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Économie Publié le jeudi 31 décembre 2009 | Nord-Sud

Jean-Louis Billon (Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire) charge : “La Douane ivoirienne est inefficace”

Le secteur privé ivoirien peine à trouver ses marques à cause du climat des affaires difficile dû à la crise. S’il y a eu une accalmie notable surtout en 2009, des entraves et obstacles existent encore et font ombrage au développement des activités du privé. Le président de la Chambre de commerce et d’industrie dresse ici un bilan sans faux-fuyants.


Comment le secteur privé s’est-il comporté durant l’année 2009 ?

Les années passent et se ressemblent en ce sens que nous évoluons dans un environnement que nous considérons toujours comme étant défavorable voire hostile aux entreprises. Même si nous avons évolué dans une accalmie sociopolitique relative, tant que nous ne serons pas dans une situation normale avec des élections et des institutions qui ont la légitimité pour fonctionner et une visibilité plus longue, il sera difficile pour le secteur économique de fonctionner à plein régime. Le secteur économique a besoin de temps pour se développer et s’accomplir. Tout projet de développement s’inscrit dans la durée. Cette durée ne nous ait pas donné dans la situation sociopolitique actuelle. C’est la raison pour laquelle nous appelons de tous nos vœux à une normalisation de la situation. Cela commence par les élections qui ne sont pas la solution miracle. Mais, elles vont légitimer un président, un gouvernement quel qu’il soit et lui donner une liberté de fonctionner avec une unicité de comportement et une visibilité pour au moins 5 ans. Cela est très important pour le monde économique. Les entreprises ont sauvegardé des secteurs d’activités. Les cours des matières premières se sont maintenus fermement de façon élevée, toute situation qui a permis d’avoir une petite croissance en Côte d’Ivoire. Nous allons terminer l’année avec une croissance de plus de 3%, selon les estimations. Mais, cela reste très insuffisant. Parce que la population ivoirienne croît également à plus de 3% par an. Abidjan en 2009, termine parmi les villes les plus chères du monde (34ème) et troisième en Afrique derrière Douala et Lagos. Sans pour autant que nous ayons la qualité de vie que l’on trouve dans les villes les plus chères ou même les moins chères. Le secteur privé a fonctionné pendant toutes ces années de crise en continuant de faire face à ses obligations fiscales, salariales, sans qu’en retour, il ne lui ait été donné de services publics de qualité. Nous avons suivi les différentes grèves dans l’administration. Le coût de la vie ne cesse d’augmenter, l’état des infrastructures laisse à désirer. C’est donc un environnement très difficile dans lequel nous évoluons. Le taux de pauvreté est proche aujourd’hui des 50%. Au sortir de 2009, la Côte d’Ivoire va atteindre ce niveau. Cela présage une situation extrêmement tendue.

Vous parlez d’une croissance perceptible pour fin 2009, mais est-ce à dire qu’en termes de création d’entreprises et d’emplois, les chiffres ont évolué?

On ne peut pas parler de création d’emplois parce que malheureusement entre 2002 et aujourd’hui, nous avons perdu la moitié de nos entreprises et de nos salariés. Le secteur privé moderne est en train de se réduire pendant que la population ivoirienne augmente fortement et tend à dépasser les 20 millions d’habitants. Il y avait plus d’emplois privés modernes quand nous étions 12 millions d’habitants. La Côte d’Ivoire est clairement un pays qui s’appauvrit. Il n’y a pas eu de grands projets d’infrastructures encore moins de projets structurants à même d’employer massivement les ivoiriens. Les courriers que nous recevons, sont en majorité ceux des jeunes diplômés en quête d’emploi. Ce sont ceux auxquels on apporte moins de réponse, parce que nous n’avons malheureusement pas d’emplois à donner. Si on ne normalise pas le pays rapidement, l’avenir sera compromis.


L’amélioration du climat des affaires est une préoccupation dénoncée de manière itérative par le privé. Avez-vous le sentiment que les choses se sont améliorées ?

Malheureusement non et encore une fois, des données sont là pour nous le prouver. Le Doeing Business 2010, document édité par la Banque mondiale (Bm) chaque année, classe la Côte d’Ivoire à la 168 ème place dans le climat des affaires dans le monde. Or, nous étions 163 ème en 2009. Nous avons perdu 5 places sur 183 pays. Donc, il n’y a pas eu d’amélioration du climat des affaires. Il s’est plutôt dégradé. Vous avez suivi les évènements sur la Fiche de ren­sei­gnement à l’importation (Fri). Actuellement, ce qui défraie la chronique, c’est l’affaire du riz importé de l’Uruguay. Ce riz a été mal apprécié en disant qu’il a une quantité importante de plomb. C’est une très grosse entreprise américaine qui est derrière et qui est connue pour son éthique. Cette entreprise ne va jamais exporter du riz impropre à la consommation dans une quelconque destination. Des laboratoires étrangers ont montré que la teneur en plomb était nettement inférieure à ce qu’on nous a montré. Les contre-expertises n’ont pas été données. Le communiqué du gouvernement donne des chiffres sans apporter les preuves. Quand on prend une décision aussi importante, il faut une deuxième opinion, une contre-expertise et jusque-là, cela n’a pas été fait. La société Seacor trading est en droit de se plaindre. Tout ceci dénote d’un climat des affaires hostile. En matière de compétitivité, le World economic forum de Davos, très connu, classe la Côte d’Ivoire 116 ème sur 133 avec un recul de 6 places. Puisqu’en 2008-2009, on était 110 ème. Sur tous les plans, nous reculons. C’est un véritable sujet. Pour s’y attaquer, il faut l’aborder au plus haut niveau, à chaque conseil des ministres, et faire le point avec le secteur privé. Les transporteurs souffrent également de ce climat des affaires et du problème de gouvernance sur les routes depuis des années sans que la situation ne change favorablement. Même si nous avons connu quelques coups d’éclat. Le problème demeure et on devra le dénoncer.


Et au niveau de l’appareil judiciaire ?

Au niveau de la justice, on réclame depuis longtemps qu’il y ait une réforme. Il faut que l’on puisse avoir des tribunaux de commerce avec des magistrats qui ont la compétence de gérer et juger la chose économique. Cela va entraîner une très grande différence. Tout pays moderne possède un système judiciaire qui réponde aux attentes du secteur économique. Il y avait une possibilité cette année, mais cela n’a pas vu le jour. Nous espérons que cela ne sera pas jeté aux calendes grecques. Nous devons arriver à assainir notre appareil judicaire. Beaucoup de magistrats sont conscients de ce problème. C’est pareil dans les secteurs ou les professions comme les Fds, la Police, la Gendarmerie, la Douane, l’administration ivoirienne et le privé où vous avez des personnes de qualité qui sont mêlées à d’autres à la fois incompétentes et malhonnêtes. Cela ternit l’image dans beaucoup de domaines.


Vous avez été l’un des fers de lance de la campagne contre le racket. L’état-major vous a emboîté le pas avec quelques actions sur le terrain. Peut-on dire qu’il y a eu les effets escomptés ?

On ne peut pas dire que tout est négatif. Il y a eu de légères améliorations. Certains barrages mémorables ont disparu. C’est la résultante de cette action-là. Mais, le président de la Chambre de commerce et d’industrie que je suis, reste insatisfait, parce que tant que nous verrons ces barrages intempestifs qui continuent d’exister avec des comportements que nous décrions, la question ne sera pas véritablement résolue. C’est une question de justice, d’équité, de protection et d’assistance aux Ivoiriens, qu’il faut résoudre. Aujourd’hui, il faut savoir que, quand on a des problèmes de justice, cela a des effets extrêmement graves sur l’économie nationale, puisqu’il contribue à augmenter le coût de la vie. Le secteur bancaire répercute sur le coût de l’argent, les problèmes liés à la défaillance de l’appareil judiciaire. La place d’Abidjan est plus chère que celle de Lomé ou d’Accra de 4 à 5 points ; tout simplement parce qu’on répercute les problèmes qui peuvent naître à la justice sur les garanties financières à donner sur le coût de l’argent. Les banques en Côte d’Ivoire sont régulièrement victimes de décisions de justice qui frôlent la caricature. Au niveau du secteur des transports, une étude de la Banque mondiale a bien démontré que 150 et 300 milliards de Fcfa sont pris chaque année, sur les routes avec une cartographie des barrages routiers. Tous ces phénomènes ralentissent les échanges qui sont supposés être rapides. Cela fait que la Côte d’Ivoire a le secteur de transport le plus cher du monde. Nous avons la tonne transportée la plus chère du monde en Côte d’Ivoire.


La question fiscale a été longtemps décriée par les entreprises. En fin 2009, cette pression a-t-elle diminué comme vous le souhaitiez?

Il y a des efforts en matière du droit du contribuable. Il faut quand même le noter. De 30%, les impôts sur le Bic ont été ramenés aujourd’hui à 25%. Il faut voir les possibilités de recours du contribuable en cas de désaccord avec l’administration fiscale. Ce sont des éléments qui ont été mieux clarifiés depuis quelques temps et c’est à saluer. On s’est beaucoup plaint et on a eu l’écoute de la Direction générale des impôts (Dgi). Mais, de nombreuses Pme se plaignent encore de certains comportements. Les entreprises en création qui n’ont pas encore réalisé de gains, subissent un contrôle un peu trop sévère. Cela pénalise la création et les jeunes entreprises. Il faut savoir que malheureusement, la Dgi répond à une obligation de recette pour satisfaire le budget de l’Etat et cela se fait dans un climat difficile des affaires. C’est pour cela que les entreprises font des récriminations. On n’a jamais été contre les impôts. Mais, si la Dgi fait son travail, on est en droit d’attendre en retour, qu’il y ait de bonnes infrastructures, une éducation de qualité, un système de santé moderne, un système judiciaire transparent et une bonne sécurité. Quand on finit de payer les impôts, on ne voit pas tous ces éléments en retour. C’est ce qui fait qu’il y a ce sentiment d’injustice.


Durant cette année, le système de dédouanement a connu une défaillance notable avec l’échec de la mise en service du logiciel Sidam 1. Quel a été sontl’impact sur les activités du secteur privé ?

Bien sûr que cela a eu un impact considérable sur nos activités avec des baisses de recettes. Cette situation est le reflet d’une inefficacité dans le système de dédouanement puisque les marchandises ont connu une sortie difficile. La douane qui a réalisé des recettes importantes dans un climat difficile ces dernières années, aurait gagné à mieux s’équiper pour éviter ce genre de déboires. Je voudrais surtout en profiter pour faire une mise au point. Il y a quelques temps, la douane a accusé la Chambre de commerce et d’industrie en disant que le Transit routier inter-état (Trie) ne marchait pas. C’est une information fortement erronée et un mensonge éhonté. Le transit routier ne fonctionne pas depuis 2003 avec l’avènement de la crise. Parce que les frontières étaient fermées. Donc, le Trie ne peut en aucun cas, être responsable des baisses de recettes douanières. S’il y a eu chute des recettes, c’est parce qu’il y a eu une inefficacité à un moment précis au sein de cette institution. Il faut que la douane se mette en face de ses responsabilités et n’aille pas accuser qui que ce soit. S’il y a de bonnes recettes, c’est parce qu’il y a des acteurs économiques performants. Au niveau de la caution à l’exportation, la Chambre de commerce a fait des remarques qui n’ont jamais été prises en compte par la douane parce que celle-ci fuit ses responsabilités devant les dysfonctionnements qui ont existé dans le Trie. Nous avons des preuves à l’appui qui incriminent fortement la douane. Il y a lieu de corriger ces défaillances pour le plus grand bien de l’économie ivoirienne.


Bientôt le budget 2010 de l’Etat sera élaboré. Le secteur privé a-t-il été approché dans le cadre de la mise en place de la loi à l’annexe fiscale qui vous concerne particulièrement ?

On a pu regarder cela avec le Patronat dont une bonne partie est membre de la Chambre de commerce. Nous disons qu’il faut avoir une fiscalité de sortie de crise plus avantageuse pour permettre de favoriser l’investissement dans les zones Centre, Nord et Ouest (CNO). Ceci permettra d’arriver à une décentralisation et une déconcentration des activités économiques et une meilleure répartition. En tant qu’acteur économique, nous souhaitons avoir également une fiscalité de porte et une fiscalité au sein de l’Uemoa encore plus souple avec des droits de douane beaucoup moins élevés, une Tva beaucoup plus faible pour que le consommateur ivoirien et sous-régional se trouvent avec un pouvoir d’achat plus fort et avec plus de droit. Au niveau de l’Uemoa, ces droits de porte sont encore plus élevés. 15% de Tva, c’est beaucoup quand on sait que le concurrent de la Côte d’Ivoire ce n’est pas l’Europe mais, les pays d’Asie du Sud-Est et les pays africains. Vous avez une Tva à 5% au Nigeria, à 12% au Ghana, à 6% en Afrique du Sud. En Asie du Sud-Est, tous les pays sont à moins de 10%. Il faut que le consommateur puisse avoir un meilleur pouvoir d’achat et ne puisse pas payer plus cher, ce qu’il trouve ailleurs à des prix défiant toute concurrence.


L’absence de transparence dans le code et l’attribution des marchés publics, continuent également d’effaroucher les opérateurs économiques…

Il faut favoriser la transparence et donner plus d’informations aux entreprises. Il y a beaucoup d’entreprises qui se plaignent de ne pas être consultées. Elles n’ont pas la capacité et les moyens de répondre parce que souvent les appels d’offre sont restreints.


Justement, les Pme-Pmi ont bénéficié d’une enveloppe de 4 milliards de Fcfa octroyée par l’Union européenne pour leur permettre de se relancer. Ce montant est-il insuffisant vu que ces entreprises ont été les plus touchées par la crise ?

Ce n’est jamais suffisant. 4 milliards, ce n’est pas grand’ chose. Dans toute économie, les Pme-Pmi sont la frange la plus importante. Les entreprises sont essentiellement des Pme, des entreprises familiales et artisanales. Ce sont les plus fragiles et elles nécessitent plus d’attention. Elles doivent avoir le plus de soutien des autorités pour qu’elles puissent survivre et s’épanouir. Si nous ne sommes pas compétitifs, cela veut dire que nous n’avons pas suffisamment de grandes entreprises. Or, il ne peut y avoir de grandes entreprises que si nous avons un vivier de Pme et Pmi qui assurent la sous-traitance et les services annexes. C’est un équilibre qu’il faut atteindre. On ne fait pas suffisamment pour les Pme en termes d’accès au financement, de formation et d’avantages économiques de tout genre.


Et en termes d’abattement fiscal, y-a-t-il des possibilités ?

La Dgi a fait des efforts sur les arriérés. Mais, il faut se l’avouer, parce que ces entreprises dans tous les cas de figure, n’étaient pas en mesure de les rembourser et des abattements ont été faits. Maintenant, il faut que l’on prépare en même temps que la sortie de crise, une véritable relance économique. Le soutien apporté par l’Union Européenne et d’autres mesures incitatives devraient accompagner les Pme pour plus de protection. Les grandes nations et unions comme les Etats-Unis et l’UE, ont des lois pour les Pme pour justement les favoriser dans l’accès au marché public et au financement. Il y a également l’accompagnement des Pme naissantes et même certaines subventions. Sans pouvoir donner de subventions directes, on peut inciter ces Pme à travers différentes mesures.


Les entreprises françaises représentaient 60% en termes de collecte d’impôts. Cette présence est-elle à nouveau remarquable dans notre économie?

Elles représentent encore près du quart des investissements et environ 50% de collecte d’impôt ou un peu moins. Cette présence est moins forte que par le passé. Mais, elle est encore déterminante. La France reste le premier partenaire commercial de la Côte d’Ivoire en dehors des importations d’hydrocarbure. Parce que nous importons du pétrole du Nigeria.


En visite à Abidjan, la secrétaire au commerce français Anne-Marie Idrack avait annoncé le retour des entreprises françaises qui ont quitté la Côte d’Ivoire à cause de la crise. Cet appel a-t-il été suivi d’effet ?

Ce qui a été déterminant, c’est la réouverture du lycée français. C’était quand même l’une des préoccupations de la communauté française qui ne pouvait pas rester nombreuse avec les dirigeants d’entreprises et leur famille, s’il n’y avait pas de système scolaire adéquat pour leurs enfants. Cela a été corrigé. J’espère que d’autres établissements comme Jacques Prever, le lycée Jean Mermoz vont suivre pour intensifier ce retour et contribuer à rendre l’environnement des affaires en Côte d’Ivoire plus favorable. Notre système éducatif national, malheureusement est décrié et se dégrade. Ce que nous voyons à travers l’école française est un standard que nous devrons appliquer à nos écoles pour relever le niveau afin d’être plus compétitif. Donc, l’appel de la Secrétaire au commerce sera véritablement entendu par les investisseurs français, quand la Côte d’Ivoire connaîtra une normalisation.


Au sujet des échanges communautaires, le Sénégal vient de fermer ses frontières aux huiles ivoiriennes et régionales. Il évoque des problèmes de santé. Comment réagissez-vous à cela ?
Cela est une entrave au commerce. Au sein de nos unions (Uemoa et Cedeao), beaucoup de pays se dotent de barrières non tarifaires qui limitent les échanges. Lorsque l’on parlait à l’époque d’Accord de partenariat économique (Ape) avec l’Ue, de nombreux pays se sont élevés contre. Parce que ces pays estimaient qu’ils ne peuvent pas compétir avec les grandes nations industrielles. Mais, c’était un faux débat, parce qu’on n’arrête pas le progrès. La question c’est si on n’est pas d’accord qu’est-ce qu’on peut faire pour s’améliorer? La Côte d’Ivoire a décidé d’avoir un accord avec l’Ue parce que notre pays veut aller de l’avant et devenir une nation industrielle. Cela passe par l’amélioration de son industrie. Nous avons un potentiel important en Côte d’Ivoire dans l’agro-industrie. Que ce soit dans l’hévéa ou le palmier, notre pays est capable de doubler voire tripler sa production en l’espace de trois à quatre ans, à l’instar de l’Indonésie qui est passée de 15 à 30 millions de tonnes. La Côte d’Ivoire qui est productrice d’huile de palme, a commencé un programme de développement de ce secteur qui ne doit pas s’arrêter. Aujourd’hui, le Sénégal n’est pas compétitif avec l’huile d’arachide et protège un opérateur qui a fait une acquisition importante en achetant Dagris (ancienne Compagnie française de développement des textiles), c’est un combat d’arrière-garde. Cela démontre en même temps qu’il existe une compétition dans la sous-région, qui est faite par les entreprises ivoiriennes essentiellement et d’autres opérateurs de l’union.


Mais est-ce que la Chambre a engagé des démarches auprès des autorités sénégalaises ?

Etant à la fois président de la Chambre et touché directement par cette situation, nous avons réagi au niveau de notre entreprise et de l’Uemoa. Le Sénégal est dans l’illégalité. Il est souhaitable que ce pays retrouve un bon sens qui est propre aux Sénégalais. Cette mesure a été décriée par les Sénégalais eux-mêmes. Il est d’ailleurs impensable de voir que l’huile la plus consommée au monde, soit interdite au Sénégal en disant qu’elle n’est pas bonne pour la santé des Sénégalais. Alors que, c’est une huile qui est sans cholestérol et est plutôt très appréciée. C’est une plante d’avenir et pour les ivoiriens, c’est un secteur de développement futur important. L’huile de palme est la culture qui a fait la richesse de la Malaisie et de l’Indonésie.


Pour une fois, le Patronat ivoirien a entrepris des débats avec les candidats à l’élection présidentielle…

Nous sommes en période électorale, des programmes vont sortir et on parle toujours très peu d’économie. Un discours politique moderne, n’est rien d’autre qu’un discours économique. Ce sont les discours économiques qui répondent aux préoccupations des populations qui ne sont rien d’autre que l’emploi, l’éducation, la santé, le coût de la vie, la sécurité, les infrastructures. Ce sont les préoccupations quotidiennes. Or, on entend des querelles politico-politiciennes de différents partis ou leaders, sans qu’on apporte de réponses concrètes aux préoccupations des Ivoiriens. Donc, c’est une bonne initiative. Certains leaders sont passés à la Chambre de commerce et d’industrie pour discuter avec nous, mais nous n’avons pas fait de publicité. Nous leur avons donné notre sentiment. Je pense que certains candidats se sont servis de nos critiques pour donner quelques réponses. Mais, il est important de savoir quel sera le profil économique de la Côte d’Ivoire dans les années à venir.


2010 sera certainement une année charnière avec les élections. Est-ce que vous espérer encore ? Quel sera votre vœu ?

Comme on le dit, l’espoir fait vivre. Si on n’arrête d’espérer, c’est qu’on a perdu foi en la vie. Je crois que 2010 sera l’année de la Côte d’Ivoire, une véritable année de sortie de crise pour les Ivoiriens, surtout les jeunes et les femmes qui traversent une situation difficile depuis plusieurs années. Les Ivoiriens triment et le taux de pauvreté ne cesse d’augmenter. Je souhaite que 2010 soit l’année du bon sens de la classe politique. Il faut que celle-ci se reprenne et comprenne que c’est le bien-être et l’avenir des Ivoiriens qui sont en jeu. Il faut sauvegarder les grandes filières économiques et structurantes et rendre la Côte d’Ivoire compétitive, car, c’est ce qui va nous permettre de créer des emplois et d’en faire une nation économiquement forte, plus invulnérable. Une Côte d’Ivoire capable de répondre aux enjeux présents et du futur. Parce que le monde est en train de changer et on ne peut se soustraire à cela. Le patriotisme vrai, c’est d’abord un patriotisme économique. Un pays fort est un pays qui est économiquement indépendant et non pas indépendant de la parole. 2010 sera l’année du cinquantenaire de notre indépendance où des bilans importants doivent être faits aux plans politique, social, économique, culturel. Bonne et heureuse 2010 année à tous.


Interview réalisée par Cissé Cheick Ely
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