Propos liminaire
(…) Je pense que pour moi, c'est ma modeste contribution pour aller vers la paix. On a fait beaucoup de choses depuis Yamoussoukro. Mais aujourd'hui encore, j'ai fait ma modeste contribution pour aller vers la paix. Je suis prêt et j'essayerai de répondre sans faux-fuyant à vos questions pour vous aider vous-mêmes. Parce que vous êtes hommes de médias, vous avez besoin d’informations vraies et justes. Vous aimez aller à la source des informations pour aider, pour informer, pour éduquer ce peuple de Dieu à la paix et aussi vous aider à porter votre contribution. Parce que vous devez créer un environnement de paix à travers vos plumes, à travers vos informations que vous donnez pour créer un environnement de paix pour qu'on aille aux élections. Pour qu'on s'en sorte, main dans la main, on puisse trouver des solutions aux problèmes qui s'opposent à la Côte d'Ivoire. Donc, je pense que c'est une réciprocité, une aide mutuelle, comme l'apôtre Paul l'avait recommandé aux diocèses des catholiques comme nous avons attendu au cours de l'année. Voilà ce que je peux vous dire.
En tant qu'hommes de Dieu, est-ce que vous pensez que vous avez dit la vérité aux hommes politiques dans cette situation de crise en Côte d'Ivoire ?
Merci mon frère, le seul embarras dans cette question, c'est ce que vous avez dit, vous les hommes de Dieu. Entre nous, il y a des catholiques, des imams, des protestants, des Christianistes Célestes. Vous voyez c'est une panoplie si on dit hommes de Dieu. C'est pour te dire que, moi, je ne puis répondre à la place de tout cet aréopage d’hommes que vous appelez hommes de Dieu. Mais, je suis obligé de répondre à partir de mon petit point de vue, à partir de mon expérience personnelle. Je ne sais pas si on est d'accord sur la méthodologie. Aujourd'hui, il y a une confusion totale, c'est pourquoi, le ministère a demandé qu'au niveau de chaque confession religieuse, il y ait un huissier pour qu'on sache qui est qui. Parce qu'aujourd'hui n'importe qui s'élève, il crée une religion et c'est lui le patron. Je pense que nous avons nos cartes, nos partitions. On a toujours interpellé les hommes politiques. On a toujours interpellé la nation entière. On a toujours interpellé chaque Ivoirien. Mais comme nous sommes nombreux, donc il y a une cacophonie à ce niveau-là. Nous avons vu cela au moment du vote de la Constitution. Chez nous les catholiques, on ne doit pas donner des consignes de vote dans une église. Même l'Evêque. Je n'ai pas le droit de dire voter pour un tel ou un tel.
Qu'avez-vous fait en essayant de dire la vérité aux hommes politiques ?
Je vais vous dire une chose. Moi, je n'ai pas besoin de dire ce que j'ai fait. S'il y a quelqu'un qui, pendant la crise, a été l'homme parmi ceux que tu appelles ''hommes de Dieu'', ce n'est pas pour me jeter des fleurs. S'il y a une personne qui a joué un rôle dans la crise, je pense que, au niveau des hommes de Dieu, même le commun des Ivoiriens sait ce que Mgr Ahouana a fait. Et quand la crise a commencé, j'ai été le premier homme de Dieu à faire la médiation ici à Bouaké. Cela, tous les Ivoiriens le savent. Je ne suis pas l'homme de la théorie identitaire. Je vais te dire une chose, je ne crois pas que tous les problèmes de la Côte d'Ivoire soient seulement identitaires. Il y a des problèmes profonds.
Moi, je me suis posé la question dernièrement à propos des grèves et de beaucoup d'autres choses. J'ai reçu des groupes et ce sont eux qui ont demandé à me recevoir. Et puis ils ont parlé, c'était des revendications. Le lendemain, parmi ceux qui sont venus me voir, il y a un qui est revenu me voir et il m'a dit : "Eminence, hier, je n'ai pas voulu parler à cause de la présence de mes collègues. Je lui ai dit ''ha bon !''. Je lui ai demandé pourquoi il n'a pas voulu parler ? Il m'a dit que s’il parlait, ses collègues allaient dire qu’il les as trahis. Et qu'en fait que le problème des revendications c'était une politisation. C'est là que j'ai compris. Moi, je ne suis pas contre les revendications et encore il faut savoir si le moment est opportun. Et deuxièmement, si on revendique, on revendique vraiment. Mais on ne peut pas revendiquer en passant de la pommade politique sur les revendications. Il y a des choses que ces gens nous disent mais qu’ils ne peuvent aller dire ailleurs. Moi, j'ai le droit de réserve. Si souvent vous pensez qu'on ne dit pas des choses, mais ça fait partie des droits de réserve. Un Evêque, le jour où tu prêtes serment, tu as les droits de réserve. La vraie politique, c'est la nuit.
Lorsque que vous dites, ils n'ont pas fini de piller le pays, vous faites allusions à qui ? De qui parlez-vous ?
Je pose la question. C'est la question que je pose. Tu es de l'AFP, tu sais ou bien tu ne vois pas.
Dans votre homélie, vous semblez ne pas croire à la tenue des élections de fin février et début mars ?
Moi, je n'étais pas à Ouaga. Nous, nous étions ici quand on a dit, au dernier CPC que les élections se tiendraient dans la dernière semaine de février ou au plus tard la première semaine du mois de mars. Mais tout de suite, des gens m'ont appelé pour me dire, Monseigneur, moi je ne crois pas.
Quelles solutions, préconisez vous?
Si on part de report en report, vraiment cela ne fait pas bien. Les gens se moquent de nous. Chaque fois on fixe une date, on vient et on ne fait pas les élections. On s'en va fixer une date, on vient et on ne la respecte pas. Si ça ne tenait qu'à moi, on laisserait les gens tranquille et on demanderait la patience au peuple. Nous mettrions alors toute notre bonne volonté, notre bonne foi, pour préparer tout jusqu'à ce qu'on soit prêt. On voit que toutes les conditions sont réunies, on dit aux Ivoiriens, à telle date, on va aux élections. Mais chaque fois qu'on donne des dates, ces dates sont assorties d'un certain nombre de conditions. Moi, je n'ai jamais vu un jour Mambé proposer une date sans l'accompagner de conditionnalités. Et on constate que les conditions ne sont pas réunies et puis on reporte. Moi, j'aurais voulu qu'on dise aux Ivoiriens les choses de manière claire. A force de reporter les élections, les gens nous prennent pour des plaisantins. Le 29 novembre, on n'a pas fait les élections. Déjà les gens commencent à dire que début mars, il n'y aura pas d'élections. On donne une image de la Côte d'Ivoire de pays des plaisantins, des ridicules. On a déjà dépassé le seuil tolérable. Essayons une autre méthodologie. Quatre fois, c'est trop.
Moi, je ne crois pas aux dates des élections.
Propos recueillis par DELMAS ABIB
(…) Je pense que pour moi, c'est ma modeste contribution pour aller vers la paix. On a fait beaucoup de choses depuis Yamoussoukro. Mais aujourd'hui encore, j'ai fait ma modeste contribution pour aller vers la paix. Je suis prêt et j'essayerai de répondre sans faux-fuyant à vos questions pour vous aider vous-mêmes. Parce que vous êtes hommes de médias, vous avez besoin d’informations vraies et justes. Vous aimez aller à la source des informations pour aider, pour informer, pour éduquer ce peuple de Dieu à la paix et aussi vous aider à porter votre contribution. Parce que vous devez créer un environnement de paix à travers vos plumes, à travers vos informations que vous donnez pour créer un environnement de paix pour qu'on aille aux élections. Pour qu'on s'en sorte, main dans la main, on puisse trouver des solutions aux problèmes qui s'opposent à la Côte d'Ivoire. Donc, je pense que c'est une réciprocité, une aide mutuelle, comme l'apôtre Paul l'avait recommandé aux diocèses des catholiques comme nous avons attendu au cours de l'année. Voilà ce que je peux vous dire.
En tant qu'hommes de Dieu, est-ce que vous pensez que vous avez dit la vérité aux hommes politiques dans cette situation de crise en Côte d'Ivoire ?
Merci mon frère, le seul embarras dans cette question, c'est ce que vous avez dit, vous les hommes de Dieu. Entre nous, il y a des catholiques, des imams, des protestants, des Christianistes Célestes. Vous voyez c'est une panoplie si on dit hommes de Dieu. C'est pour te dire que, moi, je ne puis répondre à la place de tout cet aréopage d’hommes que vous appelez hommes de Dieu. Mais, je suis obligé de répondre à partir de mon petit point de vue, à partir de mon expérience personnelle. Je ne sais pas si on est d'accord sur la méthodologie. Aujourd'hui, il y a une confusion totale, c'est pourquoi, le ministère a demandé qu'au niveau de chaque confession religieuse, il y ait un huissier pour qu'on sache qui est qui. Parce qu'aujourd'hui n'importe qui s'élève, il crée une religion et c'est lui le patron. Je pense que nous avons nos cartes, nos partitions. On a toujours interpellé les hommes politiques. On a toujours interpellé la nation entière. On a toujours interpellé chaque Ivoirien. Mais comme nous sommes nombreux, donc il y a une cacophonie à ce niveau-là. Nous avons vu cela au moment du vote de la Constitution. Chez nous les catholiques, on ne doit pas donner des consignes de vote dans une église. Même l'Evêque. Je n'ai pas le droit de dire voter pour un tel ou un tel.
Qu'avez-vous fait en essayant de dire la vérité aux hommes politiques ?
Je vais vous dire une chose. Moi, je n'ai pas besoin de dire ce que j'ai fait. S'il y a quelqu'un qui, pendant la crise, a été l'homme parmi ceux que tu appelles ''hommes de Dieu'', ce n'est pas pour me jeter des fleurs. S'il y a une personne qui a joué un rôle dans la crise, je pense que, au niveau des hommes de Dieu, même le commun des Ivoiriens sait ce que Mgr Ahouana a fait. Et quand la crise a commencé, j'ai été le premier homme de Dieu à faire la médiation ici à Bouaké. Cela, tous les Ivoiriens le savent. Je ne suis pas l'homme de la théorie identitaire. Je vais te dire une chose, je ne crois pas que tous les problèmes de la Côte d'Ivoire soient seulement identitaires. Il y a des problèmes profonds.
Moi, je me suis posé la question dernièrement à propos des grèves et de beaucoup d'autres choses. J'ai reçu des groupes et ce sont eux qui ont demandé à me recevoir. Et puis ils ont parlé, c'était des revendications. Le lendemain, parmi ceux qui sont venus me voir, il y a un qui est revenu me voir et il m'a dit : "Eminence, hier, je n'ai pas voulu parler à cause de la présence de mes collègues. Je lui ai dit ''ha bon !''. Je lui ai demandé pourquoi il n'a pas voulu parler ? Il m'a dit que s’il parlait, ses collègues allaient dire qu’il les as trahis. Et qu'en fait que le problème des revendications c'était une politisation. C'est là que j'ai compris. Moi, je ne suis pas contre les revendications et encore il faut savoir si le moment est opportun. Et deuxièmement, si on revendique, on revendique vraiment. Mais on ne peut pas revendiquer en passant de la pommade politique sur les revendications. Il y a des choses que ces gens nous disent mais qu’ils ne peuvent aller dire ailleurs. Moi, j'ai le droit de réserve. Si souvent vous pensez qu'on ne dit pas des choses, mais ça fait partie des droits de réserve. Un Evêque, le jour où tu prêtes serment, tu as les droits de réserve. La vraie politique, c'est la nuit.
Lorsque que vous dites, ils n'ont pas fini de piller le pays, vous faites allusions à qui ? De qui parlez-vous ?
Je pose la question. C'est la question que je pose. Tu es de l'AFP, tu sais ou bien tu ne vois pas.
Dans votre homélie, vous semblez ne pas croire à la tenue des élections de fin février et début mars ?
Moi, je n'étais pas à Ouaga. Nous, nous étions ici quand on a dit, au dernier CPC que les élections se tiendraient dans la dernière semaine de février ou au plus tard la première semaine du mois de mars. Mais tout de suite, des gens m'ont appelé pour me dire, Monseigneur, moi je ne crois pas.
Quelles solutions, préconisez vous?
Si on part de report en report, vraiment cela ne fait pas bien. Les gens se moquent de nous. Chaque fois on fixe une date, on vient et on ne fait pas les élections. On s'en va fixer une date, on vient et on ne la respecte pas. Si ça ne tenait qu'à moi, on laisserait les gens tranquille et on demanderait la patience au peuple. Nous mettrions alors toute notre bonne volonté, notre bonne foi, pour préparer tout jusqu'à ce qu'on soit prêt. On voit que toutes les conditions sont réunies, on dit aux Ivoiriens, à telle date, on va aux élections. Mais chaque fois qu'on donne des dates, ces dates sont assorties d'un certain nombre de conditions. Moi, je n'ai jamais vu un jour Mambé proposer une date sans l'accompagner de conditionnalités. Et on constate que les conditions ne sont pas réunies et puis on reporte. Moi, j'aurais voulu qu'on dise aux Ivoiriens les choses de manière claire. A force de reporter les élections, les gens nous prennent pour des plaisantins. Le 29 novembre, on n'a pas fait les élections. Déjà les gens commencent à dire que début mars, il n'y aura pas d'élections. On donne une image de la Côte d'Ivoire de pays des plaisantins, des ridicules. On a déjà dépassé le seuil tolérable. Essayons une autre méthodologie. Quatre fois, c'est trop.
Moi, je ne crois pas aux dates des élections.
Propos recueillis par DELMAS ABIB