sommes prêts pour mourir; de même .nous comptons sur votre bonne compréhension”

Après avoir analysé ces différentes revendications, le Premier ministre a instruit séance tenante le ministre de la Défense et la hiérarchie militaire d'examiner lesdites revendications afin d'en déterminer les coûts financiers pour la prise de décision immédiate.

A la suite des instructions du Premier ministre, une réunion technique s'est tenue immédiatement après, dans les locaux même de la Primature, le coût du train de mesures d'urgence a été évalué à environ 500 000 000F (cinq cents millions de francs) Cfa.

Le Premier ministre a décidé de relever cette développe à 1 milliard de francs Cfa afin de répondre à toutes éventualités. C'est ainsi que sur ses instructions cette somme a été effectivement dégagée et bloquée à cet effet par le Directeur Général du Trésor. Cet engagement du Gouvernement a été porté à la connaissance des soldats, en outre le Premier ministre leur a indiqué que le chef de l'Etat joint au téléphone a décidé de les recevoir lui-même le 24 décembre à Il heures. Comme l'ont souhaité les soldats, le catalogue de leurs revendications devait être publié par voie de presse.

Par ailleurs, le Premier ministre a demandé et obtenu que les militaires se retirent des différents points occupés et regagnent leurs casernes afin de permettre une normalisation plus rapide de la situation et la poursuite des négociations dans la sérénité.

Les discussions ont pris fin vers 20 heures, les soldats se retirant ont promis rendre compte à leurs camarades, non seulement des importants acquis concédés par le Gouvernement, mais aussi de leur faire connaître les recommandations du Premier ministre, notamment celles relatives au retrait des espaces de la Télévision et de la Maison de la Radio et d'en rendre compte. Un Officier Supérieur avait: été instruit de les accompagner à ces fins.

De retour de Daoukro, en fin d'après-midi de ce 23 décembre, le Président de la République qui avait suivi de bout en bout le déroulement de ces événements, a convoqué en sa résidence de Cocody ses collaborateurs qui avaient pris part à la négociation et l'ensemble de la haute Hiérarchie Militaire.

A cette réunion, les Présidents de l'Assemblée nationale et du Conseil Constitutionnel s'étaient volontairement joints au Chef de l'Etat pour participer aux discussions.

Cette séance de travail qui a duré de 23 heures à 02 heures du matin, a permis de faire le point global de cette situation et des mesures idoines à prendre avant la rencontre prévue le 24 décembre à Il heures avec la délégation de mutins.

Journée du 24 décembre 1999

Le 24 décembre, compte tenu de l'évolution de ce grave événement le chef de l'Etat a reçu vers 7 heures, donc plus tôt que prévu, une délégation des mutins pour poursuivre les négociations, celle-ci était accompagnée par un Officier Supérieur. Le Président de la République a saisi l'opportunité de cette rencontre pour confirmer les mesures annoncées la veille par le Premier ministre.

Cette délégation de Soldats mutins conduite cette fois par le sergent Ibrahim Coulibaly dit "IB ", au lieu du sergent Demandé, a introduit de nouveaux éléments aux négociations ; à savoir notamment:

La libération des détenus politiques de la Maca;
L'engagement du Gouvernement de s'abstenir de prendre des sanctions contre les mutins.

S'agissant du premier point, le Chef de l'Etat, Chef des Armées, a dit aux soldats de ne pas faire l'amalgame entre les revendications corporatistes et les questions politiques. Il a toutefois indiqué que les prisonniers étaient frappés par la Loi Anti-casse à la suite des manifestations organisées par le Rdr. La question de leur libération était contenue dans le discours prononcé le 22 décembre 1999 à l'Assemblée nationale; à savoir que leur mise en liberté ne pouvait être possible que sous réserve de souscrire à un engagement à la non violence ayant d'être libérés pour prendre part à la vie politique nationale.

D'autre part, en ce qui concerne le second point, le Gouvernement a accepté par écrit d'accorder l'immunité aux mutins. Cet engagement écrit devait être porté à la connaissance de leurs camarades par les délégués des mutins dès leur sortie de la Résidence présidentielle afin de permettre notamment de libérer les Maison de la Radio et de la Télévision.
C'est donc contre toute attente que les manifestations des militaires ont été définitivement récupérées au plan politique et que le 24 décembre 1999, en fin de matinée, le Général Gueï a fait sa déclaration annonçant la prise du Pouvoir par les militaires.

En conclusion, il y a bien eu des négociations avec les militaires, des engagements fermes et des dispositions pratiques ont été pris sur instructions du Président Bédié pour satisfaire les revendications d'ordre corporatiste des mutins.

Kablan Duncan Daniel ancien Premier ministre
Dix ans après le coup d'Etat du 24 décembre 1999

Le restaurant parisien où tout a été planifié

Le coup d'Etat de décembre 1999 continue encore de livrer ses secrets. Révélant tout sur la préparation du coup de force.

Verneuil l'Etang, cette petite cité française peut aujourd'hui, se targuer d'avoir été le lieu où le président du Rdr, Alassane Ouattara et des officiers de l'Armée ivoirienne se sont constamment rencontrés. Tout naturellement pour aborder des sujets relatifs à la vie de Nation ivoirienne. La première rencontre fut d'abord et avant tout celle qui s'est inscrite dans le cadre de la belle cérémonie organisée par Dominique Ouattara, l'épouse de Ouattara à Paris, à la faveur des grandes actions de Children of Africa. C'était exactement en octobre de 1999. Ensuite, va avoir lieu, quelques jours après, la cérémonie de Dominique Folleroux, une autre à Verneuil l'Etang non loin de Lakaz Bright Restaurant, un Restaurant luxueux appartenant dit-on, à un vieux Juif qui serait un membre de la famille de Madame Ouattara. C'est là, nous confie une source très introduite, que le premier entretien sur la situation socio politique a eu lieu. Et ce, quelques heures après que nos amis les officiers de l'Armée régulière de Côte d'Ivoire, parmi lesquels les Généraux Robert Guéi, Lansana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly ont été reçus à Mougins où est située la résidence de Ouattara. Tout a donc été planifié à Lakaz Bright Restaurant avec la supervision d'officiers généraux français, une semaine avant le déclenchement de la mutinerie. Selon une source généralement bien écoutée, l'argument qui avait été retenu pour soutenir la mutinerie était bien, la question des primes de mission. De vrai, des soldats ivoiriens avaient été envoyés en mission en Centrafrique et les primes auraient été détournées par le régime de Bédié. Descendre dans la rue, les armes à la main et demander la restitution de ces primes seraient pour Ouattara et ses complices une belle occasion de s'attaquer au pouvoir. C'est ainsi que la Côte d'Ivoire a connu son premier coup d'Etat. Et ce n'est pas tout. Car la question de savoir si le coup était vraiment préparé continue de préoccuper encore l'opinion nationale. En effet, le " vrai faux silence de la France le jour même du coup d'Etat ne cesse d'étonner et de rendre aphones les Ivoiriens. Le régime de Chirac refuse de sauver celui de Bédié mais accepte de lui accorder un exil doré. L'autre révélation qui accrédite la thèse d'un coup d'Etat bien ficelé, c'est qu'après la déclaration du General Robert Guéi, un télex, adressé à un responsable d'une Grande Institution française est ainsi formulé.

Le Télex qui explique tout

“Glgl FRS0208_210092_CIV/AFP-MV28 Côte d'Ivoire-Coup
Urgent Les militaires annoncent la destitution du Président Bédié
Abidja, 24 déc. (Afp) Le General Robert Guéi, ancien Chef d'Etat Major de l'Armée ivoirienne, a annoncé vendredi, la destitution du Président ivoirien Henri Konan Bédié”
“A partir de cet instant, le Président Henri Konan Bédié n'est plus le Président de la République” a déclaré le Général Guéi, enregistrant un message “aux Ivoiriens” devant quelques journalistes rassemblés dans les locaux de la Radio ivoirienne, aux mains des Mutins depuis jeudi SO/FP/PVR/MB eaf AFP 241127 déc.

Le commentaire qui révèle la complicité de Paris

Le contenu de ce Télex et le commentaire manuscrit qui l'accompagne accréditent la thèse d'un départ préparé et programmé. Ce commentaire est aussi libellé comme suit :
“Il semblerait que l'on s'achemine vers la solution suivante.
-Ouattara rentre à Abidjan mercredi.
-Il prend la tête (Pm) d'un gouvernement provisoire avec également la participation des socialistes et des Modérés de l'entourage de Bédié ralliés aux mutins.
-Toute l'Armée et la gendarmerie sont ralliées au Général Guéi.
Les chefs d'Etat africains soutiennent le coup et estiment qu'un changement était inévitable
-Les élections présidentielles sont maintenues en octobre. “L'édition du quotidien “Le Monde” du mardi 28 décembre 1999”, indique que “le nouvel homme fort du pays, le Général Robert Guéi formé dans les écoles militaires françaises a constitué un comité national de Salut public (Cnsp) où siègent ostensiblement des proches de l'opposition Alassane Ouattara”. Au regard de toutes ces informations dont la France seule disposait, il apparaît que tout était ficelé et la France savait tout ce qui allait se passer et tout ce qui se passait, juste parce qu'ayant pris part aux réunions qui s'est tenue dans le restaurant parisien.

Palenfo et Coulibaly, des complices de Ouattara

Que dire en effet de la dépêche suivante du correspondant d'un quotidien cité plus haut intitulé “Improvisation bien ficelée” En réalité, la prise du pouvoir du General Robert Guéi donne moins l'impression de spontanéité. Ceci est d'autant plus vrai que la composition du Cnsp n'a guère étonné Abidjan. Le N°2 du nouveau régime n'est autre le Général Lansana Palenfo, ministre de la sécurité du gouvernement d'Alassane Ouattara de 1990 à 1993 et qui a pris part à la réunion de Paris sur le coup d'Etat. Le général Abdoulaye Coulibaly, pilote personnel de feu Houphouët -Boigny et ancien Chef d'Etat major de l'Armée de l'air était également mis à l'écart depuis le départ de M. Ouattara en 1993. La mutinerie était donc bien ficelée mais qui sommeillait dans un tiroir en France. C'est donc à dessein que la France veut brouiller les pistes. Elle qui a soutenu les inepties de Ouattara contre un certain concept : l'ivoirité. Et parce qu'elle, la France, a cautionné Ado le paranoïaque que tout est arrivé. “On refuse que je sois candidat parce que je suis du Nord”. Avait déclaré lapidairement Ouattara qui en rajoutait avec une conceptualisation bien étriquée de mot ivoirité. Dans cet élan, c'est un Idriss Koudous qui enrichit le terme de l'exclusion du nord. Un concept que Jean Marie Adiaffi définit comme étant l'ensemble des valeurs spirituelles esthétiques ethniques, matérielles, intellectuelles constituées par les peuples de Côte d'Ivoire. Ainsi, le caractère excluant de l'ivoirité n'apparaît nullement dans cette définition.

Et pourtant, il fallait utiliser ce concept comme une arme de combat. Et Ouattara en a fait bon usage pour détruire la cohésion sociale du peuple ivoirien avec la complicité de la France.

L'objectif étant de rallier tout ou presque tout le peuple ivoirien à la cause de Ouattara et du coup d'Etat qui allait avoir lieu en Côte d'Ivoire, quelques jours après les réunions préparatoires qui se sont succédél

simplicezahui@yahoo.fr
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